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05/02/2022

Springsteen par Morricone

"Rien que la lecture des paroles de Jungleland, Racing In The Street et de The River nous fait prendre conscience que c’est une réalité. L’écriture de Springsteen est "cinématographique": chaque vers est un plan de caméra, chaque couplet est une scène, et chaque chanson nous introduit la personnalité entière du personnage, prise à un moment décisif de sa vie." (Ennio Morricone)

bruce springsteen,ennio morricone

 

07/04/2018

2003 en musique (Zoom arrière)

Je n'y reviens pas assez sur Inisfree, mais l'aventure Zoom Arrière poursuit sa route. Publication du top 2003 avec un bel éditorial signé Edouard qui nous ramène à des pratiques que nous avons tous connues. Cahier bleu ou fiches cartonnées, petit carnet rouge et noir ou calepin moleskine il fallait garder une trace avant que n'arrivent les blogs et leurs notes en ligne. Sur l'année 2003, difficile de me reconnaître dans le sommet, un film que je n'ai pas aimé à sa sortie et que je n'éprouve, contrairement à d'autres, aucune envie de revoir. Je préfère nettement les cartes postales de Henri-François Imbert aux travellings arrière interminables de Gus Van Sant.  L'ensemble des résultats est contrasté, c'est l’intérêt de l'exercice, et pour moi j'en retiendrais une belle année de cinéma asiatique, d'animation et de quelques grandes œuvres musicales.


 




29/10/2013

Des visages, des figures

C'est un tout petit film. Cinq minutes filmées par Chris Hilson et montées par Thom Zimny, jointes à la lettre de remerciements que Bruce Springsteen a adressé à son public à l'issue de la tournée Wrecking ball. Hilson et Zimny ont travaillé sur les films des concerts de New-York, Dublin, Barcelone et l'impressionnant London calling – Live in Hyde Park de 2010. Ils savent de façon remarquable saisir la puissance du Boss et de son E-street Band sur scène. Le principe cette fois est tout simple. Des visages le plus souvent en gros plan de spectateurs pris lors des concerts sur l’interprétation habitée, comme toujours, de Dream, baby, dream de Suicide. Des visages au cœur de l'action. Figures de femmes et d'hommes, jeunes et vieux, des enfants, des couples, un groupe d'amis, toute la palette des réactions et surtout des regards. Des regards tournés vers cet homme au charisme unique qui chante, porté par ces regards et soutenu par ce groupe de musiciens, derrière, ce groupe que l'on verra plus tard, visage après visage encore. Un homme porté par sa foi, parce que Springsteen, c'est une histoire de foi. Foi dans la musique, sa musique qui puise à toutes les racines du rock. Foi au sens religieux aussi avec cette dimension issue du christianisme et ses symboles, l'eau du baptême qui coule en ouvrant le film, la posture christique du chanteur qui s'abandonne aux bras multiples de la foule, sa façon de jouer les prédicateurs de la grande épiphanie du rock and roll, la chanson elle même, psalmodiée avec ses nappes sonore, paroles simples reprises encore et encore, et puis les chœurs gospel vers la fin. Come on dream, baby dream...

Pourtant tout ce fatras religieux n'est pas ici ni gênant, ni réducteur. Il est sincère parce que direct. Ce jeu sur le rituel est le vecteur ouvert entre l’artiste et son public et une ferveur authentique répond à l'engagement total du chanteur. Et puis, quand même, toujours cette pointe d'humour et cette simplicité désarmante. Chaque plan de ce film pourrait être démagogique ou racoleur. Pas une seconde ne l'est. Chaque portrait choisi possède sa vérité, chaque personne pèse son poids d'humanité, et quiconque a assisté à un concert de Springsteen, à quelques pisse-froids près, a certainement ressentit cette émotion qui porte et transporte. Il y a dans ces regards l'essence du rapport entre le Boss et son public, cette façon qu'il a face à des foules impressionnantes, de s'adresser à chaque individu. De la même façon, chacun de ses portraits est le notre car nous partageons intimement la même foi. Ou pour faire moins illuminé, nous partageons la même chose avec la même intensité.

