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21/09/2007

Don Luis et double programme

Les lecteurs d'Inisfree connaissent mon goût pour ces moments de réflexion collective que sont les blog-a-thons. Une durée, courte, et un sujet, original si possible. Des rendez vous pour passionnés. En voici deux auxquels j'espère avoir le temps de participer : Le Bunuel blog-a-thon sous titré « Cette étrange passion » initié par Flickhead se tiendra du 24 au 30 septembre. Ca va être court.

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Et sur Broken projector, un Double bill-a-thon qui vous propose de travailler sur un article en forme de double programme. Deux films, une idée commune. Prévu du 22 au 26 octobre, j'ai déjà ma petite idée. Western ? Qui parle de western ? Ah, il y a des télépathes dans le coin.

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Dernière minute : je signale sur Eccentric cinéma un dossier sur le western italien avec des articles sur les grands classiques du genre (Léone, Corbucci, Sollima...) plein de photographies et du son.

20/09/2007

Le nombre sanctifie (citation)

« Quand il arrivait, de loin en loin, qu’un vigoureux artiste eût un mouvement de révolte contre la niaiserie malsaine de l’art à la mode, les auteurs répliquaient avec superbe qu’ils avaient raison, puisque le public était content. Cela suffisait à fermer la bouche aux objections. Le public avait parlé : suprême loi de l’art ! Il ne venait à l’idée de personne que l’on pût récuser le témoignage d’un public dépravé, en faveur de ceux qui le dépravaient, ni que l’artiste fût fait pour commander au public, et non le public à l’artiste. La religion du Nombre – du nombre des spectateurs et du chiffre des recettes – dominait la pensée artistique de cette démocratie mercantilisée. À la suite des auteurs, les critiques docilement décrétaient que l’office essentiel de l’oeuvre d’art est de plaire. Le succès est la loi ; et quand le succès dure, il n’y a qu’à s’incliner. Ils s’appliquaient donc à pressentir les fluctuations de la Bourse du plaisir, à lire dans les yeux de la critique ce qu’il fallait penser des oeuvres. Ainsi tous deux se regardaient ; et ils ne voyaient dans les yeux l’un de l’autre que leur propre indécision. »

Je suis en train de lire Jean-Christophe de Romain Rolland. Je suis tombé hier sur ce passage. Ces lignes ont près d'un siècle et pourtant, elles m'ont immédiatement parlé. Et parlé de cinéma. Je ne sais vraiment pas pourquoi.

18/09/2007

Bout de papier

Je savais que j'avais ça quelque part. Quand j'étais bien plus jeune, je découpais les morceaux de Télé 7 jours avec les fiches des films (notez le noir et blanc). Il m'en reste quelques-uns dont ce document qui date du passage de Nada au ciné-club d'Antenne 2 (je supposes). C'est une image qui m'est restée et sans doute en découvrant finalement le film, j'ai satisfait enfin à un désir né du regard sombre de Fabio Testi, de la grimace de Lou Castel et de l'air "James Bond" de Maurice Garrel. Ce qui est amusant, c'est que la photographie centrale ne correspond à aucune scène du film et donne une image plutôt héroïque des personnages principaux. C'est peut être ça qui m'avait fasciné alors, en bon amateur de western.
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15/09/2007

Nada

« le terrorisme gauchiste et le terrorisme étatique, quoique leurs mobiles soient incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à cons »

Ah ! Le joli temps des années 70 ! Les Dauphines, les Arondes, les DS noires luisantes, les cols roulés et les pattes d'eph'. Pompidou, le trou des Halles et mon enfance. Et la révolution ! Un temps où elle n'était pas un dîner de gala. Années de plomb, brigades rouges et septembre noir. Sergio Léone la persifle à grand spectacle dans Giù la testa !, Jean-Luc Godard explique comment fabriquer un cocktail molotov dans Vent d'est, Jean-Pierre Mocky livre l'un de ses plus beaux films avec Solo et Claude Chabrol adapte Jean-Pierre Manchette en 1974 avec Nada.

Quand je me suis offert l'intégrale des romans noirs de Manchette, Nada est le second que j'ai lu. J'avais envie de lire cette histoire d'un groupuscule anarchiste passant à l'acte en enlevant l'ambassadeur américain à Paris et comment l'état réagit, cynisme et violence. Le roman terminé, j'ai eu envie de suite de voir les images de Chabrol. Ce n'est pas si facile, il n'a pas encore été édité en France. Je me suis souvenu qu'il avait été plutôt mal accueilli à sa sortie, critiqué de droite comme de gauche donc sans doute assez juste. Il faut dire aussi que c'est un sujet qui a pu surprendre dans sa carrière après la belle série des films noirs "bourgeois" (La femme infidèle, les noces rouges...). C'est Manchette qui a adapté son œuvre pour le cinéma et la première chose qui frappe, c'est la fidélité de Chabrol au livre. Péripéties, personnages, répliques et jusqu'aux modèles des voitures, Nada est la plus fidèle adaptation de Manchette jusqu'au travail de Tardi sur Le petit bleu de la côte ouest en bande-dessinée. Et c'est loin, si loin des errements d'Alain Delon dont je me suis toujours demandé ce qu'il pouvait bien chercher dans les romans qu'il a massacré à l'écran.

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Nada est sec comme un coup de trique. Le rythme, le montage de Chabrol et Jacques Gaillard qui a travaillé avec lui depuis Le beau serge et jusqu'en 1975, épouse le style de Manchette, sa langue précise et directe, sa façon d'avancer à grandes enjambées dans le récit. Cela situe le film dans la lignée des grands polars américains de l'époque (Friedkin, Yates, Lumet) comme des classiques de Fritz Lang, grand inspirateur de Chabrol, et des belles mécaniques de Stanley Kubrick (The killing - L'ultime razzia) ou John Boorman (Point BlankLe point de non retour). La dialectique en plus. Ce genre de films fascinait les réalisateurs français de l'époque et, au passage puisqu'il ressort en DVD, je me demande comment a vieillit Un condé de Yves Boisset.

La force de Nada, sa réussite qui le rend tout à fait regardable aujourd'hui, c'est que l'aspect politique de l’œuvre, bien présent, cède toujours le passage (bien élevé) à l'action pure selon les principes canoniques du genre : Composition de l'équipe, préparation du coup, exécution du coup, grain de sable et final (im)moral. Que le coup soit ici un enlèvement politique ne change rien à l'affaire. C'est une structure qui a fait ses preuves, d'Asphalt jungle à Réservoir dogs. En ne sacrifiant pas l'aspect polar aux réflexions politiques, Chabrol donne du souffle, accroche le spectateur et passionne. Les scènes d'action sont menées avec brio et précision, que ce soit l'enlèvement dans une maison close de luxe, l'assaut de la gendarmerie ou les acrobaties finales de Buenaventura Diaz joué par Fabio Testi qui venait alors du cinéma de genre, giallo et western, et donne un surcroît de crédibilité (vive la mort !) et d'ironie avec sa tenue façon Sartana.

