20/02/2007
Hommages
L'esclave libre
Photographie : IMDB - Paul Hesse

Un ange passe...
Photographie : IMDB

05:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, actrice, musique | Facebook |
Imprimer |
19/02/2007
Clermont 2007 seconde partie
La jeune actrice Sophie Quinton était dans le jury national de cette édition et je suppose que c'est l'une des raisons qui ont fait que son dernier film, Dire à Lou que je l'aime réalisé par Hedi Sassi, a été présenté dans un programme régional. J'ai bien espéré la croiser tout au long de ces quatre jours, mais en vain. Le soir de la clôture, comme nous étions au balcon, je ne l'ai vue que de très loin, comme vous pouvez le constater sur la photographie de la note précédente. La petite forme blanche au milieu, c'est elle. Bon, ceci dit, je suis très content d'avoir pu compléter ma filmographie de l'actrice, et je suis ravi qu'elle continue de s'investir dans le court métrage. Avec Hedi Sassi, elle avait déjà fait Mitterrand est mort en 2003 et les deux films sont assez proches, des films de taiseux, avec un rythme lent, les mêmes défauts et les mêmes qualités au premier rang desquelles il faut mettre la capacité de Sophie Quinton à faire immédiatement vivre un personnage. Il y a quelque chose chez elle qui me fait penser à Sandrine Bonnaire, quelque chose qui la rend proche, naturelle et passionnante dans les plus simples des gestes. Ici, elle est une jeune femme qui passe Noël avec son père et se rend compte, petite à petit, que celui-ci est atteint de la maladie du « sieur Alzeimer ». Comme le précédent film de Hedi Sassi, c'est la description d'un rapport difficile entre un homme agé et une jeune femme, entre deux générations. C'est aussi un cinéma un peu trop sage, très classique dans sa forme, qui repose surtout sur les regards et les attitudes des personnages. Un cinéma qui manque un peu d'ambition purement cinématographique.

Tout le contraire du film suédois qui a été primé cette année, Le dernier chien du Rwanda (Den sista hunden i Rwanda) de Jens Assur. J'aime beaucoup cette phrase de je-ne-sais-plus-qui (Godard peut être) qui dit que le court métrage sera véritablement considéré le jour ou on ira voir un film de dix minutes comme on va voir un film de deux heures. Même si je remarque que dès l'origine les courts métrages ont été regroupés en programmes pour le public, il y a encore trop de personnes (voir les commentaires de la note précédente) qui considèrent le court comme un genre en soi, qui disent « je vais voir des courts » comme je dis « je vais voir des westerns ». Le film de Jens Assur est un parfait contre exemple dans la mesure ou il réussi sur trente minutes là ou Hôtel Rwanda de Terry Georges ou Shooting dogs de Michael Caton-Jones échouent en deux heures sur l'écueil de la bonne conscience et de l'indignation convenue. Le dernier chien du Rwanda met en scène un photographe de guerre, David, qui a choisi ce métier par fascination pour la guerre et la violence. Une fascination qui remonte à l'enfance. Comme il le dit en introduction, sa guerre préférée, c'est celle du Rwanda, préférée comme on le dit d'un restaurant. A travers ce personnage hautement antipathique, c'est toute une attitude de l'occident qui est explorée. Il n'y a ni grand discours indigné, ni tentative de vulgarisation, le film se suffit de suivre David qui se ballade avec un gilet pare-balle par plus de trente degrés et, dans un petit passage emblématique, évite discrètement de boire dans une bouteille utilisée par un rwandais. La violence sèche du film est autant dans la lourdeur de l'atmosphère (tournage en Afrique du Sud) que dans les comportements. C'est un premier film et la maîtrise de Jens Assur est impressionnante : construction en flash-back, ellipses hardies, humour sarcastique et une façon de se situer par rapport aux scènes violentes qui glace. La portée du film dépasse son strict cadre historique pour faire le portrait de l'arrogance ordinaire.

