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08/01/2014

Les indiens ne sont plus très loin

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Tournage de Stagecoach (La chevauchée fantastique - 1939).

06/01/2014

13 assassins

Jūsannin no Shikaku (13 assassins) - Un film de Takashi Mike - 2010

Texte pour Les Fiches du Cinéma

Du réalisateur nippon Takashi Miike, je connais mal la carrière prolifique. Sorte de Quentin Tarantino au soleil levant qui tournerait plus vite que son ombre, il a construit sa réputation sur une accumulation de films un peu cinglés, puisant largement dans le cinéma de genre. Sa mise en scène allie un côté clinquant à une certaine virtuosité technique et un goût prononcé pour la provocation. J'avoue ne pas avoir été convaincu par Ôdishon (Audition – 1999) et sa violence au sadisme complaisant, et être resté dubitatif devant sa variation sur le western italien, Sukiyaki western Django (2007) inspiré du maestro Sergio Corbucci. Et oui, certains japonais ont une passion pour le genre, sans doute le côté samouraï des héros. Toujours est-il que ces dernières années, sans renoncer à ses premières amours, Takashi Miike s'est lancé dans de nouvelles versions de classiques du cinéma japonais avec ces 13 assassins qui revisitent Les 13 tueurs de Eiichi Kudō, un film de 1963, et Ichimei (Hara-Kiri, mort d'un samouraï – 2011) qui reprend en couleurs et en relief le film de Masahi Kobayashi de 1962. Pour ce dernier film, Miike se voit sélectionné en compétition officielle à Cannes, une première pour un film en 3D. Changement de braquet pour le réalisateur qui ralentit le rythme de ses tournages et donne deux œuvres plastiquement superbes, ambitieuses, respectables et respectées.

takashi miike

Les 13 assassins qui nous intéressent ici, enfin moi c'est fait, vous j'espère que cela se fera, n'a pas bénéficié d'une véritable sortie en salle, ce qui est dommage. Le film garde encore quelques traces du Miike provocateur, notamment à travers le personnage sadique du seigneur Matsudaira Naritsugu et d'une jeune villageoise horriblement mutilée dans la tradition du Divin Marquis. Mais c'est peu en regard du souffle épique et de l'ampleur de la mise en scène de l'ensemble. Jūsannin no Shikaku fonctionne sur un schéma éprouvé, celle du petit groupe de spécialistes chargés d'une mission à hauts risques, entre les 14 amazones et les 7 samouraïs. Le futur shogun étant un bel enfant de salaud, un haut dignitaire du régime charge le sage Shinzaemon de réunir une équipe pour l'éliminer discrètement et dans le respect des hiérarchies rigides et des subtils jeux de pouvoir du Japon des années 1840. Cette mission si vous l'acceptez, ni vous ni vos hommes ne serez couverts. Shinzaemon réunit onze hommes prêts au sacrifice de leur vie pour faire la peau à Naritsugu au cours d'un voyage officiel. Comme dans le film d'Akira Kurosawa, le numéro 13 sera un électron libre, inattendu et capital, un chasseur qui, sauvé par notre groupe, les guidera en retour à travers une impénétrable montagne. Recrutement, préparation, voyage, escarmouches, embuscades et grand combat final, le scénario de Daisuke Tengan qui n'est autre que le fils de Sohei Immamura pour lequel il a écrit les trois derniers films, est linéaire. Tout est dans le détail, le style et le traitement.

takashi miike

De par l'ampleur du combat final, Jūsannin no Shikaku se rapproche beaucoup du classique de Hong Kong, Beach of the war gods réalisé en 1973 par Jimmy Wang Yu qui joue également le rôle principal. La scène représente un bon tiers du film et laisse littéralement sur les genoux. C'est une sorte de danse de mort, un déchaînement de violence filmé comme un monstrueux ballet ou comptent les mouvements des groupes, les 13 contre les centaines de soldats de Naritsugu, et les mouvements des corps. Sauts, roulades, parades, chutes, on pense plus à un Gene Kelly armé d'un sabre qu'à autre chose. Ceci est renforcé par une bande son saturée de cris, de râles, des sifflements des armes et des déchirements des chairs. Pourtant la distance, historique, exotique, et la démesure même du spectacle désamorcent le potentiel côté malsain de cette violence stylisée comme chez Wang Yu, Chang Cheh ou Sergio Corbucci, et permettent d'en jouir sans entraves. D'un autre côté, le regard porté par le réalisateur sur ses personnages, notamment à travers le regard du noble Shinzaemon, font la critique de cette violence comme chez Kurosawa ou Sam Peckinpah. C'est un équilibre délicat que l'on pouvait penser difficile à tenir de la part de Miike, mais il y parvient avec élégance et lucidité.

