17/07/2008
Courrier des lecteurs
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16/07/2008
Table ronde
Joachim m'en avait parlé, la Cinémathèque Française a organisé une table ronde autour des blogs avec Alexandre Tylski, Joachim donc de 365 jours ouvrables, Julien Gester, Frédéric Bas, Luc Lagier et N.T. Binh. La rencontre était animée par Bernard Payen. C'est en ligne ICI ( il vous faut un peu de temps devant vous).
23:02 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
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14/07/2008
La tournée des popottes
Le printemps a été difficile pour les blogs. Après Flickhead, c'est un autre blog qui m'est cher qui s'est interrompu. Notre musique, rebaptisé depuis peu Préfère l'impair a cessé de publier. Mais son auteur poursuit, sous une autre identité, ses écrits. J'espère que les textes de Notre musique resteront en ligne, je maintiendrais le lien tant que ce sera le cas. J'avais lu, il y a quelques temps, un article sur les blogs qui leur donnait un cycle de vie de trois à quatre ans. Ça vaut ce que ça vaut, mais il est vrai que c'est depuis cette année que j'ai pu constater des bouleversements notables dans mes lectures régulières. Cela doit être mon côté collectionneur de coupures de presse, mais j'espère que tous ces textes, que j'ai souvent trouvés passionnants, pourront trouver une forme qui garantisse leur survie. Sinon, divers impondérables ont interrompu, provisoirement, le blog de l'ami Mariaque et Dollari Rosso. Revenez nous vite.
Parmi les blogs récemment ouverts, je me permets de recommander Avis sur des films de l'excellent Christophe qui a vu autant si ce n'est plus de films de John Ford que moi. Beaucoup de cinéma classique américain, une plume qui ne mâche pas ses mots, j'admire surtout la concision de ses textes, moi qui suis plutôt adepte de la tartine. Dans un autre registre, Forgotten silver est animé par un spécialiste de l'édition DVD et s'est fait une spécialité des bizarretés du cinéma. Saviez vous qu'Alain Delon avait faillit jouer Marco Polo en 1965 ? Saviez vous que sur le plateau d'Indiana Jones and the temple of Doom, Harrison Ford avait été fouetté par Barbra Streisand ? Saviez vous que Belmondo ne meurt peut être pas à la fin de l'Héritier de Philippe Labro ? Ce blog regorge de documents incroyables souvent glanés sur le net et d'informations sur les documentaires, fins alternatives et scènes coupées. Une cave aux trésors. Dans un registre informatif, plutôt rare sur la Toile qui préfère souvent l'avis critique, Histoires de tournages, désormais hébergé chez Devildead.com, est également animé par un professionnel du DVD. Il propose dans des textes denses le récit de tournages qui ont l'originalité de ne pas forcément s'intéresser à des classiques incontournables mais à du cinéma populaire, parfois un peu oublié comme Opération Opium de Terence Young ou le Zorro de Duccio Tessari avec Delon. Oui, celui-ci, il l'a bel et bien fait.
Quelques liens encore, histoire de meubler l'été :
Chez le toujours prolifique O signo Do Dragao, un entretien avec Vittorio Cottafavi par Michel Mourlet et Paul Agde.
Un vaste ouvrage à télécharger en pdf sur le site de son auteur : John Ford par Tag Gallagher.
Les photographies d'Angelo Frontoni sur le tournage du Mépris de Jean-Luc Godard, une exposition du Museo Nazionale del cinéma de Turin.
23:03 Publié dans Revue des popotes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : blogs | Facebook |
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06/07/2008
Cara Giovanna Ralli,
Alors, au diable ! Je veux déposer mon hommage à vos pieds avant d'avoir à mettre deux dates derrière votre patronyme. Giovanna, vous incarnez à merveille trente années de cinéma italien, illuminant de votre brune beauté et de votre pétulant talent les plus belles années de cette cinématographie qui fut l'une des premières au monde. Votre filmographie allie les noms des grands auteurs respectés avec les fleuronts du cinéma populaire et une pointe d'expérience internationale. Et de me faire plaisir à ce défilé sous les feux du music-hall : Fellini, Lattuada, Castellari, Rosellini, Corbucci, Scola, Monicelli, Fulci, Zampa, Martino...
Vous êtes une enfant de la balle selon la jolie expression, et dans tous les sens du terme puisque vous débutez à 7 ans dans La maestrina de Giogio Bianchi. Fillette puis jeune fille puis jeune femme, c'est en France, honneur à nous, que vous trouvez l'un de vos premiers rôles en vedette devant la caméra d'Alex Joffé et aux côtés de Bourvil dans Les hussards en 1955. Vous croisez votre tempérament chaleureux à ceux de Totò, Charles Aznavour, James Coburn, Vittorio de Sica, Georges Peppard ou encore Lino Ventura.

Mais pour moi, vous restez à jamais la Columba de Sergio Corbucci dans Il mercenario (Le mercenaire– 1968). quand vous m'êtes apparue, sortant de la prison que viennent de libérer l'apprenti révolutionnaire Tony Musante et le mercenaire Franco Nero, vos pieds sont nus mais votre visage délicatement maquillé. Votre pas est assuré au milieu de tous ces péones qui cavalent comme autant de poulets apeurés. Votre conviction est pure et de votre oeil implacable, vous avez jugé à leur juste mesure vos libérateurs : deux escrocs. Vous, vous incarnez la révolution. Louise Michel mexicaine, liberté guidant le peuple, votre père a été exécuté par les fédérales ce qui vous donne du poids. Vous vous joignez à la bande de truands pouilleux possédant l'indispensable mitragliatrice et le non moins indispensable expert européen aux yeux bleus et vous entreprenez d'être la conscience politique de Paco Roman – Musante pour en faire un véritable Zapata. Vous êtes formidable, quand vous vous déguisez en saint crucifié avec barbe pour mieux mystifier et mitrailler l'armée mexicaine lors d'une parade religieuse. Vous êtes délicieuse quand vous embarquez le pollack dans votre chambre pour rendre jaloux votre apprenti guérillero puis regardez d'un oeil tout juste inquiet leur virile empoignade. « Pourvu qu'ils ne s'amochent pas trop » devez vous penser alors. Vous êtes excitante en mariée de la révolution, empêtrée dans le sabre de votre époux tout neuf, décidément de trop dans le lit conjugal. Vous forcez l'admiration par le courage déployé pour sauver ces deux idiots tombés aux mains de l'abominable capitaliste – colonel de service joué avec la puissance de l'habitude par Eduardo Fajardo. Bref, à l'instar de Lucianna Paluzzi ou de Martine Beswick, vous êtes une femme comme on fait peu d'hommes. Au coeur de ces aventures débraillées et sanglantes, vous restez comme un ilôt de douceur et de sagesse, impeccable et féminine au milieu de la poussière, de la crasse et de la poudre. Cela ne vous empêche pas de manier la dynamite et de presser les gâchettes, mais vous le faites avec tant de grâce qu'on ne peut s'empêcher de vous donner raison. Cara Giovanna, que ne suis-je un poète de race pour dire à votre louange un immortel blason.