Une chose qui me frappe toujours dans la sélection internationale, c'est la qualité de certaines interprétations. Il y a peut être un effet du au langage, le fait que l'on a le meilleur des films de chaque pays, mais le fait est là. Il y a en international des performances extraordinaires. Jonas Karlsson dans Le dernier chien du Rwanda est un bel exemple, mais je citerais volontiers les actrices de Pluie saisonnière (Temporal) réalisé par Paz Fabrega : Sara Fischel et Annette Aguilar. Elles jouent deux jeunes filles du Costa Rica qui voient partir leurs amis pour l'université et la grande ville. Partir, rester, c'est un peu Américan graffiti ! Le film est très sensuel et les deux actrices jouent de physiques singuliers pour camper les deux adolescentes. Sara Fischel en particulier, avec une petite voix rauque et un corps menu, semble à peine sortie de l'enfance. Dans un tout autre registre, il y a le Vanya de Hannes Kaljujärv dans Vanya sait (Vanya Vet) du suédois Fredrik Edfeldt, un personnage haut en couleurs, mythomane de grande classe, immigré ukrainien en charge d'une sorte de halte garderie et dont l'histoire, l'histoire officielle, douloureuse et secrète, comme les nombreuses histoires à base de vantardise, de poésie et de sexe qu'il passe son temps à raconter, forment le récit d'un jeune garçon devenu écrivain. Il y a encore le duo Peto Menahem et Juan Carrasco, le vétérinaire et son client singulier dans Le perroquet (El Loro) de Pablo Solarz, comédie argentine casse-gueule puisque l'un des personnages est atteint de troubles neurologiques. Mais ça fonctionne. Même dans des films plus moyens, péchant soit par la mise en scène, soit par les moyens engagés (le problème de la vidéo dont je parlais plus haut), les interprétations sont souvent de très bon niveau.
Je terminerais avec quelque chose que j'aime beaucoup dans ce festival, c'est la part du hasard. Pour moi, il fait bien les choses. Ainsi, quelques heures avant la clôture, nous nous sommes retrouvés dans l'un des programmes hommages aux réalisateurs polonais Piotr Kamler et Zbigniew Rybczinski. Nous étions partis sur l'idée de voir le fameux Chronopolis réalisé par le premier en 1982 et de nous éclipser discrètement pour rejoindre le grand auditorium avant L'orchestre du second. Je dois avouer que Chronopolis a beau être visuellement superbe, je m'y suis ennuyé ferme. Je ne sais pourquoi, au moment de se lever, j'ai eu la flemme, et nous sommes restés. Coup de bol, ce fut une splendeur ! L'orchestre est un très grand film, une oeuvre musicale et expérimentale comme un grand tourbillon, un immense mouvement qui emporte, le mouvement de la vie et de l'Histoire, plein de grâce et de musique, de danse et de belles femmes, de politique et de philosophie, d'humour et de magie. Magie, oui, c'est le mot, la magie du cinéma.
Quelques films de Cette édition 2007 :
Volatiles (Birds) de Pleix de Prix du public, catégorie labo
Tygre (Tiger) de Guilherma Marcondes, prix de la presse
Photographie Temporal : Silvia Villalta/Max Myers
Photographie Le dernier chien du Rwanda : Kamerabild
09:00 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, court métrage, festival, Clermont Ferrand | Facebook |
Imprimer |
14/02/2007
Clermont 2007 images


22:25 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, court métrage, festival, Clermont Ferrand | Facebook |
Imprimer |
12/02/2007
Clermont 2007 première partie
Cela a commencé un peu laborieusement. La traversée du massif central s'est faite dans le brouillard puis nous nous sommes perdu pour trouver l'hôtel. Ensuite nous avons raté l'heure de l'apéro, moment sacré de la journée où se nouent tant de contacts. Parce que Clermont, j'y vais aussi pour mon association et une partie de mon temps est consacré à rencontrer des gens, revoir des amis et discuter de projets que l'on pourrait monter ensemble. Clermont me donne une grande part de l'énergie qui m'anime tout au long de l'année. Bref, le badge autour du cou, les choses sont vite rentrées dans l'ordre. Nous avons retrouvé nos amis sommes rentrés dans le vif du sujet avec la programmation de l'Etrange Festival, proposée par Frédéric Temps. Un joli programme pour se mettre dans le bain, moins trash et sexe que d'ordinaire, plus orienté vers le fantastique, le burlesque et l'expérimental. C'était partit.
Il serait un peu présomptueux de vouloir donner une vue d'ensemble de cette édition 2007 du festival de Clermont-Ferrand. Il y a là-bas tant de films à voir et tant de choses à faire. Pour utiliser un mot prisé par les lecteurs de Télérama, je trouve jubilatoire de passer ainsi par autant d'univers différents, autant de styles, autant de propositions (ou d'absence de) de cinéma. Au bout d'un moment me restent quelques sentiments tenaces, le goût de l'année.
De 2007 je conserverais une petite irritation face à la tendance pseudo sociale de certains courts métrages français. Mes lecteurs savent combien j'apprécie Loach ou Tavernier, mais cette façon de plaquer une scène d'usine pour montrer que l'on a bien caractérisé son personnage, qu'il est bien ancré dans une réalité sociale et économique finit par me gonfler un petit peu. On sent l'acteur appliqué, mais ça sonne faux. Dans un registre proche, un film comme Trente ans de Nicolas Lasnibat, de la FEMIS, tombe complètement à plat. Pourtant, avec un sujet pareil, l'histoire d'un homme qui revient au Chili trente ans après la dictature pour récupérer les ossements de sa femme exécutée, il y aurait eu matière à. Hélas, pendant la scène censément poignante ou il dispose les os sur le lit, je pensais qu'il aurait fallu un Lynch, une vision, une plongée dans l'esprit de cet homme, quelque chose de dérangeant et pas une performance bien propre. Heureusement, plusieurs films ont su dépasser les clichés en vigueur et, bien que les deux pieds dans la réalité, ont su la transcender pour faire vivre autre chose que des illustrations de thèses. L'humanisme de La leçon de guitare de Martin Ritt ou du grand prix, Le Mozart des pickpockets de Philippe Pollet-Villard, est heureusement renforcé d'humour, de poésie, d'habiles réminiscences du Kid de Chaplin ou de grands moments de la comédie italienne. De la même façon, Nyaman' Gouacou viande de ta mère de Laurent Senechal contourne les clichés attendus sur une histoire qui pouvait faire frémir : femmes immigrées, banlieue, adolescente en crise. Heureusement non, les deux actrices, justement récompensées, Fanta Touré et Manga Ndjomo sont toujours justes et nous avons d'abord à faire avec une mère et sa fille avant deux femmes d'origine africaine. Le petit drame raconté sur une journée atteint vite une portée universelle et les rapports souvent difficiles entre les êtres sont toujours allégés de touches d'humour. Les visages sont filmés avec tendresse et le montage rigoureux. Mieux, il y a une véritable attention portée aux seconds rôles comme le délégué de la classe immédiatement crédible avec une réplique inattendue. Vous aurez compris que c'est le film français qui m'a le plus touché cette année.
Année après année, le cinéma d'animation confirme son importance tant au niveau de la qualité que de l'ambition. A Clermont, j'aime assez cette abolition des frontières qui préside aux programmations. Bien qu'il y ait une section Labo spécifique au cinéma expérimental, on retrouve la fiction classique, le documentaire, l'animation, la vidéo et la pellicule brassés sans plus chercher à regrouper des familles. Exemplairement, Mon amour (Moya lyubov) de Alexander Petrov est une fresque animée romanesque sur les amours d'une jeune homme pour deux femmes, l'une, sa jeune bonne et l'autre son énigmatique voisine. Nous sommes en plein XIXe siècle et dans la grande littérature russe. Nous sommes aussi, par la grâce d'une technique virtuose, plongés dans les délire de son imagination adolescente, autant de visions éclatantes et colorées, séduisantes comme celles du Dr Jivago de Lean. Je reste plus partagé sur l'utilisation de la vidéo. Autant nombre d'oeuvres numériques sont de toute beauté et/ou savent utiliser avec inventivité les ressources de la technique, autant plusieurs films sont d'une laideur à faire peur et trahissent, sinon leur manque de moyen, du moins des histoires intéressantes. Quel gâchis parfois. Au passage je note avec tristesse la pauvreté des films africains francophones, pauvreté au sens littéral du mot. Une exception éclatante, le documentaire musical et engagé Foniké ("jeune" en langue soussou) de Jérémie Lenoir, un film qui met en scène les rappeurs de Conakry en Guinée, un télescopage avec l'actualité de ce pays qui n'en peut plus de la misère, de la corruption et du manque de tout. Un pays qui crie sa rage dans la rue. Le film, écrit par une caméra très mobile, est composé comme un tourbillon qui happe et fascine, ramenant la musique à ses origines tant géographiques que sociales. Moi qui n'ai guère d'affinité avec le hip-hop, j'en suis resté cloué.
(à suivre)
Le site du film Foniké
13:15 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Clermont Ferrand, court métrage | Facebook |
Imprimer |
02/02/2007
Gemma, nippon style





