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29/07/2006

Comment j'ai manqué les années 70.

Tout d'abord, j'avais 6 ans en 1970 ce qui me donne quand même des circonstances atténuantes. A l'époque, j'habitais Paris, dans le 12e arrondissement, près de la Porte Dorée. Il y avait deux cinémas, tous deux disparus depuis bien longtemps. Le Daumesnil sur l'avenue du même nom, était un cinéma de quartier typique. C'est la première salle où mes parents m'ont laissé aller seul. C'est là que j'y ai découvert quelques-unes des oeuvres clefs qui ont déclenché ma cinéphilie. Comme pour beaucoup d'enfants (sauf Serge Daney), mes parents m'expédiaient facilement voir les Disney. Mais à l'époque déjà, le western était ce que je préférais. Plaisir d'autant plus fort que c'était mon propre choix. C'est dans cette salle que j'ai découvert les films essentiels de Sergio Léone, Il était une fois dans l'ouest, Le bon, la brute et le truand et Il était une fois la révolution qui m'a sans doute le plus marqué par sa violence et son côté sombre. C'est là aussi que j'ai découvert 2001 qui a provoqué une profonde et curieuse réaction chez moi. Sortit du film, je n'y avais rien compris je crois, mais j'avais eu le sentiment d'assister à quelque chose d'important. Pour tenter de comprendre je me suis précipité sur le roman d'Artur C. Clarke, mais ça ne m'a pas beaucoup aidé. Et à partir de là pendant cinq ou six ans, je me suis sentit incapable de voir un autre film de science-fiction, persuadé que j'étais qu'il n'arriverait pas à la cheville de celui que je venais de voir. C'est ainsi que je suis passé à côté de La guerre des étoiles, Rencontres du troisième type et Alien (là en plus, j'avais une frousse monstre) à leur sortie. Il m'a fallu attendre 1979 et un ami qui m'a traîné voir Star trek, le film pour me réconcilier avec le genre. Ne riez pas, la réalisation de Robert Wise lorgnait délibérément sur cette de Kubrick et c'est le même Douglas Trumbull qui s'est occupé des effets spéciaux. Revenons au Daumesnil. Ce que j'aimais aussi, c'étaient les films d'aventures teintées de fantastique ou d'histoire. L'influence de Jules Verne certainement que je lisais beaucoup durant ces années d'enfance. D'où mon attirance pour des films comme L'île sur le toit du monde, Le sixième continent, Le dernier dinosaure, 20 000 lieues sous les mers, La Fayette, Les dix commandements, Le pont de la rivière Kwai...

L'autre salle, c'était l'Athéna. J'ai le souvenir d'un cinéma très beau, très propre, très clair. Une salle plutôt style Art et essai avec un côté temple, des fresques sur les murs, une atmosphère feutrée. Peut être que ma mémoire enjolive. La programmation y était en tout cas très différente de celle du Daumesnil et c'est d'ailleurs là que mes parents qui ont toujours beaucoup aimé le cinéma, aimaient aller. J'y allais moins souvent parce que les films y étaient plus « adultes » et parce que ceux qui me donnaient envie étaient souvent interdits au moins de 13 ou 18 ans. Je me souviens pourtant d'avoir vu les bandes annonces de Orange mécanique, Barry Lyndon, Obsession, Crias Cuervos, Carrie... qui me fascinaient tout autant qu'elles m'effrayaient. Des images plus fortes que celles des films qu'elles précédaient.

J'ai repensé à tout cela en lisant le dossier de Positif sur les années 70 du cinéma américain. En 1977, nous sommes partis nous installer à Nice et il y a eu une année de flottement avant que nous ne nous installions tout près d'un cinéma légendaire à Nice : le Mercury, place Garibaldi. 7 salles à l'époque, toutes art et essais. C'est là que ma cinéphilie a pu s'affirmer petit à petit et que j'ai pu embrayer avec succès sur les années 80. Entre temps, ce seront la télévision et la cinémathèque niçoise qui m'auront permis de rattraper mon retard sur les années 70. Mais aujourd'hui, quand j'évoque les nombreux noms et titres de ce cinéma américain qui m'est si familier, je me rends compte que je n'ai pas découvert un seul de ces films au moment de sa sortie.

