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16/07/2024

Sergio Sollima, le cinéma au couteau : ouverture des précommandes

Cette fois-ci, c'est (vraiment) parti ! J'ai le plaisir, l'honneur et l'avantage de vous présenter mon nouvel ouvrage consacré au cinéaste Sergio Sollima. Le livre va sortir aux éditions Rififi et les précommandes sont ouvertes sur KissKissBankBank (lien sur l'image ci-dessous).

sergio sollima

Après Sergio Corbucci, je me suis replongé dans les grandes heures du cinéma de genre italien, mais avec Sollima, ce serait réducteur. Tel un homme de la Renaissance, Sollima fut artiste et aventurier, voyageur et soldat, intellectuel et populaire, humaniste et maître de son destin. Né un an avant la prise du pouvoir par Mussolini, il s’engage comme partisan pendant la Seconde Guerre Mondiale. Marxiste et catholique, il sera tour à tour critique et écrivain de cinéma, dramaturge pour le théâtre, et enfin scénariste et réalisateur de films. Il fut amateur de westerns avant d’en réaliser lui-même, adepte des arts martiaux, sensible aux mouvements du monde de son temps. Il parlait un français impeccable, tout comme son ami Sergio Leone, et empruntait les routes d'Asie comme d'Amérique, se sentant citoyen du monde.

On lui doit une œuvre de cinéma qui s’étend sur trois décennies de l'histoire du cinéma italien. Comme pour tous les réalisateurs ayant œuvré dans le cinéma populaire à son âge d'or, soit de la fin de la seconde guerre mondiale à la crise de la fin des années soixante-dix, Sergio Sollima a touché à tous les genres en suivant les mouvements impulsés par les succès du moment. Scénariste de mélodrames puis de péplums dans les années cinquante, il débute dans la réalisation par une comédie à sketches, puis aborde successivement le film d'espionnage, le western, le polar, le thriller, œuvrant toujours avec intelligence et exigence.

sergio sollima

Pour le western, ce sera Colorado (1966) avec Lee Van Cleef, suivi du Dernier face à face (1967) avec Gian Maria Volonte et Thomas Millian. Pour le thriller, Il offrira à Charles Bronson un des rôles majeurs de sa carrière européenne dans La Cité de la violence (1970). Pour le polar, ce sera Revolver (1973), point d'orgue du poliziottesco marqué par les années de plomb, opposant Oliver Reed à Fabio Testi. Il laisse sur grand écran une filmographie, plutôt modeste, de 13 films mais qui a marqué les esprits comme elle a le plus souvent séduit le public.

Quand les difficultés s'accumulent, il passe sans état d'âme au petit écran et poursuit sa carrière à la télévision publique, refusant de brader son talent comme nombre de ses collègues. Il marquera ainsi l’histoire du feuilleton sur le petit écran avec Sandokan en 1976 puis évoquera ses années de jeunesse avec deux mini séries remarquables : I ragazzi di celluloide en 1981 et 1984. Quelques films encore puis, après l'échec d’une nouvelle suite à Sandokan en 1996, il prend sa retraite des plateaux et se consacre à accompagner la redécouverte de son œuvre par de nouvelles générations. Une œuvre qui a bien traversé les années, que ce soit par l'élégance et l'inventivité de ses mises en scène, l'humanité sensible de ses récits, fables d'aventure mêlant intimement action et réflexion, et l'intelligence avec laquelle Sollima aborde ses thèmes de prédilection: les mécanismes de la violence, le sens de l'engagement et l'aspiration à la liberté.

Sergio Sollima, le cinéma au couteau est un livre de 252 pages broché, au format 17x24.

30/04/2024

Zoom Arrière n°8 : Les films de Werner Herzog

Pour son huitième numéro, l'équipe de Zoom Arrière vous propose un voyage dans le cinéma de Werner Herzog, figure majeure du jeune cinéma allemand des années 70 et 80, devenu un maître du cinéma contemporain. 

