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29/07/2006

Comment j'ai manqué les années 70.

Tout d'abord, j'avais 6 ans en 1970 ce qui me donne quand même des circonstances atténuantes. A l'époque, j'habitais Paris, dans le 12e arrondissement, près de la Porte Dorée. Il y avait deux cinémas, tous deux disparus depuis bien longtemps. Le Daumesnil sur l'avenue du même nom, était un cinéma de quartier typique. C'est la première salle où mes parents m'ont laissé aller seul. C'est là que j'y ai découvert quelques-unes des oeuvres clefs qui ont déclenché ma cinéphilie. Comme pour beaucoup d'enfants (sauf Serge Daney), mes parents m'expédiaient facilement voir les Disney. Mais à l'époque déjà, le western était ce que je préférais. Plaisir d'autant plus fort que c'était mon propre choix. C'est dans cette salle que j'ai découvert les films essentiels de Sergio Léone, Il était une fois dans l'ouest, Le bon, la brute et le truand et Il était une fois la révolution qui m'a sans doute le plus marqué par sa violence et son côté sombre. C'est là aussi que j'ai découvert 2001 qui a provoqué une profonde et curieuse réaction chez moi. Sortit du film, je n'y avais rien compris je crois, mais j'avais eu le sentiment d'assister à quelque chose d'important. Pour tenter de comprendre je me suis précipité sur le roman d'Artur C. Clarke, mais ça ne m'a pas beaucoup aidé. Et à partir de là pendant cinq ou six ans, je me suis sentit incapable de voir un autre film de science-fiction, persuadé que j'étais qu'il n'arriverait pas à la cheville de celui que je venais de voir. C'est ainsi que je suis passé à côté de La guerre des étoiles, Rencontres du troisième type et Alien (là en plus, j'avais une frousse monstre) à leur sortie. Il m'a fallu attendre 1979 et un ami qui m'a traîné voir Star trek, le film pour me réconcilier avec le genre. Ne riez pas, la réalisation de Robert Wise lorgnait délibérément sur cette de Kubrick et c'est le même Douglas Trumbull qui s'est occupé des effets spéciaux. Revenons au Daumesnil. Ce que j'aimais aussi, c'étaient les films d'aventures teintées de fantastique ou d'histoire. L'influence de Jules Verne certainement que je lisais beaucoup durant ces années d'enfance. D'où mon attirance pour des films comme L'île sur le toit du monde, Le sixième continent, Le dernier dinosaure, 20 000 lieues sous les mers, La Fayette, Les dix commandements, Le pont de la rivière Kwai...

L'autre salle, c'était l'Athéna. J'ai le souvenir d'un cinéma très beau, très propre, très clair. Une salle plutôt style Art et essai avec un côté temple, des fresques sur les murs, une atmosphère feutrée. Peut être que ma mémoire enjolive. La programmation y était en tout cas très différente de celle du Daumesnil et c'est d'ailleurs là que mes parents qui ont toujours beaucoup aimé le cinéma, aimaient aller. J'y allais moins souvent parce que les films y étaient plus « adultes » et parce que ceux qui me donnaient envie étaient souvent interdits au moins de 13 ou 18 ans. Je me souviens pourtant d'avoir vu les bandes annonces de Orange mécanique, Barry Lyndon, Obsession, Crias Cuervos, Carrie... qui me fascinaient tout autant qu'elles m'effrayaient. Des images plus fortes que celles des films qu'elles précédaient.

J'ai repensé à tout cela en lisant le dossier de Positif sur les années 70 du cinéma américain. En 1977, nous sommes partis nous installer à Nice et il y a eu une année de flottement avant que nous ne nous installions tout près d'un cinéma légendaire à Nice : le Mercury, place Garibaldi. 7 salles à l'époque, toutes art et essais. C'est là que ma cinéphilie a pu s'affirmer petit à petit et que j'ai pu embrayer avec succès sur les années 80. Entre temps, ce seront la télévision et la cinémathèque niçoise qui m'auront permis de rattraper mon retard sur les années 70. Mais aujourd'hui, quand j'évoque les nombreux noms et titres de ce cinéma américain qui m'est si familier, je me rends compte que je n'ai pas découvert un seul de ces films au moment de sa sortie.