Ca ne m'a pas empêché de m'amuser au jeu de la liste telle que l'a pratiquée l'équipe de Positif et, respectant leur « cahier des charges », voici mes vingt (pas pu faire moins) films préférés, USA, 1970-1979 :


MASH Robert Altman

French Connection William Friedkin

Deliverance John Boorman

Jeremiah Johnson Sidney Pollack

Pat Garrett et Billy the kid de Sam Peckinpah

L'exorciste de William Friedkin

Phantom of the Paradise Brian de Palma

The Rocky horror and picture show Jim Sharman

Zombie de Georges Romero

Taxi Diver Martin Scorcese

Assaut de John Carpenter

Annie Hall de Woody Allen

Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino

Que le spectacle commence de Bob Fosse

Rencontres du troisième type de Steven Spielberg

Apocalypse now de Francis Ford Coppola

Star Wars de Georges Lucas

Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper

Frankenstein Junior de Mel Brooks

1941 de Steven Spielberg

17:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : cinéma |  Facebook |  Imprimer | |

28/07/2006

Le charme exotique des affiches nippones de western italien - Partie 1

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De haut en bas : Companeros ! de Sergio Corbucci, Le grand silence du même et On l'appelle Trinita de E.B. Clucher    
Source : Syu-wa
 
 

26/07/2006

Lectures estivales

J'aime bien lire Manière de voir, la revue du Monde Diplomatique. Je ne suis pas toujours d'accord, je m'énerve parfois de leur dogmatisme, mais leurs points de vue changent agréablement de ce que je lis d'ordinaire sur le cinéma. Le numéro 88 est consacré aux cinémas engagés et c'est Land and freedom de Ken Loach qui fait la couverture. Tout un programme. En l'occurrence un tour du monde assez complet et fort intéressant des cinémas politiques. J'ai appris un tas de choses autour du tournage du Cuirassé Potemkine. Je vous en recommande chaudement la lecture et ce n'est pas qu'une façon d'écrire.

 

Les Cahiers du cinéma mélangent les torchons (Shyamalan) et les serviettes (Eastwood, Mann) pour un dossier sur le Hollywood des années 2000. L'article de Jim Hoberman sur Steven Spielberg est une compilation des clichés critiques qui m'énervent sur le sujet. Déjà, c'était mal partit et la suite n'a rien arrangé. L'ensemble voudrait nous faire croire que le système Hollywoodien a encore quelque chose de génial ce qui me laisse largement dubitatif.

 

Tout autre est le magnifique dossier que le numéro estival de Positif consacre à l'Hollywood des années 70. Un ensemble critique riche, cohérent et érudit fait revivre un moment cette époque véritablement créative du cinéma américain. Coppola, Scorcese, Friedkin, Penn, Pollack, Spielberg, Rafleson, Hellman, Allen, Altman, Peckinpah... les noms s'enchaînent et rendent plus tristes par contraste nos pauvres années 2000. Enfin celles de Hollywood en fait car aujourd'hui la richesse, l'originalité, la créativité au cinéma existent toujours et elles sont en Asie. Système oblige, elles sont plus difficile d'accès pour nous, spectateurs, mais n'en sont pas moins réelles. Je rêve parfois à ce qu'une union des talents d'alors qui eurent un instant le pouvoir, aurait pu donner pour les décennies à venir. Mais c'était sans doute impossible. William Friedkin résume leur échec symbolique. Avec Peter Bogdanovich, ils eurent le scénario de Star Wars entre les mains : « J'ai lu le scénario et n'y ai rien compris ; ça me paraissait idiot . Bogdanovich n'a rien pigé non plus [..] Voilà pourquoi aujourd'hui je suis dans une chambre minable au Ritz, alors que Lucas vit dans un palais plus grand que Versailles ! ». Le film marqua un tournant radical « C'est comme si j'avais été marchand de chevaux et que le type en face venait d'inventer la Ford T ». A lire à l'ombre, longuement.

25/07/2006

Ne pas s'encombrer

Geoff Carter: Got a match?
Bonnie Lee: Say, don’t you ever have any?
Geoff: No, don’t believe in laying in a supply of anything.

Bonnie: Matches, marbles, money or women, huh?
Geoff: That's rig
ht.
Bonnie: No looking ahead, no tomorrows, just today.
Geoff: That's right.

