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16/01/2013

Questionnaire du miroir (partie 2)

Suite du questionnaire de Cinématique, dit questionnaire du Miroir. Ludovic compile les différents liens, vous pouvez aller voir, outre ses réponses, celles de Fred, de L. dans la troisième chambre, et du bon Dr Orlof. En attendant les autres...

13) Quel regard-caméra vous a le plus touché ?

14) quelle séquence en caméra subjective vous a le plus marqué ?

Le débarquement dans Saving private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan – 1998) de Steven Spielberg.

15) Existe-t-il un remake que vous appréciez ?

Three godfathers (Le fils du désert – 1948) de John Ford, troisième version de Three marked men. Et puis The thing (1982) de John Carpenter remake du film de Christian Niby parce que quand même.

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16) Un que vous détestez ?

A peu près tous les autres.

17) Quelle est votre image ou séquence favorite parmi celles faisant allusion, au sein d’un film, à un autre film ?

Il y en a pas mal mais, pour sa complexité et ses différents niveaux de lecture, l'utilisation de The quiet man (L'homme tranquille – 1952) de John Ford par Steven Spielberg dans E.T. (1982). 

18) Citez votre scène préférée parmi celles utilisant un miroir.

Celle où il faut décrypter le reflet.

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19) Avez-vous le souvenir d'une apparition involontaire de l'équipe de tournage à l'image ?

Sur une voiture du Bird (1988) de Clint Eastwood. Mais c'est terrible parce que quand on a pris le coup, on en voit partout.

20) Quelle est votre préférence parmi les actrices/acteurs ayant joué plusieurs rôles dans le même film ?

Jerry Lewis dans Dr Jerry and Mister Love (1963) et The family jewels (Les tontons farceurs - 1965). Geneviève Bujold jouant la mère et la fille dans Obsession (1976) de Brian De Palma.

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21) Quel est pour vous le meilleur interprète d’un personnage traité à plusieurs reprises dans l'histoire du cinéma ?

James Coburn et Kris Kristofferson dans le couple Pat Garrett et Billy the Kid pour Sam Peckinpah en 1973. Il y a par ailleurs une bien belle scène avec un miroir là-dedans.


22) Parmi les cinéastes ayant fait l’acteur chez les autres, qui mérite d'être retenu ?

Truffaut chez Spielberg, Welles chez Petroni et Rohmer chez Rosette.

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23) Quelle apparition d’un réalisateur dans son propre film vous semble la plus mémorable ?

Si l'on s'en tient à la notion « d'apparition », j'ai récemment beaucoup ri à la prestation de Claude Chabrol en barman dans Marie-Chantal contre Dr Kha (1965).

24) Quel est à vos yeux le plus grand film sur le cinéma ?

Sur le travail de cinéma, La nuit américaine (1973) de François Truffaut sans l’ombre d'une hésitation. Le cinéma règne.

Photographies : sources Tepepa, Mirrors and Co, Wild Side, Alt Screen, Brigitte Lacombe.

24/09/2009

Beyond the canon (5)

Suite fin et déjà des regrets, des "ah oui, zut, j'ai oublié celui-ci"...

Always (1989) Steven Spielberg

Palombella rossa (1989) Nanni Moretti

Madadayo (1989) Akira Kurosawa

¡Átame! (Attache moi ! - 1990) Pedro Almodovar

Days of Being Wild (Nos années sauvages – 1991) Wong Kar-wai

Leung juk / The lovers (1994) Tsui Hark

A close shave (Rasé de près - 1995) Nick Park

Land and freedom (1995) Ken Loach

Usuals suspects (1995) Brian Singer

Al Massir (Le destin - 1997) Youssef Chahine

Dieu seul me voit (1998) Bruno Podalydès

Father and daughter (Père et fille – 2000) Mickael Dudok de Wit

Guizi lai le (Les démons à ma porte - 2001) Jiang Wen

Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro – 2001) Hayao Miyazaki

Va savoir (2001) Jacques Rivette

Oasis (2002) Lee Chang-dong

No pasaran, album souvenir ( 2003) Henri-François Imbert

Moolaade (2004) Ousmane Sembène

Le promeneur du champ de Mars (2005) Robert Guédiguian

Inglourious Basterds (2009) Quentin Tarantino

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Le style Wong Kar-wai (image source : Wongkarwai.net)

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23/09/2009

Beyond the canon (4)

La suite...