Ca ne m'a pas empêché de m'amuser au jeu de la liste telle que l'a pratiquée l'équipe de Positif et, respectant leur « cahier des charges », voici mes vingt (pas pu faire moins) films préférés, USA, 1970-1979 :


MASH Robert Altman

French Connection William Friedkin

Deliverance John Boorman

Jeremiah Johnson Sidney Pollack

Pat Garrett et Billy the kid de Sam Peckinpah

L'exorciste de William Friedkin

Phantom of the Paradise Brian de Palma

The Rocky horror and picture show Jim Sharman

Zombie de Georges Romero

Taxi Diver Martin Scorcese

Assaut de John Carpenter

Annie Hall de Woody Allen

Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino

Que le spectacle commence de Bob Fosse

Rencontres du troisième type de Steven Spielberg

Apocalypse now de Francis Ford Coppola

Star Wars de Georges Lucas

Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper

Frankenstein Junior de Mel Brooks

1941 de Steven Spielberg

17:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : cinéma |  Facebook |  Imprimer | |

Commentaires

Salut Vincent,

J'aime cette brève évocation de ton enfance et de tes premiers pas de cinéphile (un brin nostalgique).

Que sont nos cinémas de quartier devenus ? ...

Bises.

PS : J'ai vu une seule fois "L'exorciste" ; ce film m'a fait une telle impression (voire peur) que je suis incapable de le revoir...

Écrit par : Marie Thé | 30/07/2006

Bel aveu, belle liste.
Le Mel Brooks était chroniqué il y a peu sur eightdayzaweek.blogspot.com

Écrit par : mariaque | 03/08/2006

Dans un genre un peu déviant, je me permettrais, en outre et outrecuidant, d'orienter le lecteur ciné-nostalgique vers la chronique:
http://seurtine.blogspot.com/2005/04/my-brother-and-i.html

Écrit par : mariaque | 03/08/2006

J'ai constaté que vous aviez un parfum prononçé des années 70 dans vos dernières chroniques (Jaws, Les seigneurs de la route, Course contre l'enfer...). Nostalgie quand tu nous tiens !

Écrit par : Vincent | 03/08/2006

Mon terrain de prédilection se love entre 75 et 86-87...
ma pleine période d'éveil cinéphilo-vidéoclubique, voui...

Écrit par : mariaque | 03/08/2006

De Zombie à Annie Hall, une liste "classe" qui fleure bon l'éclectisme mais pas de place pour un petit Eastwood ?

Écrit par : sonic eric | 04/08/2006

J'ai eu beaucoup de mal à faire un choix, mais j'étais persuadé avoir conservé Josey Wales hors la loi. Mea culpa. Mais lequel remplacerait-il ? Aie, aie, aie...

Écrit par : Vincent | 04/08/2006

Hum! une belle liste qui me donne envie de réfléchir à la mienne (tu connais mon goût pour ce genre de classement :-))
Par contre, j'avoue que Kubrick (curieusement absent mais le considère tu comme "américain"?) surpassera sans hésiter les navetons de Lucas et Spielberg (eh! eh! j'aime toujours polémiquer...)

Écrit par : Dr Orlof | 04/08/2006

Kubrick ? Nan, définitivement des prods anglaises (contrairement à Polanski ou Forman, qui migrèrent régulièrement, rayon budget...)...

La mienne de liste ferait 40 titres, au bas mot:
les 20 présentés sur cette note impeccable (bravo Vincent !) augmentée de ceux-ci:
Alien Ridley Scott
Les Aventures de Bernard et Bianca Wolfgang Reitherman
L’Invasion des Profanateurs de Sépultur Philip Kaufman
Les Hommes du Président Alan J.Pakula
Rollerball Norman Jewison
Soleil Vert Richard Fleischer
Tommy Ken Russell
Megavixens Russ Meyer
Little Big Man Arthur Penn
Vol au Dessus d’un Nid de Coucou Milos Forman
C’Etait Demain Nicholas Meyer
La Dernière Maison sur la Gauche Wes Craven
Chinatown Roman Polanski
L’Horrible Invasion John « Bud » Carlos
Piranha Joe Dante
Maniac William Lustig
Punishment Park Peter Watkins
Point Limite Zero Richard Sarafian
Les Femmes de Stepford Bryan Forbes
La Course à la Mort de l’An 2000 Paul Bartel

mais surtout:

tout dePalma 70’s
tout Carpenter 70’s
tout Spielberg 70’s
tout Penn 70’s
tout Brooks 70’s
tout Friedkin 70’s
tout Bob Clark 70’s
tout Larry Cohen 70’s
tout Tobe Hooper 70’s

...
(liste susceptible de ne plus me satisfaire sous 2 heures...)

