08/06/2006
Inventaire
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31/05/2006
Shohei Imamura, cinéaste
05:40 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Shohei Imamura | Facebook | Imprimer | |
Cannes (6)
Beauté
Dans la foulée, Warner nous a proposé la version restaurée de La prisonnière du désert. Je ne vais pas vous agonir sous les superlatifs à propos de ce film. Je l'ai longtemps tenu pour mon film préféré. Aujourd'hui encore, je comprends toujours Godard quand il parlait de la dernière séquence parce que je ne peux la regarder les yeux secs. Au départ, je n'avais pas prévu de rester mais je n'ai pas pu résister. La qualité de la restauration est exceptionnelle. Dès les premières images, la porte d'un noir profond s'ouvre sur un désert limpide, on sent le vent, le sable ocre et la profondeur infinie de Monument Valley, l'espace. Je n'avais jamais vu le film aussi beau aussi parfait. J'ai retrouvé une fois encore, intacte, absolue, la raison pour laquelle rien ne remplacera l'expérience de la vison en salle. Warner annonce la restauration de Rio Bravo pour l'an prochain. Les braves gens.
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Cannes (5)
Ford, Ford, Ford.
C'était le cri du coeur en forme de boutade d'Orson Welles qui nous a été rappelé par Peter Bogdanovitch sur la scène de la salle Bunuel. A la question : « Quels sont les cinéastes que vous admirez », il avait répondu : « Les grands maîtres du passé, c'est à dire John Ford, John Ford et John Ford ». Impossible pour moi de manquer le documentaire de Sam Pollard, John Ford / John Wayne : The filmmaker and the legend. Ford est toujours très présent pour moi, et j'ai l'impression qu'il continue d'alimenter les imaginaires et les réflexions de nos contemporains. Ainsi, après Spielberg dans Munich, c'est Alain Etchegoyen qui cite L'homme qui tua Liberty Valance dans une chronique consacrée au courage politique publiée dans le Figaro. Bref, si je n'ai rien appris de fondamentalement nouveau dans le film de Pollard, il a l'intérêt d'envisager la carrière de Ford à travers se relation avec son acteur de prédilection, John Wayne. 13 films ensembles, une collaboration aussi riche et dense que celles de Léaud avec Truffaut, Mastroianni avec Fellini ou Huppert avec Chabrol. Le film montre bien comment Ford a fait, progressivement, avec nombre d'hésitations, de Wayne son alter-ego bien plus que Fonda. On voit la complexité des rapports entre les deux hommes et leurs contradictions devenir le moteur d'oeuvres uniques. Ford, démocrate, ardent défenseur du New Deal, courageux, engagé dans les services secrets, alcoolique, autoritaire, cassant, pénible sans doute, poète à coup sûr ; et Wayne, très à droite, marqué par son image patriotique, qui ne porta jamais l'uniforme, mais encaissant sans broncher, gentil sur les plateaux comme le rappelle avec humour Mark Rydell, très pro, finalement simple et naturellement un très grand comédien (Moullet a bien raison). Et Ford qui sait faire porter à Wayne le poids trop lourd pour lui de ses interrogations, qui en fait son double dans des oeuvres aussi complexes que La chevauchée fantastique, Le massacre de Fort Apache, La Prisonnière du désert et ... Valance. Ford qui finira par retrouver les positions de Wayne sur la fin de sa vie alors que le « Duke » va à la rencontre des étudiants contestataires de Harvard avec beaucoup d'humour.
Un seul reproche, l'oubli sans doute volontaire des films les moins connus qui me semblent pourtant enrichir la thèse de Pollard. Dans The long voyage, Wayne y est clairement un jeune homme (à près de quarante ans) constamment sous la protection de ses aînés. Sa création de Robert M. Hightower dans Le fils du désert préfigure celle d'Ethan Edwards. L'aigle vole au soleil, outre que Ford y fait jouer son propre personnage par Ward Bond, est une réflexion subtile sur le couple (une fois encore Wayne et Maureen O'Hara) et la dévotion à la patrie. Les Cavaliers et Rio Grande sont deux films d'aventures qui posent aussi la question de l'unité du pays et dans lesquels Wayne est toujours le nordiste, le progressiste dont le sens du sacrifice passe avant tout, y compris la famille. La plupart des acteurs de cette épopée artistique sont aujourd'hui disparus et le film, narré par Sidney Pollack, donne la part belle aux critiques et aux cinéastes admirateurs (Bogdanovitch, Scorcese, Milius, Rydell) avec un joli sens de l'équilibre quand l'un d'eux (un critique) avoue sa détestation de l'Homme tranquille. Tant pis pour lui, je reste un indéfectible d'Innisfree.