Sous l'apparence classique d'un film léché (la photographie de Nobuyasu Kita, les cadres au millimètre, le montage de Kenji Yamashita dont le tempo s'emballe pour le final, les moyens confortables), Miike se livre à un portrait au vitriol d'une époque condamnée à disparaître. Cette société est paralysée par ses codes trop rigides et elle enfante des monstres comme Naritsugu qui utilisent ses valeurs pour les dégénérer et exercer leurs pires instincts. Le futur shogun ne se cache même pas de mépriser ces valeurs qui lui assurent l'impunité. Face à lui guerriers et politiques n'ont que l'honneur et le respect à la bouche mais les pratiquent à géométrie variable. Naritsugu massacre et torture, pousse au suicide rituel, sans que personne ne puisse agir sinon au prix de sa propre vie. Dans un tel monde pourri de l'intérieur, le respect authentique des codes comme le pratique le groupe de Shinzaemon ne peut que mener au sacrifice sans même la consolation de la reconnaissance, sinon de sa propre conscience. Miike exprime tout ceci en des images fortes comme lors de la constitution de l'équipe, les manières très intériorisées dont les samouraïs expriment leur fidélité et leur admiration pour leur maître, cruelles lors de l'ultime confrontation entre Shinzaemon et son ancien ami et élève Hanbei, lié par son service au maléfique Naritsugu. Miike fait passer la relation profonde entre les deux hommes et le déchirement de celui qui n'arrive pas à surmonter ce lien déviant pour se ranger au côté de l'amitié vraie. Là encore passe le souvenir des relations entre les personnages de Peckinpah.

takashi miike

Et comme chez Kurosawa, c'est du treizième élément, la pièce rapportée par hasard, que va s'exprimer la conviction profonde du réalisateur. Miike dépasse les discours sur l'honneur et le reste en donnant une voix aux véritables opprimés. Dans ces jeux complexes de pouvoir et de domination, ce sont les petites gens, les paysans, qui toujours souffrent en silence. Ici, il y a Koyata, le chasseur, un homme des bois, un sauvage, un libertaire dans l'âme, fantasque et plein d'humour, coureur de jupons à la saine sexualité. Il s'oppose ainsi à Naritsugu qui ne jouit que de la douleur, comme aux autres personnages qui sont abstinents, à l'exception notable de Shinroukuro, neveu de Shinzaemon et présenté comme un jouisseur ayant rejoint l'équipe pour trouver une sorte de rédemption. Koyata se bat sans armes ni code de l'honneur, il n'est pas samouraï, mais n'en est pas moins efficace. La langue bien pendue, il met directement les gens face à leur contradictions et n'a guère plus de considération pour les 13 assassins que pour leur cible, se rangeant aux côtés des premiers uniquement parce que leur cause semble désespérée et que cela l'amuse. La conclusion du film pourrait reprendre celle de celui de Kurosawa : «Ce n'est pas nous qui avons gagné, ce sont les paysans», mais exprimée cette fois par l'un d'entre eux avec une bonne dose d'ironie. Koyata a toute la sympathie de Miike (Shinroukuro aussi dans une moindre mesure), il représente le monde moderne qui rejette sans un regret tout ce Japon féodal qui s'auto-détruit dans l'apocalypse finale. Il est assez tentant de faire glisser cette lecture à notre époque moderne et aux nouvelles féodalités, on y retrouve sans peine le côté iconoclaste du réalisateur quand à la vision son pays.

takashi miike

La portée du film est néanmoins atténuée par le schématisme de certains personnages, en partie pour des questions de durée. Le film proposé par la belle édition Métropolitan Vidéo est la version internationale de 126 minutes alors que la version d'origine en fait 141. Les scènes supplémentaires que l'on peut découvrir n'apportent pourtant pas grand chose de plus. Et puis 13 personnages, c'est beaucoup. Il fallait sans doute choisir. Malgré de beaux efforts dans la première partie et le jeu impeccable de tout le monde, Miike sacrifie certains développements psychologiques à l'ivresse d'un cinéma d'action somptueux où le plaisir de image et du mouvement se donne libre court.

Le DVD

Photographies Toho / Source Allociné

11:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : takashi miike |  Facebook |  Imprimer | |

03/01/2014

2013, et pour quelques films de plus...

Une nouvelle année riche en découvertes en tous genres, mais essentiellement en DVD, en grande partie grâce à ma collaboration avec les Fiches du Cinéma. Impossible cette fois encore de me livrer à l'exercice si prisé du top, du flop ni même du non-top, vu le peu de films de l'actualité en salles que j'ai réussi à voir. Néanmoins, entre les occasions qui font le larron, les festivals et les rattrapages de Zoom Arrière, voici une petite sélection des films qui m'ont marqué cette année avec inévitablement :

Lincoln– Steven Spielberg

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Ensuite, une jolie dizaine :

Springsteen and I - Baillie Walsh / Dream baby dream - Thom Zimny et Chris Hilson

