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20/07/2010

35 films en deux minutes

35mm de Felix Meyer (dégoté sur le site du Monde)

17/07/2010

L'illusionniste

Si vous aimez le cinéma de Jacques Tati, vous aimerez L'illusionniste, le nouveau film d'animation de Sylvain Chomet, l'homme de La vieille dame et les pigeons (1996) et des Triplettes de Belleville (2003). Chomet a adapté un scénario inédit du grand Jacques écrit dans le milieu des années 50. Son héros est un nouveau monsieur Hulot, avec pipe je vous prie, Tatischeff sur les affiches des spectacles de l'illusionniste de fiction, Tati tout court quand il transporte partout sur lui une photographie de Sophie… Tatischeff. L'effet miroir culmine dans une très belle scène, émouvante, quand l'illusionniste entre dans un cinéma nommé le caméo, pour y voir Mon Oncle (1958) le film de Jacques Tati. Le personnage dessiné et animé contemple son modèle tout à la fois de fiction et réel, l'image cinéma de sa fiction. Ah, c'est troublant, c'est autre chose que Matrix. L'illusionniste est ainsi un film inédit de ou avec Tati, au choix, tant Chomet retrouve le ton, le type d'humour, le style du grand bonhomme.

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Si vous aimez le cinéma de Charlie Chaplin, vous devriez aimer L'illusionniste. Le film de Sylvain Chomet évoque deux grands classiques du génie à moustache et chapeau rond. La relation de Tatischeff, artiste illusionniste qui sort un lapin plutôt féroce de son chapeau, et de la jeune écossaise rêvant de la grande ville (Édimbourg en l'occurrence, magnifiquement imaginée), est proche de celle du vieux clown ver-de-terre Calvero et de l'étoile rêvant de danse de Limelight (Les feux de la rampe – 1951). La dimension amoureuse étant ici orientée vers une relation père-fille. Les efforts stoïques de Taticheff pour trouver à tout prix du boulot et multipliant les tâches ingrates pour donner du rêve à la jeune fille, sont du même ressort que ceux du vagabond décidé à aider la jeune aveugle de City Lights (Les lumières de la ville – 1929). Même mélange de bonne volonté et de maladresse du personnage, même précision de la part du metteur en scène dans la description pointue d'univers professionnels (ici un garage). De Chaplin, Chomet retient le choc d'une réalité sociale (L'entrée radicale dans la société de consommation à la fin des années 50) avec un personnage inadapté mais décidé à en découdre pour s'insérer. Une différence fondamentale d'avec Keaton qui reste toujours à distance et, à la moindre occasion, tente de fuir le réel ou le plier à sa fantaisie.

Si vous aimez le cinéma de Federico Fellini, vous devriez être sensibles à L'illusionniste. Sensibles à cet univers du Music-Hall avec ses vieux clowns sur le retour, un peu suicidaires, ses ventriloques clochardisés, ses acrobates gominés, son public clairsemé, ses patron de théâtre adipeux, ses imprésarios baratineurs, le monde idiot de la publicité, la vulgarité de la distraction moderne (la parodie savoureuse des Beatles avec les inénarrables Brittons). Nostalgie, amertume, derniers éclats de rire, précision d'un savoir faire qui n'intéresse plus personne, la dimension fellinienne du film de Chomet ajoute une dose de noirceur, quelque chose de ce subtil équilibre entre comédie et drame qui constitue le cœur du cinéma italien de la grande époque.

Si vous n'aimez ni le cinéma de Tati, ni celui de Chaplin, ni celui de Fellini, vous pouvez toujours méditer les immortelles paroles de Michel Poiccard.

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Heureusement pour lui, le cinéma de Sylvain Chomet ne se réduit pas à une simple équation de la forme X = T + C + F. Et si vous avez aimé les films précédent de l'un des chefs de file de l'animation française des quinze dernières années, vous ne devriez avoir aucun problème avec ce film-ci. Mélange d'impressionnisme, de précision dans le détail, de goût pour les plans virtuoses (une vue d'ensemble d'Édimbourg à tomber par terre), une utilisation aussi habile que poétique des effets (brume, pluie, lumière), l'art de Chomet dans L'illusionniste surpasse celui des Triplettes de Belleville. Le film est à la fois plus clair au niveau du dessin (moins chargé donc plus lisible) et plus fluide au niveau des mouvements. Assurant le montage, le réalisateur contrôle parfaitement un récit à la trame ténue mais aux nombreuses ramifications et multiples personnages. Il privilégie les séquences qui font bloc esthétiquement comme la course poursuite dans le théâtre avec le fichu lapin en ouverture, ou le voyage vers l'Écosse, scène théoriquement de transition qui devient un véritable morceau de bravoure avec multiplication des moyens de transports, l'utilisation de la météo qui ménage les effets de découverte (la brume encore) et le dépouillement des décors qui correspond à la sensation d'arriver au bout du monde. Il faudrait encore parler de la finesse des mouvements, qui compense la sobriété des expressions des visages.