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Jules Furthman – Howard Hawks

Only angels have wings (Seuls les anges ont des ailes – 1939)

Source image : Gonemovies 

21/07/2006

Peckinpah, Hawks et Léone

Howard Hawks n'aimait pas trop le cinéma de Sam Peckinpah. Interrogé sur La horde sauvage par Jim McBride, il lui répond (de mémoire) : « j'ai le temps de tuer trois types, de les emmener au cimetière et de les enterrer avant qu'un seul des siens ait fini de tomber au ralentit. ». Pourtant, à revoir le film une nouvelle fois, le fameux « sentiment de perte » que l'on ressent à la fin du film a beaucoup à voir avec le cinéma tel que le concevait Hawks. Si l'on s'attache à ce point aux personnages bien qu'ils nous aient été montrés dans toute la crudité de leur violence, c'est que l'on a appris à vivre avec eux pendant deux heures. Appris à connaître ces professionnels liés par une activité aventureuse dans laquelle ils excellent, ces hommes qui forment un groupe, tendu certes, mais uni par une même éthique, cette même éthique qui leur permet de se comprendre sans se parler avant d'entamer leur marche finale vers la mort. Une éthique de la vie commune, du groupe, qui prend toute sa dimension dans les deux très beaux moments de détente : après le hold-up manqué et lors de la séquence de la bouteille après le vol réussi des armes. Un art de vivre ensemble qui culmine lors de la séquence clef du village mexicain, séquence élégiaque qui rend poignante le passage de leur départ, séquence qui fut largement improvisée sur le tournage, et qui est symboliquement reprise lors du générique de fin. Sur tous ces aspects, les hommes de la horde sont proches du groupe de pilotes de Geoff Carter dans Seuls les anges ont des ailes, de la bande du shérif Chance dans Rio Bravo où des traqueurs d'animaux d'Hatari. Si à l'évidence Peckinpah était fasciné par l'esprit fordien, ses groupes les plus réussis (Major Dundee, La Horde sauvage, Croix de fer) ont une dynamique toute hawksienne. Ce qui devait laisser perplexe le « renard argenté » car ce que Hawks ne pouvait accepter, c'est la dimension qui fait l'ambiguïté du film et sa réussite, c'est le fait que cette éthique soit portée par des bandits, des tueurs. Les personnages de Hawks sont des personnages positifs et lorsqu'il décrit un groupe de bandits comme dans Scarface, il n'y a aucune fascination envers eux. Et quand Tony Montana meurt, pas de sentiment de perte, rien qu'un regard glacé sur son cadavre.


Sergio Léone semble n'avoir pas trop aimé non plus le cinéma de Sam Peckinpah. Il élude les questions à ce sujet. On pourra penser qu'il le voyait à l'époque comme un rival ou, compte tenu de son fort ego, comme quelqu'un qui cherchait à importer, à ramener en Amérique, le style qu'il avait créé. Plus profondément, lui qui venait de sortir Il était une fois dans l'Ouest quelques mois auparavant, devait sentir que Peckinpah avait réussi quelque chose qui lui échappait et qu'il n'atteindrait que dans son film suivant, Il était une fois la révolution, atteindre une véritable profondeur humaine. Léone, comme Peckinpah, admirait les films de John Ford et son esprit tout en en sentant les contradictions. Leurs oeuvres respectives sont des méditations sur ce cinéma et sa morale : la naissance d'une nation, le Nord et le Sud, le chemin de fer, le progrès, la fin d'un monde, le western en tant que créateur de mythe, l'esprit pionnier, une certaine façon d'être, tout est repris, questionné dans leurs films. Mais Leone devant La horde sauvage devait sentir que ses films s'en tenaient jusqu'alors à de magnifiques exercices de style avec une dimension enfantine, celle qu'il revendiquait des gamins qui jouent aux cow-boys (littéralement citée dans Et pour quelques dollars de plus). Jusque là, ses personnages n'ont rien de très humain mis à part Tuco, le premier de ses héros picaresques, et Jill, son premier personnage féminin fort. Les héros de Peckinpah portent un poids autrement conséquent d'humanité, Pike, Thorthon et Dutch en particulier. Quand ils se regardent, ce n'est pas pour s'affronter, se jauger, c'est pour communiquer des sentiments et c'est cette force des sentiments qui les rend si vivants et le film si vrai. Et puis Léone qui avait toujours bataillé pour obtenir de grands acteurs américains, devait envier le fait que Peckinpah, après avoir fait jouer des légendes comme Joel McCrea et Randoph Scott, travaillait avec deux acteurs particulièrement représentatifs de la troupe de Ford : Maureen O'Hara pour son premier film et Ben Johnson, Tector Gorch dans La horde sauvage, qui joue aussi dans trois autres des ses oeuvres. Bien sûr, Leone avait eu Henry Fonda, mais c'était pour renvoyer une image pervertie du héros de La poursuite infernale. Et ainsi, c'est dans Il était une fois la révolution, qui se passe au Mexique pendant la révolution (forcément), que Léone développera deux ans plus tard son véritable premier couple, Juan et John, fonctionnant sur la profondeur de sentiments contradictoires mais réciproques.