Souvent, dans les films de concerts, le public est réduit à une masse mouvante en vénération. Cette fois la caméra plonge dans la foule pour extraire un fragment d'expression qui traduit l'expérience personnelle du concert. Les visages sont beaux, cet homme qui retient ses larmes (il écoute The river ?), le couple âgé dont on peut deviner l'histoire, le petit geste de la femme aux long cheveux frisottés, la petite fille un peu perdue sur les épaules de son père, la joie du jeune couple qui danse... Et nous sommes avec eux, nous faisons partie. C'est cela, les beaux concerts, les beaux films, rendent beaux ceux qui les écoutent, qui les regardent.

A la fin, les plans sur les membres du groupe les unissent aux spectateurs tandis que le Boss remonte sur scène. Puis il y a ce beau plan large sur le groupe en symbiose. Et quand vient, tout à la fin, les visages des disparus, Danny Federici et Clarence Clemmons, et que le visage du grand saxophoniste se fond avec la silhouette de Springsteen qui avance sur scène, décidément, ces cinq minutes sont ce que j'ai vu de plus fort cette année.

29/06/2011

Musique et cinéma selon Inisfree - partie 2

Suite et fin de la sélection musicale avec un salut à Clarence "Big Man"Clemmons.

11/04/2009

Un moment springsteenien

Il y a une scène que j'aime vraiment bien dans The wrestler de Darren Aronofsky. C'est celle où le personnage du catcheur déchu, Randy "The Ram" Robinson joué par Mickey Rourke (dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à retrouver le Stanley White de Michael Cimino), tente de renouer avec sa fille jouée par Evan Rachel Wood. Passé un moment, il la convainc d'aller se balader sur la promenade d'Asbury Park, entre le Convention Hall et le casino. C'était l'endroit où il la menait quand elle était petite fille. Le couple déambule sur le front de mer, de grands espaces désertés, une ancienne salle en ruine. Les plans sont larges et respirent la grandeur passée. Les couleurs sont désaturées, comme passées par le temps. Au cœur de la grande salle, dans le souvenir d'un orchestre fantôme, père et fille esquissent quelques pas de danse. Un moment apaisé dans un film tout en mouvement et au montage acharné. Un temps de mystère qui m'a ramené au décor final de Carnival of the souls de Herk Harvey.

Mais bon, pour moi, c'est surtout l'ambiance de quelques-unes des plus belles chansons de Bruce Springsteen qui se déroulent autour d'Asbury Park comme Sandy (4th of july, Asbury Park)

And the boys from the casino dance with their shirts open like Latin lovers along the shore
Chasin' all them silly New York girls

Ou la fameuse Born to run

The amusement park rises bold and stark
Kids are huddled on the beach in a mist

C'est de retrouver cette qualité d'émotion qui m'a séduit, tout comme ma récente sensibilité aux histoires de pères et de filles. On retrouve cette mélancolie dans le morceau final écrit par Springsteen par amitié pour Mickey Rourke. Mais pourquoi, bon sang, sur le générique quand tout le monde se précipite hors de la salle ! Étonnant par ailleurs l'allure du Boss dans le clip du morceau, reprenant des extraits du film tandis qu'il chante sur un ring déserté. Springsteen, tel un caméléon, s'est fait le corps de Rourke. En habitant ainsi sa chanson, en investissant le personnage (la chanson est à la première personne), on pourrait dire que Springsteen joue plus que Rourke, puisque l'on nous a tellement souligné que Randy « The Ram » était Mickey Rourke. Si cela peut passer pour un compliment envers le boxeur, c'est assez vache pour l'acteur.

Have you ever seen a one-legged dog making its way down the street?
If you've ever seen a one-legged dog then you've seen me

Pour le reste, je ne suis pas trop amateur du cinéma de Darren Aronofsky. Sa mise en scène est voyante, même si elle est très maîtrisée, et convient mal me semble-t'il à une histoire somme toute classique, comme on en a vu pas mal depuis The set-up (Nous avons gagné ce soir - 1949) de Robert Wise. Du coup, ce sont quand même les acteurs qui font la valeur de ce film, donnant parfois même l'impression de batailler contre les effets de la réalisation.