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30/05/2006
Cannes (4)
Du bon usages des archives
C'est la première fois que je vois un travail issu de la fondation montée par Steven Spielberg pour recueillir les témoignages des survivants de la Shoah. Une organisation qu'il a mise sur pied suite à La liste de Schindler. En l'occurrence, Volevo solo vivere est réalisé par Mimmo Calopresti qui avait mis Nanni Moretti en scène dans La seconda volta. Le film documentaire laisse la parole à neuf survivants, surtout des survivantes, du camp d'Auschwitz. L'une d'elle fut déportée dans le même convoi que celui de Primo Levi. Les neuf parcours déclinent le sinistre engrenage de l'extermination, depuis les premières lois raciales mises en place par Mussolini jusqu'à l'accélération due à l'invasion allemande après 1943 et la chute du Duce. Les récits sont émouvants avec, pour certains, cet humour tout autant italien que juif. Il faut entendre cette vieille femme digne raconter son premier contact avec un libérateur américain : « C'était Tom Cruise ! ». Tous ont des moments glaçants, en particulier l'homme qui opérait dans le « sonderkommando » chargé d'encadrer les opérations au plus près des chambres à gaz et qui doit assister la dernière heure d'un cousin. On a là la même force que chez Lanzmann. Par contre, je me suis interrogé sur l'emploi de quelques images d'archives qui ponctuent, sur une musique redondante (pour rester gentil), les différents témoignages. Si les photographies des proches des différents intervenants sont en situation, les autres images, souvent assez connues et de sources très diverses, ne semblent rien apporter, créant même une distance regrettable entre le temps du film et celui des récits. Comme si le spectateur avait besoin de cette sorte de rappel, d'illustration de ce qui est dit et qui possède en soi une telle force.
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Cannes (3)
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29/05/2006
Cannes (2)
Dorotheea
« C'est l'histoire de ma génération, une chronique de l'air du temps. Comment alors il fallait rire et pleurer. » Comment j'ai fêté la fin du monde est le premier film de long métrage de Catalin Mitulescu qui avait reçu la Palme d'or du court métrage pour Trafic en 2004. Comme il l'a dit lors de la présentation, Cannes est important et lui porte chance. Son film est plein de vie et d'humour, chronique des derniers mois de la dictature de Ceaucescu à travers les déboires d'une jolie adolescente superbement campée par Dorotheea Petre qui découvre tout à la fois l'amour, l'indépendance et la révolte. Autour d'elle, une galerie de personnages attachants où domine son petit frère qui, pour lui rendre la joie de vivre, envisage un complot pour assassiner le dictateur. La mise en scène, qui recherche un certain réalisme à coup de caméra portée, de recadrages rapides et de mises au point dans le plan ne m'a pas franchement convaincue mais ne m'a pas trop gêné non plus. C'est que le film possède cette qualité propre à nombre de films de l'est (Iosseliani, Kusturica, Longuine...), celle de savoir donner vie à tout un petit monde truculent, coloré sans être caricatural, vivant. Du coup, le film devient vite emballant. J'aime assez quand faire de la révolte politique passe par prendre des bains glacés en compagnie d'une jolie fille. Dorotheea Prete a reçu le prix d'interprétation féminine d'Un Certain Regard. Mitulescu avait raison, Cannes lui porte chance.
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Cannes (1)
Petit passage à Cannes
Cannes, toujours ce mélange de fascination et de répulsion. Cannes, ses palmiers, ses queues interminables, ses vigiles plutôt sympas, ses hôtesses inspectrices de sacs toujours charmantes, ses CRS garés sur le côté, toujours trop nombreux (mais moins que la dernière fois), ses cocktails sur le port entre 17 et 19 heures, ses affiches de films improbables, son Lloyd Kaufman, ses myriades de jolies femmes que l'on ne voit dans de telles tenues qu'ici et une fois par an, ses rencontres, ses frustrations, ses découvertes, ses surprises, ses enchantements, ses désespérances. Cannes, son festival du film. Cannes 2006 s'achève, je peux raconter mon bref passage.
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25/05/2006
Regrettable arrêt de pompage
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21/05/2006
Soy Cuba
Soy Cuba, je suis Cuba, l'île Caraïbe, le peuple cubain si divers, la Révolution. Soy Cuba, je suis Cuba, le film réalisé par Mikhail Kalatozov en 1964, film de commande soviétique, poème épique, tour de force technique, méditation sur la naissance d'une nation, oeuvre unique, inclassable, de toute beauté. Soy Cuba, film renié par ses commanditaires de l'Est, film interdit par ses opposant de l'Ouest, censuré, invisible, redécouvert par Martin Scorcese et Francis Ford Coppola éblouis au milieu des années 90, film qui trouve enfin son public et sa place, unique.
Soy Cuba, c'est d'abord une lumière, celle du chef opérateur Sergueï Ouroussevski. Jamais les ombres n'ont été aussi noires, jamais la chaleur tropicale sur les façades plus blanche. Et toutes les nuances du gris, perlé, métallisé, fumé, moiré, qui offre aux yeux une symphonie d'ambiances et d'atmosphères. Un poème d'images.
