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25/11/2010

Chère Ingrid

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Très chère Ingrid Pitt, quelle tristesse ce matin, parcourant l'un de mes blogs favoris, d'apprendre votre disparition ce mardi. Quelle vie romanesque vous avez eue. Vous avez peu tourné, chère Ingrid, mais vous avez marqué le cinéma fantastique d'une empreinte à nulle autre pareille. Avec vos grands yeux bleu d'acier, vos lèvres pleines d'une sensualité macabre, votre corps conquérant aux formes émouvantes, votre menton altier et votre maintient de reine de la nuit, vous avez gravé en nos cœurs l'image de la vampire implacable et désirable. Que j'eus aimé être perçé de vos dents délicates. En deux films, vous amenez l'érotisme vampirique à un nouveau palier. Que dire de votre façon d'étreindre les jeunes vierges de The Vampire Lovers, sinon que la façon dont vous consumez d'amour Kate O'Mara vaut bien les manières de Catherine Deneuve chez Tony Scott. Vous avez symbolisé, mieux qu'aucune autre, les films aux couleurs chaudes et écran large de l'horreur à l'anglaise, de cette libération des mœurs de la fin des années 60 qui n'excluait pas encore la poésie ni une certaine forme de naïveté. Mais combien vous nous avez fait rêver, en déshabillé transparent, parcourant d'un pas posé, fantomatique, les couloirs des anciennes demeures d'Europe Centrale. Vous êtes à jamais de ces icônes qui hantent les musées et les adolescents. Votre metteur en scène, Roy Ward Baker, est partit en avant, il y a un mois. J'aime à imaginer qu'il vous attendait, ayant préparé le studio, grands candélabres d'or, larges teintures pourpres, un château gothique au loin sur une toile peinte. Et puis au centre, une belle vasque de bronze pleine d'un bain laiteux, entourée de jeunes filles en voiles blancs prêtes au service de la comtesse sanglante. Dans un coin, à demi dans l'ombre, Peter Cushing crispe sa main sur un pieu de bois. Et vous entrez, chère Ingrid, dans la plénitude de votre beauté. Et j'en appelle au grand Will pour ce modeste hommage : Voici un noble cœur qui se brise. Bonne nuit, douce princesse de la nuit, que des essaims d’anges noirs vous bercent de leurs chants.

Photographie Famous Monsters of Filmland 121 (collection personnelle)

21/02/2009

Chère Arly Jover

Il fallait que je vous écrive ces quelques lignes, Arly très chère, permettez-moi de vous appeler Arly, que je vous écrive ces lignes donc car je me trouve encore très proche de ce moment étrange et pénétrant où je tombe sous le charme d'une actrice. En bon cinéphile, c'est une chose qui m'arrive régulièrement mais qui est plus rare que les notes enflammées remplissant les colonnes de ce blog pourraient le laisser accroire. Car j'aime les actrices, à ma respectueuse distance de spectateur, mais pleinement, totalement, « amoureux de l'amour » comme disait l'autre.

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Sur L'empire des loups (Source Allociné / www.collectionchristophel.fr)

Aujourd'hui, cette actrice c'est vous, chère Arly Jover, permettez-moi de savourer l'intégralité de votre patronyme. C'est vous et c'est tout récent et c'est par hasard et c'est tellement plus agréable quand c'est par hasard. On (Merci Laurent) m'a proposé de chroniquer Le voyage aux Pyrénées des frères Larrieu, film que les réserves de mes collègues "de bureau" m'avaient rendu peu attractif. Je passais outre mes réticences et bien m'en pris puisque c'est ainsi que vous m'êtes apparue. Il me plaît à croire que ce fut un coup de pouce du destin, coup de pouce qui se renouvela par deux fois lors du festival de Clermont-Ferrand en m'amenant, au milieu de la jungle luxuriante des programmes, à vous retrouver dans l'agréable Bunker de Manuel Schapira puis dans l'intriguant C'est plutôt genre Johnny Walker de Olivier Babinet. Tout ceci est assez frais pour que je m'attarde sur ce processus de séduction.

