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28/04/2010

10 films d'animation - partie 2, les longs

A l'origine de cette frénésie de listes sur les meilleurs films d'animation, le blog Plan-C qui compile les différentes réponses. Côté longs métrages, certains choix sont des crève-coeurs. J'avoue ne pas être un enthousiaste forcené de l'animation japonaise moderne, même si j'ai aimé tel ou tel titre de Katsuhiro Ōtomo, Satoshi Kon ou Mamoru Oshii, mais je me suis endormi à Patlabor. Je ne suis pas non plus convaincu par les adaptations de bandes dessinées, que ce soit Lucky Luke, Tintin ou Persépolis. Voici donc 10 titres qui, à défaut d'être les « meilleurs », sont parmi mes préférés et certainement ceux qui m'ont le plus marqué :

Le roi et l'oiseau (1979) de Paul Grimault

Prévert aux textes avec le roi Charles V et trois font huit et huit font seize de Takicardie, l'oiseau , la charmante bergère et le petit ramoneur de rien du tout. Avec le robot qui inquiète ma fille et le joueur d'orgue de barbarie. Un classique à la technique d'animation d'une souplesse (presque) inégalée. Dormez, dormez, petits oiseaux...

Tonari no Totoro (Mon voisin Totoro – 1988) de Hayao Miyazaki

Beau comme la rencontre de Lewis Caroll et de Yasujirō Ozu dans le Japon des années 50. Sobre, pas de méchant, pas d'antagoniste, pas vraiment d'histoire mais la plus belle description de l'imaginaire de deux petites filles. Chef d'oeuvre, pour une fois que l'expression a un sens.

Sleeping beauty (La belle au bois dormant – 1959) de Clyde Geronimi

Contrairement à Serge Daney, mes parents ont commencé à m'initier au cinéma avec Disney. Bon, avoir un enfant permet de replonger dans cette vaste filmographie. Surprise, Sleeping beauty a très bien vieillit. La princesse est piquante, le prince pas trop niais, Maléfique tellement réussie que la majorité des méchants disneyiens à venir l'imitent, et puis le dragon... Au-delà, le film, en tant que film, est une splendeur, peut être la production la plus ambitieuse des studios Disney : écran large, perfection de l'animation, travail sur les décors et la profondeur de champ, originalité du graphisme, utilisation d'une partition classique. Mon préféré.

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Hotaru no Haka (Le tombeau des lucioles – 1988) de Isao Takahata

Inspiré du roman de Akiyuki Nosaka, le film lacrymogène par excellence dont je vous ai entretenu il y a peu. Développé par le studio Ghibli en parallèle avec Totoro, il en est en quelque sorte la face sombre mais en partage l'exigence de l'animation, la perfection dramatique, la sensibilité à l'enfance et un lien étroit avec la tradition du grand cinéma japonais. Au-delà, c'est une histoire terriblement dure et profondément triste qui, que, enfin bref...

The lord of the ring (Le seigneur des anneaux – 1978) de Ralph Bakshi

Quand le maître de l'animation adulte américaine s'attaque au monumental bouquin de J.R.R. Tolkien. Mon premier film d'animation non disneyien et donc un choc terrible. Le film n'a pas que des qualités mais il m'a durablement marqué. Pendant 20 ans, avec mon frère, nous avons attendu la suite. Usant et abusant du procédé rotoscopique, Bakshi réussi pourtant à donner à son oeuvre une véritable originalité graphique (les décors sont somptueux) et certaines scènes sont authentiquement terrifiantes ou épiques. La partition de Léonard Rosenman est grandiose et je ne m'en suis jamais lassé. Trois ans plus tard, Heavy metal de Gérald Potterton sera un second choc du même ordre, avec aujourd'hui, les mêmes réserves. Taarna forever.

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Chiken run (2000) de Nick Park et Peter Lord

Les pères de Wallace et Gromit passent l'Atlantique et avec un coup de main de Steven Spielberg offrent leur premier long métrage. Perfection de l'animation, sens du détail, humour et parodie des films de guerre, goût pour les machines folles, on retrouve l'essentiel de ce qui fait le succès des courts métrages. Et puis le film tient la distance. Le premier long avec leurs personnages fétiches sera tout aussi réussi.

Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro – 2001) de Hayao Miyazaki

D'accord,il y en a deux mais moins, c'est trop me demander. Très ambitieux, le film est à l'opposé de Tonari no Totoro tout en le rejoignant sur l'essentiel. Complexe et pourtant toujours clair, inventif jusqu'à l'exubérance (le défilé des dieux), grandiose et intime, sophistiqué et pourtant parfois aussi simple que la trace du train fendant les flots. Désolé pour la princesse louve et le cochon volant, je n'ai plus de place.

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Kirikou et la sorcière (1998) de Michel Ocelot

Consécration d'une oeuvre imposante, le film de Michel Ocelot ouvre aussi une période faste pour le long métrage d'animation français avec les films de Jacques-Rémy Gired ou Sylvain Chomet. Redécouvert avec ma fille il y a peu, je ne souvenais plus combien le film est original, dans son graphisme comme dans sa construction. Très sensuel aussi avec l'extraordinaire personnage de Karaba la sorcière.

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The Nightmare Before Christmas (L'étrange Noël de Mr Jack – 1993) de Harry Selick

Scénarisé par Tim Burton, ce qui a eu l'effet pervers de sous estimer le travail de son auteur, The Nightmare Before Christmas est un bijou macabre et drôle, musical et d'une invention permanente. Danny Elfman à la musique donne un de ses chef d'oeuvres. Définitivement une autre façon de voir Noël.

Anastasia (1997) de Don Bluth et Gary Goldman

Pendant une quinzaine d'années, Don Buth a représenté la principale alternative aux productions Disney. Si je trouve que An american tail (Fievel et le nouveau monde - 1986) a un poil (de souris) vieillit, j'ai revu Anastasia avec beaucoup de plaisir. Le film se présente comme un conte de fée musical, impressionnant techniquement, retrouvant finalement la formule des classiques disneyiens qui fait un retour en force dans les années 90. Outre la virtuosité de la mise en scène, on pourra apprécier le couple de héros qui fonctionne sur le principe de la « screwball comedy » canonique de façon réjouissante. Et puis la chauve-souris Bartok est une belle réussite.

Photograhies : Screenrant, 24 frames a second, Oomu.org et Gomme et gribouillages. DR.

26/04/2010

10 films d'animation - partie 1, les courts

Via Ed de Nightswimming et Frédérique, voici donc une proposition de dresser une liste des dix films d'animations préférés. Mission acceptée. Mais ce n'est pas simple. Je ne fais pas partie de ceux qui envisagent l'animation comme un genre, mais comme une technique qui se décline d'ailleurs de manières très diverses, du dessin animé proprement dit à l'animation en volume, des poupées au sable en passant par les papiers découpés, le grattage sur la pellicule et le numérique. Donc reste au final les films et leurs auteurs. Et trois problèmes à surmonter : limiter le nombre de films d'Hayao Miyazaki, ne pas faire d'anti-Disney primaire et concilier longs et courts métrages. Après deux jours d'intense cogitation, je me suis raisonné sur les deux premiers points et j'ai décidé de faire deux listes, une de courts et une de longs. Je sais, je triche, mais c'est plus amusant. Pour les courts, je vous mets les liens pour aller les voir.

Bad luck Blackie (1949) de Tex Avery

Difficulté annexe, sélectionner un seul cartoon dans l'oeuvre immense du grand Tex. Bon, comme beaucoup, je l'ai découvert à travers les programmations de Patrick Brion, à Noël souvent. Comme beaucoup j'en pleure de rire et, pour cette fois, je choisis cette adorable histoire du chat noir qui provoque les chutes d'objets les plus improbables sur un chien aussi stupide que méchant. Progression, rythme, gags, musicalité, c'est parfait. (lien)

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Father and daughter (Père et fille – 2000) de Michael Dudok de Wit

J'ai déjà beaucoup parlé de ce film qui a été un grand choc. Illustration d'un sentiment universel à l'aide d'un dessin très stylisé et d'une animation sobre mais puissante. Et puis la musique. Un niveau d'émotion rare au cinéma, d'autant plus étonnant qu'il ne passe jamais par les expressions des visages. Un autre film parfait. (lien)

Syrinx (1965) de Ryan Larkin

La musique de Debussy et du sable animé en noir et blanc pour une évocation légendaire. Une poésie et une délicatesse infinie pour ce chef d'oeuvre canadien d'un auteur rare. (lien)

A close shave (Rasé de près - 1995) de Nick Park

Wallace et Gromit. Qu'ajouter d'autre ? Le plus délirant des quatre courts, même si j'ai un faible pour le pingouin de Wrong trousers (1993). (lien extrait)