San duk bei do (La rage du tigre – 1971) Chang Cheh

L'An 01 (1973) Jacques Doillon, Gébé, Alain Resnais et Jean Rouch

Pat Garret and Billy the Kid (1973) Sam Peckinpah

Lacombe Lucien (1974) Louis Malle

Profondo rosso (Les frissons de l'angoisse – 1975) Dario Argento

The outlaw Josey Wales (Josey Wales, hors la loi - 1976) Clint Eastwood

Kéoma (Kéoma – 1976) Enzo G.Castellari

Buffet froid (1979) Bertrand Blier

Heaven's gate (la porte du paradis – 1980) Michael Cimino

Airplane ! (Y a t'il un pilote dans l'avion – 1980) Jim Abrahams et David Zucker

Gloria (1980) John Cassavetes

Le roi et l'oiseau (1980) Paul Grimault

The thing (1982) John Carpenter

The right stuff (L'étoffe des héros – 1983) Philip Kaufman

Flesh + blood (La chair et le sang – 1984) Paul Verhoeven

Peggy Sue Got married (Peggy Sue s'est mariée – 1986) Francis ford Coppola

Ferris Bueller's day off (La folle journée de Ferris Bueller - 1986) John Hughes

Innerspace (L'aventure intérieure – 1987) Joe Dante

Tonari no Totoro (Mon voisin Totoro – 1988) - Hayao Miyazaki

Hotaru no Haka (Le tombeau des lucioles – 1988) Isao Takahata

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La plus délicate des histoires de voyage dans le temps (Image source : EW.com)

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22/09/2009

Beyond the canon (3)

La suite...

Les demoiselles de Rochefort (1966) Jacques Demy

Nihon shunka-kô (A propos des chansons paillardes au Japon - 1967) Nagisa Oshima

Se sei vivo spara (Tire encore si tu peux – 1967) Giulio Questi

Koroshi no Rakuin (La marque du tueur - 1967 ) Seijun Suzuki

Two for the road (Voyage à deux – 1967) Stanley Donen

Casino Royale (1967) Val Guest, Kenneth Hughes, John Huston, Joseph McGrath et Robert Parrish

The charge of the light brigade (La charge de la brigade légère – 1968) Tony Richardson

A walk with love and death (Promenade avec l'amour et la mort – 1968) John Huston

La fée sanguinaire (1968) Roland Lethem

Il mercenario (Le mercenaire – 1968) Sergio Corbucci

Il grande silenzio (Le grand silence – 1968) Sergio Corbucci

Mon oncle benjamin (1969) Édouard Molinaro

The party (1969) Blake Edwards

La sirène du Mississippi (1969) François Truffaut

Le genou de Claire (1971) Eric Rohmer

Giù la testa (Il était une fois la révolution – 1971) Sergio Leone

The beguiled (Les proies – 1971) Don Siegel

Blindman (Blindman – 1971) Ferdinando Baldi

Lo strano vizio della signora Wardh (L'étrange vice de madame Wardh - 1971) Sergio Martino

Max et les ferrailleurs (1971) Claude Sautet

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Mon couple mythique par excellence, Belmondo et Deneuve chez Truffaut (Image source : Tout le ciné)

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21/09/2009

Beyond the canon (2)

Les 20 suivants :

The band wagon (Tous en scène – 1953) Vincente Minelli

French cancan (1954) Jean Renoir

Silver lode (Quatre étranges cavaliers - 1954) Alan Dwan

Ensayo de un crimen (La vie criminelle d'Archibald De La Cruz - 1955) Luis Bunuel

