Cactus et estivales (09/08/2007)
Antonioni, puisque l'on en parle, j'avoue n'avoir pas trop su quoi en dire. Historiquement, on peut en dire la même chose que de Bergman, il représentait une façon de faire du cinéma qui aujourd'hui est devenue trop rare. Mais d'un point de vue personnel, il fait partie de ces quelques grands metteurs en scène auxquels je suis resté hermétique. Presque. Ni l'Avventura, ni l'Eclisse ne m'ont touché et je m'y suis ennuyé ferme. J'étais resté assez perplexe devant Zabriskie point, d'autant que je cherchais le passage dans lequel apparaissait Harrison Ford avant d'apprendre que sa prestation dans une cabine téléphonique avait été coupée au montage. Reste le fait curieux que j'ai programmé en ouverture des Premières Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice en 1999 la version restaurée de son premier film, Cronica di un amore, tourné en 1949 dans les studios de la FERT de Turin. J'ai le souvenir d'un magnifique noir et blanc et d'un film qui m'avait captivé alors que, organisateur, je n'étais absolument pas réceptif. J'espère revoir ce film un jour. L'an dernier, j'ai également découvert, enfin, l'indispensable Blow up. Conquis, je me dis que l'essentiel de l'oeuvre de ce cinéaste me reste à explorer.
Kurosawa, puisque l'on en parle, sera l'objet d'un blog-a-thon le 15 novembre 2007 proposé par Squish, ce qui nous laisse du temps pour cogiter. J'ai loupé celui autour de John Huston, je serais sur le pont pour celui-ci.
Un dernier lien puisque l'on en parle pas. Un article du New York Observer : « I'm hard to get, John T. » de Peter Bogdanovich sur le film des films, Rio Bravo. Le texte m'a rempli d'une telle excitation que le soir même je revoyais le film dans un total état d'extase et je me suis promis de finir, enfin, un long texte commencé il y a au moins deux ans et toujours en chantier.
Photographies : Ciné-club de Caen et capture DVD Minerva
22:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Michelangelo Antonioni, Akira Kurosawa, Philippe Serve, Nicoletta Machiavelli | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
J'avoue partager ton sentiment sur Antonioni. Je n'ai jamais tellement adhéré à "l'avventura" ou à "l'éclipse" (même si j'adore la scène de la bourse). Quant à "par delà les nuages", il m'a fait bailler poliment.
Mais je reconnais aussi être sensible, paradoxalement, à ses oeuvres les plus radicales. Contrairement à toi, j'aime énormément "Zabriskie point" est c'est sans doute mon film préféré d'Antonioni avec "Profession:reporter". L'existentialisme poisseux des films italiens me semble avoir disparu ici au profit d'une déréliction du sens qui touche à l'abstraction. Cette abstraction (qu'on retrouve dans l'excellent "Blow up" ou dans "Identification d'une femme" -Rhââa! Christine Boisson!) est ce qui m'interesse le plus chez le cinéaste...
Écrit par : Dr Orlof | 10/08/2007
Antonioni est aussi grand (voire plus ?) par les brêches qu'il a ouvert dans le cinéma que par sa propre oeuvre. En faisant un sort à "l'existentialisme poisseux" qui encombrait (mais a-t-il vraiment disparu) le cinéma de l'époque, il a crânement affirmé que l'espace et le temps sont, avant la psychologie voire avant le récit, les premiers matériaux du cinéma. Autant que ses films, ce sont certaines de ses séquences que je peux revoir des milliers de fois (celle de la Bourse et la fin de L'Eclipse, le passage intérieur/extérieur de Profession Reporter, les explosions à la fin de Zabriskie Point, la façon dont Londres est filmé dans Blow up) car elles témoignent de vrais paris artistiques qui paraissent continuellement lancer des défis au cinéma. Il me semble que tous les cinéastes excitants d'aujourd'hui (Gus van Sant, Hou Hsia Hsien, Vincent Gallo, Apichatpong, Wong Kar Wai... liste à compléter et à amender selon les goûts et les sensibilités) lui sont redevables de quelque chose et poursuivent à leur manière leur travail sur l'espace, le temps et les sentiments, même si on peut toujours s'amuser à trouver d'autres filiations, irrigations, etc.
Écrit par : Joachim | 10/08/2007
L'ami Philippe a donc ouvert un blog. A vrai dire, j'aurais préféré une actualisation de son site à l'incontestable érudition. Mais je ne bouderai pas mon plaisir.
Heureux niçois : après un mois en Grèce, il me faut retrouver les nuages normands. Heureusement que les blog-a-thon s'annoncent aussi.
A bientôt
Écrit par : jll | 12/08/2007
J'écris dans le noir le plus absolu afin que personne ne me voit rougir devant tes flatteries (ça tombe bien, il n'y a personne) ! J'en profite pour faire un grand salut au passage à jean-Luc le Normand ! Qu'il sache que pour Ecrans pour Nuits Blanches, l'actualiser était devenu impossible, ce site étant un boulet à mettre à jour. Mais je vais petit à petit reporter mes plus importantes critiques sur mon blog (j'ai commencé avec 3
Bergman et un Leigh, et poursuis demain avec Feuillade) et y ajouter de nouvelles bien sûr (il y a déjà Tommy).
Pour Antonioni, je rejoins Vincent en grande partie. J'y suis assez hermétique. Pour aller vite : un seul film me plait vraiment, La Notte. J'aime bien L'Eclipse et La Dame sans Camélias avec la belle Lucia Bosé. Mais L'Avventura, Le Désert Rouge, Zabriskie point, Profession : reporter m'ennuient profondément. Par delà les nuages, lui, est champion toutes catégories de l'ennui en ce qui me concerne ! Quant à Blow Up, que j'ai vu plusieurs fois, je l'aime bien mais sans plus. Je le regarde à chaque fois car je vénère Vanessa Redgrave... C'est un bon film "documentaire" sur le Swinging London, c'est vrai mais là aussi, sans plus.
Bref, je suis clairement avec Bergman contre Antonioni !
Et, au fait, Vincent, tu m'as eu au bluff... J'ai trouvé une preuve que Bergman n'était pas très fan de John Ford........
Écrit par : Philippe | 25/08/2007
Salut, Philippe. je ne savais que vous vous connaisiez avec JLL, c'est amusant comme coincicence.
Sur Ford, et Bergman, ce n'était pas du bluff, je me souviens avoir lu quelque chose là-dessus il y a longtemps et, à l'époque, ça m'avait marqué (pour retrouver où, ça va être plus dur).
Écrit par : Vincent | 25/08/2007