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Fast film (2003) de Virgil Widrich

Incroyable tour de force en papiers découpés et pliés selon les techniques de l'origami. Un film qui est aussi un hommage fou au grand cinéma. Caractéristique de l'inventivité de l'animation moderne alliant tradition, technologie et expérimentation (lien)

Vincent (1982) de Tim Burton

Difficile de passer à côté de ce titre. (lien)

Vincent Malloy is seven years old
He’s always polite and does what he’s told
For a boy his age, he’s considerate and nice
But he wants to be just like Vincent Price

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For the Birds (Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension – 2000) de Ralph Eggleston

L'humour des studios Pixar à son meilleur concentré en moins de trois minutes. (lien)

Der Fuehrer's Face (1943) de Jack Kinney

Donald est un génie (et Daffy aussi). Il est sortit bien des choses passionnantes des studios Disney dont ce court métrage où Donald se cauchemarde en Allemagne nazie. C'est un pur film de propagande, un peu le pendant du Blitz wolf (1941) de Tex Avery, bourré d'inventions visuelles (travail sur les déformations, utilisation plastique de la musique comme dans Fantasia en 1940) et de gags hilarants comme le petit déjeuner ou le coucou hitlerien. (lien)

Le cyclope de la mer (1998) de Philippe Jullien

Un gardien de phare recueille un petit poisson sur une composition originale de Yann Tiersen. Une animation en volume de la nouvelle génération française, à la suite des essais de Jean-Manuel Costa dans les années 80 (La tendresse au maudit, Orphée). (lien, partie 1)

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Et en plus je ne sais plus compter ! Pour le dixième, je vous proposerais donc, ex-aequo, Les oiseaux sont des cons, petit poéme illustré de Chaval datant de 1965, au texte inoubliable et aux dessins très noirs (lien), et puis, parce que quand même l'animation à l'Est ce n'est pas rien, le classique Tango (1980) du maître polonais Zbignew Rybczyński. 36 personnages, sept mois de travail, guettez la superbe blonde qui entre sur la gauche. (lien)

Photographies : Hollywood Animation Archive, DR, Tim Burton Collective, Wikipedia

11/02/2009

Clermont 2009 : sélection internationale

Dans la sélection internationale, Love you more est indubitablement de la première catégorie. J'y ajoute volontiers la première comédie islandaise que je vois de ma vie, Naglinn (Le clou) de Benedikt Erlingsson. Je pense que je suis sensible à l'humour islandais. Voici l'histoire d'un homme établi (on va dire ça comme ça, je ne peux pas tout révéler), fasciné par les peintres qui repeignent sa façade. A l'heure de la pause, le voilà qui monte sur l'échafaudage et s'empare d'un pinceau. Une chute plus tard, le voici avec un clou de quinze centimètres dans le front. Cet accident va avoir un effet étonnant sur son comportement. Disons que c'est un conte en forme de variation sur l'histoire de Jeckyll et Hyde avec peut être un arrière plan politique lié aux récents évènements sur l'île. C'est réalisé au petit poil, sans chichi, avec un grand sens du cadre et du rythme des burlesques.

Dans le même registre, Succès (Réussite) du hollandais Diedrick Ebbinge est un petit contre cruel sur l'entreprise moderne, proche de Tati sur la forme, multitude de petites touches précises qui sonnent juste, avec une bonne dose d'humour noir. L'histoire d'un homme qui doit faire une présentation de diagrammes devant ses collègues et le grand patron, et comment cet événement finalement dérisoire va devenir l'accomplissement de toute sa vie. Quiconque a vécu ce genre de réunion sera brillamment vengé par le rire.

Même si très peu l'avoueront, le film qu'il fallait voir, c'est le nouvel épisode des aventures de Wallace et Gromit, A matter of Loaf and Death (Un sacré pétrin) de Nick Park qui revient au format des origines, la petite demi heure. Et même si tout le monde, ou presque, trouve le film excellent, il est de bon ton de laisser poindre une petite pointe de déception. Effectivement, l'univers du grand dadais anglais et de son chien surdoué joue plus sur les retrouvailles de motifs déjà éprouvés que sur le renouvellement. Les deux compères sont ici devenus meuniers et doivent résoudre l'énigme d'une série de meurtres de boulangers. On retrouve les machines sophistiquées (le moulin et ses machines sont superbes), la musique de Julian Nott, le lever de Wallace et sa faculté de tomber amoureux, l'habileté de Gromit, les hommages au cinéma de genre fantastique et policer, les poursuites cartoonesques, le sens du détail et la perfection de l'animation. Après l'expérience du long métrage, il est réjouissant de constater que Nick Park n'a rien perdu de l'esprit de la série.

