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02/08/2005

Week end chargé

Ce week-end, sous la chaleur torride, j'ai revu, l'un derrière l'autre Il était une Fois en Amérique de Sergio Léone et Voyage au Bout de l'Enfer de Michael Cimino. C'est quelque chose. Quelle ampleur ! Quels films ! Quels points d'exclamation ! Outre le fait que le second commence là où se termine le premier, les deux films ont plusieurs points communs, que ce soit dans par leur conception du cinéma, l'ambition de leurs auteurs, leur approche des mythes américains et la présence de Robert De Niro.

C'est sans doute lui qui m'a le plus frappé. Parce que je n'ai jamais bien compris l'engouement dont il a été (et reste) l'objet. Ce n'est pas que je ne l'apprécie pas, mais j'ai toujours préféré James Stewart à Marlon Brando, et donc, plutôt que De Niro, Nick Nolte, Harrison Ford ou Bill Murray. Plutôt classique que Méthode. Et puis, bien qu'appréciant les thèses de Luc Moullet sur la théorie des acteurs, je reste persuadé qu'un comédien, même excellent, n'est rien sans un metteur en scène digne de ce nom. Ce qui me semble particulièrement vérifié dans les deux films précités.

De Niro est plus qu'excellent ici, il incarne littéralement Noodles, le petit truand juif de Léone comme le solide Mike de Cimino. Quel plaisir aussi de le voir intégré à deux équipes de comédiens au-delà de tout éloge convenu. James Wood, Treat Williams, Joe Pesci, William Forsythe, Elisabeth Mc Govern et John Savage, Christopher Walken, John Cazale, Meryl Streep (elle aussi miraculeuse dans ce film), Georges Dzundza... J'adore ces films matrices qui donnent ainsi le départ à une génération de comédiens.

Alors, De Niro, oui, son sourire final chez Léone, derrière la gaze et les vapeurs d'opium. Son regard et sa démarche, voûtée mais déterminée, à la recherche du temps perdu, à la recherche des traces de la promesse du rêve américain, en exploration des territoires du film de gangster. Si vrai, si sincère, si précis que l'on croirait que Léone a bien eu l'enfance d'un gamin dans un quartier juif new-yorkais. Léone en Proust. Je l'avais entendu à l'époque mais je n'avais pas encore lu La Recherche. Aujourd'hui, je comprends mieux. Et je n'apprécie que mieux.

De Niro, sa casquette et son gilet, sa façon de se glisser sur les pentes de la montagne comme un personnage d'Anthony Mann, sa façon d'envoyer chier John Cazale qui a oublié ses bottes, son aisance dans les magnifiques scènes de groupe. Il y a dans ce film quelque chose de remarquable, c'est que la première heure est quasiment muette. Non que les personnages ne parlent pas mais il n'y a presque aucune réplique « utile ». Rien que des gens vivants à l'usine, au bar, en virée, au mariage, avec des mots insignifiants de tous les jours. Et on comprend tout. Les rapports, les sentiments, les liaisons intimes, l'amour, l'amitié, l'urgence. La vie.

Très fort.

Et quel gâchis quand on pense à ces âneries enfilées comme des perles de plastique où tant de talent s'enlise et s'use. Promis, je n'attaque pas l'air du « c'était mieux avant ». Mais c'est difficile de se retenir quand on pense à Ronin ou Mon Beau Père et Moi.

31/07/2005

Jolie rousse

14:45 Publié dans Actrices | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Actrice |  Facebook |  Imprimer |

30/07/2005

Enfances

Pour prolonger la discussion

Le Voleur de Bicyclette

Empire du Soleil

Les Cow-Boys

L'Eté de Kikjujiro

Shining

22/07/2005

Vacances

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05:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Blog |  Facebook |  Imprimer |

18/07/2005

Burton, Kubrick et chocolat

Tim Burton est un peu décalé par rapport aux réalisateurs américains qui se sont affirmés dans les années 70 et pour lesquels vous aurez compris mon goût profond. Tim Burton est un peu décalé de façon générale. Il fait pourtant partie de ceux qui restent intéressants à l'intérieur du système, de ceux qui ne s'y trouvent finalement pas si mal, de ceux qui ont su intelligemment composer avec lui. Grâce à ce décalage qui fait tout le prix de son cinéma.

Qu'attendre, à priori, d'une nouvelle adaptation de Charlie et la Chocolaterie, adaptation d'un classique de la littérature enfantine écrit en 1964 par Roald Dahl ? Attendre Burton et ne pas avoir d'à-priori, ce n'est pas beau.

Dans ce film, c'est une nouvelle fois le côté étrange de Tim Burton qui fonctionne, ce côté étrange que l'on a aimé dans Beetlejuice ou Edwards aux Mains d'Argent, ou Ed Wood. Ce côté qui fait qu'un jeune illustrateur veut entrer à tout prix chez Disney pour y faire un film comme Vincent, avec une star des films d'horreur (Vincent Price pour ceux qui n'ont pas vu ce petit bijou). Disney remerciera vite le jeune illustrateur. Il y a des choses avec lesquelles on ne s'amuse pas. Chez Burton, si, on peut s'amuser de tout. Des têtes coupées, des chiens raccommodés, des réalisateurs à pull angora.