La campagne de pré-commandes est ouverte sur Ulule (cliquez sur l'image ci-dessous) pour acquérir ce superbe numéro et ses non moins superbes contreparties. Et n'hésitez pas à transmettre l'information !

zoom arrière,werner herzog

Des rivières de l'Amazone aux glaces de la base Antarctique McMurdo, de la grotte Chauvet aux chemins escarpés de Cuzco, des plages de l'ancien Dahomey au désert dévasté du Koweït, de volcans en sommets, des océans aux forêt profondes, Werner Herzog est un cinéaste voyageur inlassable, à l'immense curiosité, moteur d'un œuvre protéiforme et exaltante.

Adolescent, il croise la route de Klaus Kinski et, impressionné, en conçoit l'intuition qu'il réalisera des films et dirigera l'impossible comédien. Ce qu'il fera. Werner Herzog est l'homme des signes qui peuplent le monde et des appels d'un destin imprévisible auxquels il faut savoir répondre. Il aura construit ses films sur d'innombrables rencontres et autant de coups de tête. Religieux, voire mystique, il sait accueillir l'imprévisible, le merveilleux, et la poésie de la vie, tout en conservant une détermination sans faille dans sa vision de cinéaste.

Ses tournages sont autant d'aventures physiques que spirituelles et ses films, plus de quatre-vingt fictions et documentaires, courts et longs métrages, autant de visions artistiques sensibles qui explorent la condition humaine dans toute sa démesure, sa folie, sa grandeur.

L'équipe de Zoom Arrière est heureuse de vous convier à déambuler à travers les multiples facettes de l'impressionnante filmographie de ce grand marcheur pour qui : « ...voyager à pied est une vertu ». On ne saurait rêver meilleur compagnon de route.

Le huitième numéro de Zoom Arrière revisite donc son œuvre : longs et courts métrages, fictions et documentaires, analyses transversales, bibliographie et filmographie, commentés et analysés par nos contributeurs, à travers plus de soixante-dix textes. 

Certains de ces textes s’opposent, d’autres convergent. Tous se complètent pour rendre hommage à un créateur unique. 

03/09/2023

Jarmush sur ARTE

 ARTE.tv propose depuis le 1er août jusqu'au au 31 décembre 2023, cinq des films tournés par le cinéaste américain Jim Jarmusch dans la première partie de sa carrière. Musique, errance, rencontres singulières et humour désenchanté. Au programme : Permanent  Vacation, son film de fin d'études, Down by Law, Mystery Train, Night on Earth et le western culte Dead Man. En complément, c'est l'occasion de se plonger dans le numéro que l'équipe de Zoom Arrière à concocté autour de la filmographie de l'auteur (à commander sur le site en cliquant sur la couverture ci-dessous, attention, il en reste peu !). 

jim jarmush, zoom arrière

 

17/04/2023

Zoom Arrière n°7 : Les films de Jane Campion

La belle équipe de Zoom Arrière vous propose son septième numéro consacré aux films de Jane Campion, la réalisatrice de La Leçon de piano, première femme à recevoir la Palme d'Or au festival de Cannes en 1993.

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Pourtant, cet arbre remarquable cache une forêt riche et sensible. Jane Campion fait des films depuis plus de quarante ans et parmi eux plusieurs encore sont à découvrir ou redécouvrir. C’est le cas de ses nombreux courts métrages et de ses tout premiers longs, Two friends (1986) et Sweetie (1989) remarquables à plus d’un titre. C’est aussi le cas de Portrait de femme (1996), adaptation risquée mais réussie du roman de Henry James et dans lequel Nicole Kidman, à travers sa composition d'une femme empêchée et trahie, ne peut que saisir le spectateur.

De nouveau récompensée du prestigieux prix Lumière en 2021 pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que par quelques autres prix pour The Power of the Dog en 2022, Jane Campion est une des cinéastes, si ce n’est la cinéaste, la plus honorée de notre temps.