The man without a star (L'homme qui n'a pas d'étoile – 1955) King Vidor

The trouble with Harry (Mais qui a tué Harry ? - 1955) Alfred Hitchcock

Forbidden planet (planète interdite – 1956) Fred M. Wilcox

Nuit et brouillard (1956) Alain Resnais

Kanal (1957) Andrej Wajda

The vikings (Les vikings – 1958) Richard Fleischer

Les yeux sans visage (1959) Georges Franju

Underworld, USA (Les bas-fonds de New-York - 1960) Samuel Fuller

The errand boy (Le zinzin d'Hollywood - 1961) Jerry Lewis

Una vita difficile (Une vie difficile -1961) Dino Risi

Carnival of souls (1962) Herk Harvey

The Haunting (La maison du diable – 1963) Robert Wise

Un drôle de paroissien (1964) Jean-Pierre Mocky

Plague of the zombies (L'invasion des morts-vivants – 1965) John Gilling

The war lord (Le seigneur de la guerre - 1965) Franklin J. Schaffner

Operazione paura (Opération peur - 1966 ) Mario Bava

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Carnival of souls ou la fête des morts (Image source : Movie morlocks)

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20/09/2009

Beyond the canon

J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais des listes du genre « les 100 meilleurs films du monde ». Il se trouve que j'ai été sollicité cet été par Iain Scott du blog britannique The one-line review pour une approche un peu plus originale : Beyond the canon. Si j'ai tout bien compris, il avait déjà mené une enquête classique qui avait donné évidemment les résultats attendus, avec Citizen Kane au premier rang. Quelque peu frustré, il a eu l'idée de solliciter 100 films mais cette fois en excluant 300 titres qui reviennent dans la plupart des enquêtes du genre. Exit, donc le film de Welles et les oeuvres majeures des cinéastes canoniques (d'où le titre). Ca devrait être intéressant. Quand je lis les palmarès de fin d'année dans les revues, j'ai tendance à me pencher sur les listes individuelles pour voir les titres qui se détachent. Avec Beyond the canon, nous devrions avoir une liste composée essentiellement de ce genre de titres.

Voici donc ma liste, que je vais publier par ordre chronologique tout au long de la semaine histoire d'alléger.  Impossible d'établir une hiérachie là-dedans, ce serait trop me demander. J'ai essayé de ne pas multiplier les oeuvres de mes réalisateurs fétiches et de ne pas systématiquement évacuer les ténors en allant vers des films qui me sont chers et généralement moins cités. Si le coeur vous en dit, vous pouvez envoyer votre liste à Iain à l'adresse : onelinereview@hotmail.co.uk avant le 30 septembre. Je sais que le bon docteur en avait fait une en 2006. Listeurs, en lice.

Beyond the canon partie 1

The unknown (L'inconnu -1927 ) Tod Browning

The sign of the cross (Le signe de la croix – 1932) Cecil B. De Mille

Design For Living (sérénade à trois – 1933) Ernst Lubitsch

Tarzan and his mate (Tarzan et sa compagne – 1934) Cedric Gibbons

Le roman d'un tricheur (1936) Sacha Guitry

Remorques (1940) Jean Grémillon

The mortal storm (1940) Frank Borzage

The long voyage home (Les hommes de la mer – 1940) John Ford

Le silence est d'or (1947) René Clair

The ghost and Mrs Muir (L'aventure de madame Muir - 1947) Joseph L. Mankiewicz

Wake of the Red Witch (Le réveil de la sorcière rouge - 1948) Edward Ludwig

San Mao, Liuglangji (San Mao, le petit vagabond - 1949) Yang Gong et Zhao Ming

Törst (La fontaine d'Arethuse – 1949) Ingmar Bergman

Bakushu (Été précoce – 1951) Yasujiro Ozu

The quiet man (L'homme tranquille – 1951) John Ford

Apache drums (Quand les tambours s'arrêteront – 1951) Hugo Fregonese

Bend of the river (Les affameurs – 1952) Anthony Mann

The big sky (La captive aux yeux clairs – 1952) Howard Hawks

The big heat (Règlement de comptes – 1953) Fritz Lang

Manon des sources (1953) Marcel Pagnol

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24/05/2009

La séléction du patron

Cannes tire à sa fin et je vous raconte tout cela à partir de lundi (si tout va bien et que Dieu, dans son infinie sagesse, me prête vie). J'en termine avec mes chroniques pour Kinok avec quelques mots sur le livre de Luc Moullet Piges Choisies. Une fois n'est pas coutume, je vous livre l'article en entier, c'est que vous devez absolument vous le procurer. Vraiment.