L'illusionniste pourtant n'est pas un film si évident. J'y suis allé en famille et, quand pour répondre aux inquiétude de ma compagne concernant la compréhension de notre fille de quatre ans, j'ai dit pour plaisanter : « Je ne t'ai pas dit que c'est en tchèque non sous titré ? », je ne croyais pas si bien dire. Non que le film soit en tchèque, mais Chomet a véritablement repris les procédés de Tati. C'est à dire que le film a peu de dialogues et que la plupart d'entre eux sont incompréhensibles, bredouillés, couverts par d'autres bruits, interrompus et que, faute de tchèque, une grande partie d'entre eux sont en Gàidhlig ou gaélique écossais non sous-titré. Ce qui ne vaut pas mieux que le tchèque pour qui ne parle aucune de ces deux langues. C'est à dire que les gags sont très travaillés, d'un humour pince sans rire assez sophistiqué et que malgré la trame chaplinesque et les accents felliniens, le scénario est prétexte avant tout à un comique de situation, gestuel, presqu'abstrait dont on se rend compte tout à coup que l'on en a plus l'habitude. Mais si. Soyons honnêtes, si Tati est aujourd'hui panthéonisé, quel est son impact populaire ? Quelle est la dernière diffusion télévisée d'un de ses films sur une chaine généraliste ? Et qui va aller voir les reprises des films de Pierre Etaix mis à part la poignée de combattants nostalgiques qui ont pétitionné pour qu'il puisse récupérer les droits de ses films ? Vous me direz qu'on s'en fiche et que l'important n'est pas là et vous aurez raison. Mais c'est ainsi que j'interprète les semi-déceptions de plusieurs commentateurs et les accès de perplexité de certains spectateurs. L'illusionniste n'est pas un film simple, c'est un film d'animation sombre et mélancolique dont le ton va a contre-courant de ce qui se fait dans le genre. Ce qui me rassure, c'est que Chomet ait malgré tout pris ce risque fou et que ma fille, et bien ça lui a plu, surtout le lapin.

Le site officiel

L'avis de Pascale

Et celui de Ed sur Nightswimming

Sur la Kinopithèque (Par Benjamin)

Sur En salles

Chez Dasola

Photographies : © Pathé Distribution

28/04/2010

10 films d'animation - partie 2, les longs

A l'origine de cette frénésie de listes sur les meilleurs films d'animation, le blog Plan-C qui compile les différentes réponses. Côté longs métrages, certains choix sont des crève-coeurs. J'avoue ne pas être un enthousiaste forcené de l'animation japonaise moderne, même si j'ai aimé tel ou tel titre de Katsuhiro Ōtomo, Satoshi Kon ou Mamoru Oshii, mais je me suis endormi à Patlabor. Je ne suis pas non plus convaincu par les adaptations de bandes dessinées, que ce soit Lucky Luke, Tintin ou Persépolis. Voici donc 10 titres qui, à défaut d'être les « meilleurs », sont parmi mes préférés et certainement ceux qui m'ont le plus marqué :

Le roi et l'oiseau (1979) de Paul Grimault

Prévert aux textes avec le roi Charles V et trois font huit et huit font seize de Takicardie, l'oiseau , la charmante bergère et le petit ramoneur de rien du tout. Avec le robot qui inquiète ma fille et le joueur d'orgue de barbarie. Un classique à la technique d'animation d'une souplesse (presque) inégalée. Dormez, dormez, petits oiseaux...

Tonari no Totoro (Mon voisin Totoro – 1988) de Hayao Miyazaki

Beau comme la rencontre de Lewis Caroll et de Yasujirō Ozu dans le Japon des années 50. Sobre, pas de méchant, pas d'antagoniste, pas vraiment d'histoire mais la plus belle description de l'imaginaire de deux petites filles. Chef d'oeuvre, pour une fois que l'expression a un sens.