Photographie : Spaghetti western database
Avec l'aide de G. B.
22:44 Publié dans Courrier du coeur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : giovanna ralli | Facebook |
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02/07/2008
Quelques minutes pour ma fille
07:40 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : joe hisaishi, hayao miyazaki | Facebook |
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28/06/2008
Cannes 2008 : Deux amis

Laszlo Kovacs, c'est l'Amérique nostalgique de The last movie, Paper Moon (La barbe à papa), What's up doc (On s'fait la valise docteur ?) et Nickelodéon de Peter Bogdanovich. Ce sont les cabarets et le studio de New-York, New-York de Martin Scorcese. Ce sont les champs de pétrole de Five easy pieces de Bob Rafelson. C'est le visage de Jessica Lange dans Frances de Graeme Clifford.
Vilmos Zsigmond, c'est la rivière de Deliverance de John Boorman. Ce sont les paysages de Scarecrow (L'épouvantail) de Jerry Schatzberg. C'est Elliot Gould dans The long Goodbye (Le privé) de Robert Altman. Ce sont les pastels d'Obsession de Brian de Palma. Ce sont les extraordinaires photographies de deux films majeurs, The deer hunter (Voyage au bout de l'enfer) et Heaven's gate (La porte du paradis) de Michael Cimino. On a tendance à beaucoup parler du travail de Terrence Malik avec ses chefs opérateurs, particulièrement Nestor Almendros sur Days of Heaven (Les moissons du ciel – 1978), mais celui de Zsigmond sur le film de Cimino me semble un aboutissement, la somme de toute l'ambition et de toute la beauté du cinéma américain de cette décennie. Et puis Zsigmond, c'est pour moi le premier chef opérateur de Steven Spielberg, son collaborateur sur Sugarland express en 1974 puis surtout et de façon marquante, l'homme de Close encounters of the third kind (Rencontres du troisième type) en 1978. A ce que j'ai compris, ça ne s'est pas très bien passé sur le tournage même si au bout du compte Zsigmond aura l'oscar pour la photographie du film. Mais outre les qualités plastiques et novatrices de son travail, il me semble que le style de Zsigmond a profondément influencé l'imaginaire de Spielberg, portant sa marque jusqu'au milieu des années 90 et la collaboration avec Janusz Kaminski. Étonnante l'influence à nouveau déterminante de l'apport extérieur sur le cinéma américain.

Le film de Chressanthis parcours ces deux carrières magnifiques et parallèles. Bien construit, précis, et malgré quelques effets inutiles et agaçants, il se concentre sur les oeuvres. Les nombreux extraits donnent l'envie de la découverte et de la redécouverte. Je me suis rendu compte par exemple que je ne connaissais de l'oeuvre de Peter Bogdanovich, fordien émérite, que le très moyen Mask. Le noir et blanc et les plans en profondeur de Paper moon m'ont ravi et j'ai immédiatement comblé ce trou dans ma filmothèque. Le fil rouge du documentaire reste malgré tout cette belle histoire d'amitié. Les deux hommes n'ont cessé de s'estimer et de travailler ensemble, notamment sur la formation de jeunes chefs opérateurs en Hongrie après la chute du mur. Kovacs est mort en 2007. Zsigmond a continué de fêter son anniversaire.
Un entretien avec Vilmos Zsigmond
Photographies : Moviemaker et Einsiders
09:11 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laszlo kovacs, vilmos zsigmond, documentaire, cannes 2008, james chressanthis | Facebook |
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22/06/2008
Cannes 2008 : Love you more
Love you more se situe très précisément en juillet 1978, date de sortie du single Love you more des Buzzcocks groupe punk formé à Manchester dans le même mouvement que les Sex Pistols. Nous sommes dans un lycée londonien où l'on porte encore l'uniforme, blazer à écusson, jupe et cravate. Peter, d'apparence bien sage avec sa jolie frange façon Beatles lorgne sur la belle Georgia aux mèches plus rebelles. Bien sûr, elle semble l'ignorer. Mais Peter n'est pas le dernier des imbéciles et pour la séduire, la grille chez le disquaire du coin en embarquant l'unique exemplaire du tout nouveau 45 tours des Buzzcocks à la belle pochette rose. Georgia se mord les lèvres. « Tu aimes les Buzzcocks ? » s'étonne-elle. Il joue les affranchis de façon touchante et elle lui propose de venir l'écouter chez elle. Et devinez ce qui arriva.

Love you more est une histoire de premières fois. Première écoute, premier amour, première étreinte, première dépose du saphir sur le sillon, premières notes, première sortie. C'est une histoire de découvertes. Découverte de la musique, d'un groupe, de l'autre, du sexe, du plaisir. J'ai trouvé les autres courts métrages pénibles parce qu'ils reposent sur des choses assez ténues, anecdotes qui ne se subliment pas en quelque chose que, faute d'autre mot, je qualifierais de poésie. Sam Taylor-Wood opère la sublimation. Son film donne à voir, à entendre et à ressentir les sentiments qui animent ses deux jeunes héros. Il y a une symbiose étonnante entre la musique, cette énergie juvénile du punk originel, la beauté des images, l'énergie des acteurs et leur sensualité qui se libère. Le coeur du film c'est cette première étreinte du couple, sa formation. Elle est à la fois directe, magnifiée et, chose rare, pleine d'humour. Elle est proche de celle de Primrose Hill de Mickaël Hers, sans ce côté frontal qui m'avait (un peu) gêné. La façon de tourner de Taylor-Wood donne un équivalent à la musique des Buzzcocks : linéaire, évidente, ébouriffée. Mais nous ne sommes jamais dans une idée de clip, plutôt dans une idée de comédie musicale. C'est très beau et l'humour désamorce, comme dans la vie, la gravité de la situation.