23:55 Publié dans Curiosité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Giuliano Gemma, western, affiches | Facebook |
Imprimer |
30/01/2007
Courts métrages en Auvergne
23:36 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, court métrage, festival, Clermont Ferrand | Facebook |
Imprimer |
25/01/2007
Les statues meurent aussi
"Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture.C’est que le peuple des statues est mortel. Un jour les visages de pierre se décomposent à leur tour. Les civilisations laissent derrière elles ces traces mutilées comme les cailloux du Petit Poucet mais l’histoire a tout mangé. Un objet est mort quand le regard vivant qui se posait sur lui a disparu. Et quand nous aurons disparu nos objets iront là où nous envoyons ceux des nègres, au musée."
14:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, court métrage, Alain Resnais | Facebook |
Imprimer |
22/01/2007
As-tu du coeur, Alain ? Alain, as-tu du coeur ?
Première séance de rattrapage de l'année par la grâce de ma petite salle Art et Essais de la place Garibaldi. Mercury, que ton nom soit loué pour les siècles à venir. Soit donc Coeur d'Alain Resnais, un film acclamé par (presque) tout le monde, Lion d'argent à Venise, éloges mérités pour un réalisateur majeur, un grand cinéaste toujours au sommet de son Art. J'en suis presque gêné de, non pas tant de critiquer le film, que de faire part de mes réticences à partager les envolées unanimistes. Je pensais à cette critique que l'on fait de plus en plus souvent à des gens comme Woody Allen ou Pedro Almodovar (voir par exemple sur Les objets gentils) : ne plus donner que de beaux objets consensuels qui ont atteint un haut niveau de qualité mais peinent à se renouveler, à surprendre, à donner le frisson du risque. Je ne suis d'ailleurs qu'à moitié d'accord avec cette critique dans la mesure ou, chez Allen par exemple, c'est justement l'aspect familier de ses films, confortable, qui me plaît. Mais d'un autre côté, j'adore que Akira Kurosawa termine sa carrière avec un film comme Madadayo.
Mais revenons à Resnais qui semble pourtant à l'abri de ce type de reproche tant son oeuvre est multiple, tant il a su explorer de nouvelles voies, notamment par son travail avec des scénaristes aussi différents que Duras, Jaoui et Bacri, Robbe-Grillet, Semprun ou encore Gruault. Mais encore, il est passé avec bonheur par des formes cinématographiques très diverses et peu de cinéastes sont capables comme lui de jouer avec le temps. Le problème avec Coeurs, c'est peut être d'être trop proche de ses derniers films. D'être une variation non musicale de On connaît la chanson avec son groupe de personnages à la poursuite désespérée du bonheur et de l'amour. Avec cette neige omniprésente sur Paris et dans les coeurs, image trop proche des fameuses méduses ou des noirs de l'Amour à mort. Avec ces magnifiques décors luisants comme dans les comédies de Lubitsch et comme dans Pas sur la bouche ou Mélo. Avec sa troupe impeccable, Arditi et son air de cocker digne, Dussolier et ses sourires de grand gamin, Azéma, sa coiffure en pétard et ses tenues sexy, Wilson et son énergie physique. Par bonheur, Isabelle Carré et Laura Morante (Ah !) apportent un regain d'intérêt au milieu de prestations séduisantes certes mais pas emballantes car assez prévisibles. Je ne sais pas si c'est parce que je cherche un appartement en ce moment mais celui avec lequel j'ai eu le plus de mal, c'est le personnage de Dussolier, agent immobilier comme dans On connaît la chanson et trop gentil pour être vraiment crédible. Autant sa relation avec sa soeur est intéressante, autant j'aurais aimé, je ne sais pas moi, qu'il ressemble à Pacino dans Glengarry Glen Ross.