Sleeping beauty (La belle au bois dormant – 1959) de Clyde Geronimi

Contrairement à Serge Daney, mes parents ont commencé à m'initier au cinéma avec Disney. Bon, avoir un enfant permet de replonger dans cette vaste filmographie. Surprise, Sleeping beauty a très bien vieillit. La princesse est piquante, le prince pas trop niais, Maléfique tellement réussie que la majorité des méchants disneyiens à venir l'imitent, et puis le dragon... Au-delà, le film, en tant que film, est une splendeur, peut être la production la plus ambitieuse des studios Disney : écran large, perfection de l'animation, travail sur les décors et la profondeur de champ, originalité du graphisme, utilisation d'une partition classique. Mon préféré.

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Hotaru no Haka (Le tombeau des lucioles – 1988) de Isao Takahata

Inspiré du roman de Akiyuki Nosaka, le film lacrymogène par excellence dont je vous ai entretenu il y a peu. Développé par le studio Ghibli en parallèle avec Totoro, il en est en quelque sorte la face sombre mais en partage l'exigence de l'animation, la perfection dramatique, la sensibilité à l'enfance et un lien étroit avec la tradition du grand cinéma japonais. Au-delà, c'est une histoire terriblement dure et profondément triste qui, que, enfin bref...

The lord of the ring (Le seigneur des anneaux – 1978) de Ralph Bakshi

Quand le maître de l'animation adulte américaine s'attaque au monumental bouquin de J.R.R. Tolkien. Mon premier film d'animation non disneyien et donc un choc terrible. Le film n'a pas que des qualités mais il m'a durablement marqué. Pendant 20 ans, avec mon frère, nous avons attendu la suite. Usant et abusant du procédé rotoscopique, Bakshi réussi pourtant à donner à son oeuvre une véritable originalité graphique (les décors sont somptueux) et certaines scènes sont authentiquement terrifiantes ou épiques. La partition de Léonard Rosenman est grandiose et je ne m'en suis jamais lassé. Trois ans plus tard, Heavy metal de Gérald Potterton sera un second choc du même ordre, avec aujourd'hui, les mêmes réserves. Taarna forever.

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Chiken run (2000) de Nick Park et Peter Lord

Les pères de Wallace et Gromit passent l'Atlantique et avec un coup de main de Steven Spielberg offrent leur premier long métrage. Perfection de l'animation, sens du détail, humour et parodie des films de guerre, goût pour les machines folles, on retrouve l'essentiel de ce qui fait le succès des courts métrages. Et puis le film tient la distance. Le premier long avec leurs personnages fétiches sera tout aussi réussi.

Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro – 2001) de Hayao Miyazaki

D'accord,il y en a deux mais moins, c'est trop me demander. Très ambitieux, le film est à l'opposé de Tonari no Totoro tout en le rejoignant sur l'essentiel. Complexe et pourtant toujours clair, inventif jusqu'à l'exubérance (le défilé des dieux), grandiose et intime, sophistiqué et pourtant parfois aussi simple que la trace du train fendant les flots. Désolé pour la princesse louve et le cochon volant, je n'ai plus de place.

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Kirikou et la sorcière (1998) de Michel Ocelot

Consécration d'une oeuvre imposante, le film de Michel Ocelot ouvre aussi une période faste pour le long métrage d'animation français avec les films de Jacques-Rémy Gired ou Sylvain Chomet. Redécouvert avec ma fille il y a peu, je ne souvenais plus combien le film est original, dans son graphisme comme dans sa construction. Très sensuel aussi avec l'extraordinaire personnage de Karaba la sorcière.

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The Nightmare Before Christmas (L'étrange Noël de Mr Jack – 1993) de Harry Selick

Scénarisé par Tim Burton, ce qui a eu l'effet pervers de sous estimer le travail de son auteur, The Nightmare Before Christmas est un bijou macabre et drôle, musical et d'une invention permanente. Danny Elfman à la musique donne un de ses chef d'oeuvres. Définitivement une autre façon de voir Noël.