Soy Cuba, c'est ensuite une voix, cette voix off qui parcours le film composé de quatre parties, quatre histoires exemplaires et signifiantes. Cette voix douce, envoûtante, qui récite les mots du poète et scénariste Evgueni Evtouchenko, cette voix qui s'adresse à nous à la première personne, la voix de l'île, la voix d'un peuple et d'une nation qui naît. Soy Cuba.
Soy Cuba, ce sont enfin des hommes et des femmes, des visages et des corps qui incarnent chacun selon son destin, la condition d'esclavage dans lequel réside le peuple cubain d'avant la révolution de 1958. Esclavage culturel, sexuel, économique, politique. Maria la jeune femme qui se prostitue pour de riches américains en goguette, Pedro le cultivateur de canne à sucre dont la terre est rachetée par un trust américain, Enrique l'étudiant révolutionnaire au prise avec sa conscience et Mariano le paysan qui rejoint la guérilla, incarnent les différents visages du même peuple, son humiliation, sa souffrance mais aussi sa grandeur, sa dignité et son combat. In fine sa victoire.
Formé à l'école du muet, héritier de l'art d'Eisenstein, Dovjenko et Vertov, Mikhail Kalatozov donne à lire son histoire sur les visages de ses personnages. Pas de grands discours ici, peu de dialogues. Tout passe par des expressions, des regards, une gestuelle, des mouvements qui dégagent une troublante sensualité car se sont les corps qui racontent : corps enveloppés de fumée dans la boîte de nuit, de sueur sous les haillons dans les champs ou sur les places blanchies sous le soleil, de la végétation de l'île, champs de canne à sucre ou palmiers des montagnes. Sensualité et révolution, un mélange détonnant qui exprime la vitalité du peuple opposée à la froideur des hommes de l'oppression.
Le choix de ces personnages est déterminant dans le sentiment de profonde humanité qui se dégage du film. Ce ne sont pas des héros de la révolution, ni des leaders, ni même des gens possédant forcément une forte conscience politique. Maria et Pedro subissent la situation au plus profond de leur être, ils sont avant tout des victimes. Mariano symbolise la prise de conscience et c'est celle d'un homme simple. Enrique est le plus complexe et le plus étonnant des personnages pour un film qui se veut oeuvre de propagande : présenté au départ comme l'étudiant engagé typique, il est celui dont le parcours est le plus chaotique. Chargé d'éliminer un responsable de la police politique, sa conscience le fait reculer devant l'acte du meurtre. Mais ce recul provoque l'assassinat de l'un de ses compagnons lors d'une manifestation et Enrique devra dépasser ses sentiments contradictoires pour devenir un véritable leader. Nous sommes loin de personnages monolithiques, plus à même finalement de représenter la complexité, le drame social et moral de la situation cubaine pré-révolutionnaire. Des personnages qu'il est aussi plus facile au spectateur moderne d'accepter car ils acquièrent par là une valeur universelle, comme les membres de la famille Joad dans Les raisins de la colère de John Ford.
L'autre partit pris déterminant de Kalatozov est d'avoir situé son film avant la révolution. Il faut rappeler ici que ce réalisateur est l'un des cinéastes officiels du régime soviétique. Bien en cour sous Staline, il incarne pourtant avec Quand passent les Cigognes le renouveau de la période Kroutchev et l'ouverture à l'international (sanctionné par la palme d'or à Cannes en 1958). Soy Cuba arrive à la fin de cette époque riche de créativité, juste avant la nouvelle « glaciation » de Brejnev. Pourtant en 1962 déjà, à l'époque de la mise en route du projet, le nouveau pouvoir cubain montre ses limites et le film qui devait être une apologie du nouvel état est habilement transformé en une étude sur les causes de la révolution, une méditation sur son caractère inéluctable, nécessaire, lorsque l'oppression est trop forte, les injustices trop criantes. Avec le recul, le mérite de ce film est de rappeler ce que fut Cuba avant Castro, ce qu'était la violence du pouvoir de Battista et l'état de « néo-colonisation » de l'île par les États-Unis. En procédant ainsi, Kalatozov donne une fois de plus un côté universel à son récit et évite de trop s'engager pour un nouveau régime qu'il ne semble pas avoir beaucoup apprécié. Ce qui fut réciproque puisque si Castro et Guévara visitèrent le plateau du film, ils furent suffisamment déçus du résultat final pour l'interdire.