L'humour, parlons en. Celui de Chabrol se trouve en harmonie avec celui de Manchette. Grinçant. Il s'épanouit dans les échanges entre le commissaire Goémond (Michel Aumont, merveilleusement immonde), le chef de cabinet (François Perrot, merveilleusement faux-cul) et le ministre (André Falcon, merveilleusement crétin). Cerise sur le gâteau, il y a Dominique Zardi en flic idiot. Face aux forces de l'état, les révolutionnaires ne sont pas en reste et la charge envers leurs ridicules n'est pas moins féroce. La plus belle surprise, c'est Maurice Garrel en André Epaulard, beau, vétéran de tous les combats et qui, malgré une certaine lucidité, ne fera que de mauvais choix, comme résigné à son destin. J'aime beaucoup son geste de recouvrir le sexe de la prostituée ligotée avant de sortir, lors de l'enlèvement. Il y a l'alcoolique militant d'Arey joué par « El nino » Lou Castel, toujours entre deux vins et redoutable au lance-pierre. Il y a Véronique Cash, jeune militante, jolie et libérée comme il faut, jouée avec insolence par Mariangela Melato. Il y a Treuffais, le social traître qui, à ce titre, a toute ma sympathie et pour lequel Chabrol retrouve Michel Duchaussoy. Il y a le terne Meyer joué par Didier Kaminka et, donc, l'anarchiste espagnol westernien Diaz. Chabrol utilise intelligemment des acteurs ayant une image forte dans le cinéma engagé (sous entendu à gauche, très à gauche) comme Garrel, Melato et Castel ce qui leur donne un surcroît de vérité. Il est impitoyable, à l'instar de Manchette, quand il les montre incapables de réagir efficacement à l'assaut final et mourir bêtement. Aventuriers ayant cru trouver une cause, leurs mobiles sont flous ou contradictoires. Et ils ne comprennent que trop tard la manipulation dont ils sont l'objet, le piège à con. Seul l'authentique homme d'action, Diaz, trouve assez de ressources pour en sortir et acquiert par là une lucidité nouvelle, prononçant la forte phrase d'introduction, les mots de Manchette que Chabrol a fait siens. Le réalisateur n'oublie pourtant pas, en décrivant les vies difficiles de ces personnages qui portent malgré tout une part de rêve en eux, que c'est la pression sociale qui les entraîne vers la violence et les expose ainsi à la manipulation du pouvoir. Et par moment passe un peu de tendresse.

Seul bémol à cette brillante galerie de portraits, Lou Castel joue d'Arey un peu trop alcolo, sans la finesse dont il est capable. Kaminka est trop effacé, son personnage est déséquilibré par rapport aux autres et la relation particulière qu'il entretient avec sa femme est sacrifiée par rapport au roman, alors qu'elle aurait pu rappeler le personnage joué par Elisha Cook Jr dans The killing.

L'humour passe encore par la musique de Pierre Jansen, marche vigoureuse pastichant celles d'un Maurice Jarre. Peu à dire sur la photographies de Jean Rabier, collaborateur fidèle de Chabrol. Je lui trouve l'habituel défaut de nombre de films des années 70, elle manque d'éclat. Discrète dans les ambiances, timide par rapport aux recherches italiennes ou anglaises dans des genres équivalent, elle est plus à l'aise à la campagne qu'à la ville avec les hordes de gendarmes noirs sur fonds de champs de blé d'or. Rabier me semblait plus inspiré dans les films noirs « bourgeois ».

Claude Chabrol, comme Jean Pierre Mocky trois ans plus tôt, renvoie dos à dos deux types de violence. Il porte un regard à la fois moraliste et satirique tout en s'offrant un beau thriller d'action, ce qui est finalement assez rare dans le cinéma hexagonal. Son film, comme l'oeuvre de Manchette, est le portrait impitoyable d'une époque et de ses contradictions, de sa violence et de ses croyances. Une époque toujours bien présente à entendre la récente déclaration de Fanny Ardant en Italie. Je pense alors au personnage joué par Nanni Moretti sur son rameur dans La seconda Volta de Mimmo Calopresti. « En tuer un pour en éduquer cent ».

Le DVD

Chronique sur Flickhead (en angais)

Chronique sur DVD Beaver (en anglais)

14/09/2007

A découvrir

Un nouveau (enfin nouveau pour moi) site vient de lancer dans la lignée de Youtube et de Dailymotion : Stage6. Il s'agit bien sûr de vidéo en ligne mais cette fois, elles peuvent se télécharger, il n'y a pas de limitation de durée et elles sont en format DivX, ce qui donne une qualité un peu meilleure que sur ses concurrents. L'intérêt c'est qu'il y a beaucoup de choses à découvrir autour du cinéma, des raretés, des documents, des courts métrages. Le problème, comme d'habitude, c'est qu'une partie de ce matériel est illégalement mis en ligne. Pour en rester au légal, ce site propose pas mal de choses du domaine public comme la version originale de Night of the living dead de Georges Romero. Et puis,  pour le meilleur, des dessisn animés des années 30 et des films burlesques comme cette pépite : Dr Pyckle and Mr Pride de Percy Pembroke avec Laurel en émule du héros de Stevenson. Le film date de 1925, c'est un régal.
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11/09/2007

Jane Wyman

Une carrière bien remplie pour une actrice discrète : Douglas Sirk, Alfred Hitchcock, John Ford, Billy Wilder, Jean Negulesco, Franck Capra... Elle était l'ingénue Eve face à la redoutable Charlotte jouée par Marlène Diectrich dans Stage Fright (Le grand alibi - 1950). Elle fut la première femme de Ronald Reagan, nul n'est parfait.
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06/09/2007

Un p'tit ballon dans la tête

Jerry Rees a une façon bien particulière de revisiter les grands classiques du cinéma. Il propulse dans les images icôniques un petit ballon nonchalant. C'est remarquablement animé et intégré, une forme de détournement souvent drôle, parfois poétique, et ce ne sont pas les effets les plus discrets qui sont les moins réussis. Il existe une vingtaine de petits films disponibles sur Youtube (lien) dont une compilation de 6 minutes. Je vous en poste deux que j'aime bien. Rees est animateur de formation. Il a débuté chez Disney sur The fox and the hound (Rox et Rouky – 1981) puis l'expérimental Tron l'année suivante. Il a depuis travaillé sur une dizaine de films comme réalisateur. Visiblement, il s'amuse bien.

 

 

02/09/2007

Ford à l'Institut Lumière

L'année John Ford se poursuit avec la rétrospective qui lui est consacrée à l'Institut Lumière de Lyon. Elle s'est ouverte le 31 août et se poursuivra tout l'automne. Je vous recommande la visite de leur site, en particulier le téléchargement gratuit de leur revue Rue du film avec le programme complet, plein de photographies superbes (voyez John Wayne page 13 et défaillez de bonheur), ainsi que des reproductions d'affiches qui illustrent l'exposition que les heureux visiteurs de la cité des Gaulles pourront aller visiter. Pour ce qui est de la sortie du livre de Bogdanovich, je ronge mon frein mais elle est encore repoussée. Du moins, le livre n'a pas atteint les librairies niçoises.