Anastasia (1997) de Don Bluth et Gary Goldman

Pendant une quinzaine d'années, Don Buth a représenté la principale alternative aux productions Disney. Si je trouve que An american tail (Fievel et le nouveau monde - 1986) a un poil (de souris) vieillit, j'ai revu Anastasia avec beaucoup de plaisir. Le film se présente comme un conte de fée musical, impressionnant techniquement, retrouvant finalement la formule des classiques disneyiens qui fait un retour en force dans les années 90. Outre la virtuosité de la mise en scène, on pourra apprécier le couple de héros qui fonctionne sur le principe de la « screwball comedy » canonique de façon réjouissante. Et puis la chauve-souris Bartok est une belle réussite.

Photograhies : Screenrant, 24 frames a second, Oomu.org et Gomme et gribouillages. DR.

26/04/2010

10 films d'animation - partie 1, les courts

Via Ed de Nightswimming et Frédérique, voici donc une proposition de dresser une liste des dix films d'animations préférés. Mission acceptée. Mais ce n'est pas simple. Je ne fais pas partie de ceux qui envisagent l'animation comme un genre, mais comme une technique qui se décline d'ailleurs de manières très diverses, du dessin animé proprement dit à l'animation en volume, des poupées au sable en passant par les papiers découpés, le grattage sur la pellicule et le numérique. Donc reste au final les films et leurs auteurs. Et trois problèmes à surmonter : limiter le nombre de films d'Hayao Miyazaki, ne pas faire d'anti-Disney primaire et concilier longs et courts métrages. Après deux jours d'intense cogitation, je me suis raisonné sur les deux premiers points et j'ai décidé de faire deux listes, une de courts et une de longs. Je sais, je triche, mais c'est plus amusant. Pour les courts, je vous mets les liens pour aller les voir.

Bad luck Blackie (1949) de Tex Avery

Difficulté annexe, sélectionner un seul cartoon dans l'oeuvre immense du grand Tex. Bon, comme beaucoup, je l'ai découvert à travers les programmations de Patrick Brion, à Noël souvent. Comme beaucoup j'en pleure de rire et, pour cette fois, je choisis cette adorable histoire du chat noir qui provoque les chutes d'objets les plus improbables sur un chien aussi stupide que méchant. Progression, rythme, gags, musicalité, c'est parfait. (lien)

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Father and daughter (Père et fille – 2000) de Michael Dudok de Wit

J'ai déjà beaucoup parlé de ce film qui a été un grand choc. Illustration d'un sentiment universel à l'aide d'un dessin très stylisé et d'une animation sobre mais puissante. Et puis la musique. Un niveau d'émotion rare au cinéma, d'autant plus étonnant qu'il ne passe jamais par les expressions des visages. Un autre film parfait. (lien)

Syrinx (1965) de Ryan Larkin

La musique de Debussy et du sable animé en noir et blanc pour une évocation légendaire. Une poésie et une délicatesse infinie pour ce chef d'oeuvre canadien d'un auteur rare. (lien)

A close shave (Rasé de près - 1995) de Nick Park

Wallace et Gromit. Qu'ajouter d'autre ? Le plus délirant des quatre courts, même si j'ai un faible pour le pingouin de Wrong trousers (1993). (lien extrait)

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Fast film (2003) de Virgil Widrich

Incroyable tour de force en papiers découpés et pliés selon les techniques de l'origami. Un film qui est aussi un hommage fou au grand cinéma. Caractéristique de l'inventivité de l'animation moderne alliant tradition, technologie et expérimentation (lien)

Vincent (1982) de Tim Burton

Difficile de passer à côté de ce titre. (lien)

Vincent Malloy is seven years old
He’s always polite and does what he’s told
For a boy his age, he’s considerate and nice
But he wants to be just like Vincent Price

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For the Birds (Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension – 2000) de Ralph Eggleston

L'humour des studios Pixar à son meilleur concentré en moins de trois minutes. (lien)

Der Fuehrer's Face (1943) de Jack Kinney

Donald est un génie (et Daffy aussi). Il est sortit bien des choses passionnantes des studios Disney dont ce court métrage où Donald se cauchemarde en Allemagne nazie. C'est un pur film de propagande, un peu le pendant du Blitz wolf (1941) de Tex Avery, bourré d'inventions visuelles (travail sur les déformations, utilisation plastique de la musique comme dans Fantasia en 1940) et de gags hilarants comme le petit déjeuner ou le coucou hitlerien. (lien)