Peut être que Sam Taylor-Wood fait si bien passer l'essence d'un sentiment, d'un moment, parce qu'elle ne vient pas d'un univers purement cinématographique. Cette jeune femme est une plasticienne et photographe, artiste vidéo renommée dont le travail est axé justement sur le sentiment et sa difficulté à l'exprimer. Love you more n'est pas son coup d'essai de cinéma pour autant, elle a participé au projet Destricted, avec l'histoire Death Valley, assez pénible, à peu prés tout ce que Love you more n'est pas, mis à par cette façon directe de filmer le sexe. A noter que le film a été produit par Anthony Minghella, récemment décédé et auquel il est dédié.
10:37 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cannes 2008, sam taylor-wood, court métrage | Facebook |
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20/06/2008
Cannes 2008 : Défense du conte
Comme Ed de Nightswimming, je sentais qui me serait difficile d'écrire sur Un conte de Noël, son dernier opus. Complexe, brillant, riche de forme comme de fond, peut être un peu trop comme le souligne le bon Dr Orlof. Ce n'est pas un film facile à aborder, surtout pour le défendre avec la sale image que se trimballe son réalisateur. Parce que l'on peut parler de la mise en scène, virtuose, usant d'un langage cinématographique varié, souvent ludique avec ses ouvertures et fermetures à l'iris, les split screen, les adresses à la caméra, le théâtre d'ombre, les voix off, les ellipses, les mouvements sophistiqués, l'unité de temps disloquée à plaisir. On peut parler de la photographie chaude d'Éric Gautier, de l'ambiance familiale dorée et bourgeoise, de cette atmosphère de Noël sur Roubaix, la ville dont Desplechin est originaire. On peut citer si, comme moi, on pense que le cinéma a été inventé pour filmer les femmes, les portraits de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Emmanuelle Devos et Anne Consigny. On peut parler aussi de la musique de Grégoire Hetzel, dans la lignée des partitions de Georges Delerue, et de l'utilisation de musiques diégétiques mêlant une grande culture, du jazz au style électro. La culture, parlons-en. Elle s'étale ici ostensiblement : théâtre, marionnettes, littérature, philosophie, cinéma, religion, peinture, métaphore mythologique, tout l'ensemble d'un cinéaste à l'intellectualisme revendiqué. On pourra terminer par les acteurs, tous excellents dans des registres attendus (Amalric, Devos) ou moins (Deneuve au superlatif, Consigny, Mastroianni). Et puis cette façon de faire jouer les enfants, et puis ces dialogues si travaillés, et puis ce ton qui mêle le drame au badinage. « Je ne t'ai jamais aimé / Mais moi non plus ». Ah, ça en a énervé plus d'un. Et enfin cet art difficile de nous immerger dans un groupe vivant, oui, vivant, et de nous donner le plaisir de les suivre comme si l'on faisait partie de la famille, du groupe comme dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle).

Une fois écrit tout cela, on peut pourtant avoir au bout du clavier un « mais ». Un « mais » insistant que l'on cherche à creuser et qui occulte petit à petit tout le reste. Mais quoi ? Suis-je donc tellement baigné dans l'air du temps qui se plaît à flageller notre cinéma national ? N'y a-t'il pas moyen de s'enthousiasmer sans arrière pensée pour un film français, sans être sur la défensive ? Sans chercher à l'excuser ? D'accord, Desplechin n'est pas le plus mal loti et ses films sont plutôt bien accueillis. Mais ils déclenchent des attaques violentes en forme de coups de pied de l'âne, d'autant plus redoutables et marquantes qu'elles se drapent dans la vertu outragée : réactionnaire, machiste, conservateur, bourgeois (argh : horreur absolue), autiste au monde d'aujourd'hui, raciste ou peu s'en faut. On retrouve tout ceci concentré dans une tribune du Monde signée Emmanuelle Retaillaud-Bajac, historienne. Alors moi, ni une, ni deux, je monte au créneau sur mes grands chevaux, ce qui est un peu casse-gueule, mais qu'importe, taïau !
Madame, Arnaud Desplechin est un cinéaste et à ce titre un artiste libre de parler de ce qui l'intéresse et d'ignorer avec superbe ce qui se passe dans les jardins d'à côté. Chaque cinéaste cultive son jardin et libre à vous de n'en pas manger les légumes.
Madame, vous nous parlez de la diversité de notre société pour vous plaindre qu'elle n'apparaît pas dans Un conte de Noël. Vous oubliez un peu vite que si cette diversité est une réalité, elle est loin d'être homogène. Si vous alliez faire un tour chez mes beaux-parents, vous seriez surprise de son absence, sans doute du même ordre que celle dans la bourgeoisie de Roubaix ou dans le Paris rêvé de Jean-Pierre Jeunet.
Madame, les films américains avec leurs quotas de noirs, d'hispaniques et d'hawaïens du sud-est sont ridicules et hypocrites. Ils ont conduit au personnage de Morgan Freeman dans l'histoire de Robin des bois. Le scandale, ce n'est pas l'absence de noirs dans les films, mais le fait que les nègres ne puissent réaliser, produire et distribuer leurs films. La diversité, c'est quand un cinéaste comme Quentin Tarantino, blanc, film une icône de la blaxploitation, Pam Grier, noire, comme Joseph Von Sternberg filmait Marlène Diétrich, avec amour. Sinon, c'est de la bonne conscience écoeurante associée à du ratissage commercial.
Madame, je crains que vous ne vous soyez endormie pendant le film, parce que les personnages de Catherine Deneuve, Emmanuelle Devos et Chiara Mastroianni manient le verbe hautement et la dernière a l'initiative sexuelle. La scène est par ailleurs très érotique pour un mâle pâle, hétérosexuel comme je le suis, et bien que cela m'ennuie de vous donner des arguments.
Madame, la famille décrite par Desplechin est socialement typée, certes, mais c'est le propre des bons scénarios d'être justes sur ce dont ils parlent. Est-elle minoritaire ? Je pourrais répondre : Et alors ? Mais je préfère vous retourner cette question : Par qui croyez vous que Nicolas Sarkozy a été élu ? Une minorité ?