Je profite de l'occasion pour remercier chaleureusement 4roses pour ses liens audio, je vous laisse celui-ci (France Culture) encore actif. Et pour célébrer tout ceci dignement, une petite galerie d'affiches (source : l'indispensable site Carteles).

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01/09/2007

Mood critique

J'avoue avoir été un peu surpris devant certaines réactions plutôt négatives sur le nouveau film de Claude Chabrol, La fille coupée en deux. Les goûts ne se discutent pas et toutes les opinions un tant soit peu argumentées sont recevables. Néanmoins, quand on se mêle d'écrire sur le cinéma, on a envie de faire partager ses enthousiasmes, de convaincre, de donner envie, et l'on reste souvent ennuyé devant les critiques, les réticences, les rejets. Avec le temps, je sépare les films dont je parle en deux catégories :

Il y a ceux dont je sais par quel angle ils peuvent déplaire, dont je comprends et accepte par avance les opinions contraires. Celles-ci me stimulent et je mets d'autant plus de coeur à défendre le film que je sais comment il sera attaqué. Je comprends que l'on soit hermétique au western italien et récemment, je m'attendais à ce que Ne touchez pas la hache de Jacques Rivette n'enthousiasme que peu de monde. C'est la vie.

Et il y a ceux pour lesquels j'ai l'impression (naïve peut être) qu'ils sont susceptibles d'emporter un large consensus par leurs qualités propres mais aussi par un pouvoir de séduction que je pense détecter, apte à toucher des personnes très diverses. Je reste ainsi des plus perplexe quand je tombe sur une critique négative du Rio Bravo de Hawks (au hasard !). Là, je renâcle un peu. Je me dis que le gars est passé à côté du film ou alors, c'est moi qui perseverare diabolicum. Dans le cas de Rio Bravo, je me suis exonéré depuis longtemps, dans d'autres cas, ça m'amène à cogiter, voir et revoir le film pour éventuellement procéder à une révision déchirante.

Dans le cas du nouveau Chabrol, je situerais le film plutôt dans la seconde catégorie. Chabrol a une carrière conséquente avec des hauts et des bas mais il m'a semblé évident que La fille coupée en deux faisait partie des plus hauts. J'ai donc découvert avec surprise des critiques que j'aurais pu partager sur d'autres films comme Merci pour le chocolat ou La fleur du mal. Je dois donc me méfier de mes évidences.

Pourtant, l'un des articles qui m'a le plus déplu, c'est la critique de Alexandra Schwartzbrod pour Libération (lien), qui parle de tout sauf du film et surtout pas de sa mise en scène, enfile quelques lieux communs et adopte un ton condescendant pénible. Chabrol fait un nouveau film dans le milieu des puissants de province ? Et alors ? Combien de westerns Ford a-t'il fait à Monument Valley ? Ce genre d'argument me rappelle toujours ma grand-mère qui n'aimait pas les westerns avec cette forte maxime : « C'est toujours la même chose, ils ont des chapeaux et des chevaux ». Paix à son âme. J'étais parti pour faire un long commentaire de texte sur cette critique mais comme j'ai attrapé une tendinite du clavier, ça sera pour une autre fois. Ceci posé, que Ed Sissi ne prenne pas ce qui précède pour lui. Son commentaire et ses réserves (intéressant le rapport à Lynch) sont à cent lieues des poncifs critiques de madame Schwartzbrod. Je profite donc de l'occasion pour lier son blog Nightswimming et vous en recommander la lecture.

10:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : critique, blog |  Facebook |  Imprimer |

30/08/2007

Festivals all'dente

Signalée par mes correspondants espagnols, Rodicio et Gelmirez, la belle Orchidea De Santis est une figure caractéristique du cinéma de genre italien. Blonde vaporeuse et sexy, elle a traversé de 1965 à l'orée des années 80 la plupart des genres emblématiques : Peplum, débutant avec Gli tre invicibili de Gianfranco Parolini, Giallo et film policier avec Michele Lupo et Sergio Sollima, western, polissoneries à base de doctoresses et d'infirmières mais aussi variations érotiques d'après la « trilogie de la vie » de Pier Paolo Pasolini. La belle est toujours très belle et aujourd'hui toujours très active. Dévouée à la cause du cinéma de genre, elle organise à Rome depuis 2005 un festival, Italia (de) genere qui s'est tenu cette année du 20 au 26 août et qui a présenté des oeuvres aussi essentielles que Quien Sabe ? (El Chuncho) de Damiano Damiani ou Non si sevizia un paperino (La longue nuit de l'exorcisme) de Lucio Fulci. Cette année, j'assistais au nombreuses découvertes de ma fille, mais c'est une destination estivale à retenir pour les années à venir.
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Plus prestigieux, c'est aussi le plus vieux festival de cinéma du monde. La 64e Mostra de Venise s'est ouverte hier soir. Loin de moi l'idée de vous en présenter les grandes lignes, les invités à paillettes et les oeuvres tant attendues. Je voudrais simplement, et plus particulièrement pour mes amis Breccio et Tepepa, signaler une imposante rétrospective consacrée au western italien : Storia segreta del cinema italiano 4 parrainée par Quentin Tarantino soi-même et qui propose pendant le festival 32 titres dont une version « uncut » de Django (Caisse à dire ?), des grands classiques (Sollima, Corbucci...) et des raretés (Guerrierei, Canevari...) à découvrir sur leur site. Emouvant.

 

Technorati Profile

25/08/2007

Rappelle-toi, Barbara

J'ai passé deux ans à Hollywood, cette saloperie de ville où je ne faisais rien et où j'avais honte de l'argent que je gagnais. Ecoeurée, je suis retournée en Europe. A Rome, j'ai rencontré Fellini. « Aimez-vous les chats ? » me demande-t'il. « Oui », ai-je répondu. « Très bien, vous jouerez dans 8 1/2 »

 

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Entretien avec Barbara Steele réalisé par Yvette Romi pour le Nouvel Observateur 

Photographie :  Scifipedia

 

17/08/2007

Chabrol !

Après Jacques Rivette, c'est au tour de Claude Chabrol de nous offrir cette année un grand film et un beau personnage féminin. Hyppogriffe l'avait annoncé non sans gourmandise, La fille coupée en deux est l'un de ses meilleurs films et peut être bien l'un des sommets de son oeuvre, une quintessence et une synthèse. Soit donc une histoire de passion, d'érotisme, de pouvoir, de mensonges, d'amour, de folie, une histoire de cinéma. Soit un écrivain célèbre, caustique et talentueux, amateur de belles femmes et de beaux livres, marié, qui s'éprend d'une jeune présentatrice de télévision. La jeune femme est ambitieuse et belle, elle est aussi encore naïve, innocente et prête à aimer totalement. Soit le rejeton d'une noble famille de barons de l'industrie. Riche, portant de terribles chemises, arrogant, détestable, mais habité d'une étrange et attachante fêlure. Le rejeton s'éprend aussi de la belle présentatrice. Elle choisi l'écrivain et le suit dans dans des jeux délicatement pervers. Lorsqu'il la quitte, elle se raccroche au rejeton et accepte de l'épouser. Mais le drame couve sous les anciennes rancoeurs.