Charlie et la Chocolaterie est un délice de double niveau. Au premier étage, un conte édifiant à la manière de James et la Pêche Géante (c'est aussi un conte de Dahl). Un monde coloré façon Oz, des numéros musicaux épatants, de l'humour, une morale familiale sans bavure. Au second étage, Burton se lâche comme rarement lors de la visite de cette usine sinistre extérieurement, angoissante à l'intérieur, construite en cercles comme l'Enfer de Dante. Ca commence avec ces marionnettes de cire qui se mettent à fondre comme dans le film avec... Vincent Price. Ca se poursuit avec l'apparition de Willie Wonka, Johnny Deep au mieux de sa forme, changeant d'expression toutes les secondes, qui m'est apparu comme une sorte de Michael Jackson, avec son visage blafard, inhumainement lisse, ses gants violets qu'il ne quittera jamais. Wonka-Jackson qui fait visiter son palais à des enfants, mais prudence, accompagnés d'un parent. Difficile de ne pas y penser. Wonka-Deep, c'est un peu le grand méchant loup de Tex Avery : on voit les dents. Ou plutôt, dans le contexte, la petite fêlure dont on ne sait jamais où elle va l'emmener. Tout cela nous met délicieusement mal à l'aise. Comme avec ces références insistantes à l'univers de Kubrick. Pas vraiment une référence pour enfants, non ? C'est pourtant avec les mots d'Orange Mécanique que Wonka-Deep répond à un sale gosse prétentieux. C'est pourtant autour d'une séquence de 2001 qu'est construite l'une des séquences clefs du film, critique en règle, bien que convenue, de l'influence de la télévision sur les enfants. Mal à l'aise, enfin, avec ces étranges Oompa Loompa , drôles, certes, mais quelque peu curieux, avec leur unique visage à la limite du zombie.

Convenue disais-je, oui, parce que le film, toujours en décalage, joue avec ce qu'il dénonce. On torture gentiment les enfants mal élevés, mais, au final, on construit sa fortune sur leurs envies. Comme dans nombre des films de Burton, on est toujours en équilibre entre la tentation de la franche déviance (Edwards, Wood, Jack...) et une morale bien sage (la famille, la communauté...). Frankenstein chez Disney, on n'en sort pas. Il y a une scène qui me semble révélatrice à ce sujet : La fillette gâtée qui se voit entourée par les écureuils me fait irrésistiblement penser à celle de la scène d'ouverture du Monde Perdu de Spielberg. Elle aussi se retrouve entourée de « gentils» dinosaures gros comme des... écureuils. La différence entre les deux fillettes, c'est que celle de Spielberg est dévorée vive. Hors champ, il ne faut pas exagérer.

17/07/2005

John, Sean et Juan

Il est toujours excitant de donner une nouvelle perspective à un film que l'on aime et que l'on croit bien connaître. Une autre façon de le voir, une façon de le redécouvrir. C'est ce qui vient de m'arriver avec Il Était une Fois, la Révolution de Sergio Léone. C'est un film que j'ai vu pour la première fois vers dix ans et ça marque.

A l'occasion de la sortie en DVD de la version intégrale (par MGM, je reviendrais dessus pour gueuler un coup), un petit documentaire explore les différentes version et donne une vision originale du personnage de Sean-John joué par James Coburn, qui approfondit aussi sa relation avec le bandit mexicain Juan joué par Rod Steiger. Tout est basé sur les prénoms.

Il y a un jeu là dessus dans le film entre les deux hommes. Quand Juan demande à l'irlandais comment il se nomme, celui ci répond doucement « Sean ». Juan ne saisit pas et l'autre reprend « John ». Dans ce prénom, Juan voit un signe du destin qui lie les deux hommes. C'est à partir de là qu'il refuse de le quitter et veut à toute force travailler avec lui. C'est le déclencheur de toute leur histoire.