Le septième numéro de Zoom Arrière revisite donc son œuvre : plusieurs courts, neuf longs métrages et une série commentés et analysés à travers plus de vingt-cinq textes. Certains de ces textes s’opposent, d’autres convergent. Tous se complètent. De façon générale et au milieu d’autres thèmes (une étude de la bande son et de la musique dans Bright Star, une représentation du XIXe siècle d’après ses films...), nous revenons sur le féminisme de la réalisatrice, ses héroïnes, leurs désirs et leur désillusion, leurs luttes surtout.

Une campagne de précommandes est lancée sur ulule, l'occasion de soutenir le projet et de compléter votre collection. vous pouvez également nous aider en faisant circuler l'information. Qu'on se le dise !

13/02/2023

Gothique italien à la Cinématèque de Nice

Il est sorti, il est tout beau ! L'ouvrage écrit à quatre mains avec Eric Escofier est désormais une réalité grâce aux éditions Mono-Tone de Nice. Nous commençons à le diffuser et La Cinémathèque de Nice nous fait l'honneur et le plaisir d'une soirée spéciale le vendredi 17 février à 19h30. Présentation du livre, DJ set de Memphis Mao et projection du film de Mario Bava Les Trois visages de la peur (I tre volti della paura, 1963, avec Michèle Mercier, Boris Karloff, Lydia Alfonsi, Mark Damon et Jacqueline PIerreux, frissons d'époque garantis ! Et en plus, c'est entrée libre.

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Pour commander le livre (20 € + port), contacter l'éditeur : memphismao@gmail.com

La soirée "Release Party" sur le site de la Cinémathèque de Nice

09/12/2022

Le cinéma fantastique gothique italien (pré-commande)

Le fantastique gothique italien est un livre écrit à quatre mains avec Eric Escoffier, spécialiste du cinéma fantastique et de genre, et publié par les éditions Mono-Tone basées à Nice. 

J'ai bien souvent écrit sur Inisfree à propos de ces films au charme prenant. Le fantastique gothique à l'italienne est l'un des genres majeurs de l'âge d'or du cinéma populaire transalpin. Prenant son essor en 1957 avec le film de Riccardo Freda (et Mario Bava), I vampiri (Les Vampires), il porte à l'écran un univers glauque, étouffant, morbide et vénéneux, avec sa cohorte de sorcières, de spectres, de morts-vivants, de nécrophiles, de savants démiurges, de monstres et de psychopathes. 

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Le cinéma gothique italien, ce sont d'abord des réalisateurs comme Mario Bava, Camillo Mastrocinque, Massimo Pupillo, Riccardo Freda, Antonio Margheriti ou Renato Polselli qui ont donné naissance à des œuvres impérissables ayant terrifié le public du monde entier. 

C'est aussi la révélation de l'actrice Barbara Steele qui va devenir l’icône de ce genre cinématographique et, à ses côtés, de comédiens internationaux de renom tels que les britanniques Boris Karloff et Christopher Lee, l'allemand Wolfgang Priess, les français Georges Rivière et Michèle Mercier, ou les italiens Giorgio Ardisson, Ida Galli ou Walter Brandi.

Nous nous sommes partagé les 36 films qui constituent l'essentiel de cette filmographie, peu dense mais à l'influence notable puisque le genre donnera l'impulsion au Giallo puis à toute une veine de cinéma fantastique bien au-delà des frontières de l'Italie.

A ces textes s'ajoutent de nombreuses reproductions des photographies d'exploitation qui constituent la collection du passionné qu'est Eric. Le livre est édité par Mono-Tone Éditions, un petit joyau de l’édition azuréenne. Créé par Didier Balducci, esthète, dandy et guitariste, c'est une structure d’édition remarquable avec laquelle il publie ses propres bouquins insolents, ironiques et surprenants, et ceux, d’auteurs tout aussi atypiques. Ce qui est notre cas.