10 millions – Foniké 2012 – Jérémie Lenoir

Qurban (Sacrifice) - Anar Abbasov

Soshite Chichi ni Naru (Tel père, tel fils) - Hirokazu Kore-eda

Jodorowsky's Dune - Franck Pavich

The grandmaster – Wong Kar-wai

La vénus à la fourrure – Roman Polanski

Dast-neveshtehaa nemisoozand (Les manuscrits ne brûlent pas) - Mohammad Rasoulof

Tram - Michaela Pavlátová

Borgman- Alex van Warmerdam

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Et puis quand même :

Nos héros sont morts ce soir - David Perrault

La fille du 14 juillet - Antonin Peretjatko

Le sens de l’orientation - Fabien Gorgeart

Tian Zhu Ding / A touch of sin - Zhangke Jia

Et puis, d'un peu plus loin :

Jūsannin no Shikaku (13 assassins - 2010) de Takashi Mike

The exiles (1961) de Kent McKenzie

Man Hunt (Chasse à l'homme – 1941) de Fritz Lang

L'amour d'une femme (1954) de Jean Grémillon

Pick up on south Street (Le port de la drogue - 1953) et China gate (1957) de Samuel Fuller

Odd man out (Huit heures de sursis - 1947) et Fallen idol (Première désillusion- 1948) de Carol Reed

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Photographies : 20th Century Fox / ARP Sélection / Anar Abbasov / Wild Bunch Distribution / Gaumont.

08:03 Publié dans Blog, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : liste, 2013 |  Facebook |  Imprimer | |

01/01/2014

Bon vent pour 2014 !

Angie Dickinson

À toutes mes lectrices et tous mes lecteurs

A tous mes confrères des colonnes de gauche

Une belle et bonne année 2014 !

00:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : angie dickinson |  Facebook |  Imprimer | |

31/12/2013

1961 en 10 (autres) films

Pour bien fêter la fin d'année, permettez moi de vous offrir un bilan de l'année... 1961 telle qu'explorée par l'équipe de Zoom Arrière. 1961, Ce sont Rocco, ses frères, Lola, les héros urbains de Samuel Fuller, Mabuse, les jardins étranges de Resnais et les Désaxés de Huston. Mais 1961, belle année finalement, grâce à l'Europe, le Japon et les outsiders américains, ce fut aussi l'année de la découverte tardive d'un film précieux d'Ingmar Bergman avec le visage de Eva Henning, de Spartacus, de la première mise en scène de Jerry Lewis dans un palace, d'un vélo d'appartement et d'une engueulade en Série Noire, de Claudia Cardinale toujours resplendissante, de Charlton Heston héroïque au possible, d'un loup-garou anglais, d'un Colosse à Rhodes et d'une belle Oldsmobile branquignolesque, tandis que perché sur sa tour, le guerrier solitaire attend de donner l'inspiration à un Sergio romain. Photographies DR piquées un peu partout.

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ingmar bergman,jerry lewis,stanley kubrick,robert dhéry,akira kurosawa,anthony mann,sergio léone

ingmar bergman,jerry lewis,stanley kubrick,robert dhéry,akira kurosawa,anthony mann,sergio léone

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ingmar bergman,jerry lewis,stanley kubrick,robert dhéry,akira kurosawa,anthony mann,sergio léone,mauro bolognini,jean luc godard

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30/12/2013

Scénario

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Scénario de War party qui va devenir Fort Apache (Le massacre de Fort Apache) tourné en 1948 par John Ford - Source Walter Film Museum

28/12/2013

Le colibri au tournant

Tout à commencé par la lecture cet été de l'excellent livre de Claude Beylie et Philippe d'Hugues Les Oubliés du cinéma français (Éditions du Cerf). Un bon livre de cinéma doit donner envie de voir ou revoir les films qu'il aborde. Explorant avec une belle érudition, mais sans lourdeur académique et avec humour souvent, les recoins les plus obscurs du cinéma français, ce livre est un vaste coffre aux trésors. Parmi ceux-ci, deux chapitres mettent en parallèle les destins tragiques de deux acteurs. Robert Lynen, jeune héros du Poil de carotte (1934) de Julien Duvivier, entré dans la Résistance et fusillé à 23 ans en 1944. Et Corinne Luchaire, fille de Robert Luchaire patron de la presse collaborationniste fusillé à la Libération, qui mourut de tuberculose à 29 ans en 1950. Si je connaissais l'histoire du premier, j'ignorais tout de celle de la seconde. Piqué dans ma curiosité, aie, j'ai enchaîné avec Corinne Luchaire, un colibri dans la tempête de Carole Wrona (éditions de la Tour verte), et assez naturellement, je me suis mis sur la piste des films joués par cette jeune femme que l'on décrit comme une si remarquable actrice. Pas évident. Mais j'ai mis la main finalement sur Le dernier tournant de Pierre Chenal, tourné en 1939, première adaptation du fameux Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain avant celles de Luchino Visconti en 1942, des américains Tay Garnett en 1946 et Bob Rafelson en 1981 avec la fameuse étreinte entre Jessica Lange et Jack Nicholson dans la cuisine, et quelques autres encore venues de Hongrie, d'Allemagne ou d'Autriche.