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Peu d'ouvrages critiques sur le cinéma m'ont autant marqué que La théorie des acteurs de Luc Moullet. Originalité de l'approche, érudition, clarté, ouverture vers de nouvelles lectures pour des films pourtant bien connus, le tout enrobé dans un style vif et, surtout, surtout, plein d'humour. J'en ai développé une admiration tant pour le critique qui débuta en 1956 aux Cahiers du Cinéma période mythique que pour le cinéaste atypique à l'oeuvre très (trop) discrète mais conséquente avec une quarantaine de courts et longs métrages.

Je me suis donc jeté sans retenue ni pudeur sur Piges choisies (de Griffith à Ellroy), recueil de bons morceaux sélectionnés et présentés par le maître, édité par Capricci éditions et le Centre Georges Pompidou à l'occasion de la rétrospective Luc Moullet, le comique en contrebande que ces veinards de parisiens peuvent découvrir depuis le 17 avril et jusqu'au 30 mai. Au Centre Georges Pompidou comme il se doit.

Même s'il n'est pas un recueil exhaustif, l'ouvrage est très complet. Il couvre tout le parcours critique de Moullet depuis quelques lignes écrites à 12 ans (Exécution sommaire d'un film de Jean-Paul le Chanois en 1949 dans L'écran français) à un inédit de 2009 autour de l'oeuvre de James Ellroy, l'écrivain de Black Dalhia, Moullet décrétant qu'il préfère désormais lire les romans des américains plutôt que voir leurs films. C'est un choix.

Le livre permet de retrouver un texte écrit pour le John Ford collectif des Cahiers : Le coulé de l'amiral. Moullet se pose visiblement beaucoup de questions sur Ford dont il estime, c'est étonnant, Tobacco road, adaptation du roman d'Erskine Caldwell, datant de 1941 et généralement peu apprécié. J'ai quand même tendance à préférer quand Moullet parle de Ford en écrivant sur John Wayne ou James Stewart. Le lecteur trouvera également le texte assez long et assez remarquable sur Le morceau de bravoure écrit pour Positif en 2006, un essai sur Samuel Fuller qui lui valu les compliments de Rivette, ses admirations pour Truffaut, Godard et Sadoul, quelques textes théoriques comme De la nocivité du langage cinématographique, de son inutilité, intervention revigorante qui se conclut par ce cri du coeur « A bas le langage cinématographique pour que vive le cinéma ! ». Mais comme il le déclare, Moullet écrit peu de textes théoriques. « C'est dangereux. Metz, Deleuze, Benjamin, Debord se sont suicidés. Peut être avaient-ils découvert que la théorie de mène à rien, et le choc a été trop rude ». Ceci ne l'empêche pas de nous donner ses propres règles de critique : toujours faire rire le lecteur, pas de grille de lecture, ne jamais partir du Général et surtout ne pas s'y cantonner. « Avant d'écrire un texte, j'établissais la liste des calembours possibles. Pour faciliter mon inspiration, Rohmer m'avait offert le dernier almanach Vermot. »

Au fil des pages, on croisera quelques figures de son panthéon personnel. Don Luis Bunuel (« Je me rappelle cette saillie de Rohmer : « Moullet, je sais pourquoi vous adorez Bunuel, c'est parce que vous êtes tous les deux des fumistes ». Le plus beau compliment de toute ma vie »), Cecil B. DeMille, Kenji Mizoguchi, Edgard G. Ulmer ou plus récemment, Alain Guiraudie. Moullet s'y révèle précis, original dans ses approches souvent, et curieux toujours, révélant un amour du cinéma aussi large qu'on puisse l'imaginer. Ce qui me comble.