Jusqu'ici, je pensais que « Sean » était bien le prénom du personnage de Coburn, et que, quand il dit « John », c'est pour donner une traduction anglaise à Juan, d'autant qu'il n'a pas trop envie de discuter avec lui. Mais ce que que fait remarquer Glenn Erickson dans le documentaire, c'est que tout le monde appelle l'irlandais « John » dans le film, y compris le journal anglais qui le présente comme un terroriste. De fait, mis à part la réplique de Coburn, « Sean » n'est jamais entendu dans le film, à l'exception notable de la chanson de Morricone, cette incantation obsédante « Sean, Sean, Sean... ». Alors, si John est bien John, qui est Sean ? Réponse : l'ami irlandais (joué par David Warbeck). Celui qui a trahi et que John finit par tuer dans le pub. Et là, ça change pas mal de choses. Cet air entêtant n'est pas seulement le signe de la nostalgie de l'Irlande et de la Révolution, c'est le fantôme de l'ami, le fantôme de la culpabilité que John s'est trimballé au Mexique. Quand John dit « Sean » à Juan, c'est qu'il l'assimile déjà, inconsciemment à un ami. C'est aussi une façon d'incarner son ami pour racheter sa perte.
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Là, Erickson va encore plus loin. En analysant le fameux flash-back final, où l'on découvre que les deux hommes étaient non seulement liés d'amitié mais aussi partageaient la même femme (elle même symbole de la Révolution qu'ils ont tout les deux embrassée), on remarque que la musique de Morricone sépare la séquence en deux parties. La première avec le thème « Sean, Sean... » qui montre John avec la Femme, puis, rupture et émergence d'un thème plus sombre entendu lors des scènes dans le pub, lorsque celle-ci se jette dans les bras de Sean et l'embrasse. A ce moment, John est « sortit » du cadre et on termine sur son visage qui devient flou, souriant. D'où l'idée que, dans ce sourire, dans cette « exclusion » du plan, il pourrait y avoir de la jalousie et que, c'est peut être John qui a donné Sean aux anglais pour éliminer un rival en amour, avant que celui-ci, torturé, ne donne John à son tour dans le pub.

Voilà qui redonne de la perspective, non seulement au personnage de John, à sa culpabilité, qui va au-delà de la nostalgie ou du discours politique sur le Révolution, mais aussi à sa relation avec Juan, plus profonde que ce que l'on en voit, marquée pour John par le désir de se racheter. Il voit dans sa relation avec Juan une sorte de seconde chance en amitié. Cette interprétation donne aussi plus de poids aux rapports entre John et Villega (Romolo Valli), le bourgeois révolutionnaire qui a lui aussi été torturé pour livrer ses camarades de combat.

Cela peut sembler un peu tiré par les cheveux, mais il n'y a rien, chez un cinéaste comme Léone, qui est laissé au hasard. Si l'on repense à Il Était Une Fois en Amérique et à son thème central, la trahison, il y a des chances que cette vision touche juste.

Une étude en italien qui développe la même théorie.
 
Le DVD 

16/07/2005

Spielberg, cinéaste B ?!

A l'occasion de l'une des nombreuses discussions autour de La Guerre des Mondes de Steven Spielberg, je suis tombé sur une réflexion du style : « une idée par plan, un plan par idée. C'est la série B ». Cela se voulait sans doute un compliment, mais cela illustre bien l'incapacité ou la gène, qu'il y a à parler de Spielberg comme cinéaste majeur.Petite démonstration à partir du plan de la fillette qui, s'éloignant pour satisfaire un besoin naturel, se retrouve au bord d'une rivière où elle découvre un, puis plusieurs cadavres emportés par le courant.

Ce plan me semble avoir au moins quatre niveaux de lecture :
Une idée dramatique, classique, liée à un concept d'ensemble. En voulant se soustraire au regard de son père où d'un éventuel inconnu, elle subit un traumatisme du regard bien plus intense en découvrant un scène qui lui révèle l'horreur de la situation. Cette notion de regard, autour de laquelle est construit tout le film a été abondamment explorée.
Une idée de cinéma, ensuite, avec la découverte progressive des cadavres, pour elle comme pour le spectateur. Utilisation de l'espace et du temps pour produire un effet signifiant. Beauté du plan en lui-même. Subtilité de la bande son, douceur du bruit de l'eau en opposition à la violence de l'image.
Une idée de cinéphile, par dessus. Impossible de ne pas penser à La Nuit du Chasseur de Charles Laughton, film référence des enfants, du mal et des rivières. Possible aussi de penser, comme certains l'on fait, à la séquence des Oiseaux D'Alfred Hitchcock, où la progression jusqu'à la panique est amenée de la même façon : un oiseau, des oiseaux, plein d'oiseaux, une multitude d'oiseaux. Une idée, enfin, que je qualifierai de politique, à défaut d'un autre mot, un rappel du réel avec un lien qui m'a semblé évident avec les images de massacres bien actuels, images des corps charriés par les fleuves africains du Rwanda, images des corps flottants lors du Tsunami. Une idée qui ramène à la violence de l'homme sur l'homme et qui n'est sans doute pas innocente. Rien chez Spielberg, et depuis le début, n'est innocent.

Un peu loin de la série B, non ?