Madame, votre diatribe est finalement assez méprisante pour le cinéma en général et Desplechin en particulier. J'ai surtout l'impression que vous lui reprochez ce qu'il est et de ne pas faire les films d'autres. Le genre d'argument qui me faisait déjà bondir appliqué à Robert Guédiguian. A vous lire, je me dit que nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
Madame, j'aime, moi, Un conte de Noël. Je ne sais pas si c'est un chef d'oeuvre, je manie ce mot avec parcimonie pour ne pas le dévaloriser. Mais je pense que c'est le film le plus réussi d'Arnaud Desplechin, le plus rond, le plus léger, le plus clair. Une belle synthèse de ce dont son auteur est capable et un bel objet plein, généreusement, de cinéma.
Photographie : © JC Lother / Why Not Productions
Un autre avis sur Balloonatic
Une autre charge de Pascale Bodet sur Chronic'art
Une autre contre-attaque de Laurent Delmas
07:40 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cannes 2008, arnaud desplechin, polémique | Facebook |
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19/06/2008
Cannes 2008 : si loin, si proche
Il y a un plan du même ordre que celui de Gomorra à la fin de Snow, premier film de la bosniaque Aida Begic. Un plan qui exprime un sentiment opposé. On y découvre enfin, magnifiques et boisées, les terres tant convoitées du village de ces femmes que l'on a vu lutter pour les conserver. Un morceau de pure beauté. Le début du film m'a un peu inquiété. Une jeune femme voilée, des bondieuseries, une caméra portée, des effets de mise au point : confusion. Heureusement, ça s'arrange assez vite et les choses, les gens, le propos et la mise en scène se mettent en place. Soit donc une communauté rurale en Bosnie, Slavno, réduite à six femmes de tous âges. L'année : 1997. Fils, pères et maris ont été emmenés par les milices serbes puis sans doute exécutés. Ne sont restés qu'un vieillard résigné et un garçon taciturne. Le village a été partiellement détruit mais ces femmes s'y accrochent. Chacune survit à sa façon, par le travail, la religion, l'espérance d'un exil, le souvenir. Mais elles n'ont pu faire leur deuil et se raccrochent à l'espoir d'un survivant, d'un retour. Si la paix est revenue, les serbes aussi, sous une autre forme. Mandatés par des groupes internationaux, vaguement maffieux, ils veulent racheter l'endroit pour en faire un complexe de vacances. La fable est limpide, jolie et morale. C'est la nature elle-même, à la faveur d'une tempête, qui se rebiffe et expulse les intrus. Le voisin serbe, dévoré de remords, révèle l'endroit de l'exécution et permet le deuil. Avec l'aide d'un survivant venu d'un autre village, la reconstruction pourra avoir lieu, et la vie continuer. Attachant au sens le plus fort que l'on puisse donner à ce mot, Snow a cette qualité que j'apprécie entre toutes, la faculté de faire partager de l'intérieur la vie et les sentiments d'une communauté qui semble si loin de moi. Une porte ouverte sur un ailleurs rendu tout proche. J'aimerais assez m'installer au soleil dans l'arrrière cour de Slavno pour déguster les confitures.

Le cinéma iranien a bien des qualités mais pas forcément celle de faire rire. D'accord, il y a de l'humour chez Kiarostami et Makhmalbaf, mais ce ne sont pas Blake Edwards. Il faudra désormais compter avec Saman Salour et son film Taraneh Tanhayie Tehran(Le chant solitaire de Téhéran) présenté à la Quinzaine des réalisateurs. En Iran, il est interdit d'avoir une antenne parabolique, des fois que cela permettrait de capter des chaînes de télévision sataniques. Néanmoins, comme le raconte Marjane Satrapi dans Persépolis, les iraniens déploient des trésors d'ingéniosité pour accéder aux plaisirs interdits. Hamid et Behrouz sont deux cousins qui installent clandestinement ces antennes, prenant tous les risques. Le film est le récit picaresque de leurs aventures et de leur relation. Je suis bien conscient du paradoxe qu'il y a chez moi à m'enthousiasmer pour un film qui prône comme conquête de la liberté l'accès à la télévision. Mais c'est très drôle et assez inédit. Hamid est un sacré personnage, joué par Hamid Habibifar, une sorte de Woody Allen première manière, tout petit et quelque peu malingre, mythomane, hâbleur, beau parleur, baratineur, touchante boule de nerfs qui parle avec un débit de mitraillette. Behrouz est un colosse taiseux et emprunté, pas très loin de Bud Spencer, maladroit et pathétique. Il dit avoir fait la guerre dans les transmission et avoir été blessé. C'est lui qui le dit. Un couple pas très loin de celui de Steinbeck, Georges et Lennie dans Des souris et des hommes. Un couple qui fonctionne. Le film est parfois un peu maladroit, des cadrages tordus, une image vidéo pas toujours excitante (mais de jolies atmosphères nocturnes), un poil de mélodrame. Mais il fonctionne parfaitement sur les incessantes chamailleries des deux héros, très bien écrites et mises en valeur à travers une intrigue linéaire et classique, tout ce qu'il faut pour une bonne comédie. Saman Salour nous embarque dans un Iran inhabituel, un Téhéran banal, plutôt triste et assez angoissant peuplée d'hommes et de femmes finalement très proches, une ville très, trop moderne où la pénurie d'essence n'empêche pas les voitures de tourner sans cesse.

Photographie : Snow © Mamafilm et Taraneh Tanhayie Tehran : DreamLab films
06:42 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannes 2008, aida begic, saman salour | Facebook |
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18/06/2008
Dancing in the dark
08:41 Publié dans Actrices | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cyd charisse | Facebook |
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16/06/2008
Cannes 2008 : Voir Naple et mourir
Il y a aussi un plan saisissant à un tiers du film. De jeunes adolescents jouent dans une piscine. La cadre s'élargit en un plan d'ensemble qui englobe toute la cité où se déroule une majeure partie du film. On découvre comme un immense vaisseau de béton, futuriste et hideux, un cauchemard d'architecte dément. La piscine y est réduite à une toute petite incrustation comme dans les space-opera hollywoodiens. Image terrible de ce que notre civilisation a pu produire de plus monstrueux pour abîmer les hommes.
Et les Cahiers du Cinéma qui trouvent que le cinéma italien ne va pas fort. Misère.