18/07/2006

Des frissons dans le dos

 

 

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Source image : DVD Warner
Source musique :  Warner home vidéo CD

  

17/07/2006

Dédicace

A mon visiteur portugais. Un homme de goût.

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 Source image : Sugar

12/07/2006

Revue de presse

Alors que les députés de gauche et du centre déposent un recours contre la loi DADVSI, il est amusant de lire le coup de gueule poussé par Jean Luc Porquet dans le dernier numéro du Canard Enchaîné. Comme nombre de ses confrères critiques et journalistes, il a été invité à la grande projection en avant première dans une salle des Champs Elysées pour la sortie de la nouvelle version de Superman mise en scène par Bryan Singer. Et Porquet de s'indigner qu'ils en profitent pour « Fliquer des centaines de journalistes et d'invités qui s'y rendent. Mieux : les intimider par écrit ». Vous connaissez tous ces messages hautement énervants : pas d'appareil enregistreur, fouille à l'entrée, poursuites judiciaires au cas où, qui vole une auto vole un Superman, etc. M Porquet a fait la seule chose à faire, il n'est pas allé voir Superman en avant-première. Au Canard, dit-il, « nous aimons exercer notre métier [...] sans parano sécuritaire ». Les justes mots.

18:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, droits, DADVSI |  Facebook |  Imprimer | |

06/07/2006

Avril en juillet

J'ai pu remarquer que nombre de blogs cinéphiles que je fréquente, comme une partie de la critique d'ailleurs, n'est pas très tendre envers le jeune cinéma français. Nous mettrons d'emblée de côté les transfuges de la télévision (à quelques très rares exceptions) et la horde des admirateurs stériles de l'efficacité américaine façon Besson. Il est aussi vrai que tout n'est pas réussi, difficile de défendre Peindre où faire l'amour des frères Larrieu quand bien même Un homme, un vrai était vraiment intéressant. Difficile de ne pas constater l'échec de Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois, très mal construit. Mais je comprends moins les reproches fait à un film comme Travaux de Brigitte Rouan (n'est-ce pas, Pierrot) ou les pointes envers Arnaud Despleschin qui, s'il n'est peut être pas un gentil garçon n'en est pas moins un sacré cinéaste. Peut être est-ce parce que je m'intéresse beaucoup au court métrage mais j'y découvre souvent des personnalités attachantes dont j'attends avec impatience et souvent indulgence leur passage au long métrage. Parfois ils déçoivent (Eric Guirado) et parfois non (Yves Caumont). J'aime ensuite voir leur carrière se développer et les films construire l'un après l'autre une oeuvre. Cette oeuvre restera modeste, ou pas. Qu'importe. Tous les premiers films ne sont pas Citizen Kane, tant pis, et tous les jeunes réalisateurs ne seront pas Godard, tant mieux.

Ce qui m'amène à Gerald Hustache-Mathieu au parcours assez caractéristique. J'ai constaté avec un peu de tristesse que son premier film, Avril, n'a guère provoqué d'intérêt dans la presse « classique » ni sur les blogs. Il me semble pourtant que ce premier long de l'auteur de Peau de vache et de La Chatte andalouse avec Sophie Quinton, l'actrice qu'il a révélé dans les courts sus-cités, était en soi un petit évènement agréablement alternatif au grosses machines habituelles comme aux désespérances de notre cinéma national et qu'il méritait un soutien résolu.