 

Alors, on va bien sûr parler d'une nouvelle exploration par Chabrol des turpitudes de la bonne société. Il y a bien un secret mal enfoui, de fines parties dans une maison close de luxe, de la vie de province où tout le monde sait tout sur tout le monde et le cynisme du principe de réalité. C'est vrai mais ce n'est pas forcément l'essentiel dans la mesure ou ce milieu si souvent présent dans le cinéma chabrolien me semble avant tout une terre cinématographique au même titre que le Mexique de Sam Peckinpah où l'ile de Farö pour Ingmar Bergman. Une terre, un espace dans lequel Chabrol peut décliner ses thèmes favoris : la corruption du pouvoir (livré à l'ivresse) et la perversion de l'innocence. Un espace dans lequel il peut filmer tout à loisir ce qu'il aime par dessus tout : les livres, la bouffe, les grands crus et les belles femmes. Et puis citer ses grands maitres puisque, comme Rivette, son cinéma s'est formé chez Hawks, Lang et Hitchcock.

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Perversion de l'innocence, Gabrielle Deneige (merveilleuse trouvaille) est issue de la longue lignée d'héroïnes à laquelle je rattacherai les personnages de Stéphane Audran dans Le boucher, Isabelle Huppert dans Violette Nozières et Madame Bovary, Sandrine Bonnaire dans La cérémonie ou encore Emmanuelle Béart dans L'enfer. Ludivine Sagnier y trouve sa plus belle composition et Chabrol a l'élégance de ne pas nous la filmer nue façon Ozon au bord de la piscine, faisant preuve de beaucoup de pudeur, y compris dans une scène difficile dans laquelle elle se livre à un caprice de l'écrivain. Comme les personnages précédents, Gabrielle est innocente d'âme même si elle est tout à fait une femme moderne, libre, ambitieuse et autonome. Elle est prête à s'émerveiller et à s'investir dans une passion, prête à tout donner. « J'ai brulé mes malles en venant ici » disait la Vienna de Johnny Guitar. Hélas pour elle, le monde étriqué dans lequel nous vivons est bien cruel aux rêveurs et Gabrielle va encaisser de rudes coups. Elle synthétise donc nombre de caractères des héroïnes de Chabrol mais celui-ci, certains réalisateurs évoluent ainsi avec l'age, fait preuve d'indulgence et lui offre une chance de salut. Ce finale est d'autant plus touchant qu'il est aussi une sorte de retour au cinéma des origines, celui de Georges Mélies, avec sa filiation avec la prestidigitation, la surimpression et ce magnifique gros plan qui clôt le film.

Gabrielle agit comme un révélateur pour les autres personnages. Elle ramène Charles Saint-Denis, l'écrivain, à la fois à une certaine jeunesse à travers la passion qu'il lui inspire, mais aussi à ses propres limites puisqu'il préfère le confort de sa vie réglée entre femme compréhensive, éditrice maternelle et perversions du samedi soir entre amis. Francçois Berléand lui donne un visage fort mais roué, avec ses citations littéraires continuelles, ses piges au Nouvel Observateur et sont réel talent d'écrivain. Le portrait est caustique mais reste humain avec d'une part la gourmandise épicurienne du personnage et quelques scènes émouvantes, notamment celle où il la revoit lors de l'essais de la robe de mariage. Saint-Denis est aussi non sans humour une facette de Chabrol, artiste jouisseur (et doué!) mais pris entre pouvoir confortable et aspirations plus élevées. Chez Paul Gaudens, Gabrielle fait aussi ressortir le meilleur avant de provoquer le pire. Benoît Magimel joue sur le fil de l'excès les postures de dandy ridicule du jeune héritier. Mon amie, pendant la séance ne cessait de répéter à chacune de ses apparitions : « Mais c'est trop, là c'est trop ». Pourtant, si ses premières approches hérissent, on finit par croire à sa sincérité et le personnage prend de l'épaisseur. D'une façon plus générale, la réussite du film tient en partie au travail de Chabrol sur ses personnages. Il y en a une dizaine et aucun ne tombe, comme parfois dans ses films, dans la caricature ou le schématisme. Tous ont de l'épaisseur, il n'y a pas de faire-valoir. Les deux personnages de mère joués par Caroline Sihol (Paul) et Marie Bunel (Gabrielle) sont à et égard remarquables, possédant leur histoire propre et agissant en cohérence pour leurs enfants, chacune à leur manière. Et pour finir avec les femmes très présentes ici, je tiens à saluer la prestation de Mathida May terriblement sensuelle avec ses premières rides et sa ligne toujours impeccable en Capucine Jamet, éditrice de Saint-Denis et sorte d'ange noir de ses débauches.

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La réussite de Chabrol, c'est évidemment une mise en scène particulièrement maitrisée et inventive. Subtile, elle n'est pas voyante, pas de mouvements d'appareils sophistiqués, mais une limpidité dans la conduite du récit sans défaut. La fille coupée en deux est l'un de ses plus beaux montages, sans un temps mort, sans un plan qui ne réponde immédiatement à un autre. Le film progresse dans un grand mouvement logique qui se fait le plus souvent à l'intérieur des plans. Ainsi dès le début, la relation entre Saint-Denis et Capucine Jamet passe à travers une action anodine (l'arrivée d e l'éditrice au domicile de l'écrivain), un dialogue à la fois brillant (de Chabrol et Cécile Maistre) et fonctionnel, et ce petit geste en arrière plan esquissé de doigts baladeurs. Joli. Les ellipses sont amples (le voyage à Lisbonne), les rapports visuels inventifs (Le tramway qui ramène au souvenir toujours présent de l'écrivain) et il y a un travail formidable sur les couleurs. C'est Eduardo Serra qui signe la photographie et Chabrol joue en virtuose de compositions magnifiques, les tons beiges de la première scène chez l'écrivain, l'utilisation du rouge pour Gabrielle, couleur de passion et de mort (Le filtre du générique annonce le mécanisme qui fera se rencontrer l'écrivain et la jeune femme), la soirée où les costumes noirs forment un écrin à la robe rouge, je pourrais continuer encore mais je ne voudrais pas lasser. Et préserver quand même le plaisir de la découverte (je me suis d'ailleurs interdit de lire mes camarades blogueurs avant de voir le film). Vive Chabrol, donc, qui vient de nous offrir un film réjouissant, plein d'humour (la première partie est franchement sous le signe de la comédie), aux traits acérés (l'hilarante séquence de l'entretien télévisé, les soeurs Gaudens, les ridicules de l'écrivain) et finalement d'espoir avec le visage reconstitué, apaisé enfin, de la fille coupée en deux.

 

A lire aussi chez le Dr Orlof et Hyppogriffe.