Le cyclope de la mer (1998) de Philippe Jullien

Un gardien de phare recueille un petit poisson sur une composition originale de Yann Tiersen. Une animation en volume de la nouvelle génération française, à la suite des essais de Jean-Manuel Costa dans les années 80 (La tendresse au maudit, Orphée). (lien, partie 1)

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Et en plus je ne sais plus compter ! Pour le dixième, je vous proposerais donc, ex-aequo, Les oiseaux sont des cons, petit poéme illustré de Chaval datant de 1965, au texte inoubliable et aux dessins très noirs (lien), et puis, parce que quand même l'animation à l'Est ce n'est pas rien, le classique Tango (1980) du maître polonais Zbignew Rybczyński. 36 personnages, sept mois de travail, guettez la superbe blonde qui entre sur la gauche. (lien)

Photographies : Hollywood Animation Archive, DR, Tim Burton Collective, Wikipedia

06/09/2007

Un p'tit ballon dans la tête

Jerry Rees a une façon bien particulière de revisiter les grands classiques du cinéma. Il propulse dans les images icôniques un petit ballon nonchalant. C'est remarquablement animé et intégré, une forme de détournement souvent drôle, parfois poétique, et ce ne sont pas les effets les plus discrets qui sont les moins réussis. Il existe une vingtaine de petits films disponibles sur Youtube (lien) dont une compilation de 6 minutes. Je vous en poste deux que j'aime bien. Rees est animateur de formation. Il a débuté chez Disney sur The fox and the hound (Rox et Rouky – 1981) puis l'expérimental Tron l'année suivante. Il a depuis travaillé sur une dizaine de films comme réalisateur. Visiblement, il s'amuse bien.

 

 

18/07/2007

C'est une bonne question

Cela fait des années que des amies me conseillent de lire Persépolis, la bande dessinée de Marjane Satrapi. J'ai été plusieurs fois tenté mais je ne suis pas passé à l'acte. Aujourd'hui que Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud en ont fait Persépolis, le film d'animation, je me suis empressé d'acheter le gros volume qui réunit les quatre tomes afin de pouvoir éventuellement asséner sans remords que, comme souvent, le film est moins bien que le livre. Après vision et lecture, c'est le cas. La grande question que je me suis posée avant et qui reste irrésolue après c'est : qu'est-ce qui a pu pousser son auteur à faire ce film ? La bande dessinée est assez proche du cinéma en ce qu'elle travaille aussi le cadre, le rythme, le montage, le temps. Ce sont deux formes d'expression nées au Xxeme siècle, divertissements de masse, d'abord populaires, pouvant prétendre à l'art. Cette proximité rend à mon sens délicate le passage d'une forme à l'autre. Les adaptations cinématographiques de bandes dessinées ne sont exceptionnellement convaincantes et le vice versa. Dans le cas de Persépolis, le projet de film semble d'autant plus vain qu'il est fidèle, et qu'il est l'oeuvre de la dessinatrice. Alors pourquoi ? Pour toucher un plus large public ? La bande dessinée est un succès. Par attirance pour le cinéma ? Le film reprend le même découpage, colle aux dessins et au noir et blanc, déploie des trésors d'invention pour retrouver les transitions entre les cases originales. Tout ce qui est bel et bon dedans était déjà dans les livres, les rares éléments nouveaux n'apportent rien comme l'usage de la couleur pour le présent, procédé très (trop) classique, le remplacement de Kim Wilde par Iron Maiden (problème de droits ?) ou cet effet « subjectif » du missile, déplacé et tape à l'oeil. Concentré, le film perd en nuances et en détails, conservant vaille que vaille la structure en petites histoires au risque de manquer d'une ligne directrice forte. Plus dommageable, l'humour très présent de la bande dessinée alterne de façon plus tranchée dans le film avec des scènes plus dramatiques et mélodramatiques. Avec le renfort de la musique d'Olivier Bernet, c'est un sentiment mélancolique qui domine le film alors que l'humour préservait la distance dans la bande dessinée. Avec le risque de l'émotion facile et d'une morale tranchée, plus complexe à l'origine. Alors ? Alors, rien de plus, rien de moins. Le film en lui même est bien, l'animation réussie avec des passages proches de Miyazaki, des clins d'oeil à quelques tableaux célèbres et une très belle utilisation du noir et blanc. Les voix sont justes, Deneuve ! Darrieux ! Mastroianni ! Abkarian ! Mais je ne peux m'empêcher de rappeler ce mot d'enfant que l'on questionnait sur une des adaptations de Tintin : « Je préfère les livres parce que Tintin n'a pas la même voix au cinéma ». Merveille de la lecture.