corinne luchaire,pierre chenal

Tourné dans les Alpes Maritimes, le film de Pierre Chenal alterne décors de studios (à Saint Laurent du Var) et extérieurs sauvages, sans doute du côté du col de Vence, territoire dépouillé où est installé la station service de Nick (joué par Michel Simon) et de sa jeune épouse Cora (Luchaire). Fidèle au roman, le drame se déclenche quand débarque Frank (Fernand Gravey), vagabond et repris de justice, sympathique quand même, qui est accueilli à bras ouverts par Nick.C'est que malgré son naturel jovial, son chat, sa jolie femme et son accordéon (on pense bien sûr à l'Atalante), Nick s'ennuie comme un rat mort dans son trou et il est ravi de se trouver un ami. Nick engage donc Frank et l'installe chez lui. Et ce qui devait arriver arrive.

Le dernier tournant est l'avant dernier film de Corinne Luchaire, juste avant la guerre. Elle y apparaît en brune et entre Simon, très à l'aise dans un personnage d'anar un peu pathétique, avec ce mélange de gentillesse et de maladresse dont il a le secret, et Gravey en beau gosse de l'époque, fine moustache, sobre dans l'égoïsme de Frank mais manquant un poil de charisme. La jeune actrice joue la carte du silence. Son personnage économise ses paroles en laissant exprimer sur son visage une lassitude agacée qui va laisser place à un désir passionnel irrésistible tandis que se libère, avec les perspectives ouvertes par l'arrivée de Frank, sa haire profonde pour son époux. Corinne Luchaire dégage une belle sensualité, avec ses pulls moulants, sa silhouette frêle, son regard brûlant. Elle a une façon de lancer ses répliques signées Charles Spaak avec vivacité, un peu saccadées comme certaines actrices de comédie américaine de l'époque. Il est juste de dire que son jeu tranche sur celui de ses contemporaines, du côté langoureux d'une Michèle Morgan, gouailleur d'Arletty ou d'Odette Joyeux, de la candeur de Danièle Darrieux. Corinne Luchaire a comme des absences où elle laisse deviner un monde intérieur inaccessible, rompu par de brusques éclairs de gaieté ou de colère. Son style est celui des années soixante qu'illustreront Catherine Spaak, Françoise Dorléac ou Diana Rigg. Dans sa mélancolie un peu agressive, je retrouve quelque chose de la Catherine Deneuve de La sirène du Mississippi (1968) de François Truffaut, peut être cette lassitude bousculée par la passion, très physique au départ mais qui va s'éveiller à l'amour, amour dont l'authenticité sera longtemps soumise au doute. Luchaire donne à Cora son visage à l'étrange beauté avec ce nez particulier qui la positionne entre petite fille et jeune femme. Cora est un personnage difficile. Archétype de la garce de roman noir, elle veut quand même tuer son mari et manipule sexuellement Frank pour le faire, mais elle est aussi une victime. Elle a été mariée trop tôt et l'on sent bien que malgré sa gentillesse, Nick a sauté sur l'occasion. Du coup, Cora est étouffée par les rêves qu'on lui a rentré dans la gorge et qu'elle essaye désespérément de faire vivre à travers Frank, un brave gars finalement, mais pas à la hauteur. Et puis faible. Corinne Luchaire rend bien la double dimension du personnage, peut être parce qu'elle la sent proche d'elle qui est prise entre ses ambitions d'actrice, ses succès très jeune, son statut de fille de, son indifférence à un monde en convulsions, ses échecs sentimentaux et sa santé fragile (le tuberculose qui finira par l'emporter). Elle donne de la vérité à Cora qui file vers son destin tragique sans réaliser la gravité de sa faute morale. Il est tentant de filer le parallèle avec le destin de l'actrice. Mais le film vient avant.

corinne luchaire,pierre chenal

Voilà qui suffit à rendre le film passionnant, mais ce serait dommage de le réduire à cette seule dimension. Pierre Chenal met le film en scène avec soin quoique sans génie, selon les standards de qualité de l'époque dans la veine du réalisme poétique. L'ambiance « noire » est bien rendue par la photographie de Christian Matras qui venait de signer les images de La fin du jour de Julien Duvivier et alterne scènes nocturnes assez expressionnistes avec la dureté de la lumière du sud-est en plein jour. Le visage de Corinne Luchaire est particulièrement soigné en des portraits qui rendent justice aux expressions de l'actrice. Il est aussi toujours plaisant de voir s'animer dans de tels films la France d'une autre époque. L'arrière plan contemporain, les voitures, les façons de s'habiller, de se coiffer, les accessoires, dans ce film a volonté réaliste comme dans la version de Visconti (alors que le Garnett est un film de studio et le Rafelson une reconstitution) sont un régal. Il y a un côté documentaire tramé dans la fiction, partiellement involontaire mais qui gagne en valeur avec les décennies passées, comme par exemple l'importance que prend l'enseigne lumineuse au-delà de celle que lui donne le récit dramatique. Au-delà du trio d'acteurs, il faut noter la présence toujours agréable de Charles Blavette qui apporte une couleur locale bienvenue, et surtout une prestation savoureuse de Robert Le Vigan en cousin maître chanteur, suave et visqueux comme il su l'être. Sa grande scène avec Corinne Luchaire est un beau moment du film. En septembre 1944, il sera avec l'actrice et son père du voyage à Sigmaringen, ultime aventure du gouvernement de Vichy. Destin, quand tu nous tiens.