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Avril, c'est l'histoire d'une jeune novice qui, au moment de prononcer ses voeux définitifs, apprend qu'elle a un frère jumeau et est poussée à partir à sa recherche. Avril, c'est l'histoire d'une mise au monde, une seconde naissance. C'est un récit initiatique, celui de la découverte des autres et de l'ouverture des sens. C'est aussi une sorte de façon, modestement, de réinventer le cinéma et le plaisir de filmer. Hustache-Mathieu pratique une petite musique cinématographique bien à lui et ce premier long prolonge habilement l'univers mis en place dans les deux courts. Un univers très dépouillé au départ, à l'image de la cellule d'Avril (c'est aussi le nom de la jeune novice), dans lequel le réalisateur introduit doucement quelques éléments étrangers. Un jeune homme, puis deux autres jeunes hommes, la mer, les dunes, le plaisir d'un bon repas, la musique, la peinture, faisant abstraction de tout ce qui est au-delà. Je me suis fait cette réflexion, à un moment, qu'il avait retrouvé cette essence du cinéma : partir en équipe, en bande, tourner au grand air une histoire simplement humaine. C'est Ford à Monument Valley, Hawks en Tanzanie, Truffaut à Nîmes, Renoir en Inde... Avril n'est pas Le fleuve, mais le film dégage cette fraîcheur, cette simplicité, cette forme de naïveté sympathique qui le rend attachant.

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Et puis, il y a Sophie Quinton. Rien que d'avoir su la filmer, de lui avoir écrit ce rôle, ce beau personnage, c'est déjà une grande réussite. Il y a aussi et j'y ai été sensible, le fait que Hustache-Mathieu évacue très vite le côté « mystique » de son récit. Je m'explique : les histoires avec des nonnes, cela donne souvent de profondes réflexions sur la foi, Dieu et le reste. J'y suis assez hermétique, mis à part Le narcisse noir de Powell parce que c'est incroyablement beau. Mais là, Avril est presque un film païen au sens où l'enjeu du film, c'est véritablement l'éclosion de cette jeune femme et la découverte de la vie ici et maintenant avec toute la sensualité qui va avec. Dieu n'est pas un ressort dramatique, Avril croit et c'est tout. Mais elle croit aussi au présent, à la matière du monde. Merveilleux plans où elle plonge ses mains dans le sable. Merveilleux sourire qui illumine le visage de Sophie Quinton et l'écran. Moments suspendus lorsqu'elle se tient face à la mer, comme dans La chatte andalouse, puis lorsqu'elle se livre, nue, aux vagues. Pas de psychodrames, pas d'angoisses métaphysiques. Hustache-Mathieu filme l'apprentissage de la joie. Merci à lui.

 

 

Pistes

un entretien avec le réalisateur sur Excessif

un entretien avec le réalisateur sur Cinémovies

Source images : Haut et Court 


05/07/2006

Les titans arrivent

J'ai cette vidéo en réserve depuis quelques temps et le moment me semble opportun de la faire partager à mes lecteurs et en particulier à mes amis formant le club des admirateurs et admiratrices de Giuliano Gemma. Les titans (Arrivano i titani) est l'un des premiers grands rôles de l'acteur et l'une des réussites les plus éclatantes du peplum italien. Réalisé en 1961 par Duccio Tessari, le film allie la mythologie et la comédie avec brio. L'extrait que je vous propose montre l'affrontement entre Krios (Gemma) et Rator (Serge Nubret). Outre la beauté des cadrages et la richesse de la direction artistique (les recherches géométriques), on notera le côté décontracté de la bagarre, la violence contenue et désamorcée.

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Le film est enfin disponible en DVD et Digitmovies vient de sortir le second volume d'une série de CD dédiée aux peplum et qui propose pour la toute première fois la musique composée par Carlo Rustichelli pour le film.