Et puis il y a le fond. Coeurs est sombre et si le très beau plan final du personnage d'Isabelle Carré posant sa tête sur l'épaule de son frère apporte un peu de douceur, j'ai l'impression que ce film est le plus douloureux depuis l'Amour à mort. L'humour de nombreuses scènes n'atténue guère le sentiment de tristesse générale et une noirceur qui contraste pour le coup avec les touches d'espoir concluant les films précédents. Entendons nous, je ne demande pas à Resnais de marcher dans les pas de Gérard Oury, mais il y a un côté systématique dans le dépressif que j'ai trouvé un peu artificiel. Les personnages vont par paires qui n'arrivent pas à être des couples. La mise en scène multiplie donc les cloisons, les rideaux, les effets de profondeur de champ. Il y a un moment ou l'on voit plus l'effet que l'on ne ressent sa signification. Curieusement, les dispositifs encore plus artificiels de Smoking/No smoking, On connaît la Chanson ou Pas sur la bouche ne m'avaient pas gêné outre mesure. Mystère du cinéma. A y bien penser, cette image de la neige omniprésente est bien adaptée à ce que j'ai ressenti sur le moment. Magnifique et délicate construction des flocons dont il ne reste qu'une trace humide quand on les prend au creux de la main.
Photographie : © Mars Distribution
10:10 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma français, Alain Resnais | Facebook |
Imprimer |
16/01/2007
Révélations
Répondant à la double invitation d'Imposture et de Pierrot, je me suis creusé la tête pour répondre à ce petit jeu qui circule en ce moment : révéler cinq choses personnelles et transmettre à cinq autres bloggeurs. Bien sûr, puisque l'on est sur Inisfree, je vais m'en tenir au domaine cinématographique. Mais ce n'est pas facile, je ne crois pas être quelqu'un de très secret. D'ailleurs, de tous les bloggeurs que je lis, je dois être le seul a avoir mis sa photographie ! Petit megalo, va.
Et de un : je n'ai pas fait exprès de ne mettre qu'un « n » à Inisfree. Je suis coutumier de ces erreurs grossières mais cela s'est révélé bien pratique sur les moteurs de recherche.
Et de deuze : Hier soir, j'ai laissé ma fille mâcher voracement le dernier numéro des Cahiers du Cinéma sans remords. Et je l'ai même photographiée en pleine action. Moi qui vénère le moindre bout de papier relatif au cinéma !
Trois : Depuis quelques mois, j'ai dans ma chambre une grande affiche de La grande bourgeoise de Bolognini avec Catherine Deneuve. Avant, j'avais celle de L'homme qui tua Liberty Valance, mais mon amie n'aime pas les affiches avec des armes.
Quattro : J'ai lu Première pendant plusieurs années (si ce n'est pas de la révélation, ça). Je vous rassure, j'ai honte quand j'y repense.
Cinq et der : Je tiens une liste précise de tous les films que je vois en salle. Je conserve les tickets de cinéma dans une grande bombonne en verre. J'ai plusieurs cartons pleins de coupures de presse, photographies, trucs et machins. Je suis un peu maniaque.
Passionnant n'est-il pas ? Qui s'y colle ? Pibe San, Flickhead, Tepepa, Eightdayzeweek et Chris Lynch.
11:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Blog | Facebook |
Imprimer |
15/01/2007
Sur un plateau
19:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : western, Howard Hawks, Angie Dickinson | Facebook |
Imprimer |
14/01/2007
Copinage

