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06/07/2008
Cara Giovanna Ralli,
Alors, au diable ! Je veux déposer mon hommage à vos pieds avant d'avoir à mettre deux dates derrière votre patronyme. Giovanna, vous incarnez à merveille trente années de cinéma italien, illuminant de votre brune beauté et de votre pétulant talent les plus belles années de cette cinématographie qui fut l'une des premières au monde. Votre filmographie allie les noms des grands auteurs respectés avec les fleuronts du cinéma populaire et une pointe d'expérience internationale. Et de me faire plaisir à ce défilé sous les feux du music-hall : Fellini, Lattuada, Castellari, Rosellini, Corbucci, Scola, Monicelli, Fulci, Zampa, Martino...
Vous êtes une enfant de la balle selon la jolie expression, et dans tous les sens du terme puisque vous débutez à 7 ans dans La maestrina de Giogio Bianchi. Fillette puis jeune fille puis jeune femme, c'est en France, honneur à nous, que vous trouvez l'un de vos premiers rôles en vedette devant la caméra d'Alex Joffé et aux côtés de Bourvil dans Les hussards en 1955. Vous croisez votre tempérament chaleureux à ceux de Totò, Charles Aznavour, James Coburn, Vittorio de Sica, Georges Peppard ou encore Lino Ventura.
Mais pour moi, vous restez à jamais la Columba de Sergio Corbucci dans Il mercenario (Le mercenaire– 1968). quand vous m'êtes apparue, sortant de la prison que viennent de libérer l'apprenti révolutionnaire Tony Musante et le mercenaire Franco Nero, vos pieds sont nus mais votre visage délicatement maquillé. Votre pas est assuré au milieu de tous ces péones qui cavalent comme autant de poulets apeurés. Votre conviction est pure et de votre oeil implacable, vous avez jugé à leur juste mesure vos libérateurs : deux escrocs. Vous, vous incarnez la révolution. Louise Michel mexicaine, liberté guidant le peuple, votre père a été exécuté par les fédérales ce qui vous donne du poids. Vous vous joignez à la bande de truands pouilleux possédant l'indispensable mitragliatrice et le non moins indispensable expert européen aux yeux bleus et vous entreprenez d'être la conscience politique de Paco Roman – Musante pour en faire un véritable Zapata. Vous êtes formidable, quand vous vous déguisez en saint crucifié avec barbe pour mieux mystifier et mitrailler l'armée mexicaine lors d'une parade religieuse. Vous êtes délicieuse quand vous embarquez le pollack dans votre chambre pour rendre jaloux votre apprenti guérillero puis regardez d'un oeil tout juste inquiet leur virile empoignade. « Pourvu qu'ils ne s'amochent pas trop » devez vous penser alors. Vous êtes excitante en mariée de la révolution, empêtrée dans le sabre de votre époux tout neuf, décidément de trop dans le lit conjugal. Vous forcez l'admiration par le courage déployé pour sauver ces deux idiots tombés aux mains de l'abominable capitaliste – colonel de service joué avec la puissance de l'habitude par Eduardo Fajardo. Bref, à l'instar de Lucianna Paluzzi ou de Martine Beswick, vous êtes une femme comme on fait peu d'hommes. Au coeur de ces aventures débraillées et sanglantes, vous restez comme un ilôt de douceur et de sagesse, impeccable et féminine au milieu de la poussière, de la crasse et de la poudre. Cela ne vous empêche pas de manier la dynamite et de presser les gâchettes, mais vous le faites avec tant de grâce qu'on ne peut s'empêcher de vous donner raison. Cara Giovanna, que ne suis-je un poète de race pour dire à votre louange un immortel blason.
Photographie : Spaghetti western database
Avec l'aide de G. B.
22:44 Publié dans Courrier du coeur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : giovanna ralli | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Mon cher Vincent,
Quel bel hommage !
Bises
Écrit par : Marie Thé | 06/07/2008
Si j'ai bien suivi les ultimes échanges sur western movies, le DVD d'Il Mercenario ne va finalement pas se faire?
Je vais devoir prendre des mesures, j'ai comme un gros trou dans ma filmographie Corbuccienne...
Écrit par : tepepa | 07/07/2008
Bel hommage! Je n'ai point vu "le mercenaire" mais ta note donne terriblement envie.
Par contre, si effectivement nous ne verrons sans doute plus de films comme ceux tournés par Risi ou "Tous en scène" (Ah! les jambes de Cyd!); j'ai peur que nous n'en ayons jamais fini avec le cinéma de Delannoy même s'il tourne désormais sous des pseudonymes (frères Larrieu, Xavier Beauvois, Bertrand Tavernier...). Je ne suis pas sûr qu'il faille s'en réjouir!
Écrit par : Doc Orlof | 07/07/2008
Bonjour à tous les trois.
Marie-Thé, tu sais que je résiste pas aux brunes italiennes.
Tep, je ne puis que te conseiller le DVD italien colt collection, mais en VO sans sous titres. J'espère que tu ne souffrira pas sur ce film du syndrome du film-trop-vanté, d'autant que tu connais déjà "Companeros !".
Cher doc, je n'arrive pas à croire que tu n'ais pas été sensible aux pulls jacquard de Jean Marais.
Écrit par : Vincent | 08/07/2008
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