Dans le film des frères Larrieu, vous êtes l'hôtesse pyrénéenne du couple d'acteurs incarné par Sabine Azema et Jean-Pierre Darroussin. Vous incarnez le naturel face au factice de vos invités et malgré un improbable compagnon ex-sherpa tibétain. Vous y êtes douceur et tendresse, sensible au charme et au désarroi du personnage de Darroussin. Je crois que ce qui m'a immédiatement séduit, c'est votre pointe d'accent espagnol, vous qui êtes née à Mellila, pointe tout à fait délicieuse. Vous avez également une qualité rare, c'est de savoir jouer l'écoute. Dans votre première grande scène avec Darroussin c'est un bonheur de vous regarder écouter ses épanchements et lui servir un verre à la façon dont le fit jadis Angie Dickinson pour John Wayne dans Rio Bravo. La seconde scène qui m'a vraiment emballé, c'est celle où vous le ravitaillez dans son refuge de montagne. On sent, là, que quelque chose se passe entre vous. Un petit moment que vous jouez tout en retenue et simplicité. Un moment silencieux, presque recueilli où vous griffonnez quelques lignes sur son journal intime alors qu'il a le dos tourné. Voilà, c'est là je crois bien, que le charme a agit.

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Sur le tournage de Bunker (Source Long courts)

C'est dans le même registre et avec encore le goût de cette scène en bouche que je vous ai retrouvée dans Bunker. Infirmière, vous vous occupez de la mère du héros tout en étant amoureuse de lui. Vous êtes là encore celle qui soigne et qui écoute, celle aussi que l'on sent animée d'une passion, pleine mais tranquille, d'un amour vrai mais à nouveau retenu. C'est trop. Même votre accent est retenu dans ce film. Trop sage, vous ne bousculez pas assez les cadres de cette histoire, mais ce qui palpite dans votre présence illumine ce court-métrage. Entre la mère et le fils, vous vous glissez avec une grâce de mouvements qui vient peut être de votre formation de danseuse.

Votre délicieux phrasé revient en force dans C'est plutôt genre Johnny Walker avec cette réplique lancée à la pointe de la langue « Tu m'emmerdes ! » qui m'a donné des frissons dans le dos. Vous êtes dans ce film-ci le point de stabilité dans un film à la dérive, dérive qui en est le sujet puisqu'il s'agit de celle de son héros, Étienne, dont vous êtes la maîtresse excédée. Soyons clair, on vous y voit trop peu même si, comme l'on vous devine toujours présente dans l'esprit d'Étienne, vous restez l'alpha et l'oméga de cette histoire agréablement tordue. Mais je n'avais d'yeux et d'oreilles que pour vous. Pour votre physique latin et félin, vos doigts déliés et votre allure langoureuse. Une femme faite et sensuelle qui tranche agréablement avec les post adolescentes encore vertes qui sont la majorité des nouvelles actrices. C'est peut être cela qui me séduit, comme en leur temps m'avaient séduites Mireille Perrier ou Isabelle Renauld. Votre singularité ouvre les portes de l'imaginaire au-delà des clichés habituels. Chère Arly Jover, permettez à votre nouvel admirateur d'espérer que vous allez trouver des rôles à la mesure de ces promesses. Vous me trouverez prêt à vous suivre.

06/07/2008

Cara Giovanna Ralli,

Vous permettez que je vous appelle Giovanna, Giovanna ? Vous allez sans doute, et d'autres avec vous, trouver que mon modeste hommage tombe comme un cheveux sur le minestrone. Vous n'aurez pas tort et les autres non plus. Mais si je me décide aujourd'hui à laisser éclater mon admiration pour l'actrice et la femme, c'est que vous êtes bien vivantes l'une comme l'autre. Au dernières nouvelles vous vivez une heureuse retraite, le sang bat joyeusement vos artères et vos yeux pétillent. Vous êtes vivante. Bonheur. Félicità.
 