Au delà de ces considérations, comme chez Eisenstein, ce qui prime c'est la force de l'art de Kalatozov. Soy Cuba est un morceau de cinéma total qui semble réinventer, comme le souligne Martin Scorcese, la syntaxe cinématographique à chaque instant. Le film englobe l'île, son histoire et ses habitants d'un vaste mouvement toujours changeant, mouvant et émouvant. Deux exemples qui restent gravés dans les mémoires : le premier plan séquence qui descend des nuages pour plonger sur le toit d'un building moderne, terrasse d'un hôtel de luxe avec piscine et orchestre, suivre les baigneuses au fond de la piscine puis descendre jusqu'à une boîte de nuit où l'on va découvrir Maria. Le tout dans l'impression d'un mouvement continu. Virtuose.
Mais ce qui reste pour moi le plus impressionnant, c'est l'extraordinaire mouvement qui suit les funérailles d'Enrique. Plan séquence là encore où la caméra semble s'affranchir du contrôle des humains et des lois de l'apesanteur. Elle survole les rues, pénètre une usine de cigares, s'enroule dans les plis d'un drapeau déployé, plane, majestueuse, entre les immeubles, au dessus de la procession des innombrables qui entourent le cercueil de l'étudiant. L'émotion artistique est à son comble, redoublant l'émotion dramatique, la sublimant comme seul le cinéma est capable de le faire lorsqu'il est pratiqué à ce niveau. Soy Cuba, je suis Cuba, un film unique.
Le film sera diffusé sur Nice le samedi 3 juin à 21h00 dans le cadre du festival l'Histoire fait son cinéma de l'association Cinéma Sans Frontières (au cinéma Mercury, tous les détails ICI).
Pistes :
Un dossier exposition sur Kinoglaz
Le DVD sur la Boutique
Soy Cuba sur >Fluctuat
Soy Cuba sur MK2
Soy Cuba sur DVD Classik
22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mikhail kalatozov | Facebook | Imprimer | |
19/05/2006
Ta ta tsoin
Un petit podcast pour changer, un vieil air de western italien d'époque : I Quattro inesorabili de Primo Zeglio, musique de Marcello Giombini (qui signera plus tard celle des Sabata). Le film date de 1965, les tout début de ce genre dans la péninsule et met en scène Adam West, oui, oui, celui qui incarnera Batman pour la télévision.
15:59 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer | |
17/05/2006
Tout Ozu (ou presque)
13:45 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : site, Yasujiro Ozu | Facebook | Imprimer | |
16/05/2006
Richard Fleischer, cinéaste
Richard Fleischer est le réalisateur de quelques uns des pires films de l'histoire du cinéma. Il a signé Che !, portrait hollywoodien de Ernesto Guévara avec Omar Sharif dans le rôle titre et Jack Palance en Lider Maximo, pour un résultat souvent cité dans les listes des plus savoureux navets. Red Sonja (ou Kalidor) est un ratage intégral d'héroic fantasy façon Conan avec l'extraordinairement inexpressive Brigitte Nielssen et un Schwarzenegger auto-parodique. Ashanti, pour ceux qui s'en souviennent, est un film d'aventure hilarant ou désolant selon l'humeur. Quand à Amityville 3, bien que tourné en relief, c'est le plus mauvais épisode d'une série fort médiocre.
Richard Fleischer est le réalisateur de quelques uns des plus beaux films d'enfance d'avant Star Wars. On lui doit Kirk Douglas et James Mason combattant le calamar géant de 20 000 mille lieues sous les mers, l'une des plus belles adaptations de Jules Verne. Les Vikings est une date dans l'histoire du film d'aventure, une référence en matière de scénario, de reconstitution et de sens épique. Le Voyage fantastique est de la science fiction très années 60, amusante, sérieuse et enlevée avec, ce qui ne gâte rien, le souvenir de Raquel Welch attaquée par les anticorps dans sa combinaison moulante. Bandido Caballero était un joli western décontracté avec Robert Mitchum nonchalant au possible et Docteur Doolittle une fantaisie musicale dont je garde un bon souvenir.
Richard Fleischer est le réalisateur de quelques films marquants, noirs assez souvent, engagés dans leur époque et qui ont parfois conservé une puissance de fascination. Je pense à Soleil vert et ses questions écologiques (et à la superbe scène de la mort de Sol joué par E.G Robinson), L'Etrangleur de Boston et plus encore 10 Rillington Place avec ses portraits froids de tueurs en série Tony Curtis et Richard Attenborough, Tora !, Tora !, Tora ! et sa vision conciliatrice du conflit américano-japonais, Le Génie du mal et son approche originale de la peine de mort, ou encore La Temps de la colère et sa façon nouvelle à l'époque de montrer la guerre et son effet sur les hommes, contemporain de Attaque ! de Robert Aldrich.
Richard Fleischer est aussi, c'est moins connu, le réalisateur d'une demi-douzaine de petits films noirs dont le plus connu, L'Enigme du Chicago Express est un modèle de suspense, toujours intense, avec Charles McGraw, épaules carrées, machoire carrée, esprit carré, et la trop rare Marie Windsor.