Quand on pense à cette image, à sa construction et sa signification, on ne peut pas se satisfaire de l'image de Spielberg cinéaste de divertissement. Il est l'un des grands créateurs modernes. D'autant plus qu'il est aussi divertissant, c'est à dire qu'il a le pouvoir de ceux qui ont un public assez large pour leur donner la liberté de faire ce qu'ils veulent. Comme Ford, Hitchcock, Hawks, Capra, Léone... Il a la même capacité à nous donner des oeuvres lisibles à plusieurs niveaux. Et il est l'un des derniers aux États-Unis à pouvoir et savoir le faire avec Martin Scorcese. Contrairement à Coppola, Friedkin et Cimino qui ont été broyés par le système, contrairement à Dante, Carpenter et de Palma qui doivent composer avec des contraintes économiques drastiques, contrairement à Lucas qui est resté infantile (mais amusant), Spielberg continue à construire son oeuvre, tournant beaucoup et capable, sur un thème classique, de nous donner une variation de grand style.

15/07/2005

Flashback

Le plus beau et le plus douloureux des souvenirs.
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Photographies : capture DVD MGM 

14/07/2005

Guerre des Mondes

Je suis absolument ravi que le dernier film de Steven Spielberg inspire autant d'analyses passionnantes chez Sébastien, Sandrine, Zohiloff et pas mal d'autres. D'autant plus heureux que ce film, je ne le sentais pas. Je ne voyais pas ce que Spielberg pouvait faire de cette histoire. Homme de peu de foi !

De fait, je ne suis pas loin de penser comme Tlön que La Guerre des Mondes est un film important, pour le cinéma de Spielberg et pour le cinéma américain d'aujourd'hui. Tout ce qui a été écrit autour du motif de l'oeil et du regard me semble juste et je n'y ajouterais rien. Ce qui m'a frappé dans ce film, c'est qu'il m'apparaît comme le double inversé de Rencontres du 3e Type, retournant systématiquement les propositions de ce film de jeunesse. Le film d'une époque et d'un age d'enthousiasme et d'optimisme laissant place à une noirceur qui, après AI et Minority Report, fait froid dans le dos. Est-ce l'âge ou la marche du monde qui plonge ainsi Spielberg dans le pessimisme ? Sans doute un peu des deux. La Guerre des Mondes, très fidèle en cela au roman originel, est le récit d'une fuite, d'une terreur, d'une panique que rien ne saurait arrêter. Même le petit acte de bravoure du héros semble dérisoire face à l'ampleur destructrice de la menace extra-terrestre.
Il y a , comme dans Rencontres... un héros quelque peu immature, ouvrier de profession (électricien / grutier), petit de taille (incroyable comme Tom Cruise semble aussi jeune que son fils) mais cette fois, la famille est éclatée et la violence est présente dès le début avec la glaçante scène du base-ball. Et le héros ira jusqu'au meurtre.
Il y a , comme dans Rencontres... un voyage, mais un voyage de cauchemar qui est une fuite éperdue loin de la recherche de la révélation d'un miracle. Un voyage qui culmine avec les scènes d'émeute autour de la voiture (quel symbole !).
Il y a , comme dans Rencontres... ce son un peu grave qui annonce l'arrivée des engins spatiaux. Mais ici, pas de tentative de contact, pas d'observation les yeux grands ouverts, émerveillés. Cette fois, ce sont des yeux tétanisés par l'horreur.
Il y a comme chez E.T., le bras décharné qui se tend, mais ce n'est pas un bras ami, c'est un bras de mort.
Il y a l'enlèvement d'un enfant.
Il n'y a pas, il n'y a plus cette élaboration d'une communication à travers la musique. La communication, ce thème central de l'oeuvre de Spielberg est totalement absente de ce film, et ce pour la première fois. Le film est sur cette absence, cette impossibilité. C'est là, pour moi, qu'il est le plus « politique ». Parce que le film, comme Minority Report nous parlait de délire sécuritaire, nous parle de notre monde et, en l'occurrence, de la guerre que livrent les États-Unis à un ennemi impitoyable, peu visible et avec lequel ils sont incapables de communiquer. Et Spielberg, comme H.G.Wells, n' a pas de réponse, sinon l'ironie d'une intervention in extremis du destin. Comme réalisateur virtuose, il met désormais le même talent à faire surgir du quotidien, non plus le merveilleux, mais la peur. Il fait resurgir les images des pire conflits de ces dernières années, le 11 septembre et l'Irak évidemment, mais aussi les conflits africains avec ces cadavres charriés par le fleuve, les Balkans avec ces guérillas urbaines. Il y a l'image des cendres, qui ramène à New-York mais aussi au Varsovie de Schindler. Très fort. Fusion (presque) parfaite entre la forme et le fond, le film emporte dans son mouvement et laisse émerger la réflexion. Nous en sommes donc arrivés là ?

Quelques mots pour finir sur la fin. Elle est outrageusement mélodramatique. Spielberg a souvent eu du mal à terminer ses films, allant jusqu'à empiler plusieurs fins l'une derrière l'autre. Celle-ci me laisse dubitatif. Notre héros à triomphé de ses épreuves, et alors ? J'ai un peu pensé au final de La Prisonnière du Désert, avec ce porche et ce plan de la porte. Il faudrait peut être creuser l'idée.