22:57 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cannes 2008, matteo garrone | Facebook |
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12/06/2008
Petits déplaisirs cannois
Ayant trouvé le personnel d'accueil charmant cette année, je ne dirais rien du déploiement sécuritaire qui d'ordinaire m'insupporte au plus haut point. Il parait néanmoins que l'on a fait évacuer tout un secteur pour que Clint Eastwood puisse présenter Dirty Harry au cinéma de la plage. Heureusement que l'omniprésident n'est pas cinéphile.
Dans un autre registre, mais là je m'y suis habitué, il y a l'attitude d'une partie des journalistes. Lors des séances du matin, si vous entendez claquer les sièges dès la première demi-heure, c'est sans doute un critique consciencieux qui se dépêche de sortir pour pondre le papier dans lequel il dira tout le bien ou tout le mal du film entrevu, grandement aidé par le superbe dossier de presse. J'ai compris cela le jour où un ami journaliste à la radio m'avait demandé comment se terminait tel film (La tregua de Rosi je crois) car son émission, à 13 h 00, ne lui permettait pas de rester aux deux heures du film. D'où une certaine méfiance désormais sur les critiques à chaud et une meilleure compréhension de l'écart qu'il y a parfois entre les avis exprimés sur la croisette et ceux qui le sont lors de la sortie des films à l'automne et à Paris.
Il a fait moche quasiment tous les jours.

Dernier grand écart cannois, l'attitude envers les cinéphiles. De plus en plus axé sur l'aspect « professionnel de la profession » de la manifestation, le festival écarte de plus en plus les gens qui aiment les films et payent le reste de l'année pour les voir. Le public averti quoi, les cinéphiles si l'on peut encore écrire ce mot sans arrière-pensée. Cette année, par exemple, les séances de rattrapage du dernier dimanche qui permettait jusque là d'accéder aux films de la compétition, ont été interdites aux badges cinéphiles. Il faut expliquer à ceux qui ne sont pas familiers de la chose, qu'il y a différents badges à Cannes, chacun formant autant de castes avec des droits bien distincts. Les badges cinéphiles représentent le bas de l'échelle, les intouchables de la manifestation. Moi, je suis monté dans l'échelle sociale, mais je reste sensible au sort du lumpenprolétariat cannois. C'est d'autant plus dommage que ce sont ces spectateurs qui créent le bouche à oreille sur un film et peuvent l'aider efficacement. Les grands média sont toujours coincés entre la double exigence de l'actualité et du spectaculaire et ainsi, on plus parlé du Maradona de Kusturica et du Spielberg que de Gomorra de Garrone et pas du tout ou si peu de la restauration de Gamperaliya de Lester James Peries, ou du court métrage magnifique de Sam Taylor-Wood Love you more. Vous m'objecterez que c'est la pratique courante, mais justement, dans le cadre d'un festival qui affiche une ligne exigeante, c'est dommage qu'ils n'arrivent pas à mieux équilibrer la tendance. Les locomotives nécessaires (et pas forcément mauvaises) occultent une partie des films que la manifestation veut mettre en avant. Et le public de base ne peut jouer l'éventuel contre-pouvoir. Dommage par exemple pour un film comme Chealsea on the rocks d'Abel Ferrara diffusé en une unique séance spéciale et qui aurait sans doute bien besoin d'un coup de main.
La programmation de courts métrages en compétition était douloureuse, je me suis endormi quatre fois de suite aux quatre premiers films. Je ne comprends pas comment ils font leur sélection. En mémoire de sa prestation chez Philippe Lioret, je m'abstiendrai de vous dire à quel point le film de Mélanie Laurent est à pleurer d'insignifiance. A zut, je l'ai dit.
J'ai l'air de rouspéter comme ça, mais je serais là l'année prochaine. Je crois.
Photographie Republic Pictures of Belgium (800, rue Royale) pour The Quiet man de John Ford, autre acquisition cannoise de cette année. Pas pu résister.
14:51 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannes 2008 | Facebook |
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10/06/2008
Qu'est-ce que tu penses de ça ?

Sur le tournage de La sirène du Mississipi, Catherine Deneuve et François Truffaut en plein travail (Source Tout sur Deneuve)
15:55 Publié dans Ça | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : françois truffaut, catherine deneuve | Facebook |
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08/06/2008
Petits bonheurs cannois
Plaisir du soulagement avec le court métrage My rabitt Hoppy de Anthony Lucas après quatre ou cinq autres courts terriblement pénibles.
Plaisir des retrouvailles (bis). Réjouissant le segment du film Tokyo réalisé par Léos Carax, bien qu'il soit présenté comme « un film de merde ». Pour ceux qui aiment le cinéaste et se désolent, comme moi, qu'il ne tourne pas plus souvent, le retrouver avec une oeuvre aussi libre et drôle fait plaisir. Quand on voit Denis Lavant sortir d'un égoût, un oeil blanc, une barbiche rousse mal taillée, les ongles démesurés, dépenaillé, hirsute, semblable à l'Opale de Jean Renoir ; quand on le voit déambuler dans une grande artère de Tokyo sur la musique de Akira Ifukube pour Godzilla, le film fondateur d'Ishiro Honda et terroriser la population en balançant les béquilles d'un handicapé ou léchant l'aisselle d'une jeune fille, on ne peut qu'être aux anges.
Je n'ai jamais été spatialement aussi près de Steven Spielberg. Environ 300 mètres.

Plaisir de cinéphile. Le film le plus rare du festival, et l'un des plus beaux, ce fut la restauration sous l'égide de Pierre Rissient de Gamperaliya (Changements au village), un film Sri-lankais de 1965 réalisé par Lester James Peries. Mon premier film du Sri-Lanka. Rissient pour le présenter a eu des accents lyriques : « C'est comme découvrir Griffith ». De fait, le film est une splendeur visuelle, fresque à la fois historique, sociale et humaine et une oeuvre d'une grande délicatesse. Gamperaliya nous entraîne dans un monde qui semble très lointain, un sentiment de dépaysement du même ordre que celui dégagé par les films de Kurosawa ou Mizoguchi. En même temps, il dégage un parfum d'humanité très proche. La scène finale est un grand moment de la représentation du couple au cinéma et j'essayerais de revenir là dessus. A la fin du film, les yeux encore humides, je me suis rendu comte que j'étais assis juste devant l'équipe de Positif avec Michel Ciment, N.T. Bihn et Claire Vassé, je crois. Je suis rentré chez moi tout guilleret.
Le geste de Harrison Ford pour mettre ses lunettes juste avant le début de la projection. Souvenir de celui de John Wayne dans She wore a yellow ribbon.