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Voyage autour de ma chambre est le nouveau film d'Olivier Smolders, le cinéaste belge de Mort à Vignole (1998), un des courts métrages les plus importants de ces vingt dernières années. Ce nouvel opus poursuit une réflexion sur le cinéma, sa fragile puissance à saisir le monde et l'essence des êtres. Smolders mêle des images tournées au fil des années et de ses voyages. Il les ordonne en un journal intime et poétique pour les questionner et questionner sa place de cinéaste. Qu'est-ce que je montre ? Comment je le montre ? Quelle part de vérité puis-je capter ? Point de départ, une chambre (imaginaire ?) remplie de souvenirs, fétiches à invoquer pour commencer un « voyage immobile » et intérieur. Il exprime par exemple la difficulté à filmer l'Afrique autrement qu'en images volées depuis une voiture, en touriste filant sur la route. Une réflexion qu'il est intéressant de confronter à celle d'un Jérémie Lenoir (Foniké, Doto) dont l'un des grands mérites est son filmage de face. Smolders évoque ses réussites quand il filme des enfants sud-américains « comme si c'étaient les miens ». Sa façon de saisir la grâce de jeunes danseurs dans une mauvaise image vidéo. Il revient sur sa fascination des cadavres (les plans de flamands roses) et son désir d'aller au delà des apparences en plongeant littéralement dans les corps. A Florence, une séquence extraordinaire passe des clichés touristiques (Persée ayant tranché la tête de la Méduse) aux écorchés de cire du musée de La Specola. Visions fascinantes à donner la chair de poule.

Plutôt inclassable, Three of us (Nous trois), documentaire indien de Umesh Kulkarni est la chronique d'une modeste famille dont le fils est handicapé. Du sujet casse-gueule type, Kulkarni propose le récit sans pathos mais plein d'humanité d'une simple journée. Attentif aux gestes quotidiens, le film évite tous les pièges avec élégance et la photographie est très belle.

Les américains ont décidément le goût de la belle mécanique. On sent le professionnalisme dans The last page de Kevin Acevedo comme dans Short term 12 (Court séjour 12) de Destin Daniel Cretton. Le premier est une comédie autour d'un écrivain qui n'arrive pas terminer la dernière page de son livre. Le second le portrait d'un responsable de centre éducatif pour enfants « à problèmes ». Les deux films partagent les mêmes qualités : précision du scénario, mécanique dramatique, interprétation et travail efficace sur les seconds rôles, sens du rythme. Le premier est vraiment drôle, le second assez émouvant. Ils partagent aussi les mêmes défaut : un peu trop prévisibles, un peu trop sages, comme d'élégantes cartes de visite.

Dans la catégorie des films pas toujours réussis mais intéressants, il y a Vandalen (Vandales) du suisse Simon Steuri, une histoire d'amour entre deux graffeurs qui taggent les trains la nuit et dont l'intérêt est d'adopter une forme proche de l'univers décrit : musique électro, caméra très mobile, montage serré. Balladen om Marie Nord och hennes klienter (La ballade de Marie Nord et de ses clients) du suédois Alexander Onofri vaut pour la prestation de la belle Sofia Helin dans le rôle d'une assistante sociale énergique mais à la vie compliquée. Le film n'évide pas quelques clichés et rebondissements feuilletonesques, mais son ambition force le respect. Majken de Andréa Östlund est également suédois. Le film emprunte beaucoup, un peu trop, à Usual suspects de Brian Singer pour son histoire de vieilles dames indignes montant un réseau activiste contre la société de consommation. L'entreprise étant sympathique, on lui pardonnera une fin quelque peu outrée. Passage du belge Johann van Gerwen est une histoire d'amour et de livres au sein d'une immense bibliothèque. Très formel, l'esthétique un peu froide du film bouffe l'émotion que le sujet appelait mais on peut être fasciné par les élégants travellings.

Et puis, c'est terrible, mais j'ai vu le film qui a eu le grand prix de la compétition internationale, Every day, every day de Chui Mui Tan, un film malais, mais je n'en ai qu'un souvenir diffus, sympathique, mais je suis incapable de vous en dire un mot. C'est bien la peine... (à suivre)