Dans un autre registre, Les maoïstes du centre du cinéma est une approche passionnante et très documentée sur les coulisses financières du cinéma français, écrit en 1999 pour un ouvrage sur le cinéma et l'argent. Moullet nous y révèle entre autre qu'il a faillit mourir de rire devant le devis d'un film de Pialat. Ce qui n'est pas rien, pensez-y deux secondes.

Pour ceux qui auraient envie de s'amuser autrement, éventuellement de s'énerver un peu, il y a deux textes assez raides. Le premier sur Michael Powell, « Michael Powell n'existe pas » écrit pour la défunte Lettre du cinéma. Moullet tend à mettre le crédit des oeuvres aux collaborateurs du cinéaste anglais, du comparse Emerich Pressburger, du monteur David Lean, du directeur de la photographie Jack Cardiff,et des producteurs comme Korda, faisant de Powell une sorte de réalisateur - ectoplasme. On sent pas mal ici cette méfiance de la tendance Cahiers envers le cinéma anglais. Ça se discute et c'est sans doute fait pour cela.

L'autre texte est un bel inédit puisqu'il a été refusé de partout. Avec entrain, Moullet s'attaque à l'une de nos modernes icônes, l'hispanique homme de la Mancha, Pedro Almodovar. « Russ Meyer soft », « John Waters du pauvre », le réalisateur de Volver est habillé pour l'hiver. L'humour du texte et le pertinence de certaines remarques, même s'il y aurait à dire là aussi pour la défense de l'accusé, atténuent la fougue radicale de la charge. Mais le positionnement un brin iconoclaste est réjouissant.

Moullet déplore en introduisant de dernier article les temps plus rudes mais plus stimulants (Le travelling de Kapo par Rivette si vous voyez ce que je veux dire) qui permettaient finalement d'approfondir les réflexions sur tel ou tel réalisateur. Le trop grand consensus actuel est sans doute ce qui ôte à la critique son utilité avec sa crédibilité. Moullet, lui poursuit dans la même veine son travail critique comme son activité de cinéaste, à sa façon, sans concessions aux modes ni à l'air du temps. Tout à ses passions. Piges choisies est aussi drôle que stimulant intellectuellement. Un ouvrage indispensable aux bibliothèques des cinéphiles de bon goût, à ranger à côté des chroniques de Jean-Patrick Manchette, Les yeux de la momie, histoire de voir comment ces deux là se supportent. Je ne l'ai pas remarqué tout de suite mais regardez bien la photographie de l'auteur qui illustre la couverture. L'air inspiré devant la bonne vieille machine à écrire mécanique, il a la cigarette dans la narine.

Le livre

04/10/2007

Questionnaire (et allez !)

Que seraient les blogs sans les questionnaires ? En voici un à usage cinéphile plutôt sympathique, en provenance de Nightswimming. Exploration de ma « cinémathèque imaginaire » :

1- Plaisirs inavouables : « Are you big moustache ? » ; « Grau, grau, grau...(air un peu connu) ».

2- Classique ennuyeux : Persona d'Ingmar Bergman ; The fugitive (Dieu est mort de John Ford), c'est possible.

3- Adoré à l'adolescence puis abandonné : « Si toi aussi tu m'abandonnes...(air connu) ».

4- Chef d'oeuvre méconnu : Se sei vivo, Spara (Tire encore si tu peux de Giulio Questi) ; Always de Steven Spielberg ; Wake of the red witch (Le reveil de la sorcière rouge d'Edward Ludwig).

5- Navet génial : The land that time forgot (Le 6e continent de Kevin Connor) et autres histoires du même tonneau.

6- Film détestable : La chinoise de Jean-Luc Godard ; Irréversible et l'oeuvre complète de Gaspard Noé ; les films avec Sophie Marceau.

7- Pleurer à chaque fois : L'étreinte finale dans The searchers (La prisonnière du désert de John Ford) ; La mort de Sean dans Duck you, sucker ! (Il était une fois la révolution de Sergio Léone) ; le départ du village dans Wild Bunch (La horde sauvage de Sam Peckinpah) ; Two for the road (Voyage à deux de Stanley Donen).