Photographies Cinémathèque française / Tout le Ciné

A lire sur le site du Ciné-Club de Caen

A lire sur Notes on cinematograph, en anglais, bel article qui nous apprends que le film avait été interdit aux USA et qui étudie plus en détail le style de Pierre Chenal.

25/12/2013

Aurens en tournage

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Tournage de Lawrence of Arabia (1962) de David Lean.

Photographie source Cinephilia and beyond

19:16 Publié dans Panthéon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david lean |  Facebook |  Imprimer | |

24/12/2013

Joyeuses fêtes !

Noel 2012.jpg

23/12/2013

B comme bain

dictionnaire

Elle a raison, vous avez besoin d'un bain

Quoi de plus naturel qu'un bain? Quoi de plus banal ? Pourtant, peu d'actes de la vie quotidienne ont autant inspiré les réalisateurs. On voit assez rarement des personnages cuisiner ou repasser leur linge. Encore moins passer l'aspirateur ou aller aux toilettes. Vous me direz qu'il y a de brillantes exceptions, mais ce n'est rien comparé à la proportion proprement astronomique de scènes se déroulant dans une baignoire. Et je ne parlerais même pas des films de cul ni de la variante pourtant excitante des scènes de bain en pleine nature dont le sommet est le bain matinal de Tarzan et Jane dans Tarzan et sa compagne en 1934. Maureen O'Sullivan, future maman de Mia Farrow, y évolue dans le plus simple appareil. Quoique doublée, ce n'est pas une chose banale dans le contexte du cinéma américain de la grande époque. Cela méritait d'être cité.

Prenons une scène classique : un couple se dispute, un cow-boy fatigué se relaxe, une reine se prépare à recevoir un empereur. Que cette scène se déroule dans un bain et vous obtenez une scène potentiellement anthologique. C'est simple le cinéma non ? Il y a une jolie réplique sur le sujet dans un film de Godard, vous chercherez. On se souvient donc de BB et Michel Piccoli dans Le Mépris (justement, plus la peine de chercher), d'Eli Wallach dans son bain mousse de Le bon, la brute et le truand de Léone, Sergio, d'Elizabeth Taylor, paix à ses seins, en Cléo marinant dans sa baignoire piscine en attendant Marc Antoine Burton.

La baignoire a don été exploitée pour sa dimension tout autant dramatique qu'érotique, voire comique. Et l'on se permettra de mêler les différentes options lorsque Marilyn Monroe est contrainte d'appeler un sympathique plombier pour décoincer son orteil pris dans le robinet. De sa baignoire, voyons, faut suivre. Le film, si vous ne l'avez vu ce qui serait dommage, c'est 7 ans de réflexion griffé Billy Wilder, et la scène est le fantasme de son héros malade et accessoirement voisin du dessous de la belle. Façon de parler parce que s'il est malade, c'est parce qu'il est voisin de la belle. Qui ne verrait sa température monter en de pareilles circonstances ?

Le bain stimule donc l'imagination, celle des voisins comme des autres, des réalisateurs en particulier qui nous ont composé de bien belles images, pour hommes comme pour femmes. C'est le bain perpétuellement interrompu de Robert Mitchum dans El Dorado, le bain toujours repoussé de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'Ouest, le bain terrifiant des Griffes de la nuit qui manque d'engloutir Heather Langenkamp, Le bain collectif du cercle de la merde dans le Salo de Pasolini, le bain tendu entre soldate russe et soldat allemand dans Croix de fer, le bain malicieux qui voit le petit plongeur de plastique s'avancer entre les cuisses de Victoria Abril dans Attache moi. Des bains comme s'il en pleuvait. Bains révélateurs, juste ce qu'il faut, des plastiques de Jean-Paul Belmondo, Steve McQueen, Rhonda Fleming et Françoise Fabian. Qui révèlent tout ce qu'il faut quand trempent les belles Ingrid Pitt ou Edwige Fenech. Très concerné par la Révélation, Cecil B. DeMille espérait celle de la poitrine de Claudette Colbert en tournant Le signe de la croix en 1932. Il fit donc de la scène du bain de Messaline le sommet de son film, décidé à y passer le temps nécessaire. Hélas, la belle déjoua toutes les ruses du réalisateur, s'entourant d'une équipe de jeunes femmes expertes dans l'art de manier peignoir et serviettes. Elles entouraient l'actrice plus vite que ne se précipitait le regard de Cecil qui en fut bien marri. Frustré au-delà du raisonnable, c'est de ce temps qu'il en conçu sa totale calvitie, on en sait des choses, ici. Mais quel bain !