14/05/2006

Ryan Larkin

Gentleman mendiant. Pionnier de l'animation canadienne. Finaliste dans la course aux Oscars. Pauvre clochard. Artiste incapable de créer. Dieu observant le monde, ange déchu. Arrogant. Timide. Brisé, mais non anéanti.

 

Flickhead (note du 21 avril) m'a permis de découvrir fin avril le travail et l'étonnante destinée de Ryan Larkin. Il intégre à 19 ans le National Film Board of Canada et, dans les années 60, Larkin est pris sous l'aile du grand Norman McLaren. Il réalise plusieurs bijoux dont Syrinx d'après un morceau de Claude Debussy en 1965 et Walking en 1968 qui sera nominé à l'Oscar. Trente ans plus tard, Larkin est un SDF survivant avec le RMI local. En 2004 le réalisateur Chris Landreth réalise Ryan qui s'inspire de la vie de Ryan Larkin, un court métrage mêlant animation et documentaire, présenté à Cannes et Annecy. Dans la foulée, la réalisatrice Laurence Green met les deux hommes et leurs parcours en perspective dans Alter Ego et un mouvement de solidarité s'organise pour remettre l'animateur en selle. Aujourd'hui, Ryan Larkin s'est remis au travail et prépare un film intitulé Spare Change. Une belle histoire qui n'est pas terminée.

Le mieux est de vous laisser regarder Syrinx. Fusain, sables et poudres se mêlent et se dissolvent pour conter, sur les notes délicates de Debussy l'histoire de Syrinx, une hamadryade (nymphe des bois vivant à l'intérieur d'un arbre) dont Pan tomba amoureux et qui échappa à ses ardeurs en se métamorphosant en roseau.

 

Pistes :

L'article de Chris Robinson Last exit on St Laurent street (en anglais)

Un article du Montreal Mirror (en anglais)

La fiche du film Ryan sur le site des Films du paradoxe avec deux extraits

La légende de Syrinx selon Ovide

La fiche de Syrinx au NBF

Le site de Spare Change

Ryan Larkin au NFB


23/01/2006

Nous sommes tous des Tanuki

Pompoko est un conte écologique, c'est une fable philosophique, c'est un film fantastique, un concentré d'humour, un drame parfois poignant, c'est un film de respect et de nostalgie, c'est un film actuel, c'est une histoire d'amour et d'aventure, c'est un récit choral, une comédie musicale, une féerie, un enchantement. Pompoko est un film bien membré. Pompoko est un film d'animation de Isao Takahata dont j'ai compilé des éléments biographiques ci dessous.

Pompoko, c'est le bruit que fait le ventre des Tanuki quand ils tapent dessus pour faire de la musique. Les Tanuki, ce sont des sortes de gros animaux genre raton laveur (en fait apparentés aux chiens) qui vivent (vivaient ?) aux abords des fermes japonaises avant que l'urbanisation de Tokyo, au milieu des années 60 ne les chasse. Les Tanuki sont aussi des animaux sacrés au japon où on fabrique de statues à leur image car on leur attribue de nombreux pouvoirs magiques. Parmi ceux-ci, le plus important, c'est d'être transformistes. Le raton-laveur, loin des humain, se dresse sur ses pattes, devient cartoonesque et se vêt pour ressembler à un personnage médiéval d'Akira Kurosawa. Cela ne s'arrête pas là, le Tanuki peut se métamorphoser en à peu près n'importe quoi, du ballon de football à la nuée de lucioles, d'un merveilleux dragon à un être humain. Car les Tanuki sont parmis nous. Ils sont ceux qui rêvent encore, ceux qui ont préservé un peu de magie en eux. Et c'est de plus en plus difficile.

Pompoko, c'est l'histoire de l'ultime combat des Tanuki pour préserver leur territoire, leurs forêts, leurs champs, leur mode de vie. C'est aussi un combat pour préserver une façon de vivre harmonieuse pour les humains. Inutile d'entrer dans les péripéties car le film aligne dix idées par plan, passe d'un sentiment à l'autre en un éclair comme dans la scène qui a marqué Pierrot. Le film ose avec santé et humour. Ainsi les fameux attributs des Tanuki, leurs roustons merveilleux, sont fièrement exhibés et leur permettront, dans une scène anthologique, d'attaquer les CRS japonais en une charge héroïque. Pompoko est le genre de film capable de montrer cela avec classe. Il a mon plus profond respect et à mon inconditionnelle admiration.