8- Mourir de rire à chaque fois : Le miroir dans Duck Soup (Léo McCarey) ; Birdie num-num dans The party de Blake Edwards ; Palombella rossa de Nanni Moretti ; tout Rio Bravo de Howard Hawks.

9- Etre émoustillé à chaque fois : Vaste sujet ! Le décolleté de Claudia Cardinale chez Léone, les jambes de Catherine Deneuve, la voix de Jeanne Balibar, le regard de Marlène Dietrich...assez ! (Et Donna Reed aussi).

10- Cahiers du Cinéma, Positif ou ni l'un ni l'autre : Positif.

11- Cinéaste trop vanté : Lucio Fulci, David Lynch, Bernardo Bertolucci, Claude Zidi.

12- Sainte trinité : John Ford / Akira Kurosawa / François Truffaut.

13- Entrée en cinéphilie : Stagecoach (La chevauchée fantastique de John Ford).

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26/04/2007

Un cinéphile

Il ne le sait pas, bien sûr, mais il a été l'un de mes maîtres. Pendant une douzaine d'années, toutes les années 80, j'ai guetté chaque semaine la programmation du ciné-club d'Antenne2 de Claude-Jean Philippe. Il passait tard le vendredi soir, et mon père qui n'aimait pas trop que l'on reste debout jusqu'à minuit passé ne nous permettait pas souvent de voir les films. Alors, rampant dans le long couloir, espérant qu'il s'était endormi, nous filions dans le salon avec mon frère et mettions le son tout bas. Parfois, on se faisait choper, parfois non. Mais cet interdit qu'il fallait braver, c'était aussi renforcer le prix de ce cinéma là. Claude-Jean Philippe a donc contribué à mon éducation de cinéphile, comme Patrick Brion, Gérard Joud'hui, le magasine Cinéma-cinéma ou la cinémathèque de Nice. Même sans avoir, loin de là, vu toute sa programmation, le ciné-club a élargi mes goûts. D'abord, je conservais les coupures de journaux qui annonçaient les films et donc apprenais l'existence d'oeuvres dont on entendait parler nulle part ailleurs. Par exemple, La corne d'Anara d'Irakli Kvirikadze est un film qui m'a fait rêver sans que l'ai jamais vu. Et puis mon père regardait Apostrophe, l'émission littéraire de Bernard Pivot et Claude-Jean Philippe y présentait le film à venir après les informations. Du coup je l'entendais en parler même si je ne devais pas le voir. Et son style, son enthousiasme me plaisait plus que le ton un peu monocorde de Patrick Brion. Bref, sans que ça soit déterminé, j'ai accumulé là un « savoir » (c'est un peu prétentieux mais je trouve pas d'autres mots) aussi sûrement que si j'avais suivi des cours. Je lui dois entre autres la découverte des Marx Brothers et mon premier film japonais, Rashomon d'Akira Kurosawa. Claude-Jean Philippe, il faut le rappeler, fut aussi celui qui programma France, tour et détour de deux enfants de Jean-Luc Godard, celui là même qui disait de lui, un brin méprisant : « Oh lui, il aime tout ». Je me reconnaît sans peine dans cette formule lapidaire.

Le hasard qui fait bien les choses m'a conduit à la découverte de La nuit bienfaisante dans un bac à occasions. Claude-Jean Philippe y raconte sa vie, un peu, ses films surtout. Une véritable biographie de cinéphile. Il fait renaître avec ses souvenirs l'ambiance des années 50 et 60, lui qui présenta le concours d'entrée à l'IDHEC aux côtés de Jean-Marie Straub et de Danièle Huillet. Ce concours dont les deux réalisateurs refusèrent une épreuve qui portait sur le film Manèges de Yves Allégret qu'ils estimaient trop mauvais. Pudique et discret, Claude-Jean Philippe se fait volontiers lyrique lorsqu'il évoque ses films favoris et leurs auteurs : Jean Vigo, Hitchcock, Rossellini, sa rencontre avec John Ford, Eustache, Truffaut, Errol Flynn, Renoir, les salles de Casablanca puis de Paris.