Plaisir de parler de cinéma toute la journée avec des amis, des inconnus dans les files d'attente et Joachim que je rencontrais pour la seconde fois après Clermont Ferrand. Le dernier samedi, dans le décor déserté déjà du village de tentes de l'esplanade Pantiéro, nous finissions la clairette de Die du Conseil Général tout en passant en revue les films du festival avec deux amis chers. Douce et profonde fatigue, décontraction, soulagement d'arriver à la fin, regret d'achever une période de joyeuse désorganisation de vies assez réglées. Promesse de remettre ça bientôt. Nous nous sommes empoignés sur certains films, nous sommes défoulés sur quelques valeurs sures (Dumont, Egoyan, Van Sant, Haneke encore). Mes amis ont fait leurs pronostics et je les ai écoutés sagement car je n'avais vu de la compétition que Gomorra de Mattéo Garrone. Puis sous un ciel sombre, je suis partit voir Indiana Jones dans une salle « normale ».
Plaisir de fouiller une heure dans les affiches et les photographies des vendeurs spécialisés.
Plaisir de rentrer chez soi quand c'est marre. Et puis plaisir du coup de fil d'un ami qui a des places pour la séance de 22h00. Vous en reprendrez bien encore un peu ? J'aurais donc terminé l'édition 2008 avec The good, the bad, the weird (Le bon, la brute et le cinglé) de Kim Jee-Woon, hommage coréen à qui vous imaginez, sorte de bouffonnerie virtuose, un poil trop longue mais assez défoulatoire.
Plaisir le dimanche de filer au festival du Cinéma Brut de Mouans-Sartoux.
Photographie : collection personnelle, l'un de mes achats de cette année. Tall in the saddle (L'amazone aux yeux verts– 1944) de Edwin L. Marin avec John Wayne et la belle Ella Raines (c'est pour elle que j'ai acheté cette photographie).
12:36 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cannes 2008 | Facebook |
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07/06/2008
Permette ?
Dino Risi 1916 - 2008
Una vita difficile, Il sorpasso, La marchia su Roma, I mostri, Vedo nudo, Mordi e fuggi, Profumo di donna...
Rien à dire, encore beaucoup à voir.
23:50 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dino risi | Facebook |
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03/06/2008
L'aventure a un nom
Remember all the movies, Terry
We'd go see
Trying to learn to walk like the heroes
We thought we had to be
Raiders of the Lost Ark (Les Aventuriers de l'arche perdue) est une pierre blanche dans ma vie de cinéphile et contrairement à la plupart des autres films qui ont compté pour moi, il m'était parfaitement contemporain. Il était là au juste moment. Je lui dois le démarrage de ma passion pour Spielberg et moi qui avait un peu raté les années 70, j'entrais résolument dans les années 80. Comme on le dit pour les drogues, on essaye de retrouver cet éblouissement de la première fois. En vain. Pourtant je marche toujours à ce film, même quand je tombe dessus sur la petite télévision noir et blanc de ma compagne, en version française. Le plaisir a sans doute évolué, en raison de la connivence qui me lie aujourd'hui avec l'oeuvre dont je connais presque tous les recoins. Mais c'est aussi vrai de King Kong, Rio Bravo ou Amarcord. Maman, ton fils est un maniaque.
Je tiens Indiana Jones and the temple of doom pour l'une des meilleures réalisations de Spielberg. C'est un film virtuose et sans doute celui des quatre qui lui ressemble le plus. Il le réalise en 1984 dans une de ses belles périodes créatrices, injecte une certaine cruauté dans le divertissement et y dévoile un côté plus sombre. Un goût pour le doute. Il m'avait également enchanté par sa façon de redonner vie à des figures du cinéma américain classique, la comédie et le musical. Le film n'est pas tellement aimé, y compris par son créateur qui pensait sans doute avoir été un peu loin dans le cadre d'un divertissement. C'est ce qui me le rend d'autant plus attachant.
J'avais bien marché au troisième épisode sur le coup, mais, en le revoyant, c'est quand même un peu faiblard. Le film annonce une période moins intéressante chez Spielberg (Hook, Jurassic Park). Peut-être cherchait-il plus ou moins à se faire pardonner les excès du temple maudit ? Peut-être Lucas a t-il eu une plus grande influence ? Toujours est-il que le film fonctionne en roue libre, les meilleurs moments n'étant que des décalques du premier. Ni l'héroïne, ni les méchants de service ne sont à la hauteur et l'idée du père est une moyennement bonne idée. Sean Connery en figure paternelle, c'est la tarte à la crème de l'époque. Il avait trouvé un filon à jouer les mentors et l'a creusé jusqu'à mon ennui profond. J'ai eu l'occasion de voir les trois films à la suite et si Indiana Jones and the Last Crusade peut faire illusion seul, cette expérience a été cruelle pour lui.

Bon alors, et cet épisode quatre ? Autant l'avouer de suite, je n'ai pas eu envie de sauter sur les voitures en sortant. Contrairement à Harrison Ford, je n'ai plus l'âge. Disons que le film ne retrouve pas vraiment le souffle des deux premiers et que Steven Spielberg ne cherche pas vraiment à changer de direction. En France, il y a le fantasme du « James Bond déficitaire » comme disait joliment Truffaut. Un film sortit de l'usine à mythes qui casserait le mythe. Même si c'est devenu un argument publicitaire (Cette fois mon héros souffre), je ne crois pas que les Américains le feront jamais. Même quand on croit qu'ils le font. Dans Unforgiven (Impitoyable– 1992) tout ce que Clint Eastwood fait subir à son héros soit-disant anti, tend à la scène finale dans laquelle il tient la ville réunie dans le saloon à sa merci. Tend au retour de Blondin qui tire juste et parle sec. Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull tend vers la réplique entre Jones père et fils après une spectaculaire scène d'action : Vous êtes vraiment professeur ?/ A temps partiel. Jones met des lunettes, mais il court toujours vite et cogne toujours fort. On nous a fait le même coup avec John Wayne. Donc Spielberg joue le jeu et le joue bien, mais ça reste un peu vain. Le film semble équitablement répartit entre Georges Lucas et Spielberg. Ouverture façon American Graffiti, rock and roll, gros effets spectaculaires et jeune héros caracolant pour le premier ; suspense, poursuites échevelées et citations cinéphiliques pour le second.