Richard Fleischer est tout cela et c'est sans doute pourquoi le réalisateur qui s'est éteint le mois dernier, n'a pas une image très forte. Comme Robert Wise dont je vous avais parlé ici, il entre en cinéma pendant la guerre et fait ses débuts dans la série B noire. Anthony Mann, Richard Brooks, Robert Aldrich, Edward Dmytryck, John Sturges feront de même. Ce groupe de réalisateurs dominera Hollywood pendant une quinzaine d'années, incarnant un certain modenisme cinématographique, modernisme à vrai dire plus souvent formel que de fond. Dans les années 60, ils seront en compétition avec la troupe suivante, venue de la télévision et plus radicale dans ses sujets comme dans ses images avec des gens comme Arthur Penn ou Sidney Pollack.
Ils prendront un coup de vieux définitif avec l'arrivée de ce que l'on appelle les "Movie Brats", le gang des barbus : Scorcese, Spielberg, Lucas, Coppola, De Palma... Mais si Anthony Mann, en grande partie grâce à son travail sur le western, a acquis une véritable stature d'auteur, Fleischer comme Wise dont la carrière et les choix sont proches, restera comme un homme de studio, un faiseur diront ses détracteurs, dilettante sur les sujets, grand professionnel techniquement et piètre personnalité. C'est sans doute injuste au vu de ses plus beaux films, et relève sans doute d'une difficulté qu'il y a à appréhender son discours, faire la synthèse entre les différents Fleischer pour révéler l'homme et le cinéaste. Mais lui même a entretenu cette difficulté, semblant toujours privilégier le défi technique et les changements radicaux d'univers à une vision personnelle qui ne transparait qu'occasionnellement.
Pistes
Hommage sur Objectif Cinéma
Hommage sur DVD Classik
Texte sur le site du ciné-club de Caen
Quelques textes sur quelques uns de ses films (en anglais)
Sélection sur La boutique
Rétrospective Richard Fleischer à la Cinémathèque française, du 31 mai au 23 juillet 2006
00:40 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Richard Fleischer | Facebook | Imprimer | |
14/05/2006
Ryan Larkin
Gentleman mendiant. Pionnier de l'animation canadienne. Finaliste dans la course aux Oscars. Pauvre clochard. Artiste incapable de créer. Dieu observant le monde, ange déchu. Arrogant. Timide. Brisé, mais non anéanti.
Flickhead (note du 21 avril) m'a permis de découvrir fin avril le travail et l'étonnante destinée de Ryan Larkin. Il intégre à 19 ans le National Film Board of Canada et, dans les années 60, Larkin est pris sous l'aile du grand Norman McLaren. Il réalise plusieurs bijoux dont Syrinx d'après un morceau de Claude Debussy en 1965 et Walking en 1968 qui sera nominé à l'Oscar. Trente ans plus tard, Larkin est un SDF survivant avec le RMI local. En 2004 le réalisateur Chris Landreth réalise Ryan qui s'inspire de la vie de Ryan Larkin, un court métrage mêlant animation et documentaire, présenté à Cannes et Annecy. Dans la foulée, la réalisatrice Laurence Green met les deux hommes et leurs parcours en perspective dans Alter Ego et un mouvement de solidarité s'organise pour remettre l'animateur en selle. Aujourd'hui, Ryan Larkin s'est remis au travail et prépare un film intitulé Spare Change. Une belle histoire qui n'est pas terminée.
Le mieux est de vous laisser regarder Syrinx. Fusain, sables et poudres se mêlent et se dissolvent pour conter, sur les notes délicates de Debussy l'histoire de Syrinx, une hamadryade (nymphe des bois vivant à l'intérieur d'un arbre) dont Pan tomba amoureux et qui échappa à ses ardeurs en se métamorphosant en roseau.
Pistes :
L'article de Chris Robinson Last exit on St Laurent street (en anglais)
Un article du Montreal Mirror (en anglais)
La fiche du film Ryan sur le site des Films du paradoxe avec deux extraits
La légende de Syrinx selon Ovide
La fiche de Syrinx au NBF
Le site de Spare Change
Ryan Larkin au NFB
05:35 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ryan Larkin, animation, Chris Landreth | Facebook | Imprimer | |
12/05/2006
Portfolio : Giuliano Gemma
06:25 Publié dans Acteurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Giuliano Gemma, photographie, western | Facebook | Imprimer | |
10/05/2006
Italie
Un homme capable d'interrompre son film pour faire reprendre en choeur à ses acteurs et figurants le refrain d'un morceau de Springsteen a droit à ma plus profonde et éternelle admiration. Nanni Moretti sera à Cannes avec Le caïman que vous pouvez découvrir sur son site officiel et à travers sa bande annonce (je ne me lasse plus de mettre de la vidéo). Femmes, élu, intellectuel, animateur, avocate, cuisinier, Silvio Orlando, Berlusconi : une série d'instantanés qui défilent pour dresser un portrait de l'Italie d'aujourd'hui ? Vivement.