 

 

03/07/2006

Salut

Si j'ai bien lu la dernière note du journal Cinématique, Ludovic met un point (final ?) à son blog initié voici vingt mois. Je crois l'avoir écrit quelque part, mais la première fois que je suis tombé sur Cinématique, je l'ai trouvé si bien écrit que j'ai pensé, commençant moi-même Inisfree, arrêter. Finalement, cela m'a plutôt servi de stimulant et j'ai, sinon mieux écrit, du moins fais des efforts en ce sens. Difficile d'expliquer l'originalité d'un tel blog. Ludovic y parle de cinéma, de lui à travers le cinéma, de notre monde à travers le cinéma, d'Art enfin et a entamé une longue et impressionnante conversation virtuelle. Le tour de force, de mon point de vue, c'est d'avoir aggloméré autour de son projet des personnalités aussi différentes qu'Alina Reyes, Juan Ansenio, Marie Marten, Hippogriffe, Jean Sébastien, Georges Kaplan, Sandrine où moi-même et puis tous les autres, les 39 blogs, tant d'autres venu échanger, se disputer, découvrir. Pour être franc, il y a des blogs sur lesquels je n'aurais jamais mis le clic sans avoir auparavant suivi les échanges sur Cinématique. Je n'ai pas toujours tout suivi ni tout compris je crois, c'était parfois abscons, virulent, fin, violent, extravaguant, généreux, intelligent, pointu, pensif, gai, rageur, triste, intello, vivant, surtout vivant. Cela va me manquer.

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21:16 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |  Imprimer | |

27/06/2006

Johnny Guitar

Johnny: Tell me something nice.

Vienna : Sure, what do you want to hear?

Johnny: Lie to me. Tell me all these years you've waited. Tell me.

Vienna : (without feeling) All those years I've waited.

Johnny: Tell me you'd a-died if I hadn't come back.

Vienna : (without feeling) I woulda died if you hadn't come back.

Johnny: Tell me you still love me like I love you.

Vienna : (without feeling) I still love you like you love me.

Johnny: (bitterly) Thanks. Thanks a lot.

 

(Extrait du scénario original)

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20/06/2006

Je ne l'aurais pas cru

Où il se révèle que, non seulement John Wayne jouait en effet merveilleusement du bassin, mais encore qu'il avait assez d'humour pour remplacer, à l'occasion, Jerry Lewis. C'est fou ce que l'on trouve sur Internet.

08:00 Publié dans Acteurs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinema |  Facebook |  Imprimer | |

16/06/2006

Django

Le moment me semble bien choisi pour vous faire partager l'ouverture de ce film emblématique du western italien : Django, réalisé en 1966 par Sergio Corbucci. Film matrice, créateur d'un mythe qui inspirera des légions (romaines) de déclinaisons (latines), souvent imité mais bien sûr jamais égalé, Django est un diamant noir. Les quelques minutes de l'ouverture suffisent à exprimer la radicalité du projet de Corbucci. Jamais un héros de western n'était arrivé à pied, à l'exception de John Wayne dans Hondo de John Farrow, mais il marchait de face, au soleil, un chien sur les talons. Deux ans plus tôt, Sergio Léone faisait arriver l'homme sans nom, Clint Eastwood, sur un âne, c'était un premier pas ironique. Django lui, enveloppé dans sa cape noire, chemine péniblement sous une fine pluie, de dos, trébuchant dans la boue, traînant son mystérieux cercueil comme une croix. Le paysage n'est pas ouvert sur de vastes étendues mais, désolé, se refermant entre deux collines chétives.

Franco Nero raconte avec humour comment lors du tournage de cette scène, Corbucci lui a donné comme instructions d'avancer sans se retourner et qu'il lui dirait quand stopper. Au bout d'une dizaine de minutes, n'entendant rien venir, il se retourne et découvre que l'équipe s'est fait discrètement la malle. Un certain sens de la plaisanterie.