15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cinéma, Giuliano Gemma, fanzine, revue | Facebook |
Imprimer |
13/01/2007
Quintessence du marxisme
17:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, Marx brothers, comédie | Facebook |
Imprimer |
10/01/2007
Notes sur quelques films français en 2006
Ici Najac, à vous la terre de Jean-Henri Meunier est caractéristique de ces documentaires qui partent d'expériences personnelles et sont de plus en plus présents sur les écrans. Comme si ces films entendaient démontrer que la réalité dépasse bien la fiction, et qu'ils sont mieux à même de passionner les foules sur des sujets puisés au coin de la rue. Voire plus près. Ici, Jean-Henri Meunier s'est installé il y a une dizaine d'années à Najac, petit village de l'Aveyron, et tout est partit de l'envie de filmer son voisin. Un premier film sort en 2004, La vie comme elle va dont Ici Najac, à vous la terre constitue la suite. La force et l'intérêt ce ce film est qu'il n'aurait pu être qu'un pamphlet altermondialiste de plus mais que tous les clichés attendus sur ce sujet sont dynamités par la personnalité peu banale du fameux voisin, Henri Sauzeau, le poète de la mécanique. Le film est d'abord un éloge de ceux qui sont encore maîtres de leur temps, une sorte d'éloge de la paresse si l'on est sensible à la pensée de Lafargue. Et de ce temps maîtrisé, les habitants de Najac font ce qu'ils veulent sans dogmatisme et sans se transformer automatiquement en militant. Il y en a bien un ou deux qui sont dans cette démarche, mais ils semblent bien pâles face à l'obstination du poète de la mécanique qui met en avant la passion de son ex-métier, lui qui entasse machines et carcasses automobiles pour les retaper par pur plaisir de l'activité. Plus encore que le chef de gare hédoniste, il est le pivot de cette chronique construite comme une fiction autour de ses démêlés avec ceux qui ne comprennent pas cette poésie. Car au delà, il y la valeur d'une certaine forme de travail, la dignité d'un homme et l'absurdité d'un système ou le gaspillage (tous les gaspillages) est roi.
Je me suis rendu à Changement d'adresse de Emmanuel Mouret sur les conseils de Pierrot qui avait écrit dessus avec enthousiasme en août. La surprise a été totale car, n'ayant pas la télévision, j'ignorais tout de Frédérique Bel. Quel ravissement ! Comme Karin Viard, Sandrine Kimberlain ou Jeanne Balibar, elle dégage tout à la fois humour, sensualité et vivacité. On a beaucoup écrit sur les liens entre cette comédie pétillante avec certains films de la Nouvelle Vague, surtout François Truffaut période Doinel. Je lui ai surtout trouvé une très proche parenté avec les comédies de Bruno Podalydes, Versailles rive-gauche en particulier, pour son adresse à tirer partie d'espaces très réduits pour en faire le moteur de la comédie. Placer un couple en devenir dans 12 mètres carrés, c'est donner à chacun de leurs gestes, chacun de leurs déplacements, une dose de suspense sensuel chargé d'érotisme. Sur un canevas on ne peut plus éculé (un garçon rencontre une fille), Mouret montre une nouvelle fois que la réussite d'une comédie tient au rythme, à la mise en scène de l'espace et à la mystérieuse alchimie que l'on fait naître entre les comédiens.

Partir pour mieux revenir, c'est un peu ce que j'ai pensé du Voyage en Arménie de Robert Guédiguian. Quitter l'Estaque et son petit monde confortable pour illustrer magistralement les derniers moments de François Mitterrand. Revenir l'espace d'une scène d'ouverture pour repartir sur les traces de son passé dans l'Arménie moderne. Retrouver une fois encore sa troupe pour les faire partir dans de nouvelles directions. Une grande part du plaisir que j'ai pris à ce voyage ne tient pas tant au côté « recherche de ses racines » mais à la prestation de Gérard Meylan en général arménien improbable et aux déambulations d'Ariane Ascarides. Tentation du cinéma de genre qui affleure parfois chez Guédiguian (film noir, comédie musicale, western), quand Ariane s'empare d'un revolver et tire dans le tas pour aider la jeune esthéticienne imprudente, j'ai pensé à la Gloria de Cassavetes. Guédiguian, c'est flagrant depuis La ville est tranquille, maîtrise parfaitement son art et s'en délecte. Ses films ont de la majesté et de la simplicité. De la classe.
Philippe Lioret, dans un autre registre, c'est un peu pareil. Je vais bien, ne t'en fait pas ne semble pas avoir intéressé grand monde. Tant pis pour eux. J'aime le cinéma de Lioret. J'ai toujours aimé les classiques. Mademoiselle et L'équipier étaient deux beaux classiques dans le registre de la comédie et du mélodrame. Son petit dernier est plus compliqué. Construit comme un film de Shyamalan en bien moins roublard, il a pourtant une apparence des plus réaliste. Mais il ne cesse de bifurquer, explorant quelques figures classiques du cinéma français actuel pour mieux les expédier et rebondir sur autre chose. L'héroïne a une dépression ? Ce qui ferait un film entier chez certains est réglé en vingt minutes. Le film élimine cliché après cliché, piste balisée après certitude de spectateur blasé pour nous obliger, lors de l'émouvant final à reconsidérer tout ce que l'on a vu. Plus que ce que l'on a vu (comme disons chez Shyamalan) ce que l'on a ressentit. Face à ce genre de films, j'ai toujours envie de retenir mon emballement et d'attendre une seconde vision, histoire de voir si ça tient la route. Patience, donc et, il faut le dire, Mélanie Laurent est superbe.