10:40 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nanni moretti, cinéma italien | Facebook | Imprimer | |
09/05/2006
Bonus
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08/05/2006
Le plus secret des agents secrets
Jusqu'ici, le nom de Michel Hazanavicius m'évoquait celui de son frère Serge et de sa prestation sensible aux côtés de Daniel Prévost dans Le soleil au-dessus des nuages de Éric le Roch. Je me souviens surtout des difficultés que j'avais à prononcer ce nom à la radio. Depuis, j'ai de l'entraînement. Quand j'ai découvert l'affiche du film, j'ai cru à une blague. Qui pouvait bien avoir l'idée d'exhumer l'espion de Josette et Jean Bruce qui avait inspiré une demi-douzaine de séries B, sous-James Bond sympathiques mais datés, dans les années 60 ? Qui ? Jean Dujardin, je ne voyais pas qui c'était. Pas la télé. Et puis si j'avais fait le lien avec Brice de Nice, il n'est pas évident que je me serais risqué à ce film. Les comédies des échappés de la télévision moderne me laissent froid. Pour OSS 117, Le Caire nid d'espions, j'aurais eu tort. Sans partager le délirant enthousiasme des Cahiers du Cinéma dont je n'ai compris que la moitié de la critique, je reconnais que c'est une belle surprise. D'autant plus belle qu'elle est inattendue. Comment imaginer que le cinéma français de ce début de siècle serait capable d'un hommage à la fois sincère et hilarant à l'âge d'or du cinéma d'espionnage ? J'aime poser ce genre de question.
La réussite du film se situe à la fois sur le fond et sur la forme. Sur le fond, la grande idée est de ne pas avoir cherché à faire une parodie à gros effets mais une véritable comédie dans le ton des grands moments des années 60. La première référence pour ce film très référencé, c'est Blake Edwards, Sellers et son inspecteur Clouzeau, Tony Curtis dans La grande course autour du monde et de très belles femmes dans tous les coins de l'écran. La façon de Michel Hazanavicius d'envisager le rapport de son film à ses sources d'inspirations est similaire à celui de Mel Brooks qui recrée les décors originaux des films de la Universal des années 30 pour son Frankentein Junior, au travail de Carl Reiner qui fait enquêter Steve Martin au milieu d'extraits de films noirs originaux pour Les cadavres ne portent pas de costards (ce n'est pas innocent, j'y reviens) ou encore la volonté de dépassement des originaux de la fine équipe de Casino Royale qui nous présente le véritable Sir James Bond (et pas ce remplaçant venu de la télévision !). J'aime chercher les références.
© Mandarin Films, Tous droits réservés
Michel Hazanavicius joue donc la sincérité cinéphilique, parie sur l'intelligence du spectateur capable de partager ses références et dépasse les habituels bout à bout de sketches pour donner un véritable film. Car véritable film il y a. L'intrigue finalement assez classique pour un film d'espionnage tient à la fois la distance et son rôle de trame pour les nombreux gags. Ceux-ci sont construits et variés ce qui n'a l'air de rien écrit comme cela mais est devenu assez rare. Il y a de très beaux « slow burn » (quand un personnage a une réaction différée), des « double talks »(quand deux personnages parlent sans se comprendre en croyant qu'ils se comprennent, je ne sais pas si vous me comprenez), des répliques destinées à devenir cultes, des situations loufoques, du pastiche, des gags récurrents (les poules, les photographies de René Coty), de l'humour graphique, du nonsense, du travestissement (encore l'influence de Peter Sellers), bref toute la panoplie et au final assez peu de déchet. Sur la forme, la réussite est tout aussi impressionnante. La nostalgie d'une autre époque passe par un ensemble de signes, des marques d'apéritifs aux nombreux objets soigneusement choisis en passant par les seconds rôles bien typés. Mais plus encore, le film retrouve jusqu'à la texture visuelle et sonore des films dont il s'inspire. Nostalgie à deux niveaux. La photographie de Guillaume Schiffman retrouve le grain et les couleurs du glorieux technicolor sixties, mouvements de caméra calmes et transparences à l'unisson. La musique de Ludovic Bourse et Kamel Ech-Cheickh retrouve le swing des plus belles partitions de John Barry pour 007, de Burt Bacharah ou de Henry Mancini. Les scènes d'action elle-mêmes n'ont qu'un faible décalage humoristique avec leurs modèles : la danse entre OSS et Larmina, son contact cairote, rappelle un des beaux moments de Jamais plus jamais comme la bagarre dans l'hôtel a le rythme et la violence des empoignades avec Sean Connery. J'aime me battre.