Des bains encore, confessionnal original pour Marc Gibaja où son héros fait défiler ses amis dans sa baignoire sous le regard d'une caméra, symbole de réussite avec cigare et coussins de mauvais goût pour le Scarface de De Palma, torture hygiénique pour Don Saluste aux mains de son Blaze de serviteur dans La folie des grandeurs de Gérard Oury. Bain figure imposée à toute jeune actrice française avec si possible immersion complète histoire de voir si la belle sait retenir sa respiration. Avec accessoire choisi comme le chapeau de Romy Schneider dans Max et les ferrailleurs, avec bureau façon Clifton Webb dans Laura, habillé façon Tony Curtis dans Certains l'aiment chaud, Intello façon Godard avec un livre à la main, à deux, à trois, à cinq dans une barrique façon Peckinpah. Le bain, c'est bien. Sur cette forte sentence et avant de me laisser aller à l'évocation des baignoires en tant qu'objets, je vous prie de passer à la lettre C.

21/12/2013

Fritz Lang par William Friedkin

18/12/2013

Le prix du pouvoir

Il prezzo del potere (Texas) – Un film de Tonino Valerii – 1969

Texte pour Les Fiches du Cinéma

Amicalement dédié à Marie-Thé et Tzvetan

Giuliano Gemma est mort le 1er octobre 2013 dans un bête accident de voiture, lui qui avait tourné l'impressionnante scène de poursuite de Un uomo da rispettare (1972) sous la direction de Michele Lupo, huit minutes au compteur. Il était toujours fringuant à 75 ans, lui le cascadeur, l'athlète, le héros bondissant des peplums, des westerns, des polars, des comédies décontractées pas toujours très fines des années 70, grave à l'occasion, intense même, pour Valério Zurlini, Dario Argento ou Duccio Tessari dans Il ritorno di Ringo (Le retour de Ringo – 1965) qui s'inspire du retour d'Ulysse pour une parfaite jonction entre peplum et western. Un film que j'ai fait découvrir à ma fille pour rendre hommage à l'acteur et me faire plaisir, car le plaisir est au centre de son travail de comédien et de son statut de vedette. Et puis il y a Il prezzo del potere (Texas), revu à l'occasion de la belle édition Artus qui nous offre enfin la version intégrale d'une œuvre méconnue, un film signé Tonino Valérii en 1969, grande époque du western all'italiana. Valerii est un réalisateur intéressant qui a eu bien du mal à sortir de l'ombre de son mentor Sergio Leone dont il fut l'assistant, et en particulier de leur collaboration sur Il mio nome e nessuno (Mon nom est personne – 1973). Pour ce film, Leone fut co-scénariste et producteur, assurant la réalisation de quelques scènes, et fini par s'attribuer la paternité de son énorme succès. C'est assez injuste car à l'époque, Valérii est déjà un réalisateur confirmé et ses westerns précédents sont d'excellente facture comme I giorni dell'ira (Le dernier jour de la colère - 1967) également avec Giuliano Gemma et donc Il prezzo del potere.

tonino valérii,giuliano gemma

Ce film qui nous intéresse ici se présente comme une variation western de l'assassinat de Kennedy, abattu comme chacun sait d'une balle dans la tête à Dallas en 1963. L’événement à marqué les esprits et donné lieu à de multiples déclinaisons. Pour s'en tenir au western, Jean-Michel Charlier et Jean Giraud plongent leur héros Blueberry dans un complot destiné à assassiner le président Grant dans une série magistrale d'albums de bandes dessinées entre 1973 et 1975. J'aime à penser que Charlier connaissait le film de Valérii. Les scénaristes Massimo Patrizi et Ernesto Gastaldi écrivent une histoire autour de la visite à Dallas du président James Garfield (le véritable Garfield fut assassiné à Washington en 1881) et sans doute sous l'influence de l'enquête menée par Jim Garrison en 1968, développent la thèse d'une vaste conspiration. Successeur de Lincoln, Garfield arrive dans un Sud où les plaies de la guerre de sécession sont encore vives et le racisme toujours la règle. Garfield prône la réconciliation et vient défendre ses idées chez ses adversaires. Dans les rues de Dallas, on brûle son portrait tandis que nombre de notables préparent son assassinat. L'ampleur et les ramification du complot, nous allons les découvrir à travers le personnage de Bill Willer qui cherche à venger son père tué parce qu'il en avait trop appris. Le film distille ses révélations avec un sens consommé du suspense, orchestrant un ballet de personnages bien campés : l'ami noir destiné à porter la responsabilité du meurtre, McDonald le chargé de la protection du président, la femme du président, démarquage évident de Jackie Kennedy, l’ambigu vice-président, le shérif de Dallas qui révèle très vite son double jeu, le journaliste paralysé et courageux, ainsi que quelques figures propres au genre.