Il faut vous dire que ce modeste blog n'a pas pour vocation de devenir une litanie de nécrologies. Un funérarium comme dirait l'ami Mariaque. Hélas, trois fois hélas et une pour la route, ces dernières semaines ont été chargées en décès que mon coeur de cinéphile ne pouvaient ignorer. Et cela me posait à chaque fois un cas de conscience. Devais-je interrompre des ensembles mûrement réfléchis sur mai 68 ou Cannes 08 pour rappeler à mes lecteurs effondrés que John Philip Law, Mel Ferrer, Jean Delannoy, Cyd Charisse et ses divines jambes, Dino Risi que vous avez peut être connu, Stan Winston ou Henri Labussière avaient passé l'arme à gauche ? Devais-je ainsi rappeler sans ménagement que le cinéma n'était définitivement plus Scaramouche, Diabolik, Singing in the rain ou Il sorpasso ? Mélancolie.

Alors, au diable ! Je veux déposer mon hommage à vos pieds avant d'avoir à mettre deux dates derrière votre patronyme. Giovanna, vous incarnez à merveille trente années de cinéma italien, illuminant de votre brune beauté et de votre pétulant talent les plus belles années de cette cinématographie qui fut l'une des premières au monde. Votre filmographie allie les noms des grands auteurs respectés avec les fleuronts du cinéma populaire et une pointe d'expérience internationale. Et de me faire plaisir à ce défilé sous les feux du music-hall : Fellini, Lattuada, Castellari, Rosellini, Corbucci, Scola, Monicelli, Fulci, Zampa, Martino...

Vous êtes une enfant de la balle selon la jolie expression, et dans tous les sens du terme puisque vous débutez à 7 ans dans La maestrina de Giogio Bianchi. Fillette puis jeune fille puis jeune femme, c'est en France, honneur à nous, que vous trouvez l'un de vos premiers rôles en vedette devant la caméra d'Alex Joffé et aux côtés de Bourvil dans Les hussards en 1955. Vous croisez votre tempérament chaleureux à ceux de Totò, Charles Aznavour, James Coburn, Vittorio de Sica, Georges Peppard ou encore Lino Ventura.

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Mais pour moi, vous restez à jamais la Columba de Sergio Corbucci dans Il mercenario (Le mercenaire– 1968). quand vous m'êtes apparue, sortant de la prison que viennent de libérer l'apprenti révolutionnaire Tony Musante et le mercenaire Franco Nero, vos pieds sont nus mais votre visage délicatement maquillé. Votre pas est assuré au milieu de tous ces péones qui cavalent comme autant de poulets apeurés. Votre conviction est pure et de votre oeil implacable, vous avez jugé à leur juste mesure vos libérateurs : deux escrocs. Vous, vous incarnez la révolution. Louise Michel mexicaine, liberté guidant le peuple, votre père a été exécuté par les fédérales ce qui vous donne du poids. Vous vous joignez à la bande de truands pouilleux possédant l'indispensable mitragliatrice et le non moins indispensable expert européen aux yeux bleus et vous entreprenez d'être la conscience politique de Paco Roman – Musante pour en faire un véritable Zapata. Vous êtes formidable, quand vous vous déguisez en saint crucifié avec barbe pour mieux mystifier et mitrailler l'armée mexicaine lors d'une parade religieuse. Vous êtes délicieuse quand vous embarquez le pollack dans votre chambre pour rendre jaloux votre apprenti guérillero puis regardez d'un oeil tout juste inquiet leur virile empoignade. « Pourvu qu'ils ne s'amochent pas trop » devez vous penser alors. Vous êtes excitante en mariée de la révolution, empêtrée dans le sabre de votre époux tout neuf, décidément de trop dans le lit conjugal. Vous forcez l'admiration par le courage déployé pour sauver ces deux idiots tombés aux mains de l'abominable capitaliste – colonel de service joué avec la puissance de l'habitude par Eduardo Fajardo. Bref, à l'instar de Lucianna Paluzzi ou de Martine Beswick, vous êtes une femme comme on fait peu d'hommes. Au coeur de ces aventures débraillées et sanglantes, vous restez comme un ilôt de douceur et de sagesse, impeccable et féminine au milieu de la poussière, de la crasse et de la poudre. Cela ne vous empêche pas de manier la dynamite et de presser les gâchettes, mais vous le faites avec tant de grâce qu'on ne peut s'empêcher de vous donner raison. Cara Giovanna, que ne suis-je un poète de race pour dire à votre louange un immortel blason.

Photographie : Spaghetti western database

Avec l'aide de G. B.