13/07/2005

Le Grand Sam

Dans le panthéon peu enviable des réalisateurs martyrs d'Hollywood, entre Welles, Gilliam, Cimino et Léone, Sam Peckinpah tient une place de choix. Je ne sais plus quel grand réalisateur actuel disait que, quand il voyait Major Dundee, il en pleurait de rage de voir ce qui avait été fait de ce film. Et bien, ce réalisateur et les amateurs du grand Sam pourront un peu sécher leurs sanglots puisque sort, enfin, une édition « extended » de ce superbe western, un peu trop vite traduit en français par « intégrale ». la sortie DVD est prévue pour fin août, mais aux pays Bas, c'est déjà fait. Du coup, je l'ai vu, il n'y a pas deux heures.
Il faut un petit peu modérer son enthousiasme. Cette version comprend 12 minutes supplémentaires, un commentaire audio de trois spécialistes de Peckinpah, deux documentaires et, c'est une première, une toute nouvelle composition musicale écrite pour le film. Mais nous sommes encore loin du compte puisqu'il manque environ 20 minutes pour arriver à la version qui mériterait le nom d'"intégrale", telle que voulue par le réalisateur.

Major Dundee, il faut le rappeler, est la première grosse production de Peckinpah après son coup d'éclat de Coups de feu dans la Sierra en 1963. Le film se monte autour de Charlton Heston qui considérera toujours ce rôle comme l'une de ses créations majeures. On ne peut pas lui donner tort. Dépassé par la logistique du film, tourné au Mexique, Peckinpah se brouille avec le producteur, s'engueule copieusement avec Heston qui ira jusqu'à le menacer de son sabre. Ceci n'empêchera pas Heston, lorsque le film risquera d'être arrêté, de renoncer à son salaire et de prendre la défense du réalisateur. Rien n'y fait, Le producteur finit par virer Peckinpah, réduira drastiquement la longueur du film et imposera une partition musicale envahissante de Daniele Amphiteatrof (avec une marche militaire de Mitch Miller) qui désespéreront le réalisateur. Peckinpah mettra quatre ans à remonter un projet. Ce sera La Horde Sauvage.

Pourquoi ce film, aujourd'hui, au-delà de son statut de « film maudit » est important ? Parce qu'il est le maillon nécessaire qui permet de faire La Horde Sauvage. Tout y est déjà. Amos Dundee est un homme qui se lance dans l'Aventure à la poursuite d'un improbable apache, Sierra Charriba, avec une troupe disparate composée de nordistes, de prisonniers sudistes volontaires, de soldats noirs et de vauriens de toutes sortes. Dundee est au sommet d'un triangle, à la recherche d'un Destin à la hauteur de son idéal. Le chef confédéré (Richard Harris) partage ce sentiment, mais l'exprime à travers une feinte aristocratie sudiste à la Reeth Butler. Au troisième coin du triangle, L'indien Charriba qui répète plusieurs fois « Et maintenant, qui allez vous m'envoyer ? » lui aussi, cherche un adversaire à sa taille pour « pouvoir en parler autour du feu de camp pendant mille ans ».

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Major Dundee, c'est la prolongation du discours de Peckinpah sur le mythe du western. C'est aussi le film où il règle ses comptes avec Ford, prétendant rétablir la vérité esthétique de l'Ouest, avec ses cow-boys crasseux, ses cavaliers dépenaillés, sa violence. Il y a une très jolie scène de sortie de fort, comme en a fait Ford plus d'une fois, où chaque groupe de la troupe hétéroclite de Dundee chante son air « communautaire » : Dixie pour le Sud, When Johnny Comes Marching Home pour le Nord, l'appel de la cavalerie pour les réguliers et My Darling Clémentine pour les convoyeurs. Au bel ordonnancement de Ford se substitue la cacophonie et le chaos.

Mais Peckinpah admire aussi Ford, c'est son paradoxe et la force de son cinéma. Ses héros cherchent toujours à se raccrocher à des valeurs, aux valeurs supposées de l'Ouest des pionniers. Ces valeurs, ce combat suceptible de les illustrer, ils le trouvent souvent, malgré eux, sur l'autre rive du Rio Grande. Ici, Peckinpah passe pour la première fois le fleuve pour aborder la terre mexicaine avec sa politique compliquée, son authenticité, son sens de la fête, ses enfants si vivants et ses femmes si bien en chair. Dundee a une belle scène avec une mexicaine qui annonce celles avec Pike (William Holden) dans la Horde Sauvage, ou d'autres encore dans Pat Garrett et Billy the Kid ou Apportez Moi la Tête d'Alfredo Garcia. On retrouve également une longue séquence de fête dans un village délivré avec départ déchirant à l'aube très proche de celle de La Horde Sauvage.

Major Dundee n'est pas un chef d'oeuvre, mais il n'en est pas loin. Il est la répétition générale des sommets à venir. Il est la naissance d'un style et l'affirmation d'un discours. Il est aussi la naissance d'une famille puisque l'on retrouve une très belle distribution avec James Coburn, Senta Berger, Slim Pickens, Ben Johnson, Warren Oates, LQ Jones et quelques autres gueules que l'on retrouvera dans la plupart de ses films. Encore une façon de se mettre dans la lignée de Ford.