Le site du film

Photographies : Allociné

 

15/08/2007

Puissance de la haine

Voici un film peu connu dont l'histoire est pour moi pleine de zones d'ombres. Quei disperati che puzzano di sudore e di morte de Julio Buchs est un western italo-espagnol de 1969 dont le titre français est Les quatre désespérados mais que l'on trouve plus aisément de nos jours sous son titre américain A bullet for Sandoval. Comme Quella Sporca Storia nel west, c'est une perle rare de toute beauté, un film enthousiasmant qui mérite quelques paragraphes bien sentis. D'autant que la réussite de l'oeuvre est assez mystérieuse, suite sans doute de conjonctions heureuses, petit miracle du cinéma de genre.

Rien dans le parcours de Julio Buchs ne semble le disposer à la réalisation d'un film de cette force. Espagnol né à Madrid en 1926 et décédé prématurément d'une attaque en 1973, il est le fils du réalisateur José Buchs, guère plus connu, dont la moitié de la carrière date du temps du muet. Julio débute comme assistant de son père sur Aventuras de Don Juan Mairena en 1948, reste assistant tout au long des années 50 et passe à la réalisation en 1962 avec un court métrage documentaire Salto de Castrejón. Il tourne ensuite une dizaine de films, westerns, thrillers, et un film érotique avec nonnes. Il écrit aussi, entre autres, le scénario de L'invincible superman, suite croquignolesque de Superargo avec Ken Wood (Pour se rendre compte, jetez un œil ici). En bref, rien de mémorable à priori, mais il faut toujours se méfier des à-priori. Second élément qui excite la curiosité, la présence de Lucio Fulci comme co-réalisateur du film sur plusieurs sources dont le DVD. Fulci, lui, est quand même très connu mais ni le générique du film, ni les affiches de l'époque ne mentionnent son nom. Et je n'ai rien trouvé sur son site « officiel » ni dans les entretiens qui couvrent sa contribution au western. Quelle a pu être sa participation exacte ? Comme on ne prête qu'aux riches, on peut être tenté de voir la main du tripier chef italien dans la réussite du western de l'obscur espagnol. En 1969, Fulci a déjà réalisé l'excellent Tempo di massacro (Le temps du massacre avec Franco Nero) mais il est encore un touche-à-tout qui n'a pas trouvé sa voie, celle de l'horreur graphique et de l'écharde dans l’œil. A voir le film, je serais bien en peine d'identifier une quelconque touche fulcienne dedans. Au contraire, le traitement des scènes violentes est plein de pudeur. Lors de la scène d'ouverture, sur un champ de bataille dévasté, un maraudeur pille les cadavres. Lorsqu'il va couper un doigt pour récupérer une bague, la caméra panote délicatement de l'autre côté. Fulci n'a jamais eu de ces attentions. Un commentateur d'IMDB pense qu'il a travaillé sur le scénario. Pourquoi alors l'avoir crédité à la réalisation ? Je reste preneur de toute information sur ce mystère capital. Dernier mystère, la copie disponible est trop courte d'une douzaine de minutes. Ceci pourrait expliquer quelques incohérences du scénario mais l'explication des coupes (voir les détails sur cet excellent site), montre qu'il ne manque qu'une intrigue secondaire pas très importante.

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Mais revenons au film. Quei disperati che puzzano di sudore e di morte fonctionne sur le grand thème du western italien : la vengeance. John Warner, joué par Georges Hilton, est un valeureux soldat confédéré qui déserte pour rejoindre en catastrophe sa fiancée mexicaine sur le point d'accoucher. Non content de passer pour un lâche, il est très mal reçu par le père, le riche propriétaire Sandoval, joué avec beaucoup d'intensité par le grand Ernst Borgnine. La jeune femme est morte et Sandoval tient Warner pour responsable. Détestant les « gringos », il le chasse avec son fils nouveau-né. Jouant de malchance, Warner, nettement moins doué que les héros de Three godfathers (Le fils du désert) de Ford, tombe en pleine épidémie de choléra. Chassé de plusieurs endroits par des habitants terrorisés, Warner voit son fils mourir dans ses bras lors d'une scène tout aussi retenue qu'émouvante. Il va poursuivre alors ceux qui lui ont refusé de l'aide et Sandoval de sa haine, aidé par quelques compagnons de hasard, tandis que Sandoval, de son côté, se montre tout aussi acharné à la perte de celui qu'il tient pour le suborneur de sa fille.

On le voit, le film joue sur des motifs de tragédie assez forts et s'attache à la lutte de deux haines mues par un destin qui les dépasse. Il n'y a ni bons ni méchants dans ce film. Si Warner est initialement présenté comme un héros classique, dès le déclenchement de sa vengeance, son caractère impitoyable voire sadique cassent la belle image et plonge le film dans la noirceur. Sandoval, lui, voit sa dureté bornée du début atténuée par son attachement profond à sa famille, à ses fils et à sa fille morte. La scène où il parle à la photographie de la morte est un moment fort du film et une belle prestation de Borgnine, assez fordienne en l'occurrence. Il montre également un certain panache quand il part seul affronter son ennemi. Nous avons donc deux hommes complexes dévorés par leur haine respective et qui ne peuvent que se détruire l'un l'autre. Curieusement, lors du finale, Warner tuera pas directement Sandoval, comme s'il pressentait que la fin de l'un signifie aussi celle de son antagoniste.

Si le film est sombre, l'un des plus sombre de tous les westerns italiens, il est pourtant économe d'effets violents. S'il baigne dans une atmosphère de violence, bien dans le ton du titre original (Ces désespérés qui puent la sueur et la mort) Buchs a tendance à laisser la violence hors champ. Ainsi la scène d'ouverture, ainsi une attaque de ranch qui multiplie des plans rapides des armes sans trop montrer les corps. Ainsi l'assassinat de l'un des fils de Sandoval, objet d'une belle ellipse, rendu pourtant abominable par la façon barbare dont le corps est rendu à son père. Ainsi même le finale, après la mort de Sandoval et un mitraillage classique de l'armée mexicaine, est traité sur un mode quasi abstrait. Il y a bien la scène du seau de lait mais son caractère direct est là pour faire basculer le personnage de Warner. Ceci écrit, Buchs est pourtant très à l'aise avec les scènes d'actions et l'attaque de la grange où se planque la petite troupe de Warner est remarquablement découpée et montée. De même la rencontre finale entre Sandoval et Warner, est pleine d'inventivité, lutte au couteau au dessus des boxes des taureaux dans une immense arène blanche. Buchs a en outre sur ce film un sens certain du spectaculaire et de l'épique, que ce soient les chevauchées de ses anti-héros ou l'utilisation de beaux décors espagnols, les grandes arènes de la fin, la composition du champ de bataille dévasté du début avec un petit côté Goya, les désastres de la guerre.