07/01/2007

Chère Jeanne

Chère Jeanne Balibar,

Vous venez donc de sortir avec Slalom dame un second album et je me demandais si vous aviez l'intention de poursuivre cette carrière de véritable rock-star. Non que je critique, non, j'ai bien sûr commandé cet album mais le père Noël a eu du retard. Alors je patiente. Non que j'ai des regrets, non, je me suis passé un grand nombre de fois votre premier essai, Paramour, dont je ne me suis jamais lassé. Comment vous en vouloir alors que vous reprenez la chanson de Johnny Guitar, la berceuse inquiétante de La nuit du Chasseur. Comment vous reprocher de sampler Godard et de nous offrir un duo suave et sensuel avec Maggie Cheung. Ah, Maggie ! J'ai adoré mettre ce disque en soirée et passer les dernières heures de la journée sur les accents de votre voix délicatement grave, légèrement rauque, chaude, proche. Envoutante.

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Pourtant, si, chère Jeanne Balibar, je vous en veut quand même un peu. Je vous en veux de ne pas être assez présente sur les écrans. J'avais eu l'idée de cette missive quand je vous ai vue dans la distribution de ce gros feuilleton diffusé sur France2 (aie !). Quelque réjouissante ait pu être votre courte prestation, de vous voir réduite à un tel second rôle m'a désolé. Notre cinéma se porte-t'il si mal qu'il ne soit pas fichu de créer un minimum de personnages à la dimension de votre talent ? Que vous deviez ainsi délaisser les écrans pour les scènes de théâtre et de concert ? Chère Jeanne, vous devriez faire trois films majeurs par an. Vous devriez avoir les mêmes flamboyances que Catherine Deneuve ou Jeanne Moreau dans les années 60 et passer ainsi d'un grand film d'auteur à un grand film populaire, donnant au cinéma quelques unes de ses figures de légende. Ne pourriez vous éventuellement demander les coordonnées de Wong Kar-wai à Maggie ? Je rêve de vous voir dans un tel univers. Au lieu de cela, vous êtes si rare. Trop rare. Quelques brillantes apparitions dans des films auxquels vous donnez le meilleur chez Nicloux, Assayas ou Honoré. Je vous avoue que j'ai plus retenu vos quelques minutes dans le rôle de l'ex-femme de Thierry Lhermitte que l'ensemble d'Une affaire privée.

Pourtant, depuis que vous êtes apparue chez Despleschin au sein de l'admirable bande de Comment je me suis disputé...(ma vie sexuelle) vous avez imposé quelques grandes figures. Anna d'abord, femme fatale, absolu féminin pour le personnage d'Albert dans la plus belle comédie des années 90, Dieu seul me voit de Bruno Podalydes. Vous y étiez une légende redoutable (« Tu vois ses seins, tu es mort » disait Otto à Albert) qui prenait corps et se révélait si compréhensive à l'issue d'un repas d'anthologie dans un décor sortit de chez Hergé. Vous étiez si belle dans l'encadrement du col du pull-over. Camille ensuite, pour Rivette dans Va savoir, magnifique actrice de théâtre, amoureuse de grande classe, portrait sublimé de ce vous semblez être dans la vraie vie, va savoir... Votre élégance, votre distinction, vos gestes félins, votre voix posée, vos accès de fantaisie, vos éclairs mélancoliques au fond du regard : Camille vous met au premier plan et synthétise toutes les facettes de votre talent. D'autres figures encore. Moretti féminin, médecin vague à l'âme au guidon de sa vespa, regard buté sous le grand casque dans J'ai horreur de l'amour. Maniaque hilarante et angoissante chez Jeanne Labrune. Amoureuse encore pour Assayas en compagnie de votre (réel) compagnon, Mathieu Amalric qui vous filmera sans retenue dans un film purement contemplatif au titre pour amateurs de tennis. C'est beaucoup et c'est bien peu. Aujourd'hui, chère Jeanne, je ne saurais vous dire assez combien j'attends avec impatience cette hache à laquelle il ne faut pas toucher qui vous fait retrouver Rivette à nouveau pour une adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac. Le film est prévu pour mars 2007. Vivement.