Isao Takahata

Petit dernier d'une famille de sept enfants, Isao Takahata est né à Ise au japon le 29 octobre 1935. lettré et francophone, il étudie la littérature française à l'université de Tokyo et deviendra le traducteur de Prévert. Outre le travail du poète, il découvre ses collaborations avec Paul Grimault dans le domaine de l'animation, le scénario de La Bergère et le Ramoneur en particulier. Il sera également influencé par les films de Youri Norstein et de Frederick Back sur les oeuvres desquels il écrira.

En 1959 il entre aux studios d'animation Toei douga où il va côtoyer deux figures historiques du film d'animation japonais : Yasuji Mori et le vétéran Yasuo Otsuka. Il rencontre surtout celui qui va devenir son ami, Hayao Miyazaki qui, très engagé, est alors président du syndicat des animateurs du studio. Takahata devient vice-président de ce syndicat et la relation entre les deux hommes ne cessera jusqu'à aujourd'hui, que ce soit artistiquement ou à travers les studios Ghibli désormais universellement connus.

Takahata fait ses débuts en tant que réalisateur pour la télévision en 1964, sur des épisodes de Ken, l'enfant-loup, une série ou officie également Miyazaki en tant qu'intervalliste.

En 1968, toujours avec Miyazaki, il réalise son premier long métrage Horus, prince du Soleil (sorti en France en 2004). le film ne rencontre pas le succès espéré et les deux hommes se tournent à nouveau vers la télévision tout au long des années 70. Takahata revient au grand écran avec deux très beaux films traitant de l'enfance : Kié la Petite Peste en 1981 et Goshu Le Violoncelliste l'année suivante.

En 1985, C'est la création des studios Ghibli par la Tokuma. C'est en leur sein que Takahata réalise en 1988 son bouleversant Le Tombeau des Lucioles qui sera suivi de quatre films très différents : Les Souvenirs ne s'oublient jamais en 1991, Pompoko qui vient donc seulement de sortir en France en 1994, Mes Voisins les Yamada d'après une célèbre bande dessinée en 1999 et Les Aventures de Petit Panda, son dernier opus à ce jour en 2003.

Avec Hayo Miyazaki, les deux hommes sont complémentaires et ont assuré le succès des studios Ghibli, succès devenu mondial depuis l'accord passé à la fin des années 90 avec la branche distribution de Disney. Takahata ne dessine pas, contrairement à son complice, et se considère avant tout comme un réalisateur, ce qui lui permet d'aborder des styles de dessin et des techniques assez différents. Il sait plonger dans la vaste culture japonaise et la plupart de ses films sont des adaptations de romans, nouvelles ou mangas. Plus naturaliste que Miyazaki, il partage son goût pour l'enfance, le merveilleux et un discours écologique traité avec humour. Comme lui, aussi, ses films sont sortis dans le désordre en France et il est amusant de découvrir Pompoko après Le Voyage de Chihiro alors que c'est ce dernier qui « répond » au premier. Pour mémoire, Pompoko avait été présenté à Annecy en 1995 ou il avait reçu le Cristal du long métrage

En savoir plus sur le site Buta Connection avec un entretien exclusif et passionnant d'Isao Takahata.

Le script et de nombreuses photographies d'excellente qualité : ICI

20/11/2005

Les Oiseaux sont des Cons

- Ca vole, un con ?

- Comme un oiseau.

- Ca chante un oiseau ?

- Comme un con.

- Certains oiseaux sont'ils moins cons que d'autres ?

- Non, ils sont tous aussi con les uns que les autres.

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Mes amis de l'association Héliotrope diffusent ce mardi un programme de courts métrages con-sacré au producteur Anatole Dauman, créateur d'Argos Films. Parmi les petits bijoux proposés, le film de Chaval : Les Oiseaux Sont des Cons de fameuse mémoire. En cherchant sur le toile, je suis tombé sur ce blog qui publie l'intégralité du texte avec des dessins tirés du film. Amusez vous bien.