Au rayon de ce qui fonctionne, il y a par exemple une jolie transition (remarquée aussi par le Dr Devo) quand Jones, enlevé par les soviétiques de la méchante Irina Spalko, arrive dans une base ultra secrète de l'armée américaine. On passe de larges plans de grands espaces en extérieurs à des plans de studio dans la même scène. La lumière change et nous entrons dans la fantaisie. Joli. Puisque l'on parle d'Irina, le personnage joué par Cate Blanchett est une réussite tout comme le vieux professeur joué par John Hurt et l'indispensable faire-valoir plutôt réussi campé par Ray Winstone qui lorgne du côté de John Hannah dans la série des momies. Ninotchka vêtue d'un uniforme moulant, la coiffure noire façon Louise Brooks (Merci Ed), un accent très série B, une présence bien physique quand elle manie l'épée, Cate Blanchett est une version féminine de Bellocq dont la dévotion au petit père des peuples est contrebalancée d'un appétit de connaissance authentique. Ce qui la rend presque émouvante quand le savoir libère sa puissance et se révèle, comme souvent chez Spielberg, dangereux. Toute la première partie qui se passe aux USA en 1957 m'a emballé (mis à part l'épisode loufoque du frigo). Elle renouvelle l'aspect visuel de la série comme le faisaient les souterrains du second épisode. Tout l'arrière-plan de la chasse au sorcières et de la paranoia anti-communiste fonctionne bien et est cohérent avec l'évolution probable du personnage. Il a fait la guerre à sa façon, a été décoré et n'aime pas les « rouges ». Si l'on veut creuser chez Spielberg, il faut aller chercher du côté de John Ford. J'ai été frappé, ayant lu la biographie de McBride, de retrouver des détails du parcours de Ford dans le CV d'Indiana Jones. Ford aussi avait fait la guerre, il avait été espion, décoré, anticommuniste, et avait subit, malgré tout cela, des enquêtes suspicieuses. Il avait été plongé dans cette période de trahisons, de pressions morales, de coups bas et d'amertume. Les formes et les corps de l'autorité chez Spielberg sont toujours dangereux et ses héros s'en méfient. Il joue là-dessus pour renvoyer dos à dos les menaces qui pèsent sur notre héros et tout ce passage du film brassant avec humour toutes les théories du complot est vraiment excellent.

Deux choses me semblent ratées. La principale, mon plus grand regret, est la sous-exploitation du personnage de Marion Ravenwood. Les dialogues entre Jones et elle, piquants dans la tradition des échanges hommes- femme chez Howard Hawks, donnaient de grands moments de comédie dans le premier opus et avaient été repris avec bonheur dans le second. Là, rien ou presque. Du coup Karen Allen n'a pas grand chose à faire et le film perd son potentiel d'émotion. Dans le premier épisode, quand Jones croit que Marion est morte dans le camion, on y croyait vraiment. Là, c'est tout juste si l'on se souvient qu'elle cavale derrière eux. C'est une occasion manquée, d'autant que le rapport père-fils n'est pas plus développé ce qui aurait pu être une excuse. Spielberg n'utilise finalement pas ce qui aurait pu lui permettre de faire son « Indiana Jones déficitaire ». Est-ce bien surprenant ?
L'autre chose, qui aurait pu ne pas prêter à conséquence, c'est que Spielberg manque un peu de motivation et que les scènes d'action avec effets numériques semblent l'ennuyer assez. Du coup, on est entre des moments assez réussis et inventifs visuellement comme la recherche de la momie magnétique, les pièges mécaniques ou l'amusante scène des fourmis, et puis la poursuite dans la jungle ou la scène finale avec cataclysme et effondrement de temple, banalisées par le manque de limite de ces fichus effets. Au risque de radoter, quand Indiana Jones était traîné derrière le camion portant l'arche, on y croyait parce que c'était Harrison Ford dans la poussière. Ici, Shia LaBeouf évitant les cactus en équilibre entre deux véhicules, c'est à la limite du bon goût.
Reste que le spectacle est parfaitement exécuté avec l'aide des collaborateurs habituels de Spielberg, Janusz Kaminski à la photographie, John Williams toujours aussi alerte à la musique et Michael Khan au montage. Au final, même si le plaisir est là, il est constamment en butte au sentiment que le film dont on a rêvé ne pouvait pas être fait.
Photographie : Film référence et Scifi.com
22:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : steven spielberg | Facebook |
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01/06/2008
Hommages
On a beaucoup parlé de la disparition du premier et à peu près pas du tout de celle du second. Ainsi va la gloire du monde et toutes ces sortes de choses comme je dis souvent. Le premier, il faut le dire, plaisait en France. Archétype du metteur en scène « adulte », symbole d'un cinéma américain ambitieux des années 60 et 70, romanesque et politique, ayant résisté vaille que vaille aux effets spéciaux et à l'esprit adolescent qui fit des ravages à partir des années 80. Talentueux quand même. En France, il alla jusqu'à faire l'acteur dans une comédie bien calibrée. On lui en su gré. Le second était acteur. L'acteur d'un cinéma à l'opposé de celui du premier. Beau, magnifique, au registre aussi limité que celui d'un George Hilton, il fut une des icônes de ce cinéma des années 60 et 70 qui inspirera celui d'aujourd'hui, un cinéma de genre, populaire et commercial, coloré et vif, musical et violent, léger et fulgurant.
Sur Sydney Pollack, on tartine aujourd'hui sur Tootsie, comédie moyennement drôle qui prouve définitivement que Dustin Hoffman n'était pas à l'époque un acteur comique, et sur Out of Africa, interminable mélodrame qui m'avait déçu terriblement à sa sortie et que je donne volontiers pour les deux premières minutes du Hatari ! de Howard Hawks. Mais je serais injuste de le réduire à ses machines à oscars. Pollack a réalisé quelques films magnifiques comme This property is condemned (Propriété interdite – 1966), le western Scalphunter (Les chasseurs de scalps – 1968) et surtout Jeremiah Johnson en 1972, un des plus beaux westerns jamais fait, poème quasi muet au coeur d'une nature grandiose, raconté comme une ballade folk avec un Robert Redford magique. Le genre de film qui vous donne l'envie d'aller crapahuter dans les montagnes en hiver pour goûter le silence des cîmes et le vent dans les sapins. Il y a d'autres films, à chacun les siens. Je dois être une des seules personnes à avoir aimé et Bobby Deerfield (1977) et The firm (1991). J'aimais bien son cinéma.