Corbucci retourne soigneusement tous les signes habituels du genre pour donner une vision étonnamment neuve et sombre. Second élément qui place d'emblée Django à mille lieues au-delà de Per un pugno di dollari (Pour une poignée de dollars - 1964) et de ce qui avait été fait jusqu'ici, l'irruption du fantastique gothique. Le cercueil, bien sûr, mais aussi ces lettres rouges sang, dont la police serait adaptée aux films de la Hammer anglaise ou à ceux de Mario Bava. Si les premiers westerns italiens se plaçaient sous le signe de l'imitation, si Léone allait « s'inspirer » du Yojimbo de Kurosawa et engager un cow-boy authentique, Corbucci va puiser son inspiration visuelle dans une tradition bien européenne et à-priori aussi éloignée que possible de l'univers du western. Comme il le fera deux ans plus tard dans Le grand silence, il n'hésite pas à s'asseoir sur le genre. Il ne rend pas hommage, il ne fait pas de clin d'oeil, il subvertit, il dynamite dans un grand éclat de rire sardonique. Car l'humour ne manque pas dans Django, un humour noir all'dente comme lors de la scène de l'oreille. Un humour qui passe ici par les paroles de la chanson pop chantée par Roberto Fia sur la musique de Luis Bacalov. Une chanson qui parle d'amour perdu, d'une femme aimée, du soleil qui brillera demain. Une chanson dont les mots sont en contradiction totale avec ce qui nous est montré sur l'écran. Une chanson qui laisse croire que le film sera une nouvelle histoire de vengeance. Mais l'entreprise de subversion des codes menée par Corbucci va jusqu'à s'en prendre au western italien lui-même et ce thème de la vengeance laisse brutalement place, à mi parcours du film, à des motivations plus vénales. Corbucci va au bout, jusqu'à cette rédemption improbable au cœur d'un cimetière. Revenu du royaume des morts, c'est chez eux que Django retourne pour puiser les dernières forces nécessaires à son ultime combat.

A lire, le très bel article de Francis Moury sur DVDrama auquel il me semble que Ludovic rend hommage. 

 

Django, have you always been alone?
Django, have you never loved again?
Love will live on, Oh Oh Oh...
Life must go on, Oh Oh Oh...
For you cannot spend you life regreatting.

Django, you must face another day.
Django, now your love has gone away.
Once you loved her, whoa-oh...
Now you've lost her, whoa-oh-oh-oh...
But you've lost her for-ever, Django.

When there are clouds in the skies, and they are grey.
You may be sad but remember that love will pass away.
Oh Django!
After the showers is the sun.
Will be shining...

Once you loved her, Whoa-oh...
Now you've lost her, Whoa-oh-oh-oh...
But you've lost her for-ever, Django.

When there are clouds in the skies, and they are grey.
You may be sad but remember that love will pass away.
Oh Django!
After the showers is the sun.
Will be shining...

Django!
Oh Oh Oh Django!
You must go on,
Oh Oh Oh Django...

 

15/06/2006

John Payne, avec un « P »

John Payne, quand j'étais enfant, c'était d'abord une faute d'orthographe. Puis c'est devenu l'image d'un pâle imitateur d'autant qu'il avait joué avec Ronald reagan, ce qui ne me le rendait pas fréquentable. Puis j'ai constaté que Patrick Brion avait inclus Tennessee's partner dans son Panthéon des westerns et le livre recelait quelques merveilleuses photographies de l'héroïne, Rhonda Fleming, en Technicolor. Je lisais aussi beaucoup de bien de Silver lode et de Deux rouquines dans la bagarre (charmant titre). Alors, je n'ai eu de cesse de voir un peu de quoi il retournait. Tennessee's partner est effectivement un bien beau film, symphonie en roux et vert, deux couleurs qui vont très bien ensemble, comme les étoffes autour de la chevelure de Rhonda Fleming qui, avec la scène du bain, elle prend immédiatement place parmi mes icônes érotiques (voir la note du 10 juin). Tennessee (Payne, donc) est un joueur professionnel qui se laisse vivre au sein d'une maison close luxueuse tenue par « Duchess » (Fleming). Amant, associé et protecteur, il est une sorte de Johnny Guitar apaisé. Elle voudrait bien en faire aussi un mari. Il n'y tient pas. Ressort classique de la grande comédie américaine. Au cours d'une altercation, Tennessee est sauvé par Cowpoke (Reagan, pas si mauvais que ça) et une amitié naît sur le champ « parce que c'était lui et parce que c'était moi ». Une amitié qui donne alors son enjeu au film, contrariée qu'elle est à la fois par une intrigue de western (une histoire de mine d'or, de meurtre, de manipulation) et une intrigue de comédie (Cowpoke est venu pour épouser une fille dont Tennessee sait qu'elle n'en veut qu'à son argent. Ah ! Les femmes !). une amitié que l'on pourra trouver, si l'on a l'esprit mal tourné, quelque peu équivoque avec des échanges comme :

Je ne sais pas où coucher

Tu restes avec moi

Et cette discussion entre les deux hommes dans la chambre de Tennessee qu'ils partagent, Cowpoke torse nu et avantageux langoureusement lové dans ses draps.