10/06/2006

Images et musique

Well brunettes are fine man
And blondes are fun
But when it comes to getting the dirty job done

I'll take a red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda1.jpg


Well listen up stud
Your life's been wasted
Til you've got down on your knees and tasted

A red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda2.jpg


Tight skirt, strawberry hair
Tell me what you've got baby, waiting under there
Big green eyes that look like, son
They can see every cheap thing that you ever done

Well I don't care how many girls you've dated, man
But you ain't lived till you've had your tires rotated

By a red headed woman
A red headed woman
It takes a red headed woman
To get a dirty job done

medium_rhonda3.jpg

 

Images : Rhonda Fleming dans Tennessee's partner, un film d'Allan Dwan

Paroles : Red headed woman Copyright © Bruce Springsteen (ASCAP)

08/06/2005

Malik, Springsteen et Hawks

I saw her standin' on her front lawn just twirlin' her baton
Me and her went for a ride sir and ten innocent people died


Ce sont, en version originale, les deux premières phrases de la chanson de Springsteen «Nebraska », de l’album éponyme de 1983. Ce pourrait être le résumé littéral de Badlands (la Ballade Sauvage) premier film tant admiré de Terrence Malik. Ce pourrait certainement l’être vu que Springsteen a toujours revendiqué l’influence de ce film sur son œuvre. Tous les deux ont pour base la cavale sanglante de ce couple de jeunes américains, Charles Starkweather et Caril Fugate à la fin des années 50.

La chanson, je l’écoute depuis des années, je crois même que c’est le tout premier CD que je me suis acheté. Le film, on m’en a beaucoup parlé, surtout à l’époque de La Ligne Rouge. Mais La Ligne Rouge, je n’aime pas tellement. Je n’aime pas la philosophie du film, ou plutôt le plaquage du discours philosophique sur le film dont la forme reste malgré tout si conventionnelle si on la compare à celles de Samuel Fuller, Raoul Walsh, Steven Spielberg ou Robert Aldrich (vous retrouverez sans peine les films auxquels je fais allusion).

J’ai donc pu découvrir La Ballade Sauvage ce week end, grâce à la programmation de Cinéma Sans Frontières, et je me suis retrouvé tout aussi perplexe que face à La Ligne Rouge. L’intéressant, c’est que le débat qui a suivi m’a permis de mieux comprendre ce qui me gênait. Sur la forme et, globalement sur l’interprétation, rien à dire. Malik est un grand cinéaste qui sait filmer la nature, la lumière, qui sait en donner une image lyrique, poétique, vivante et vibrante.

Sur le fond, j’ai bien l’impression que les deux films racontent la même histoire. De jeunes êtres humains (notre couple, les jeunes soldats) veulent « être » au monde et cherchent une sorte de paradis perdu en communion avec la nature (la cabane dans l’arbre, l’île paradisiaque). Mais, inadaptés comme tous les hommes, ils sont rattrapés par la violence et replongés de force dans la société humaine, celle de la guerre et du meurtre, sous le regard indifférent de la nature. Ils chercheront en vain à s’en sortir et trouvent le mort au bout du voyage (mort physique ou spirituelle). Morale, l’homme est une pièce rapportée dans la nature, inadapté il ne porte que la destruction en lui et ne peut atteindre au « divin ».

Bien. C’est une thèse. Mais j’ai du mal à la partager. Je me sens absolument plus proche de la vision d’un Renoir, d’un Ford ou d’un Hawks pour lesquels l’homme est capable de fusionner avec la nature, il s’y révèle et s’y épanouit, voire s’y transcende. Je pensais à des films comme la Captive aux Yeux Clairs ou Hatari !, qui représentent sans doute l’absolu hawksien en la matière et dans lesquels je me retrouve complètement.

C’est sans doute pour cela que je reconnais l’art de Malik mais qu’il me restera sans doute toujours un peu étranger. Curieusement, je n’ai pas ce problème avec Springsteen. Je l’ai toujours vu comme l’héritier rock de John Ford. Va savoir !