 

 

Ce qui m'a la plus frappé dans le film, ce sont ses liens, conscients ou non, avec les films de Sam Peckinpah, ce qui n'était pas pour me déplaire. Le plus évident, ce sont les similitudes entre la scène finale et celle de The Wild Bunch (La horde sauvage), sortit en 1969. Même disproportions des forces en présence, même baroud d'honneur. Il y a bien sûr l'emploi d'Ernst Borgnine qui faisait partie de la même horde. Il y a aussi ce passage au Mexique d'une bande hétéroclite qui mène une guerre personnelle et qui fait penser au Major Dundee de 1965. Il y a enfin, et c'est le plus troublant, ce Sandoval qui ressemble au El Jefe de Bring me the Head of Alfredo Garcia (Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia) tourné par Peckinpah en 1974. les deux hommes, tout deux gros rancheros mexicains, ont une conception particulière, autoritaire, de la famille et leur volonté de contrôler la vie de leurs filles est la source de la tragédie. J'aime ces connivences secrètes.

Le beau film de Buchs bénéficie en outre d'une belle photographie de Francisco Sempere qui avait signé celle d'Adios gringo de Giorgio Stegani et qui a plusieurs fois travaillé pour le cinéma fantastique. Il y a notamment de belles scènes nocturnes (l'ouverture, l'attaque de la grange). La partition de Gianni Ferrio est très inspirée avec de belles envolées bien dans le style du western italien et des accents (trompettes et choeurs) qui donnent toute leur dimension aux côtés tragiques de l'histoire. Aux côtés de Ernst Borgnine, Georges Hilton trouve un rôle plus tragique que ses prestations habituelles. Il est peut être un peu rigide, peut être pas toujours à l'aise avec un personnage aussi sombre. Il y a quelques beaux seconds rôles, en particulier Alberto de Mendoza dans le rôle de Lucky, le compagnon de désertion fidèle, seul personnage à apporter un peu d'humour avec sa façon de siffloter My darling Clementine au coeur de l'action. Et puis Leo Anchóriz, vu chez Corbucci et Castellari, qui joue un prêtre défroqué rapide de la gâchette. On pourra reprocher (et je le fais) au film quelques problèmes avec le scénario. Ellipses ou non, l'histoire prend parfois des virages brutaux et certains éléments semblent complètement inutiles. Ainsi le sixième compagnon de la bande est-il tué dès son arrivée. D'une façon générale, les rapports entre Warner et ses compagnons auraient pu gagner à être mieux définis. Mais la puissance du thème principal, ce grand mouvement d'autodestruction nourri de haine, balaie ces quelques scories et n'empêchent nullement Quei disperati che puzzano di sudore e di morte d'être l'un des grands westerns italiens, l'un des plus méconnus, l'un des plus urgents à découvrir et à aimer.

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Pistes

Chronique en anglais sur Unknown movies

Chronique en anglais sur European film review

Coïncidence magnifique, la chronique de Dollari Rosso sur le même film, annoncée alors que je travaillais à celle-ci. Saludos, hombres.

Affiche : European film review et Carteles.

Le DVD

09/08/2007

Cactus et estivales

C'est en pleine chaleur du mois d'août que mon ami Philippe Serve s'est décidé à ouvrir son blog : A l'ombre du cactus flottant. Philippe est une figure majeure des cinéphiles niçois. Animateur notamment du ciné club de l'association Cinéma Sans Frontières qui a ses quartiers dans le cinéma Mercury. Passionné et passionnant, c'est une encyclopédie vivante avec une prédilection pour le cinéma asiatique. Je me souviendrais toujours de sa présentation de la carrière d'Akira Kurosawa avant la projection de Ran. Pas une note et pas une hésitation pour évoquer l'intégrale de la filmographie du maitre. Il réservait jusqu'ici ses textes pour son site Écrans pour une nuit blanche et pour le site de CSF. Avec lui, c'est un critique émérite qui se met au blog, commençant par rendre hommage à Bergman, Serrault et Antonioni.

 

Antonioni, puisque l'on en parle, j'avoue n'avoir pas trop su quoi en dire. Historiquement, on peut en dire la même chose que de Bergman, il représentait une façon de faire du cinéma qui aujourd'hui est devenue trop rare. Mais d'un point de vue personnel, il fait partie de ces quelques grands metteurs en scène auxquels je suis resté hermétique. Presque. Ni l'Avventura, ni l'Eclisse ne m'ont touché et je m'y suis ennuyé ferme. J'étais resté assez perplexe devant Zabriskie point, d'autant que je cherchais le passage dans lequel apparaissait Harrison Ford avant d'apprendre que sa prestation dans une cabine téléphonique avait été coupée au montage. Reste le fait curieux que j'ai programmé en ouverture des Premières Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice en 1999 la version restaurée de son premier film, Cronica di un amore, tourné en 1949 dans les studios de la FERT de Turin. J'ai le souvenir d'un magnifique noir et blanc et d'un film qui m'avait captivé alors que, organisateur, je n'étais absolument pas réceptif. J'espère revoir ce film un jour. L'an dernier, j'ai également découvert, enfin, l'indispensable Blow up. Conquis, je me dis que l'essentiel de l'oeuvre de ce cinéaste me reste à explorer.

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Kurosawa, puisque l'on en parle, sera l'objet d'un blog-a-thon le 15 novembre 2007 proposé par Squish, ce qui nous laisse du temps pour cogiter. J'ai loupé celui autour de John Huston, je serais sur le pont pour celui-ci.

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Machiavelli, Nicoletta de son prénom, puisque l'on en parle sur Dollari Rosso, est l'une des plus belles actrices du western italien. Elle est entre autres Maya, la mystérieuse héroïne de Una lunga fila di croci (Une longue file de croix – 1969) réalisé par Sergio Garrone et apparait chez Corbucci, Valerii et Sollima. Elle a également une jolie carrière en France chez Zulawski, Lelouch et Lautner. Un lien en italien pour une vue plus complète.
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Un dernier lien puisque l'on en parle pas. Un article du New York Observer : « I'm hard to get, John T. » de Peter Bogdanovich sur le film des films, Rio Bravo. Le texte m'a rempli d'une telle excitation que le soir même je revoyais le film dans un total état d'extase et je me suis promis de finir, enfin, un long texte commencé il y a au moins deux ans et toujours en chantier.

Photographies : Ciné-club de Caen et capture DVD Minerva

05/08/2007

14 amazones

Quand j'étais enfant, au début des années 70, je me souviens avoir vu passer le phénomène des « films de karaté » ou « kung-fu » sans avoir accroché à la chose. Dans les cours de récréation, il était presque impossible d'échapper à Bruce Lee. Installé à Nice plus tard, j'ai retrouvé les affiches criardes et les titres surréalistes dans l'ultime cinéma de quartier de la ville le Capitole / Capri (double salle de doubles programmes) qui proposait encore au début des années 80 deux films pour le prix d'un avec une programmation de films d'art martiaux type Il faut battre le chinois tant qu'il est chaud + Le roi du kung-fu attaque. Je n'ai jamais mis les pieds au Capitole. L'entrée n'était pas très engageante. La salle se situait à l'orée du vieux Nice, dans une petite rue entre les poubelles, une zone plutôt mal famée à l'époque. Les niçois l'appelaient « le cinéma des arabes » et il était d'usage de ne pas s'y balader le soir. A lire les souvenirs des vétérans des salles de quartier parisiennes, ça devait être très similaire.