Écrit par : mariaque | 04/08/2006

Aïe, une coquille plus haut !
Tommy est bien anglais, mille zexcuses.
Mettons alors Soldat Bleu (Ralph Nelson), le douteux.

Écrit par : mariaque | 04/08/2006

Honte à moi ! J'ôte mon Nelson in extremis !
L'Epreuve de Force (Clint Eastwood) m'emballe 1000 fois plus !

Écrit par : mariaque | 04/08/2006

Ouf alors, Soldat Bleu, on aura peut être l'occasion d'en discuter, est un film que je n'aime pas beaucoup.
Sinon, j'ai donc suivi le cahier des charges de Positif pour la liste et donc, Kubrick période année 70 est exclu, contrairement à Boorman ou Scott, anglais mais travaillant aux USA. Pareil pour les grands classques (Huston, Hawks, Wilder, Edwards...).
Belle liste, Mariaque, qui prove combien le cinéma américain de l'époque était riche et combien il nous est encore cher. A l'époque on pouvait attendre cinq ou six films par mois, aujourd'hui, ce seraient plutôt cinq ou six par ans, quand ils ne décoivent pas.
Cher Pierrot, pour Star Wars, je voyais effectivement dix ou vingt film supérieurs, mais je serais le dernier des faux culs si je reniais l'importance de ce film dans mon parcours. Sur Spielberg (héhéhé) ça serait le contraire et j'ai du me faire violence popur ne pas mettre ses quatre premiers opus !

Écrit par : Vincent | 06/08/2006

Ca y est, ma liste est établie...
Honte à vous deux (Mariaque et toi!) d'avoir omis "Eraserhead" ;-)

Écrit par : Dr Orlof | 07/08/2006

Hello vincent, bah moi aussi je me suis lancé dans un top 20 pour le coup et c'est dispo chez moi! je ne suis pas très spielbergien loin s'en faut, mais j'avoue que l'excellent "1941" a falli se frayer son chemin dans mon listing.

Écrit par : Ishmael | 08/08/2006

Cher vincent.

Ce bel article sur les années 70 m'interpelle beaucoup car il s'agit aussi de mon enfance. En 1970, j'avais 2 ans, la premiere fois au cinéma, c'était en 1973 à l'age de 5 ans : au " grand escurial" avec une reprise des " dix commandements", un long film qui m'a captivé et déclencher ma cinéphilie.
Un an aprés une autre longue superproduction : "Autant en emporte le vent" puis les Disney, comme la plupart des enfants.
Puis pendant cette période je découvre d'autres grands films sur petit écran. Les Chaplin, les suspenses d'Hitchcock et les westerns.
j'ai dressé aussi une listes qui ne respecte pas le cahier des charges de "positif" car il y a 28 films, pas tous américain de 1971 à 1979:

"Orange Mécanique" de S.Kubrick
"Klute" de A.J.Pakula
"French connection" de W.Friedkin"
"Shaft" ou " Les nuits rouges de harlem" de G.Parks
"L'inspecteur Harry" de D.Siegel
"Le limier" de J.L.Mankiewickz
"Solaris" de A.Tarkowski
"Frenzy" d'A.Hitchcock
"La nuit américaine" de F.Truffaut
"Ne vous retournez pas" de N.Roeg
"Dersou ouzala" d'A.Kurosawa.
"Conversation Secréte" de F.F.Coppola.
"The rocky horror show" de J.Sharman.
"Le juge et l'assassin" de B.Tavernier.
"Monty phyton, sacré graal" de T.Gilliam et Jones.
"Pique nique à hanging rock" de P.Weir
"Assaut" de J.Carpenter
"Josey wales hors-la loi" de C.Eastwood.
"Les hommes du président" de A.J.Pakula"
"Taxi driver" de M.Scorsese.
"M.Klein de J.Losey
"1900" de B.Bertolucci
"Star wars" de G.Lucas
"Rencontre du 3°type" de S.Spielberg
"La derniere vague" de P.Weir
"Annie halll de W.Allen
"Manhattan" de W.Allen
"Eraserhead" de D.Lynch.

Écrit par : frey | 17/08/2006

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