Deux regrets cette année, Dumont et Brisseau. A vrai dire, je voulais les voir parce que l'on en beaucoup parlé dans les blogs de mes petits camarades. J'aurais voulu discuter sur du solide. Je ne pense pas que ce soit un acte manqué, mais ça ne s'est pas fait. Dumont, je le crains un peu et je suis un peu tordu parce que je veux voir ce qu'il fait pour m'en débarrasser, comme je me sens débarrassé de Hanneke depuis La pianiste. C'est la pire des raisons pour voir un film mais on ne se refait pas. Brisseau, c'est autre chose. J'ai suivi « l'affaire » et, au début, je pensais comme Pierrot qu'il fallait le défendre, défendre le cinéaste et sa conception du cinéma. Puis j'ai lu la position de mes amis de la Maison du Film Court et j'ai nettement nuancé mon avis. Il y a la vision de Brisseau et la vision de ces jeunes femmes et qui suis-je pour aller juger ? Je ne pense pas que l'Art justifie n'importe quel comportement. Mais que s'est-il passé vraiment ? Mystère et boule de gomme. Bon, Brisseau a fait de sa vision un film (et les jeunes femmes feront peut être un livre). J'espère le voir un jour mais j'ai pu découvrir entre temps son précédent, l'objet du délit comme on dit : Choses secrètes. J'avoue que j'ai été déçu. La mise en scène est élégante, la photographie chaude et les corps filmés avec sensualité. Mais la plupart des acteurs jouent mal. Le vilain fils à papa pervers est à la limite du ridicule. Et le pauvre cadre bafoué ! Ca démoli un peu tout. Et sur le fond, j'ai trouvé tout ça bien sage. Ce n'est pas Bunuel, ni Kubrick, ni Oshima, ni Suzuki, ni pas mal de monde. Brisseau, ici en tout cas, ne manie pas le sexe comme un étendard révolutionnaire, comme un scalpel dans la chair de la société, comme un cri. Tiède le film. Heureusement qu'il y avait les yeux de Coralie Revel.
Photographies : Allociné
00:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cinéma français, Philippe Lioret, Robert Guédiguian, Jean-Henri Meunier, Emmanuel Mouret | Facebook |
Imprimer |
08/01/2007
Petit bonheur
12:00 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, Positif, cinéma | Facebook |
Imprimer |
07/01/2007
Chère Jeanne
Chère Jeanne Balibar,
Vous venez donc de sortir avec Slalom dame un second album et je me demandais si vous aviez l'intention de poursuivre cette carrière de véritable rock-star. Non que je critique, non, j'ai bien sûr commandé cet album mais le père Noël a eu du retard. Alors je patiente. Non que j'ai des regrets, non, je me suis passé un grand nombre de fois votre premier essai, Paramour, dont je ne me suis jamais lassé. Comment vous en vouloir alors que vous reprenez la chanson de Johnny Guitar, la berceuse inquiétante de La nuit du Chasseur. Comment vous reprocher de sampler Godard et de nous offrir un duo suave et sensuel avec Maggie Cheung. Ah, Maggie ! J'ai adoré mettre ce disque en soirée et passer les dernières heures de la journée sur les accents de votre voix délicatement grave, légèrement rauque, chaude, proche. Envoutante.