Je termine par une anecdote que j'aime beaucoup. Peckinpah voit un film de Ford et lui dit : « Mais pourquoi vous montrez ces soldats si bien habillés ? vous savez que ce n'était pas comme ça, John ». Et Ford lui réplique : « Oui, mais sur fond de coucher de soleil, c'est tellement beau ». Le poète et le moraliste.
 
Le DVD 

12/07/2005

Les mots pour le dire (2)

La série ci-dessous mérite quelques explications. Je voulais réagir à une note de Ludovic, réagissant lui même à l'une des chroniques de Louis Skorecki à propos des Anges du Péché de Robert Bresson.

De Skorecki, j'ai déjà écrit un petit quelque chose un peu plus bas (conversation). J'ai du mal avec ceux qui font un peu les malins quand ils font de la critique, même s'ils peuvent dirent des choses intéressantes par ailleurs, cet "humour", cette distance qu'ils mettent dans leurs articles sert plus à leur propre image que à la cause des films ou des auteurs. Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que je lis ce genre de discours sur ce film de Bresson. A croire que certains veulent l'assimiler à Catherine Breillat. A croire que l'on ne peut parler d'érotisme sans employer les mots de la pornographie. Dommage.

Je me suis donc posé la question et je pensais à cette scène, celle du cimetière dans l'Homme Tranquille, qui représente pour moi un sommet d'érotisme. Et je me suis demandé avec horreur comment elle pourrait être vue avec ces mots là.

16:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Blog, critique |  Facebook |  Imprimer |

10/07/2005

Les mots pour le dire

J'avais eu quelques problèmes techniques avec ces photographies, mais ça me semble réglé.


05/07/2005

L'enfer et le paradis

C'est l'été Cimino, en France. Ressortent en salle ses trois sommets : Deer Hunter (Voyage Au Bout De l'Enfer - 1978), Heaven's Gate (La Porte Du Paradis - 1980) et Year Of The Dragon (L'Année du Dragon – 1985), parralèlement à leur sortie DVD. La plus significative est celle de Heaven's Gate dans sa version complète puisque, jusqu'ici, n'existait que l'atroce version courte imposée à la sortie par le studio.

C'est quand même un evènement que l'on retrouve ainsi, comme pour Hellmann, les grands moments du cinéma américain dans ce qu'il peut avoir de meilleur. Que le temps permette à de tels film de prendre leur revanche sur des décisions commeciales, la myopie de la critique, l'inattention du public. Cimino est emblématique de cela. Je n'ai jamais bien compris comment on a pu passer, en 1980, à côté d'un film comme Heaven's Gate. Il y eu une conjonction d'évènements qui ont littéralement assasiné le film. Les célèbres dépassements, la faillite d'United Artist, le charcutage du film par le studio, la présentation à Cannes en 1980 de cette version tronquée, les accusations de lecture « marxiste » de l'histoire, le sale caractère de Cimino, le contexte politique qui voyait le retour en force des conservateurs américain et puis, peut être le plus redoutable, l'inflexion de Hollywood en direction d'un public adolescent. Il faudra plus de dix ans pour retrouver cette Porte du Paradis intégrale, un film qui a la force épique de Lawrence d'Arabie, de la Horde Sauvage ou d'Apocalypse Now.

Le film était d'ailleur ressortit au début des années 90 en compagnie d'un autre martyr de l'époque : Pat Garrett et Billy The Kid de Sam Peckinpah. Il y a là plus qu'une filiation. Une communauté d'âme.

Cimino comme Peckinpah, est un héritier direct de Ford, un héritier qui admire la forme, la force d'un cinéma homérique qui chante la naissance d'une nation. Mais un héritier qui n'arrive plus à croire au mythe parce qu'il est entré dans le temps du doute. Déjà Ford, en fin de carrière, se posait le problème de la légende. Peckinpah puis Cimino ont fait exister leur oeuvre en mettant en scène leur fascination tout autant que leur répulsion vis à vis de cette légende. C'est ce qui explique leur violence (la colère) et leur mélancolie (le regret). Je ne sais plus qui a dit « le cinéma, c'est la nostalgie de ce qui n' a pas existé ». Cela s'applique joliement à ces cinéastes.

Même si les trois grands films de Cimino ont connu auprès du public des fortunes diverses. Ils forment bien un tryptique cohérent, une même histoire. Un homme seul, accroché à des valeurs qu'il idéalise, se bat à contretemps pour retrouver l'idée qu'il se fait de la communauté. Mais il doute que cette idée ait même existé. Ce qui le fait tenir debout, c'est que c'est un buté.