Une campagne de pré-commandes sur Ulule est ouverte ici : https://fr.ulule.com/le-cinema-fantastique-gothique-itali...

140 pages format 21X29,7 cm, avec 122 illustrations dont 60 en couleurs. 20 €

Il est grand temps d'ouvrir ce grimoire et de vous propulser dans ce monde irréel où chaque film est un long périple à travers l'horreur et le surnaturel et où les personnages les plus étranges vous attendent...

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24/08/2022

Zoom Arrière numéro 6 : Paul Vecchiali

La campagne de pré-commandes n'ayant pas été une réussite, vous pouvez désormais vous procurer par les voies habituelles le sixième numéro de notre revue Zoom Arrière consacré au cinéma du cinéaste français Paul Vecchiali. 

En cinquante-sept textes, signés de treize contributrices et contributeurs, une filmographie, une bibliographie et un entretien exclusif de trente-deux pages, le fil de son œuvre foisonnante est déroulé.

De son premier film perdu, Les Petits Drames en 1961, à son tout nouveau, Pas... de quartier sorti en avril 2022, son cinéma se décline sur tous les tons et tous les formats, du court au long, pour le grand écran et pour la télévision, ne reculant devant aucun défi, aucun chemin de traverse, tant qu'il peut préserver son indispensable indépendance.
 
210 pages
Format : 14,8 x 21 cm
Prix : 10 € + Frais d'emballage et de port : 6 €
Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à la boutique

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14/06/2022

Paul Vecchiali à l'honneur de Zoom Arrière numéro 6

La sixième livraison de la revue cinéphile Zoom Arrière est sur le point de sortir ! Notre équipe de fines plumes l'a consacrée au cinéaste Paul Vecchiali, plus de 200 pages de textes critiques avec un long entretien (une première pour nous !) qu'il a bien voulu nous accorder.

Cette fois, nous lançons une campagne de pré-commandes sur le site Ulule : Cliquez ICI

Faites l’acquisition de ce super numéro et complétez votre collection.A vot'bon cœur pour reprendre le titre de l'un de ses films.

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De son premier film perdu, Les petits drames en 1961, à son tout nouveau Pas... de Quartier en attente de sortie, le cinéma de Paul Vecchiali se décline sur tout les tons et tous les formats, du court au long, pour le grand écran et pour la télévision, ne reculant devant aucun défi, aucun chemin de traverse, tant qu'il peut préserver son indispensable indépendance. Il aura fait tourner les plus grands, de son idole Danièle Darrieux à Jacques Perrin, de Nicole Courcel à Catherine Deneuve, de Michel Piccoli à Marianne Basler, de Madeleine Robinson à Édith Scob, sans oublier ses fidèles entre les fidèles, Hélène Surgère, Sonia Saviange, Nicolas Silberg et toute une galerie de visages familiers et de corps émouvants qui habitent son univers. Le cinéma est pour Paul Vecchiali une affaire d'admirations, de rencontres et d'amitiés, une exploration de l'intime, lui qui a souvent filmé dans son appartement du Kremlin-Bicêtre à Paris puis dans sa propre maison du Var, la « Villa Mayerling ». C'est aussi une affaire de fidélité et d'exigence à travers ses collaborations avec Noël Simsolo pour l'écriture ou Roland Vincent pour la musique. Ce sont aussi ses aventures de production, indépendante toujours, avec Les films de Gion et Unité 3 pour les premiers films de Jean Eustache ou Chantal Akerman, puis avec Diagonale, créée en 1976, qui produisit Gérard Frot-Coutaz , Marie-Claude Threillou, Jean-Claude Biette ou Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, enfin avec Dialectik qui lui aura permis de monter, en marge du système, ses films récents. Au moment où Paul Vecchiali s'apprête à faire paraître ses mémoires (2 tomes chez Libre et Solidaire), l'équipe de Zoom Arrière vous invite à revisiter son œuvre foisonnante.