tonino valérii,giuliano gemma

La mise en scène de Valerii joue beaucoup sur la dissimulation et les faux-semblants : faux suicide, faux coupable, faux amis et faux-culs se succèdent à l'écran au point que l'on finit par douter de tout le monde, sauf de l'intègre Willer. Le réalisateur restitue bien à travers ce film de genre le sentiment de paranoïa d'une époque, sentiment que l'ont peut rapprocher tant de la situation des États-Unis que de l'Italie à la fin des années 60, avec le même genre de manipulations et une importante violence politique. Mais film de genre d'abord, Valérii offre avant tout un western de belle facture, qui a eu des moyens mais sans excès (Je me suis souvent demandé pourquoi l'escorte présidentielle était si maigre, pas un soldat en vue). La photographie de Stelvio Massi est une réussite avec quelques beaux effets dans l'obscurité, le Techniscope est travaillé sur soute sa surface, jouant comme dans les œuvres majeures du genre sur la profondeur de champ, les gros plans et de larges débrayages d'espace. Valérii a retenu les leçon de son mentor. Il construit également de belles scènes très découpées de pur suspense, n'hésitant pas à leur sacrifier la crédibilité du récit. Autant l’attentat contre Garfield est un modèle de mise en scène mise au service de la narration, autant il est difficile d'avaler la façon dont Willer met en scène ses deux duels tarabiscotés avec le shérif Jefferson. L'attitude de notre héros est tellement inconséquente, compte tenu des circonstances, que les scènes n'ont aucune crédibilité comparées aux grands duels vus chez Leone ou Corbucci. Mais pour elles-mêmes, en terme visuels et d'intensité, ce sont des réussites. On peut les rapprocher du duel totalement gratuit de I giorni dell'ira où le personnage de Lee Van Cleef affronte un tueur, chacun armé d'un antique fusil qui se charge par la gueule avec poudre et baguette, le tout monté sur un cheval lancé au galop. C'est complètement idiot, mais inoubliable. Je note que ce tueur est joué par le même acteur que le shérif, Benito Stefanelli, célèbre maître d'armes et cascadeur aux moustaches et au regard inoubliable.

tonino valérii,giuliano gemma

Il prezzo del potere est ainsi un mélange détonnant de rigueur et d'incongru, un peu inégal mais passionnant, puisant dans l'Histoire tout en prenant avec elle de sacrées libertés. Le film est constamment tendu entre sa volonté de sérieux (les nombreux éléments provenant de l'affaire Kennedy, le discours sur le racisme, le sous-texte européen), ses accents tragiques magnifiés par la partition assez sublime de Luis Enriquez Bacalov, et son essence de western italien d'un baroque fantaisiste assumé. Le film se donne alors tout entier à l'aventure la plus pure, au plaisir feuilletonesque de faire valser son héros de Charybde en Scylla, le rattachant une fois de plus au peplum et à toute une mythologie latine. Willer, idéalement incarné par Gemma, le regard droit, l'allure décidée, encaisse les coups-fourrés, la mort de ses proches, les soupçons de ceux qui pourraient l'aider, sans dévier d'un pouce de son désir de vengeance et de justice. Sans négliger non plus de nous gratifier de quelques sauts périlleux dont il a le secret. Il en est presque décalé au sein d'une distribution brillante qui a assez d'espace pour donner vie à la riche galerie de personnages. Outre Benito Stefanelli, on apprécie la classe de Fernando Rey, l'élégance suspecte de Josè Suarez que l'on a croisé en personnage tragique chez Ferdinando Baldi et Enzo G. Castellari, Antonio Casas vu chez Leone, Corbucci et Luis Bunuel, Frank Braña, Joaquin Parra et l'inévitable Lorenzo Robledo en hommes de main parfaits, l'acteur new-yorkais Ray Saunders qui trouvera ses rôles les plus intéressants en Italie, Manuel Zarzo et Paco Sanz (formidablement dingue dans Se sei vivo spara (Tire encore si tu peux – 1967) de Giulio Questi) en journalistes aux côtés de Willer, et le rigide Warren Wanders en homme de confiance du président. Pour ce dernier, Valérii bénéficie d'une pointure hollywoodienne en la personne de Van Johnson venu comme tant d'autres chercher un peu d'air dans le cinéma de genre européen au cours des difficiles années soixante. Les femmes sont peut présentes, mais María Cuadra en épouse présidentielle et la belle Norma Jordan vêtue d’étoiles, chantant devant la bannière américaine, arrivent à exister.

Au final, Il prezzo del potere est une œuvre majeure du genre sans être forcément un chef d'oeuvre. C'est une belle démonstration de cette façon originale d'investir de façon décontractée les codes typiquement américains pour créer un style unique, en propre, tout en étant complètement en prise avec son époque. Le film agacera sans doute les puristes, réjouira les autres, à commencer par celles et ceux qui aimaient et aimeront toujours voir bondir le beau Giuliano, éternel chevalier au six-coups en quête de vérité et de justice, et de vengeance.