Reste une pointe satirique, plus actuelle avec références à la situation au Moyen Orient, à l'islam, à l'esprit colonialiste franchouillard. Ce n'est pas ce qui est le plus réussi mais cela n'alourdit jamais l'ensemble. Plus qu'une caricature de la suffisance occidentale, Hubert Bonisseur de la Bath me semble un frère de Clouzeau, terriblement idiot, sûr de lui jusqu'à l'exubérance, mais en même temps physique, acharné, doté d'une chance à toute épreuve et capable, sans y rien comprendre, de résoudre les situations les plus impossibles. J'ai toujours aimé l'inspecteur Clouzeau.
J'ai écrit que j'y reviendrais, j'y reviens. Tout ceci m'a permis de découvrir une autre face du talent de Michel Hazanavicius : celle du grand détourneur. Connaissiez vous George Abitbol, l'homme le plus classe du monde ? Savez-vous pourquoi ses dernières paroles furent : « Monde de merde » ? Et qui l'a tué ? Je n'en dirais pas plus. Je vous laisse un extrait pour que compreniez le principe. En 1993, Hazanavicius travaillait pour Canal+ quand la chaîne était encore drôle. Il a eu la possibilité de puiser dans le catalogue Warner (sauf Eastwood) pour faire ce film monstrueux et unique : Le grand détournement ou La classe américaine. Warner a empêché toute diffusion ultérieure au vu du résultat mais le film est devenu véritablement culte et s'est diffusé sous le manteau. Avec Internet, c'est plus simple et on le trouve facilement en téléchargement. Ca vaut le coup d'oeil et d'oreille puisque Hazanavicius a pu travailler avec les doubleurs français originaux des nombreuses vedettes « invitées ». L'incroyable travail de montage sur ce film donne la clef de la réussite de son OSS117. Outre son sens de l'humour que l'on est libre de ne pas partager, il y a la connaissance approfondie de son sujet et le respect qu'il lui porte.
Pistes :
Le site officiel
Tout savoir sur OSS117
Les répliques cultes de OSS 117 chez Imposture
Musiques sur La Boutique
Le site de La classe américaine avec plein d'extraits
Le script de La classe américaine
23:55 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook | Imprimer | |
01/05/2006
1er mai
Je vous ai touché deux mots de cette opération de grève de l'Internet pour protester le 1er mai contre la loi DADVSI. Vous êtes sûrement tombé en parcourant ce blog sur tel ou tel article dans lequel j'exprime mon opinion sur ce problème complexe de la gestion des droits d'auteur dans l'environnement numérique moderne, les échanges via p2p et le reste ; et mon hostilité à cette loi, ma préférence pour une licence globale. Bon, il n'y aura pas une telle licence dans l'immédiat et l'orientation prise par le législateur va dans un sens bien plus restrictif, répressif, que je ne le souhaiterais. Mais visiblement, il ne veut pas s'en tenir là. Je suis tombé sur ces propos tenus par notre ministre de Vivendi de la culture et de la sacro sainte communication ICI sur Ratatium reprenant cet article de Libération. Lisez, ça vaut le coup. Si je comprends bien, il y a une volonté de maîtriser jusqu'au cauchemar orwellien ce qui se passe sur le net. A croire que l'influence des blogs sur le référendum, les exemples de monputeaux.com et autres prises de paroles ont violemment traumatisé nos hommes de pouvoir. Repensons un instant à l'entrevue bidonnée de Fidel Castro, aux délires médiatiques sur Outreau ou l'agression du RER, à un journal de 20h00 sur TF1, à la majorité des revues magazines de cinéma ou de musique ; revoyons les films de Pierre Carles et repensons à cette phrase de RDDV : « C'est un autre sujet capital [ Le problème de la presse et de l'Internet ] parce qu'il n'y aura pas d'informations de qualité sur l'Internet sans de vrais signatures, de vrais acteurs dont c'est le métier. ». Savourons-en le sel. « Qualité », « Vrais signatures », « Métier ». Je l'ai fait et, si faire la grève d'un blog n'a pas de sens en soi, je soutiens l'opération ne serait-ce que pour combattre cette mentalité désespérante et je vous laisse ce message pendant que je vais profiter du soleil avec ma fille. Demain, le combat continue.