17/05/2021

Jim Jarmush, Zoom Arrière cinquième volume

Le collectif Zoom Arrière, dont j'ai le plaisir et l'honneur de faire partie, publie son cinquième ouvrage, entièrement consacré au réalisateur américain Jim Jarmusch. En cinquante-et-un textes, signés de quatorze contributrices et contributeurs, le fil de son œuvre est déroulé le long des quinze longs métrages qui la composent à ce jour (de Permanent Vacation à The Dead Don't Die, en passant par Down by Law, Dead Man, Ghost Dog, Broken Flowers, Paterson...) avant que soient éclairées ses principales obsessions (le rock, la poésie).

Ponctuellement, d'un titre de la filmographie à un autre, ou en continu, pour saisir une évolution, plongez avec nous dans ce cinéma référentiel et indépendant, distancié et attachant, moderne et essentiel.

L'ouvrage se commande via le site Zoom Arrière en cliquant simplement sur l'image ci-dessous.

130 pages pour 5 € et vous pourrez constater qu'il se passe plein de choses dans les films de Jarmush.

jim jarmush

 

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30/01/2021

Cruelle beauté

Bertrand Blier, cruelle beauté (2020), un livre de Vincent Roussel (Marest éditions)

Pour les gens de ma génération, Bertrand Blier, c'est un cinéaste qui compte. Ou plutôt qui a compté et dont on s'est rendu compte, un jour, qu'il avait presque disparu, comme quelqu'un que l'on aurait perdu de vue dans la foule sans vraiment s'en rendre compte et qui, d'un coup, manque. J'imagine que c'est une réflexion de ce genre qui a motivé Vincent Roussel, alias le Bon Dr Orlof* sur la toile, pour son livre Bertrand Blier, cruelle beauté (Marest éditions, 2020), consacré au cinéaste de... des... Là, à chacun de compléter avec le titre du film qui l'a fait entrer dans l'univers de Blier, pour en jouir sans entraves ou pour en ressortir avec indignation. Car ce qui a longtemps fait la force de son cinéma, c'est de ne pas laisser indifférent. « Clivant » écrirait-on aujourd'hui et, c'est quand il cesse de l'être, par l'un de ces mouvements complexes qui mêlent qualité d'inspiration, relation au public, évolution des goûts et des mœurs, terrible travail du temps, que l'on perd Bertrand Blier. Le premier mérite de l'ouvrage est de nous le faire retrouver, raviver nos souvenirs et, par une approche chronologique, restituer les grands mouvements de la carrière du cinéaste. Il y a le fils de l'acteur célèbre qui démarre en douceur et se fait un prénom. Il y a le Blier des années soixante-dix et de Les Valseuses (1974) avec ses deux héros, voyous libertaires, qui saisi quelque chose de l'époque, lance Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, la mode des titres en « euse » et un ton, un style provoquant et joyeux, comme un violent courant d'air frais dans la France coincée entre Pompidou et Giscard. Il y a le Blier des années quatre-vingt qui attire les foules, fait tourner les plus grandes vedettes (Delon, Baye, Coluche, Huppert, Serrault, Balasko, Blanc, Miou-Miou, Depardieu toujours), est primé à Cannes ou aux Césars, sans renoncer à ses recherches formelles, à ses récits gigognes où flotte l'influence de Luis Buñuel, ni à au mordant de son inspiration. Il y a le Blier des années quatre-vingt dix qui perd le contact petit à petit, malgré ses tentatives de rester en phase avec son temps, par ses thèmes (le sida, les banlieues) et le travail avec une nouvelle génération de comédiens, dont sa muse Anouk Grimberg. Enfin, il y a le Blier du XXIe siècle qui se fait rare, que le public boude et que la critique pilonne. Je schématise, mais Vincent Roussel aborde dans le détail ces différentes phases, s'appuyant entre autres sur la réception critique, qui prend avec le recul une certaine saveur (Jean Domarchi qui traite Les Valseuses de « film authentiquement nazi »!). Il porte lui-même une vision lucide sur l’œuvre et s'il défend Les Côtelettes, si mal accueillit, il pointe les défaut d'autres films, comme le typage sociologique un peu lourd de Un, deux, trois, soleil (1993). Pour être complet, Vincent Roussel aborde les écrits de Blier ainsi que ses expériences théâtrales.