John Phillip Law a été l'ange Pygare qui emporte Barbarella dans les airs, Diabolik, vêtu de cuir blanc ou noir pour Mario Bava, le jeune cow-boy brûlant de vengeance aux côtés de Lee Van Cleef pour Sergio Sollima, Sinbad aux côtés de la belle Caroline Munro et des effets de Ray Harryhausen, Docteur Justice, le héros altermondialiste de Pif Gadget, Le baron rouge pour Roger Corman et Michel Strogoff. Il incarnait le héros que l'on rêve d'être à douze ans. Passé cette belle époque, il s'est enferré comme tant d'autres dans des films minables puis est devenu, ce qui n'est pas forcément un cadeau, un acteur culte, un acteur qui ne tourne plus ou presque, mais que l'on cite volontiers avec un ton nostalgique. J'aimais bien son regard.
11:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sydney pollack, john phillip law | Facebook |
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30/05/2008
Joli mai : Hommage aux splendides quadragénaires
Il est temps de refermer ce beau livre d'images. Mai s'achève et j'espère que je ne vous ai pas trop barbé. Dès le premier jour de juin, Inisfree se faisant un point d'honneur à coller à l'actualité, je vous raconterais mon festival de Cannes 2008, mes vacances 1981 et nous reparlerons de western. Histoire de conclure, je n'ai pu résister à ce petit passage de Caro Diario (Journal Intime– 1994) dans lequel Nanni Moretti explique très clairement que l'on peut rester fidèle à ses idéaux de jeunesse en splendide quadragénaire. Aujourd'hui, on dira quinqua, mais l'esprit reste le même.
07:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mai 68, nanni moretti | Facebook |
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28/05/2008
Joli mai : Une femme libre
"Le seul film intéressant sur les événements, le seul vraiment fort que j'aie vu, c'est celui sur la rentrée des usines Wonder, tourné par des étudiants de l'IDHEC, parce que c'est un film terrifiant, qui fait mal. C'est le seul film qui soit un film vraiment révolutionnaire, peut-être parce que c'est un moment où la réalité se transfigure à un tel point qu'elle se met à condenser toute une situation politique en dix minute d'intensité dramatique folle." Jacques Rivette - 27 juillet 1968.
C'est un film d'une dizaine de minutes dont on peut faire le symbole de beaucoup de choses. De la fin du mois de mai, d'un certain cinéma, d'un retour à l'ordre et d'un début. C'est à la fois l'impasse du mouvement de mai et son prolongement. Impasse politique, prolongement social et culturel. Une « victoire » et une « défaite », si tant est que ces mots puissent avoir ici un sens littéral. Une lutte qui a été menée mais qui doit se poursuivre et qui se poursuit. Autrement mais résolument.
En mai, comme tous les étudiants, ceux de l'Institut Des Hautes Études Cinématographiques, ancêtre de la FEMIS, sont en grève. Ils occupent l'école et participent aux États Généraux du Cinéma Français qui décident la grève illimité, décision dont la lame de fond emportera le festival de Cannes. Sur le modèle de ce qui se passe aux Beaux-Arts avec l'Atelier Populaire, des projets de films autour du mouvement sont décidés.
Le 10 juin, une équipe composée de Pierre Bonneau à la caméra, Jacques Willemont qui signera le film au micro, Liane Estiez au Nagra et Maurice Portiche en assistant vient filmer les usines Wonder (les piles) de Saint Ouen où l'on vient de décider la reprise du travail après trois semaines d'occupation. Ils n'ont qu'une seule bobine. Ils tournent.
Cette jeune femme brune en blouse blanche attire de suite la caméra. Elle a une voix à la Arletty, quelque chose d'un archetype. Elle est belle aussi. Les étudiants en cinéma ont sans doute instinctivement compris qu'il se passait quelque chose d'important. Cette femme fait à la fois passer la rage de devoir cesser le combat mais dans le même temps, elle s'affirme en tant que femme et individu. Face aux paroles raisonnables, lénifiantes, douces, cégétistes et consolantes, elle parle haut et fort. C'est peut être un nouvel effet de mon incurable fond optimiste mais j'y vois, au delà de l'indéniable douleur du moment, la promesse des évolutions à venir.
Ce que l'on veut savoir, c'est si finalement elle est rentrée ou pas. Ces images sont devenues emblématiques, distribuées avec le film Camarades de Marin Karmitz, puis intégrées dans quelques fresques importantes sur la période comme le Génération de Daniel Edinger, Hervé Hamon et Patrick Rotman en 1988. Tout aussi fasciné, Hervé le Roux en fera un film en 1996 : Reprise.
« Cette femme, reprise du travail, comme on dit "repris de justice", et ces usines nommées Wonder... Wonder, Wonderland? Alice à l'usine, l'Usine en Pays des Merveilles. le Film a été tourné par des étudiants de l'IDHEC le 10 juin 1968, à Saint-Ouen. On y voit des ouvrières qui reprennent le travail après trois semaines de grève. Et cette femme. Qui reste là. Et qui crie. Elle dit qu'elle rentrera pas, qu'elle y foutra plus les pieds dans cette tôle... Les années ont passé. L'usine est fermé. Mais je n'arrive pas à oublier le visage de cette femme. J'ai décidé de la retrouver. Parce qu'elle n'a eu droit qu'à une prise. Et que je lui en dois une deuxième. »
Le site du film Reprise auquel je dois toutes ces informations
Un article de Dominique Memmi
Le DVD
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26/05/2008
Joli mai : En Bretagne
Parmi les nombreuses exhumations de documents qui auront jalonné ce mois de mai se trouvent quelques petites perles. Des films qui évoquent, loin des grand évènements parisiens, de leur violence et de leur caractère spectaculaire, le quotidien du mouvement. Voici par exemple un documentaire de Jack Maupu mis en ligne par la cinémathèque de Bretagne. Dépêchez vous, il n'est supposé rester en ligne que jusqu'à la fin du mois. Jack Maupu est un cinéaste amateur, membre du Club Nantais de 1962 à 1970 dont il fut président de 67 à 70. Il a tourné en 8mm avant de passer au 16mm. Ses films montrent mai 68 à Nantes puis à Paris et St Nazaire. Dans ses films, ses personnages ressemblent à mes parents bien plus que les étudiants du quartier latin. Jack Maupu est décédé en 2004.
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