Ce qui est symptomatique, c'est que les héros de Cimino sont toujours en retard : James Averill (Kris Kristofferson) n'empêche pas le massacre des pionniers ni la mort de Ella (Isabelle Huppert). Michael (Robert de Niro) ne sauve pas Nick (Christopher Walken) du Vietnam et de la folie, pas plus que Steven (John Savage) qui revient « pire que mort ». Stanley White (Mickey Rourke) provoque la mort de tous ceux qui lui sont proches (ou presque). Seul Michael, d'une certaine façon, trouve un peu de paix dans le final de Voyage Au Bout De l'Enfer. A quel Prix ?

Cette façon d'aborder l'histoire et le cinéma, c'est celle qui émergé à la fin des années 50, avec la chute du sytème des studios et la montée en puissance de la génération des Arthur Penn, Sydney Pollack... Dans les années 70, c'est la prise de relais des « Movie Brats » (Lucas, Coppola, Spielberg, DePalma...) dont la réussite va provoquer un virage radical des studios en direction du pur divertissement à grand spectacle. Aujourd'hui, à quelques miracles près, les grandes oeuvres des années 70 sont loin derrière leurs auteurs (Coppola, Cimino, Schrader), ou bien ils ont choisi de suivre le mouvement (Lucas, Spielberg une fois sur deux).

Il y a une discussion en cours sur Notre Musique sur le rapport entre les cinémas américains et français, la fascination du second pour le premier. Le cinéma de Michael Cimino donne des réponses et, aujourd'hui, de gros regrets.

04/07/2005

L'enfance d'Ivan

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02/07/2005

En sifflant l'Internationale

en début d’année, le cinéaste Pierre Merejkowsky a siffloté l'Internationale dans son film Insurrection/Résurrection pendant 7 secondes. La SACEM a alors exigé du producteur, les Films Sauvages une somme de 1000 € pour les droits d’auteurs. Les droits appartiennent à la société Le Chant du Monde et ne tomberont dans le domaine public qu’en 2014. De quoi être amer quand on sait que le film n'a eu qu'une diffusion confidentielle (300 entrées sur paris !). De quoi laisser rêveur quand on sait que la chanson a été écrite à l’époque de la Commune de Paris en 1871 par Eugène Pottier et qu’elle a été mise en musique par Pierre Degeyter en 1888 ! Et c’est d’autant plus délirant que la chanson a été exploitée à l’échelle d’un continent et que, aujourd’hui encore, elle est chanté dans les réunions publiques de plusieurs partis politiques sans donner lieu à la moindre perception. Interrogé à ce sujet par Libération, Alain Krivine s’est marré.

Bine sûr, le plus difficile à accepter, c’est qu’une telle chanson ne soit pas dans le domaine public. Illustration par l’absurde des dérives du droit d'auteur devenu aujourd'hui prétexte d'enjeux commerciaux énormes et qui n'ont plus rien à voir avec l'art, les auteurs et leurs droits légitimes.

Je voulais vous parler d'une revue originale : les Acharnistes, qui publie également sur la toile. Ce faisant, je suis tombé sur ce texte tout à la fois drôle et dramatique écrit par Pierre Merejkowsky, posant la question de fond sur le travail d'un cinéaste aujourd'hui. Une question lancinante : comment raconter le monde quand l'espace public est à ce point envahi par les droits de toutes sortes ? Je vous en offre, avec, je l'espère, sa permission, un extrait :

Je ne veux pas être manipulé. Je ne veux pas non plus m’exposer à un Procès.
Je ne suis pas suicidaire. Je refuse de sortir le premier de la tranchée. Et de me faire tirer dessus comme un petit lapin. Les petits lapins n’ont aucune défense face aux chasseurs. Je ne suis pas un petit lapin. Je suis un artiste itinérant employé par une association itinérante.
Je n’ai aucune raison de prendre inutilement des risques.
Par conséquent, et cette décision sera en ce qui me concerne irrévocable et définitive, je ne filmerai aucun visage, aucune tête, aucune main, aucun nez, aucune jambe, aucun sexe.

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30/06/2005

Et 1000

C'est un peu facile, mais je suis trop content pour résister. J'ai passé les 1000 visites hier pour le mois. Je sais que c'est modeste par rapport à beaucoup d'autres, mais ça suffit à mon bonheur.

Je tiens à remercier tous ceux qui passent régulièrement ici, espérant qu'ils et elles y passent un petit moment agréable. Une pensée particulière pour Marie, Marie T, SugarK, Ludovic et Jean Pierre que je sais passer régulièrement.

Du coup, je me suis décidé à ouvrir un autre blog pour poursuivre ces échanges. Ce sera plus généraliste, il y a plein de choses qui m'intéressent, mais je ne veux pas mélanger avec ma passion première, le cinéma. Je vous donne donc rendez vous, pour le reste, sur l'Hispaniola.

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29/06/2005

Non aux brevets logiciels

C'est ici et maintenant que ça se passe :
STOP Software Patents!