vincent roussel,bertrand blier

Autre point fort, le livre dégage d’entrée les thématiques du cinéaste (le rapport de l’individu au collectif, la figure du père) ainsi que ses figures de style, présentes dès ses premiers essais, le documentaire Hitler, connaît pas (1963) ou Si j'étais un espion (1967). La plus riche de ces constantes, c'est ce que l'auteur appelle « le cauchemar français ». C'est un fil rouge qui parcourt toute l’œuvre de Blier qui n'a cessé de réserver ses piques les plus acérées à la bourgeoisie (au sens marxiste de la chose) et aux beaufs (au sens de Cabu). Ses films dessinent le portrait d'une France anxiogène que ses héros, souvent pitoyables, ne cessent de tenter de fuir. Les banlieues de Les Valseuses ou Un, deux, trois, soleil, les grand ensembles modernes de Buffet froid (1979), les pavillons de Notre histoire (1984) et Tenue de soirée (1986), sont autant de décors hostiles, peuplés de personnages inquiétants, que la mise en scène de Blier fait tirer vers le fantastique. L'étude chronologique fait émerger ces thèmes et en montre la constante, tandis que les derniers chapitres, par une lecture transversale, en font la brillante synthèse.

Enfin, Vincent Roussel ne manque pas de proposer une lecture contemporaine du cinéma de Blier. « J'ai le sentiment que le cinéma de Blier a quelque chose à dire sur notre époque », est-il écrit en exergue. Certes, mais quoi ? Combien de fois avons nous lu aujourd'hui que l'on ne pourrait plus faire Les Valseuses ou Beau-père (1981) ? La question est un peu vaine, car il y a toujours des cinéastes qui osent. Ce qui a changé c'est la nature des attaques car il faut rappeler que, sur les rapports hommes-femmes par exemple, Calmos en 1976 avait été critiqué avec violence et valu une durable réputation de misogynie à Blier. Vincent Roussel démonte avec fougue cette accusation, insistant en particulier sur l'infantilisme des personnages masculins et leur rapport à la mère. Il fait au passage une belle critique des « études de genre », rappelant qu'un artiste développe d'abord une vision personnelle qui ne saurait se réduire à des schémas généraux, quand bien même ils défendraient une juste cause. Ces lectures réductrices sont d'autant plus vaines que leur objet cultive la provocation et un humour qui ne supporte pas les lieux communs. La démonstration en est convaincante, comme celle de la persistance du « cauchemar français », qui a pris d'autres formes mais dont Blier, dès les années soixante-dix avait hélas bien pris la mesure. Enfin, dans un registre plus léger, le chapitre consacré à l'utilisation de la musique, montre l'originalité de l’approche de Blier et la maîtrise dont il fait preuve pour tous les éléments de ses films.

A ce stade, vous aurez compris tout le plaisir que j'ai eu à lire cette « cruelle beauté ». Pour ceux qui, comme moi, sont familier de la plume de Vincent Roussel, vous allez retrouver son style limpide et précis, enthousiaste et modeste. Pour tous les autres, c'est l'occasion de découvrir le fin connaisseur d'un cinéaste qui a compté et qui devrait compter encore. Riche en informations et en réflexions, le livre de Vincent est aussi comme une longue conversation cinéphile qu'il mène avec passion. La réussite d'un livre de cinéma, c'est d'enrichir la connaissance d'une œuvre ou de donner envie de la découvrir. J'ai déjà commencé à rattraper mon retard.

* : au passage j'ai appris que c'est de l'un des personnages de Les Valseuses que vient le nom de son premier blog, Pierrot.