Tu devrais te marier

Mais il faut épouser une femme !

On croirait presque le finale du Grand détournement mais c'est sans doute involontaire.

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Le film allie le charme vif de la série B (comme Bud Boetticher) de années 50 avec bagarres, fusillades, poursuite et la distribution masculine ; à la sophistication d'une mise en scène de série A (Comme Allan Dwan, le réalisateur) dans le traitement de la couleur, de l'espace, et la distribution féminine de haute tenue, Rhonda Fleming, Coleen gray et une troupe de charmantes jeunes femmes parmi lesquelles les yeux experts reconnaîtront la débutante Angie Dickinson. Le film dégage une beauté fascinante notamment dans les scènes se déroulant dans la maison close. Richesse des décors, harmonies des teintes magnifiées par le Technicolor, sens du détail, j'ai pensé à la direction artistique de certains grands mélodrames de Douglas Sirk. Très impressionnante aussi une scène de jeu de poker à l'atmosphère sombre de film noir et à l'intensité proprement suffocante. Je sais désormais de John Payne savait jouer et que des films tels que celui-ci en valent la peine.

14/06/2006

Deneuve, en passant

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13/06/2006

(Petite) nouveauté

Comme vous l'aurez constaté sur la droite, il y a une nouvelle fonctionnalité sur ce blog. Haut et Fort a effectué un certains nompbre de transformations sur son outil ce week end et, ma foi, ça c'est bien passé.Il existe donc aujourd'hui cet outil de newsletter que je teste. Pour s'inscrire, il suffit de renseigner son adresse mail et vous recevrez régulièrement les nouvelles notes mises en ligne par paquet de cinq. J'imagine que pour ceux qui utilisent les flux RSS ça n'a qu'un intérêt limité mais c'est totalement volontaire et réversible, alors, pourquoi pas ?

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10/06/2006

Images et musique

Well brunettes are fine man
And blondes are fun
But when it comes to getting the dirty job done

I'll take a red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda1.jpg


Well listen up stud
Your life's been wasted
Til you've got down on your knees and tasted

A red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda2.jpg


Tight skirt, strawberry hair
Tell me what you've got baby, waiting under there
Big green eyes that look like, son
They can see every cheap thing that you ever done

Well I don't care how many girls you've dated, man
But you ain't lived till you've had your tires rotated

By a red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda3.jpg

 

Images : Rhonda Fleming dans Tennessee's partner, un film d'Allan Dwan

Paroles : Red headed woman Copyright © Bruce Springsteen (ASCAP)

09/06/2006

Puisque l'on en parle...

Pour fêter les cinquante ans du film de John Ford dont je vous ai parlé à propos de Cannes, le Greenbriar Picture Shows propose une série d'éléments publicitaires et de documents magnifiques autour de La prisonnière du désert : extraits de presse, dossiers promotionnels et photographies très rares d'avant-premières (ah ! Ces façades de cinéma des années 50). En prime, John Wayne au prises avec ses fans qui le prennent au lasso. Je ne dirais jamais assez de bien de ce mi-blog, mi-site qui a tout de la caverne d'Ali Baba.
 
A force d'écrire et de lire des blogs, on en viendrait à manquer de temps pour les lectures traditionnelles. Ca serait dommage. La dernière livraison de Positif est un délice avec un dossier très complet sur le cinéaste Richard Fleischer dont je vous ai parlé à l'occasion de sa récente disparition. Un ensemble de textes conséquent qui entreprend la réhabilitation critique d'un réalisateur mal connu sinon mal aimé de l'histoire officielle. Études, entretien passionnant et extraits de ses mémoires Just tell me when to cry, le dossier avait été réuni à l'occasion de la rétrospective consacrée à Fleischer par la Cinémathèque Française en juin. Il aura la dimension d'un ultime hommage.

 

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08/06/2006

Inventaire