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29/04/2006
Valérie Mrejen et Pork and milk
De Valérie Mrejen, je suis tenté d'écrire qu'elle est une artiste de proximité. Artiste parce que, romancière, plasticienne, vidéaste, photographe, cinéaste, elle ne saurait se réduire à une discipline unique mais construit son oeuvre de multiples façons, les unes répondant aux autres ce qui donne à l'ensemble cohérence et unité. Proximité parce que ce qui intéresse Valérie Mrejen est, plus que l'intime, ce qui est proche des gens, ce qui fait leur quotidien, l'essence de leur vie de tous les jours. La première oeuvre que j'ai vue d'elle, c'était Chamonix, un court métrage composé de souvenirs personnels de connaissances racontés plus que rejoués par des comédiens. Le film, qui a eu une belle carrière, était né à partir d'une série Portraits filmés qui trouvait son prolongement dans un système d'installations vidéo. Manufrance, un court métrage de 2005, est construit à partir d'images du catalogue Manufrance des années 70. Dans ses récits, si l'on peut leur attribuer ce qualificatif, elle prend pour sujet son grand père (Mon grand-père), un ex-compagnon (l'Agrume) ou son père (Eau sauvage). Ces textes sont des suites de notations, de réflexions, souvent ordinaires, triviales, petits paragraphes centrés sur des riens. Elle raconte encore, dans la préface à Trois quartiers qui regroupe les trois textes précédents, comment elle a travaillé autour de gâteaux d'anniversaire pour un projet d'école. Autant d'exemples de ses centres d'intérêt comme de sa méthode. Valérie Mrejen s'efface derrière ses sujets, privilégie les plans fixes, les cadrages frontaux, les phrases condensées, le ton descriptif. Elle recherche l'essentiel dans ce qui semble anodin. Quotidien donc. L'émotion vient de cet effet de proximité engendré par le dispositif et l'empathie ainsi créée. Car derrière souvenirs et gâteaux d'anniversaires, à travers les récits et les conversations banales, c'est une vaste réflexion sur la communication entre les êtres qui se construit. Communication entre générations, entre sexes, entre communautés, avec toutes les difficultés et les incompréhensions du monde moderne.
Il y a un an, je vous avais parlé de Pork and milk que j'avais découvert avec ravissement au festival de Caen. Mystères de la distribution, le film vient de sortir en salles et simultanément aux édition Allia en livre et DVD. Le texte raconte la genèse et le tournage du film. Il est proposé en français, allemand, hébreux et anglais. Pork and milk ce sont le porc et le lait, deux tabous essentiels de la religion juive. Le film suit le parcours de dix d'israéliens, un jeune soldat, un acteur, un couple, un cuisinier, une joueuse de rugby... qui issus du milieu religieux juif radical, ont tous un jour rompu avec lui pour devenir des laïques. Le film est le prolongement d'un court intitulé Dieu qui questionnait la foi. Comme l'explique le film, en hébreux, entrer en religion se dit « aller vers la réponse » et la quitter se dit « aller vers la question ». Nous suivons donc l'itinéraire de vie de ceux qui ont choisi d'aller vers la question, remettant en cause l'éducation traditionnelle donnée mais aussi les liens avec la communauté et la famille. Des liens qui apparaissent très forts et douloureux à rompre.
Fidèle à son style et son éthique, Valérie Mrejen explique avoir renoncé à donner des listes de questions pour ne pas orienter les récits, mais a laissé s'exprimer les différents protagonistes, les filmant sans affection, frontalement, souvent dans leur environnement. Une exception qui ouvre le film, Shlomi, le jeune soldat ayant refusé d'être filmé de face, il est dessiné à travers une épaule, une nuque, le bouton de sa veste. Ce qui est mis en avant, ce sont les voix et les récits. Des récits ou transparaît, au delà du rapport à la religion évoqué avec finesse, la difficulté d'être au monde et d'être relié aux autres. Ces gens parlent de leurs parents, de leurs frères et soeur, de leurs amis avec lesquels rompre avec la religion signifiait aussi rompre avec eux. Les histoires prennent parfois un tour saisissant comme cette interdiction de regarder un arc-en-ciel (il paraît que ça annonce le déluge) qui déclenche une prise de conscience, ou cette réflexion finale de David (je crois) qui se rend compte qu'en termes de tolérance, ses amis laïques sont finalement plus intégriste qu'il ne l'était. Petit à petit, avec force, le film montre combien la religion (toutes les religions) est composée de tabou, d'interdits, de bornes, de réactions obscurantistes et engendre in fine l'intolérance et l'aliénation. A écouter ces gens parler, on a parfois l'impression d'anciens drogués, d'anciens alcooliques. Souvent, suivant l'actualité et particulièrement lors de l'histoire des caricatures, je me demande : « Sommes nous dans un mouvement vers des religions plus dures, plus intolérantes ? Est-ce que l'on pourra faire le chemin inverse ? Où sont les nouveaux laïques ? ». Valérie Mrejen dans Pork and milk nous en présente quelques uns. Ca fait du bien.
Photographies : © Documentaire sur Grand Ecran
Pistes :
Un portrait dans l'Humanité
Un texte de Vincent Dieutre
Exposition, biblio et filmographie
Un extrait de l'Agrume sur Pleutil
Critique et extraits d'eau sauvage sur Pleutil
Critique et photographies sur Objectif Cinéma
Pour se procurer les oeuvres : la boutique
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