19/04/2006

Angie

Chère Angie Dickinson,

Vous avez des jambes magnifiques, comparables en beauté à celles de Cyd Charisse qui reste une référence en la matière. C'est sans doute pour cela que vous aviez souvent les jambes en l'air sur vos photographies promotionnelles, ou bien que vous portiez collants, shorts courts et courtes jupes, bref de tout ce qui peut mettre en valeur leurs lignes exquises.

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J'adore cette photographie où vous êtes en compagnie de Howard Hawks sur le plateau de Rio Bravo. Vous y portez ces collants noirs diaphanes qui ont fait votre gloire et que vous utilisez avec tellement de sensualité et d'humour, détonnant mélange, pour séduire et réduire à votre merci le viril shérif incarné par John Wayne. Cette photographie suscite en moi de nombreuses questions. Je me suis toujours interrogé sur ce que vous teniez dans la main. Un étui à cigarette ? En offriez vous une à votre pygmalion ou est-ce le sien ? Est-ce un présent de sa part ? Est-ce de ces petits objets que s'échangent ses personnages amoureux dans ses films et qui entretiennent cette complicité qu'il savait si bien décrire ? Est-ce un poudrier et seriez vous en train d'écouter les ultimes recommandations pour un ultime raccord maquillage ? Autre chose : si mes souvenirs sont bon, il n'y a aucune scène d'extérieur ou vous portiez cette tenue dans le film. Alors, est-ce un simple moment de détente sous le soleil californien sous l'oeil approbateur de Hawks ? Est-ce l'une de ces leçons que le maître aimait à donner à ses jeunes actrices ? Hawks est connu pour cela. Il a « créé » Lauren Bacall, révélé le potentiel de Rita Hayworth avant Welles, imaginé Carole Lombard en actrice de comédie, magnifié Rosalind Russel, Ann Shéridan, Joanne Dru, Elisabeth Threatt, formé la fascinante Ella Raines (qui le délaissera et ne tournera donc pas avec lui), Michelle Carey, Paula Prentiss et quelques autres. Vous restez l'une de ses plus belles réussites. Sans doute cela tient à ce couple insolite et excitant que vous formez avec Wayne. Vous, la toute jeune femme, jeune actrice mince presque fragile, face à la star, le cow-boy invincible et sûr de lui. Pourtant, avec cet humour qui caractérise Hawk, c'est vous qui le menez par le bout du nez avec insolence et tendresse. Impossible d'oublier cette réplique : « Hey, sheriff, you forgot your pants. ». Impossible d'oublier son air exaspéré quand vous l'agonissez de paroles pour lui proposer une aide qu'il refuse avec obstination. Impossible d'oublier votre moment d'ivresse. Impossible d'oublier votre jeté de pot de fleurs. Impossible de vous oublier, portant l'estocade finale avec vos collants noirs que, malin, Hawks a réservé pour la dernière scène. Votre couple à l'écran a l'étoffe du mythe et il est si drôle.

Mais, chère Angie, il serait dommage de vous réduire à cette prestation. Vous aimez les réalisateurs et les partenaires très masculins. Vous avez ainsi tourné pour Samuel Fuller, John Boorman, Don Siegel, Arthur Penn, Gordon Douglas, Brian de Palma ; et avec, outre Wayne, Kirk Douglas, Lee Marvin, John Cassavetes, Marlon Brando et... Ronald Reagan. Rien que des « durs » ! Reagan mis à part, ce sont tous des acteurs puissants, aux côtés desquels il est toujours difficile d'exister. Vous y arrivez sans peine, de votre grâce, votre humour et votre élégance. La finesse de votre corps, la douceur de vos traits masquent un tempérament déterminé et une force intérieure qu'utilisera Steve Carver, produit par Roger Corman, dans l'amusant Big Bad Mama où vous jouez avec conviction un chef de gang façon Ma Baker. Grand corrupteur de mythes, Brian De Palma vous offrira une mort de cinéma inoubliable dans l'ascenseur de Pulsions, un meurtre hautement graphique qui démarque celui de la douche de Psychose et où vous finissez lacérée à coup de rasoir. Un autre moment inoubliable de votre carrière.

