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16/06/2006
Django
Le moment me semble bien choisi pour vous faire partager l'ouverture de ce film emblématique du western italien : Django, réalisé en 1966 par Sergio Corbucci. Film matrice, créateur d'un mythe qui inspirera des légions (romaines) de déclinaisons (latines), souvent imité mais bien sûr jamais égalé, Django est un diamant noir. Les quelques minutes de l'ouverture suffisent à exprimer la radicalité du projet de Corbucci. Jamais un héros de western n'était arrivé à pied, à l'exception de John Wayne dans Hondo de John Farrow, mais il marchait de face, au soleil, un chien sur les talons. Deux ans plus tôt, Sergio Léone faisait arriver l'homme sans nom, Clint Eastwood, sur un âne, c'était un premier pas ironique. Django lui, enveloppé dans sa cape noire, chemine péniblement sous une fine pluie, de dos, trébuchant dans la boue, traînant son mystérieux cercueil comme une croix. Le paysage n'est pas ouvert sur de vastes étendues mais, désolé, se refermant entre deux collines chétives.
Franco Nero raconte avec humour comment lors du tournage de cette scène, Corbucci lui a donné comme instructions d'avancer sans se retourner et qu'il lui dirait quand stopper. Au bout d'une dizaine de minutes, n'entendant rien venir, il se retourne et découvre que l'équipe s'est fait discrètement la malle. Un certain sens de la plaisanterie.
Corbucci retourne soigneusement tous les signes habituels du genre pour donner une vision étonnamment neuve et sombre. Second élément qui place d'emblée Django à mille lieues au-delà de Per un pugno di dollari (Pour une poignée de dollars - 1964) et de ce qui avait été fait jusqu'ici, l'irruption du fantastique gothique. Le cercueil, bien sûr, mais aussi ces lettres rouges sang, dont la police serait adaptée aux films de la Hammer anglaise ou à ceux de Mario Bava. Si les premiers westerns italiens se plaçaient sous le signe de l'imitation, si Léone allait « s'inspirer » du Yojimbo de Kurosawa et engager un cow-boy authentique, Corbucci va puiser son inspiration visuelle dans une tradition bien européenne et à-priori aussi éloignée que possible de l'univers du western. Comme il le fera deux ans plus tard dans Le grand silence, il n'hésite pas à s'asseoir sur le genre. Il ne rend pas hommage, il ne fait pas de clin d'oeil, il subvertit, il dynamite dans un grand éclat de rire sardonique. Car l'humour ne manque pas dans Django, un humour noir all'dente comme lors de la scène de l'oreille. Un humour qui passe ici par les paroles de la chanson pop chantée par Roberto Fia sur la musique de Luis Bacalov. Une chanson qui parle d'amour perdu, d'une femme aimée, du soleil qui brillera demain. Une chanson dont les mots sont en contradiction totale avec ce qui nous est montré sur l'écran. Une chanson qui laisse croire que le film sera une nouvelle histoire de vengeance. Mais l'entreprise de subversion des codes menée par Corbucci va jusqu'à s'en prendre au western italien lui-même et ce thème de la vengeance laisse brutalement place, à mi parcours du film, à des motivations plus vénales. Corbucci va au bout, jusqu'à cette rédemption improbable au cœur d'un cimetière. Revenu du royaume des morts, c'est chez eux que Django retourne pour puiser les dernières forces nécessaires à son ultime combat.
A lire, le très bel article de Francis Moury sur DVDrama auquel il me semble que Ludovic rend hommage.
Django, have you always been alone?
Django, have you never loved again?
Love will live on, Oh Oh Oh...
Life must go on, Oh Oh Oh...
For you cannot spend you life regreatting.
Django, you must face another day.
Django, now your love has gone away.
Once you loved her, whoa-oh...
Now you've lost her, whoa-oh-oh-oh...
But you've lost her for-ever, Django.
When there are clouds in the skies, and they are grey.
You may be sad but remember that love will pass away.
Oh Django!
After the showers is the sun.
Will be shining...
Once you loved her, Whoa-oh...
Now you've lost her, Whoa-oh-oh-oh...
But you've lost her for-ever, Django.
When there are clouds in the skies, and they are grey.
You may be sad but remember that love will pass away.
Oh Django!
After the showers is the sun.
Will be shining...
Django!
Oh Oh Oh Django!
You must go on,
Oh Oh Oh Django...
23:05 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, sergio corbucci, western | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
les deux blogs cinéphiliques que je fréquente (avec eightdayzaweek qui est un cas a part) font leur "Une" sur Django...Le photogramme proposé par Ludovic est vraiment beau. Je pensais à Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia... mais en fait non...
Enfin bon, va falloir que je me matte ce film. (après l'integrale John Ford...Pfouh...Une vie ne suffit pas à (re)découvrir tout ce qu'il y a à (re)découvrir...).
Je sais pas si Django est dans la même veine qu'El Chuncho... Mais voila j'ai également penser à El Chuncho en lisant vos écrits à vous deux Ludovic et Vincent.
Écrit par : L'Anonyme de Chateau Rouge | 17/06/2006
Blind test de BO ce soir 19h00 sur 8DayzAWeek, amateurs et compétiteurs cinéphiles bienvenus !!!
Écrit par : mariaque | 19/06/2006
Great !!
Écrit par : imposture | 19/06/2006
Merci pour la qualification élogieuse de mon article sur DJANGO publié sur Dvdrama.
Bien à vous et tout cinéphiliquement vôtre
Francis Moury
Écrit par : francis moury | 22/06/2006
C'était un grand plaisir de vous lire. Merci de votre passage.
Anonyme, j'avais fait quelque chose sur El Chuncho en novembre. J'adore aussi ce film. Je pense qu'il est assez différent de Django. Django est plus abstrait, ancré dans un univers purement imaginaire, assez fantastique. El Chuncho (Quien sabe) est un film clairement politique (c'est Damiano Damiani) avec souvent une sorte de volonté quasi documentaire dans les portraits des gens. En même temps le film a des acents lyriques et, d'une certaine façon, il est porteur d'espoir.
Le film de Corbucci, comme Le grand silence, est franchement déspéré, sombre et ironique, je dirais sarcastique. Ce qui est amusant c'est que Corbucci a aussi fait des films plus dans l'esprit de El Chuncho avec Le mercenaire et Companeros ! Il y a à découvrir.
Écrit par : vincent | 23/06/2006
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