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25/06/2005

Une gâchette en or

Ce n'est pas pour la profondeur de ses analyses que je fréquente régulièrement le site de Shobary. Mais pour un amateur de westerns italiens comme moi, c'est un très intéressant site ressource. L'amateur éclairé comme celui qui souhaite s'initier au genre y trouvera de nombreux extraits sonores, des images, des portraits d'acteurs emblématiques et surtout de nombreuses bandes annonces.

Côté critique, disons que nous ne partageons pas la même approche. Les films sont évalués à l'aide de ... cercueils. Quand on sait l'importance de cet objet dans l'imaginaire des westerns italiens (Les Forcenés et Django de Sergio Corbucci, les nombreux cimetiéres chez Léone... ) on peut penser à du second degré. Mais non, à la lecture, les films sont évalués selon des critères superficiels, le plus douteux étant celui du nombre de personnes tuées par chacun des protagonistes principaux. Voilà qui ne fera pas grand chose pour l'analyse du genre. Pour le reste, c'est une mine d'informations.

Pour ce qui est de textes réellement critiques, je vous incite à visiter A fistful of western, en anglais ou bien la base de données du western italien, en italien.

21/06/2005

La leçon de Stanley Donen

Samedi 18 juin, La Cinémathèque de Nice avait fait les choses en grand pour accueillir Stanley Donen. Un immense portrait du réalisateur de Cantons sous la pluie ornait la façade austère d’Acropolis et le tapis rouge avait été déroulé. Mince, plein d’humour et de simplicité, de cette décontraction si typiquement américaine, Donen a été reçu avec enthousiasme par une salle acquise et admirative. Il s’est alors prêté, pendant près de deux heures, à une leçon de cinéma, racontant sa carrière et commentant trois extraits : la danse de Gene Kelly avec la souris Jerry dans Escale à Hollywood, le fameux numéro de Mariage royal où Fred Astaire danse sur les murs et le plafond de sa chambre et, dans une copie aux couleurs éblouissantes, un ballet musclé des Sept femmes de Barberousse.
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Mais au final, la leçon la plus significative de cinéma qu’il nous a donné, c’est au bout de 40 minutes, quand il s’est tourné vers la salle pour dire (je cite de mémoire) : « Bon, j’ai peur de vous ennuyer, passons à autre chose ». Il s’est révélé là pleinement ce que les américains appellent un « entertainer » à mi chemin entre un artiste et un amuseur.

Cette obsession du rythme, cette densité de la création, ce cinéma qui est mouvement et vitesse, ce cinéma qui est l’humour et la grâce, léger comme les pas de Fred Astaire, c’est bien le sien. C’est tout ce grand cinéma hollywoodien à son meilleur, celui qui nous manque cruellement aujourd’hui. Le reste n’est qu’anecdote. Si Donen nous a parlé de ses trucs, de son métier de chorégraphe, de ses idées techniques de mise en scène, il n’a rien dit, vraiment, sur son art de cinéaste. Sauf quand il eu cette peur d’ennuyer son audience et puis, un peu pus loin quand il a dit que, si une idée pouvait passer par le cinéma, par son langage propre, c’était mieux.

Donen fait partie, et il est l’un des derniers à Hollywood, de ces cinéastes qui pensaient cinéma et qui se sont, très généralement, refusé à théoriser leur travail. Je pense à Ford, Hawks, Walsh, Minelli, Lubitch, Capra... Ils avaient des tempéraments visuels avant tout. L’image, le rythme, le mouvement, formaient l’essence de leur cinéma.

En revoyant ses comédies musicales, des plus célèbres aux plus modestes, on ressent encore cette incroyable optimisme. La mélancolie viendra après, à l’époque des comédies sophistiquées qu’il réalisera quand les studios ne feront plus de comédies musicales. Pour l’heure, comment ne pas être positif quand, à 26 ans, on réalise son premier film avec son idole (Astaire). François Truffaut disait que la scène phare de Chantons sous la pluie était la séquence la plus euphorique de l’histoire du cinéma. Comment ne pas se sentir porté sur les ailes de la danse quand on a pu faire défiler devant sa caméra Astaire, Kelly, Cyd Charisse, Audrey Hepburn, Debbie Reynolds ou Cary Grant ?

Comment dès lors, mettre en mot ce qui sont pures sensations ? Sa façon de filmer les numéros musicaux, avec le minimum de coupes, parfois en plan séquence, tout au service du ou des danseurs, révèle à la fois son admiration pour leur art et sa fascination. Comment couper les évolutions de Kelly sous l’orage ? Ce n’est pas possible. Par contre la caméra est incroyablement mobile et souligne le mouvement de la danse. Jamais elle ne le crée artificiellement. C’est de cet effacement que naît la magie, de la capacité de Donen à nous faire partager son bonheur voir danser ses acteurs. Quelle belle leçon.

20/06/2005

La scène du téléphone

J'ai eu plus de mal à la trouver
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01:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog, théorie |  Facebook |  Imprimer |