C'est la revue Starfix qui m'a donné envie de découvrir ces films venus de Hong-Kong avec leurs articles sur La rage du tigre et Les griffes de jade. Hélas, désolation, j'arrivais après la bataille. La mode « kung-fu » avait passé, et le Capitole / Capri avait fermé. Les sorties étaient exceptionnelles et j'ai finalement fait mon initiation en 1984 avec Raining in the mountain du vétéran King Hu avec ses guerrières aux longues écharpes rouges. Depuis, le DVD étant une chose admirable, j'ai pu découvrir les fastes de la grande époque des Shaw Brothers et de la Golden Harvest. Et j'adore ça.

Refermons cette parenthèse biographique pour aborder 14 amazons (14 amazones ou Shi si nu ying hao en chinois) grand spectacle réalisé en 1972 par Kang Cheng. Cela se déroule il y a bien longtemps, quand la Chine était en proie aux invasions mongoles. Le clan Yang défend la frontière depuis des générations mais son armée tombe dans une embuscade et est décimée. Restées à la maison, quatre générations de femmes, mères, soeurs, épouses et filles apprennent les funestes nouvelles et décident de relever l'honneur de la famille. Elles montent une petite armée et partent affronter les envahisseurs pour venger leurs hommes. 14 amazons est le récit de leur épopée. On peut voir le film comme une version féminine du Heroics ones (Les 13 fils du dragon d'or – 1970) de Chang Cheh, grande fresque masculine avec le gratin des acteurs de l'époque, des figurants d'ici jusque là-bas, des batailles, du sens de l'honneur, de couleurs éclatantes, des supplices sadiques, du sacrifice et le triomphe final du Bien. On peut rajouter des effets gore assez graphiques et une relative difficulté à s'y retrouver parmi les nombreux personnages dont certains ne sont que des silhouettes. Le film de Kang Cheng réunit donc une imposante distribution féminine y compris pour le rôle du fils Yang Wen-kuang, joué par la jeune Lily Ho et qui lui vaudra un prix d'interprétation à l'époque. Je retiendrais parmi ces belles figures le personnage pivot de Mu Kuei Ying (la veuve du général Yang et mère du dernier mâle de la famille) joué par la belle Ivy Ling Po et la matriarche, la « Grande Dame » à laquelle toutes et tous sont dévoués, jouée avec dignité par Lisa Lu. Le film a tendance à se centrer sur les rapports entre ces trois générations, aux conflits d'autorité entre elles. La fougue de la jeunesse s'oppose à la sagesse des anciens, les désirs de vengeance d'une mère s'opposent à ceux d'une épouse, les prouesses physiques de l'une renvoient à l'âge de l'autre. La lutte pour le commandement des opérations est âpre mais se police par le sens aigu du respect des unes pour les autres. A noter dans la distribution masculine la présence de Lo-Lieh dans le rôle d'un prince mongol sadique au possible qui lèche le fouet sanglant qu'il vient d'utiliser sur une prisonnière. Pour le reste des acteurs, il conviendra de se référer à d'autres sites qui ont fait le tri bien mieux que moi.

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Le film est donc un magnifique péplum, un western asiatique, un film de chevalerie ou Wu xia pian exemplaire aux scènes d'action amples, nombreuses et souvent assez folles. La scène emblématique de 14 amazons est celle du pont humain. Poursuivies par l'armée adverse, l'armée des femmes doit traverser un pont suspendu sur un ravin. Le pont ayant été incendié, les amazones commencent par tenter d'éteindre les flammes en se roulant dessus. Une partie de l'armée passe mais le pont s'écroule et la sépare. Qu'à cela ne tienne, formant une pyramide humaine de chaque côté du précipice, nos héroïnes s'élancent dans le vide, formant une passerelle de corps sur laquelle passent les soldats. Il faut le voir pour le croire et y croire. C'est beau et sérieux comme tel exploit des chevaliers de la table ronde, d'Hercule aux enfers ou de Roland à Ronceveaux. Tout à soigner le côté spectaculaire de son film, Kang Cheng en oublie un peu, comme d'ailleurs nombre de ses collègues à l'époque, de faire attention à sa continuité. On passe ainsi d'un plan à l'autre d'un canyon aride à une forêt verdoyante, d'une colline à un ravin escarpé, des merveilleux décors de studio Shaw à de splendides extérieurs. Bref, un esprit par trop cartésien sera quelque peu dérouté par la poésie et la magie de tout cela. Ce qui est dommage.

Un autre aspect sans doute déroutant est la violence exacerbée du film. A croire que Kang Cheng a cherché alors à rivaliser avec les délires sanglants de Chang Cheh. Le film aligne une succession de mutilations graphiques, parfois surréalistes, contrastant avec le côté sérial, aventures adolescentes du film. Le sang coule et gicle avec régularité, allant jusqu'à éclabousser l'objectif comme le fera bien plus tard Steven Spielberg en filmant le débarquement de Normandie. La mise en scène déploie toute sa force et son inspiration dans ces séquences de batailles, jouant admirablement des couleurs des costumes pour se faire affronter les groupes de soldats, jouant des mouvements de ces groupes à la façon de grands ballets dans les espaces maitrisés des décors, le grand château du final en particulier.

Reste ce côté féminin du film qui na sans doute pas été étranger à sa ressortie en grande pompe (Cannes 2006, sortie en salles, édition DVD luxueuse par Wild Side). Il faut se rappeler (ou savoir) que le Wu xia pian est d'abord un cinéma populaire et qu'il plaisait beaucoup aux femmes comme le montre In the mood for love de Wong Kar-wai. Les grands studios ont toujours développé, aux côtés des héros virils, de belles héroïnes sabreuses dont l'emblématique Hirondelle d'or jouée pour King Hu puis Chang Cheh par Cheng Pei-pei. Le « féminisme » de Kang Cheng n'a rien d'original, il est même quelque peu hypocrite dans la mesure ou les dames d'épée restent dévouées corps et âmes à leurs seigneurs et maitres et si elles affrontent des hommes, elles ne remettent aucunement en question le pouvoir masculin sinon celui d'un mandarin corrompu. Mais vous l'aurez compris, cela n'a pas d'importance pour aimer ce film, symbole des fastes d'une époque révolue.

 

Pistes :

Un site très complet sur le film, pour s'y retrouver avec les actrices et acteurs.