Vous l'aurez compris, chère Angie Dickinson, vous êtes chère à mon coeur de cinéphile à travers Feathers et vos autres compositions remarquables. C'est aussi avec joie que je paye en ce jour mon tribut à l'hommage qui vous est rendu sur la Toile.

Les participants à la journée :

Retrouvez une sélection des films avec Angie Dickinson sur La Boutique

08/02/2006

Lettre d'un admirateur

Chère Valérie Leon, de vous je ne connaissais que le nom, évocateur d'Espagne, et quelques photographies en noir et blanc dans le numéro 23 de la revue Vampirella. Photographies de ce film Blood From The Mummy's Tomb alors présenté au festival de Stiges en 1976. Images au parfum délicieusement kitch qui m'ont alors fait rêver. Vous y portiez avec prestance le diadème de la reine Tera.

 

Vingt cinq ans plus tard, je découvre presque par hasard ce film resté inédit en nos contrées et je vous découvre, vous dans votre splendeur et ce double rôle de Margareth, jeune anglaise et vaillante fille du professeur Fuchs, et de cette reine égyptienne à la main sectionnée. Cherchant à décrire votre beauté, les mots me manquant, je me suis souvenu que je tenais un bog et qu'une image choisie de vous parlerait plus à mes lecteurs que toutes mes pauvres expression. Dont acte.

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Ceux qui vous trouveront de beaux yeux sont de sacrés hypocrites mais ne sont pas des menteurs car vous avez aussi de très jolis yeux. Votre plastique superbe, souple et pleine, féline, est admirablement mise en valeur par votre metteur en scène du moment, le très peu connu Seth Holt qui n'a de plans que pour vous et vous dévore de l'objectif, partageant sans doute l'idée émise par François Truffaut que le cinéma a été inventé pour filmer les femmes. Qu'il en soit ici remercié.

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Étrange film que ce Blood From The Mummy's Tomb, tourné en 1971 d'après un roman de Bram Stoker, Le Joyau des Sept Etoiles. Vous deviez y avoir pour partenaire l'énergique gentleman du fantastique anglais, Peter Cushing. Celui-ci déclara forfait juste avant le début du tournage, sa femme tombant gravement malade. Il sera remplacé au pied levé par le second couteau Andrew Keir, le prêtre qui avait percé la poitrine de Barbara Shelley dans Dracula, Prince des Ténèbres de Terence Fischer. Votre metteur en scène, relativement novice, décéda alors d'une crise cardiaque sur le plateau, remplacé par le producteur Michael Carreras. Étrange destinée que celle de ce film, oeuvre de fascination pour une femme, vous, et oeuvre inachevée.

 

Film de renouvellement pour une Hammer film en perte de vitesse et qui donna quelques perles noires inclassables en ces début des années 70 ou l'on croyait encore aux vampires et aux princesses égyptiennes délicatement préservées durant 3000 ans. Le Cirque des Vampires, La Fille de Jack L'Eventreur, Docteur Jeckyll et Sister Hyde et Blood From The Mummy's Tomb sont quelques uns de ces titres qui allient audaces formelles et narratives, de l'érotisme qui n'est pas encore vulgaire et une pointe de violence qui n'est pas encore ridicule.

 

Chère Valérie Leon, vous traversez ce film, récit d'une malédiction séculaire avec une grâce aussi vaporeuse que vos tenues, votre beau regard clair et juste pâle plein du mystère de l'ancien temps des pharaons, votre allure décidée et votre bouche fière rappelant une certaine madame Peel. Vous illuminez une histoire aux moments comme ralentis en contemplation de vos mouvements les plus délicats et aux zones sombres et tourmentées comme votre chevelure. Sous le charme, je suis partit en exploration, hélas, rien dans votre carrière, quoiqu'estimable, ne semble briller de l'éclat de ce joyaux des sept étoiles. Quelques seconds rôles dans de grosses productions, vous vous êtes lovée dans les bras de Sean Connery et Roger Moore, premiers rôles dans des films qui n'ont pas franchit la Manche et puis la télévision.

 

Chère Valérie Leon, vous êtes toujours fascinante aujourd'hui, même en blonde, et l'on peut découvrir votre regard toujours clair sur votre site. Recevez, chère Valérie Leon, l'expression de l'admiration de votre serviteur.

Un autre admirateur

Le DVD