J'avais envie de le voir, ce spectateur, livré à ses émotions, et contraint tout à coup de les formuler, mais sans le recours de ses instruments critiques, de ses arguments théoriques, ou de ses repères historiques. Je me devais de le prendre en flagrant délit de mauvaise foi, de naïveté, de snobisme, afin d'isoler et de retenir le meilleur de ses visions : certains rares moments d'intime compréhension, nécessairement liés à son caractère et à sa sensibilité.

Voilà pourquoi il me fallait aussi raconter son histoire -en dehors mais en fonction du cinéma – en prenant le risque de l'impudeur, et de cette complaisance qu'il ne détesterait pas tant s'il en avait réellement exorcisé le péril.


28/12/2006

Quelques réflexions sur le questionnaire

Tout d'abord, je tiens à remercier ceux qui se sont prêté au jeu. Les réponses ont été je pense révélatrices des sensibilités de chacun, en particulier celles sur le double programme destiné à l'inauguration d'une salle. Une programmation des oeuvres de Roland Lethem serait délectable. Je me suis rendu compte sur ce point que j'étais resté bien sage (mais ne le suis-je pas en toutes circonstances ?) tout en me disant que mes programmations pour les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice sont bien éloignées de Ford et Hawks. Pour les ouvertures, il y a eu Guédiguian, Antonioni, Saleh, Moretti et Carpita. Je n'essaye pas de me rattraper, je suis plusieurs fois revenu à la charge pour diffuser Le grand silence de Corbucci mais l'équipe de l'association ne m'a jamais laissé faire.

Sur la traduction, je rappelle que j'ai fait une grossière erreur sur la question 2. « Cinématograher » signifie « Directeur de la photographie » et non « cinéaste ». D'autre part, sur la passionnante question philosophique numéro 23, je pense que la notion de supériorité est de trop et qu'il s'agit plutôt de ce qui est spécifique au cinéma en tant qu'art. Ceci dit et pour répondre d'une certaine façon à Ludovic là-dessus, sans vouloir aujourd'hui y mettre une notion de supériorité, aucun autre art n'a eu sur moi l'effet du cinéma. D'autant que, littérature mise à part, je suis venu aux autre formes artistiques par son entremise. Je me suis peut être bien laissé entrainer par mon enthousiasme naturel.

J'ai été quelque peu surpris que le cinéma de Hal Ashby, que je pensais un peu oublié, soit resté vif dans les mémoires (mais après tout il s'agit des réponses de cinéphiles pointus !). Par contre il semble que cet étrange culte voué à Joe Don Baker et Bo Svenson n'ait pas traversé l'Atlantique. Juste pour mémoire (et pour répondre aux derniers commentaires sur Cinématique), ce sont deux seconds rôles devenus célèbres pour des rôles de « grandes gueules », shérifs ou militaires. On a pu croiser Don Baker chez Peckinpah, Scorcese, Siegel ou Edwards ; et Svenson chez Tarantino, Eastwood ou Castellari. Ils ont tous les deux incarné une icône des polars des années 70 : le violent shérif Buford Pusser dans les deux Walkin' tall (Justice sauvage) qui n'ont guère impressionné le public français.

Un dernier mot sur Fay Wray dont Hyppogriffe notait avec raison que l'on ne voyait plus guère ses films, outre qu'elle est la sublime Ann Darrow du premier King Kong, elle était dans Les chasses du comte Zaroff des mêmes Schoedsack et Cooper, chez Walsh, La Cava, Minelli, Conway et Hawks. Et voici son visage:

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Les réponses de Ludovic sur Cinématique (en commentaires : Pascal, Jacques Layani, le ulhan, Montalte,)

Les réponses de Pierrot alias Dr Orlof (en commentaire : Casaploum)

Les réponses d'Imposture derrière le paravent suédois

Les réponses d'Hyppogriffe sur Notre musique

Les réponses de Ludo sur Série Bis

Photographie : Dr Macro