Pourtant, si, chère Jeanne Balibar, je vous en veut quand même un peu. Je vous en veux de ne pas être assez présente sur les écrans. J'avais eu l'idée de cette missive quand je vous ai vue dans la distribution de ce gros feuilleton diffusé sur France2 (aie !). Quelque réjouissante ait pu être votre courte prestation, de vous voir réduite à un tel second rôle m'a désolé. Notre cinéma se porte-t'il si mal qu'il ne soit pas fichu de créer un minimum de personnages à la dimension de votre talent ? Que vous deviez ainsi délaisser les écrans pour les scènes de théâtre et de concert ? Chère Jeanne, vous devriez faire trois films majeurs par an. Vous devriez avoir les mêmes flamboyances que Catherine Deneuve ou Jeanne Moreau dans les années 60 et passer ainsi d'un grand film d'auteur à un grand film populaire, donnant au cinéma quelques unes de ses figures de légende. Ne pourriez vous éventuellement demander les coordonnées de Wong Kar-wai à Maggie ? Je rêve de vous voir dans un tel univers. Au lieu de cela, vous êtes si rare. Trop rare. Quelques brillantes apparitions dans des films auxquels vous donnez le meilleur chez Nicloux, Assayas ou Honoré. Je vous avoue que j'ai plus retenu vos quelques minutes dans le rôle de l'ex-femme de Thierry Lhermitte que l'ensemble d'Une affaire privée.
Pourtant, depuis que vous êtes apparue chez Despleschin au sein de l'admirable bande de Comment je me suis disputé...(ma vie sexuelle) vous avez imposé quelques grandes figures. Anna d'abord, femme fatale, absolu féminin pour le personnage d'Albert dans la plus belle comédie des années 90, Dieu seul me voit de Bruno Podalydes. Vous y étiez une légende redoutable (« Tu vois ses seins, tu es mort » disait Otto à Albert) qui prenait corps et se révélait si compréhensive à l'issue d'un repas d'anthologie dans un décor sortit de chez Hergé. Vous étiez si belle dans l'encadrement du col du pull-over. Camille ensuite, pour Rivette dans Va savoir, magnifique actrice de théâtre, amoureuse de grande classe, portrait sublimé de ce vous semblez être dans la vraie vie, va savoir... Votre élégance, votre distinction, vos gestes félins, votre voix posée, vos accès de fantaisie, vos éclairs mélancoliques au fond du regard : Camille vous met au premier plan et synthétise toutes les facettes de votre talent. D'autres figures encore. Moretti féminin, médecin vague à l'âme au guidon de sa vespa, regard buté sous le grand casque dans J'ai horreur de l'amour. Maniaque hilarante et angoissante chez Jeanne Labrune. Amoureuse encore pour Assayas en compagnie de votre (réel) compagnon, Mathieu Amalric qui vous filmera sans retenue dans un film purement contemplatif au titre pour amateurs de tennis. C'est beaucoup et c'est bien peu. Aujourd'hui, chère Jeanne, je ne saurais vous dire assez combien j'attends avec impatience cette hache à laquelle il ne faut pas toucher qui vous fait retrouver Rivette à nouveau pour une adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac. Le film est prévu pour mars 2007. Vivement.
12:15 Publié dans Courrier du coeur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jeanne Balibar, actrice, cinéma | Facebook |
Imprimer |
03/01/2007
Voeux
18:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : voeux, cinéma | Facebook |
Imprimer |
28/12/2006
Quelques réflexions sur le questionnaire
Sur la traduction, je rappelle que j'ai fait une grossière erreur sur la question 2. « Cinématograher » signifie « Directeur de la photographie » et non « cinéaste ». D'autre part, sur la passionnante question philosophique numéro 23, je pense que la notion de supériorité est de trop et qu'il s'agit plutôt de ce qui est spécifique au cinéma en tant qu'art. Ceci dit et pour répondre d'une certaine façon à Ludovic là-dessus, sans vouloir aujourd'hui y mettre une notion de supériorité, aucun autre art n'a eu sur moi l'effet du cinéma. D'autant que, littérature mise à part, je suis venu aux autre formes artistiques par son entremise. Je me suis peut être bien laissé entrainer par mon enthousiasme naturel.
J'ai été quelque peu surpris que le cinéma de Hal Ashby, que je pensais un peu oublié, soit resté vif dans les mémoires (mais après tout il s'agit des réponses de cinéphiles pointus !). Par contre il semble que cet étrange culte voué à Joe Don Baker et Bo Svenson n'ait pas traversé l'Atlantique. Juste pour mémoire (et pour répondre aux derniers commentaires sur Cinématique), ce sont deux seconds rôles devenus célèbres pour des rôles de « grandes gueules », shérifs ou militaires. On a pu croiser Don Baker chez Peckinpah, Scorcese, Siegel ou Edwards ; et Svenson chez Tarantino, Eastwood ou Castellari. Ils ont tous les deux incarné une icône des polars des années 70 : le violent shérif Buford Pusser dans les deux Walkin' tall (Justice sauvage) qui n'ont guère impressionné le public français.
Un dernier mot sur Fay Wray dont Hyppogriffe notait avec raison que l'on ne voyait plus guère ses films, outre qu'elle est la sublime Ann Darrow du premier King Kong, elle était dans Les chasses du comte Zaroff des mêmes Schoedsack et Cooper, chez Walsh, La Cava, Minelli, Conway et Hawks. Et voici son visage:

Les réponses de Ludovic sur Cinématique (en commentaires : Pascal, Jacques Layani, le ulhan, Montalte,)
Les réponses de Pierrot alias Dr Orlof (en commentaire : Casaploum)
Les réponses d'Imposture derrière le paravent suédois
Les réponses d'Hyppogriffe sur Notre musique
Les réponses de Ludo sur Série Bis
Photographie : Dr Macro
14:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, questionnaire, cinéphilie | Facebook |
Imprimer |
25/12/2006
Joyeuses fêtes à toutes et tous
00:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma | Facebook |
Imprimer |
22/12/2006
Western de Noël
C'est marrant comme les sujets s'imposent sur ce blog, plus que je ne les choisis. Cela fait bien trois mois que je travaille à un texte sur les quelques films français que j'ai vu cette année et boum, me voici irrésistiblement saisi du besoin d'aborder un film que je n'ai pas vu depuis des années. C'est Three godfathers (Le fils du désert) réalisé en 1948 par John Ford. Et oui encore, et un western, encore. Mais je n'y peux rien. Je suis tombé sur ceci et dans le morceau John Ford's medley, j'identifie la chanson The streets of Laredo utilisée dans ce film. Aussitôt les images remontent. Le fils du désert est l'un de mes plus vieux souvenirs de cinéma à la télévision. Cinq ou six ans peut être. J'avais été marqué par cette image de la marche finale du héros joué par John Wayne, dans le désert. C'est le soir, un vent lugubre souffle, l'atmosphère est quasi fantastique (d'autant que je voyais le film en noir et blanc alors qu'il a été tourné en Technicolor). Et pendant un moment, le personnage est accompagné des fantômes de ses amis morts (Pedro Armendariz et Harry Carey junior) qui marchent en surimpression et l'encouragent à tenir bon. J'aimais bien les films avec des fantômes quand j'étais enfant.
Une dizaine d'années plus tard, le film avait été choisi pour rendre hommage à Wayne quelques jours après sa disparition. C'était un mardi sur France 3 et j'avais encore une télévision noir et blanc. Je me souviens encore des mots de la présentatrice : « John Ford, John Wayne, une amitié qui nous donnera des joies pendant longtemps encore ». Elle ne croyait pas si bien dire ou je ne croyais pas si bien comprendre. Car ce film est un film d'amitié autant qu'un film sur l'amitié.
D'amitié parce que Ford l'entreprend sous le coup de la disparition, en septembre 1947, de Harry Carey, avec lequel il avait ses début dans le cinéma et le western à la fois en 1917 avec la série Cheyenne Harry. Après l'échec de The fugitive (Dieu est mort), Ford veut revenir à son genre de prédilection et envisage un remake de Marked men qu'il avait réalisé en 1919 avec Carey. Ce film avait été porté à l'écran en 1916 par Edward LeSaint, déjà avec Carey et fera l'objet de trois autres versions, 1929 par William Wyler, 1936 par Richard Boleslawski et 1973 par John Badham avec Jack Palance. Bref, Ford pleure son ami et interrompt le projet. Il réalise Fort Apache puis revient à la charge mi-1948. Le film sera dédié à Harry Carey « Brillante étoile au firmament des premiers western ». Ford engage son fils pour le rôle du Kid et réunit l'essentiel de sa troupe d'acteurs. Aux côtés de John Wayne il y a Pedro Armendariz, Ward Bond, Mildred Natwick, Hank Worden, Jack Pennick, Francis Ford, Jane Darwell, Mae Marsh et Ben Johnson dans un (tout) petit rôle. Laurence Stallings et Franck S. Nugent au scénario, Richard Hageman à la musique qui donne la part belle aux ballades authentiques, Winton C. Hoch à la photographie, un film entre amis donc, même si Ford mena une nouvelle fois son monde à la dure.

Repensant à ce film, je me rends compte à quel point les westerns de Ford sont éloignés, souvent, des images classiques du western. La subtilité avec évidence qui plait à Tepepa dans les propos de Wilder. Trois petits truands ratent un vol de banque et s'enfuient dans le désert. Perdus dans une tempête, ils découvrent une femme enceinte dans un chariot abandonné. Ils doivent l'accoucher. Elle meurt. Ils se retrouvent avec le bébé sur les bras. Tentant de traverser le désert, deux d'entre eux meurent mais le troisième arrive à rejoindre une ville. La ville s'appelle New-Jerusalem et nous sommes dans la nuit du 24 décembre. Oui, en fait de western, Le fils du désert est une parabole biblique, un conte de Noël, une comédie, une tragédie, une méditation sur l'amitié, la foi et la paternité. C'est un film sans « méchants » où le shérif est surnommé « Sweet » (doux ou biquet en VF) et où le final est une grande réconciliation façon Capra grand cru. Avec de tels éléments, on pourrait s'attendre au pire mélo moralisateur. Mais Ford transcende ces données de base par la foi qu'il met dans son histoire, dans ses personnages et dans ce subtil équilibre qu'il conserve entre réalisme et poésie, entre humour et drame, entre morale et humanité. L'Art de Ford, c'est ce passage de la séquence de l'accouchement, dramatisée par la tempête qui fait rage autour du chariot bâché, la fragilité donnée à la mère épuisée (Natwick) et les effets quasi expressionnistes de lumière et de cadrages, à la séquence apaisée, très drôle, où les trois pieds-nickelés doivent prendre en charge les besoins du bébé. Il faut avoir vu John Wayne dans la photographie un peu plus bas, avec cet air perplexe qui lui va si bien, se demander comment baigner l'enfant et Pedro Armendariz proposer de l'enduire de graisse à chariot. Ces ruptures de ton, maîtrisées et surtout toujours justifiées par l'action et la dynamique des personnages, c'est ce qui fait que l'on fait corps avec le film et que l'on accepte qu'il nous emmène sur les terrains les plus périlleux, en l'occurrence cette variation sur l'histoire des rois mages. Et lorsque Wayne découvre un âne annoncé par les pages d'une bible feuilletées par le vent quelques instants auparavant, il n'y a pas de surprise mais de la simple poésie. Joyeuses fêtes de Noël.

Le film par Scott McGee sur TCM
De très belles photographies sur Rouge
The streets of Laredo sur l'Hispaniola
la chanson est interprétée par The sons of the pioneers, groupe fétiche de John Ford.
Le DVD
Photographies : The poster palace et capture d'écran DVDbeaver
15:20 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : John Ford, Western, John Wayne | Facebook |
Imprimer |
18/12/2006
Paternité (à suivre)

07:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinema, John Ford | Facebook |
Imprimer |