La leçon de Stanley Donen (21/06/2005)
Samedi 18 juin, La Cinémathèque de Nice avait fait les choses en grand pour accueillir Stanley Donen. Un immense portrait du réalisateur de Cantons sous la pluie ornait la façade austère d’Acropolis et le tapis rouge avait été déroulé. Mince, plein d’humour et de simplicité, de cette décontraction si typiquement américaine, Donen a été reçu avec enthousiasme par une salle acquise et admirative. Il s’est alors prêté, pendant près de deux heures, à une leçon de cinéma, racontant sa carrière et commentant trois extraits : la danse de Gene Kelly avec la souris Jerry dans Escale à Hollywood, le fameux numéro de Mariage royal où Fred Astaire danse sur les murs et le plafond de sa chambre et, dans une copie aux couleurs éblouissantes, un ballet musclé des Sept femmes de Barberousse.
Mais au final, la leçon la plus significative de cinéma qu’il nous a donné, c’est au bout de 40 minutes, quand il s’est tourné vers la salle pour dire (je cite de mémoire) : « Bon, j’ai peur de vous ennuyer, passons à autre chose ». Il s’est révélé là pleinement ce que les américains appellent un « entertainer » à mi chemin entre un artiste et un amuseur.
Cette obsession du rythme, cette densité de la création, ce cinéma qui est mouvement et vitesse, ce cinéma qui est l’humour et la grâce, léger comme les pas de Fred Astaire, c’est bien le sien. C’est tout ce grand cinéma hollywoodien à son meilleur, celui qui nous manque cruellement aujourd’hui. Le reste n’est qu’anecdote. Si Donen nous a parlé de ses trucs, de son métier de chorégraphe, de ses idées techniques de mise en scène, il n’a rien dit, vraiment, sur son art de cinéaste. Sauf quand il eu cette peur d’ennuyer son audience et puis, un peu pus loin quand il a dit que, si une idée pouvait passer par le cinéma, par son langage propre, c’était mieux.
Donen fait partie, et il est l’un des derniers à Hollywood, de ces cinéastes qui pensaient cinéma et qui se sont, très généralement, refusé à théoriser leur travail. Je pense à Ford, Hawks, Walsh, Minelli, Lubitch, Capra... Ils avaient des tempéraments visuels avant tout. L’image, le rythme, le mouvement, formaient l’essence de leur cinéma.
En revoyant ses comédies musicales, des plus célèbres aux plus modestes, on ressent encore cette incroyable optimisme. La mélancolie viendra après, à l’époque des comédies sophistiquées qu’il réalisera quand les studios ne feront plus de comédies musicales. Pour l’heure, comment ne pas être positif quand, à 26 ans, on réalise son premier film avec son idole (Astaire). François Truffaut disait que la scène phare de Chantons sous la pluie était la séquence la plus euphorique de l’histoire du cinéma. Comment ne pas se sentir porté sur les ailes de la danse quand on a pu faire défiler devant sa caméra Astaire, Kelly, Cyd Charisse, Audrey Hepburn, Debbie Reynolds ou Cary Grant ?
Cette obsession du rythme, cette densité de la création, ce cinéma qui est mouvement et vitesse, ce cinéma qui est l’humour et la grâce, léger comme les pas de Fred Astaire, c’est bien le sien. C’est tout ce grand cinéma hollywoodien à son meilleur, celui qui nous manque cruellement aujourd’hui. Le reste n’est qu’anecdote. Si Donen nous a parlé de ses trucs, de son métier de chorégraphe, de ses idées techniques de mise en scène, il n’a rien dit, vraiment, sur son art de cinéaste. Sauf quand il eu cette peur d’ennuyer son audience et puis, un peu pus loin quand il a dit que, si une idée pouvait passer par le cinéma, par son langage propre, c’était mieux.
Donen fait partie, et il est l’un des derniers à Hollywood, de ces cinéastes qui pensaient cinéma et qui se sont, très généralement, refusé à théoriser leur travail. Je pense à Ford, Hawks, Walsh, Minelli, Lubitch, Capra... Ils avaient des tempéraments visuels avant tout. L’image, le rythme, le mouvement, formaient l’essence de leur cinéma.
En revoyant ses comédies musicales, des plus célèbres aux plus modestes, on ressent encore cette incroyable optimisme. La mélancolie viendra après, à l’époque des comédies sophistiquées qu’il réalisera quand les studios ne feront plus de comédies musicales. Pour l’heure, comment ne pas être positif quand, à 26 ans, on réalise son premier film avec son idole (Astaire). François Truffaut disait que la scène phare de Chantons sous la pluie était la séquence la plus euphorique de l’histoire du cinéma. Comment ne pas se sentir porté sur les ailes de la danse quand on a pu faire défiler devant sa caméra Astaire, Kelly, Cyd Charisse, Audrey Hepburn, Debbie Reynolds ou Cary Grant ?
Comment dès lors, mettre en mot ce qui sont pures sensations ? Sa façon de filmer les numéros musicaux, avec le minimum de coupes, parfois en plan séquence, tout au service du ou des danseurs, révèle à la fois son admiration pour leur art et sa fascination. Comment couper les évolutions de Kelly sous l’orage ? Ce n’est pas possible. Par contre la caméra est incroyablement mobile et souligne le mouvement de la danse. Jamais elle ne le crée artificiellement. C’est de cet effacement que naît la magie, de la capacité de Donen à nous faire partager son bonheur voir danser ses acteurs. Quelle belle leçon.
06:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma, Stanley Donen, comédie musicale | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Quel plaisir de trouver, au hasard de mes pérégrinations sur la blogosphère, un amateur de comédies musicales, qui en parle si bien! C'est vrai que je n'ai jamais vraiment réfléchi à la façon de filmer une comédie musicale. J'exultait devant ces petites merveilles qui ont bercé mon enfance (comme quoi elles ne disparaitront jamais!) sans me demander pourquoi. Et c'est certainement en effet parce que le réalisateur disparait derrière ses danseurs, et Gene Kelly derrière Don Lockwood.
Je donnerais n'importe quoi pour voir mes héros au cinéma... Peut-être qu'un jour, la "grande ville du cinéma" qu'est Paris daignera me faire le plaisir de les reprogrammer? Je ne désespère pas...
Écrit par : Chachou | 21/06/2005