Le DVD

Le film sur Cinémasie

Le film sur HK Mania

Le film sur Série Bis

Le film sur DVDrama (avec un portrait du réalisateur)

 

11:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : kang cheng |  Facebook |  Imprimer |

31/07/2007

Le feu de la lanterne magique

Je ne suis pas venu facilement au cinéma d'Ingmar Bergman. Il avait pour moi une image assez austère. Pourtant j'avais aimé Fanny et Alexandre à sa sortie mais je n'avais pas accroché à celui que tant mettent si haut : Persona. Et je n'avais rien compris à L'heure du loup. Plus tard je découvris avec enthousiasme Le 7e sceau et quelques années après, à l'occasion d'un cycle assez complet, une quinzaine de films en deux mois. Ce fut un grand moment de ma « carrière cinéphilique » si j'ose ainsi m'exprimer. Un monde se révélait à moi et je tiens depuis lors l'essentiel de ses oeuvres entre la fin des années 40 et le début des années 60 pour ce que l'on peut voir de plus beau et de plus émouvant sur un écran. Je voudrais éviter de déballer les superlatifs d'usages et je ne me sens pas d'humeur pour une dissertation. Hier, en apprenant se disparition, j'ai ressentit une grande tristesse. A la projection de En présence d'un clown à Cannes en 1997, je m'étonnais déjà qu'il fut encore vivant. Je m'étais habitué à ce qu'il continue de vivre et de tourner, nous envoyant depuis Fårö un film, et puis un film encore. On aurait pu le croire immortel, comme un dieu de l'Olympe des cinéastes, retiré sur son île lointaine. Lui qui poursuivait son oeuvre, imperturbable dans un monde ou l'on avait empaillé la sienne par bêtise. Car on ne risque pas de diffuser Les fraises sauvages ou Cris et chuchotement alors qu'il y a a tant de beaux discours convenus à disposition pour ensevelir une oeuvre vivante sur les étagères des musées. Mais elle crie, cette oeuvre, elle se débat, elle est vigoureuse encore. Moi, j'aime les beaux films des années 50, ceux qui ont le noir et blanc luisant, perlé, ceux qui ont l'humour de Nils Poppe et l'insolence de Eva Henning. J'aime ses femmes, toutes ses femmes, Maj-Britt Nilsson, Harriet Andersson, la grande Eva Dahlbeck, Bibi Andersson, Ingrid Thulin, Liv Ullman, et Eva Henning ma préférée quand elle déambule en déshabillé dans la chambre miteuse de La fontaine d'Aréthuse. Plus qu'aucun autre, Bergman a su filmer le couple, filmer ce qui tient ensemble, ce qui parfois sépare, un homme et une femme. Ce n'étaient pas des films à voir pour moi à vingt ans. Ce sont des films que j'aime aujourd'hui. J'aime les été suédois, les reflets sur l'eau, les sombres quais des villes portuaires, les saltimbanques sur la falaise, le bois près de la source, Beethoven et Mozart, l'élégance du chevalier joueur d'échecs, la grâce des danseuses. Je reste réservé sur ses oeuvres plus âpres. Apres trois visions, je reste peu enthousiaste devant Persona même si je le comprends mieux. Je reste de marbre aux Communiants et je me suis toujours réjouis qu'il ait retrouvé, avec Mozart, de la légèreté des Sourires d'une nuit d'été. Alors je suis triste, un homme est mort et avec lui encore un peu d'une conception du cinéma de la plus haute exigence, exigence qui restait alors compatible avec le succès public. Une exigence si rare aujourd'hui, si fragile que l'on n'ose même plus la prendre dans les mains de peur qu'elle ne disparaisse tout à fait. Le cinéma de Bergman est vivant.

 

Post scriptum : je viens juste d'apprendre le décès de Michelangelo Antonioni. Vivement dimanche.

30/07/2007

Tristesses

 

29/07/2007

Jeux de mains

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Se sei vivo, spara (Tire encore si tu peux - 1967) de Giulio Questi
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Le DVD
 

26/07/2007

Un plus un

En hommage à Edward Yang récemment disparu, j'ai retrouvé ce texte écrit à l'époque de la sortie du film, pour l'émission de radio que j'animais alors :

Yi, ça veut dire «1» en taïwanais. Et Yi-yi veut dire « individuellement » ou «1 + 1». Beaucoup de choses dans le film d'Edward Yang, qui a reçu le prix de la mise en scène à Cannes, renvoient à ce motif de la répétition. Les personnages s'appellent Ting-ting, Min-min, Yang-yang ou Yum-yum. Ne riez pas, il y en a bien qui s'appellent Roger. Vous me direz : « Quel est le rapport ? », je n'en sais rien.

Yi-yi est un film taïwanais et le quatrième de son auteur. Mais les trois précédents sont plutôt mal sortis quand ils ne sont pas restés complètement inédits chez nous. C'est fort dommage à découvrir Yi-Yi, une œuvre ample, près de trois heures de film et des dizaines de personnages, et forte.

C'est l'histoire d'une famille, ou plutôt de chacun des membres d'une famille sur une période d'environ six mois. C'est surtout une réflexion sur la vie et ses différents âges : enfance, adolescence, âge mûr et vieillesse. Une réflexion qui débouche sur un constat plutôt amer. NJ, le père, a l'occasion de revivre l'amour de sa jeunesse et peut être de tout recommencer. Pourtant, il l'avouera peu après à sa femme, il ne saisira pas cette seconde chance et poursuivra sa vie ordinaire. « Pourquoi je refais toujours les mêmes erreurs » dit un personnage. Visiblement, ce que l'on apprend avec ce que l'on appelle l'expérience, c'est que l'on apprend rien. Encore plus, on est bien incapable de transmettre cette connaissance ténue. Je parlais de motifs de répétition, de parallélismes dans le film. Au moment ou NJ s'offre une escapade japonaise avec son premier amour, sa fille, adolescente timide, vit une expérience similaire avec un jeune garçon quelque peu perturbé, et qui s'achèvera sur le même échec.
Le constat d'une vie où l'on fait ce que l'on peut, la femme de NJ lui expliquera dans une scène émouvante, mais il sera même incapable de la réconforter. Il devait, à son tour, faire sa propre expérience.

Si j'ai été sensible à ce thème, ce n'est pas le seul et ce n'est pas la seule tonalité du film. Le fils de NJ, c'est Yang-yang, un petit garçon joué de façon assez extraordinaire par Jonathan Chang. NJ veut intéresser son fils à la photographie et l'enfant décide de s'en servir pour montrer aux gens ce qu'ils ne peuvent pas voir. Métaphore du cinéma certes, Yang-yang va donc photographier les nuques des gens pour leur révéler leur face cachée. Et ainsi, il leur rend leur unicité. Face visible / Face cachée, 1 + 1. Le pouvoir de l'image et du cinéma, encore une belle idée. Et puis le film est drôle. Pas toujours, le premier déclencheur est quand même la grand-mère qui fait une attaque et reste dans le coma. Mais le film possède l'humour du quotidien que l'on trouve chez des réalisateurs comme Ozu ou Kitano. Les scènes de l'école par exemple sont franchement hilarantes, comme le personnage du beau-frère (enfin, jusqu'à sa tentative de suicide !). Le rire, les larmes, l'amour, la mort, le mariage, les compromis, les rêves, la spiritualité, Yi-yi est un grand film sur l'humanité, une tranche de vie à Taïwan en 2000 qui touche à l'universel. Une tranche de vie, que Hitchcock m'excuse, qui vaut bien des tranches de gâteaux.

Le site du film 

Belle critique sur le site de Philippe Serve 

Le DVD 

19/07/2007

Pause le temps d'un long week end

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Photographie : Sugar