Le DVD

A lire :

Le texte enthousiaste de Tepepa

Sur Mondo 70

Les infos très complètes du site Spaghetti Western (source des photographies d’exploitation).

16/12/2013

A la campagne

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15/12/2013

A funny sense of fun

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Peter O'Toole (1932 - 2013)

Photographie DR source DVD Columbia Tristar

21:09 Publié dans Acteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter o'toole |  Facebook |  Imprimer | |

11/12/2013

Édouard et Georges

Les noms de Georges Lautner et Édouard Molinaro sont attachés pour moi au cinéma du dimanche soir, celui des années 70 et 80. Soirées familiales où le rire est général, même s'il varie selon l'âge, puisant dans le burlesque, la grosse farce, les allusions plus fines, les répliques griffées Audiard ou Veber que l'on pourra reprendre le lendemain dans la cour de récréation ou devant la machine à café. Des pointes de violence, un frisson d'érotisme quand apparaissent Mireille Darc, Claude Jade, Barbara Steele, Miou-Miou ou Françoise Dorléac, une musique pop de Michel Magne ou les accents virevoltants de Jacques Brel. Des univers loufoques pourtant incrustés dans le quotidien dont on reconnaît, la nostalgie aidant, les signes, peuplés de de ces figures savoureuses incarnées par une sacrée collection d'acteurs populaires puisés dans trois générations d'acteurs, de Jean Gabin à Jean-Paul Belmondo, de Louis De Funès à Pierre Richard, de Lino Ventura à Daniel Auteuil. Et encore toutes ces tronches inoubliables, les Francis Blanche, André Pousse, Bernard Blier, Robert Dalban, Dalio, Paul Préboist, Mario David, Jean Luisi, Michel Constantin...

De Georges Lautner, les fameux tontons m'avaient un peu déçu. Découverts sur le tard, je connaissais déjà trop le film et ses dialogues impérissables qui fonctionnent en fait comme un gigantesque paravent. Certes, ils font leur effet si l'on est pas allergique à Audiard, mais ils occultent par exemple la délectable prestation de Claude Rich, seul contre poids bienvenu à un portrait de la jeunesse assez réac, il faut bien le dire. Et donc à part dans le groupe. Ils masquent aussi un rythme général qui manque un peu de nerf, comme le pastiche de film noir qui passe par la mise en scène, cadres, lumières et sons (il est bon de rappeler à certains "salisseurs de mémoire" que la scène de la cuisine est un hommage à Key largo (1948) de John Huston. Mais si). Mais il est surtout flagrant de voir comment dans les hommages d'aujourd'hui, le gugusse de Montauban masque la carrière assez riche d'un réalisateur à l'ambition plus élevée que ce qu'il a pu laisser paraître. Lautner ne faiblit vraiment que vers la fin des années 70 quand il entame sa collaboration avec Belmondo. Mais ce dont il était capable apparaît nettement dans les cadrages wellsiens du Septième juré en 1961, la façon dont il filme la scène d'audition de Miou-Miou dans On aura tout vu en 1976, les recherches pop dans Ne nous fâchons pas (1965) et la série des Monocle, sans parler de la tendresse et de la sensualité qu'il aura toujours mis à filmer Mireille Darc. On lui pardonnera donc quelques gros films faciles pour retenir une bonne douzaine de titres estimables (ce qui n'est pas rien) et toutes ces images au-delà de la cuisine du défunt mexicain : le tracteur rouge de Paul Préboist, le face à face littéraire entre De Funès et Darc, Marielle dans sa valise, les marcels de Constantin, les motocyclistes anglais, J'irais revoir ma Normandie sur un théâtre de Hong Kong, chacun les siennes. 

D’Édouard Molinaro, il serait facile de dire que son cinéma était du théâtre filmé, ne serait-ce que par le nombre de ses films tirés de pièces. Mais c'était du théâtre bien filmé, à commencer par Oscar (1967) qui reste un des sommets de Louis De Funès grâce à la mise en scène qui s'épanouit dans l'immense décor de la maison de Bertrand Barnier, un travail sur l'espace et les couleurs qui se rapproche de ceux de Jerry Lewis ou Jacques Tati. Molinaro aura eu l’intelligence de ne pas chercher à « aérer la pièce », ce qu'il ne réussira pas dans Hibernatus (1969), moins heureux dans le décor 1900 recréé par Hubert de Tartas (mais les scènes entre Fufu et Michael Lonsdale sont savoureuses), pas plus que dans La cage aux folles (1980) plombé par le remplacement de Jean Poiret par Ugo Tognazzi. Mais Molinaro reste pour moi le réalisateur de Mon oncle Benjamin (1969), adaptation cette fois d'un roman, celui de Claude Tillier. Film d'extérieurs somptueux, Mon oncle Benjamin est illuminé de la personnalité de Jacques Brel qui trouve là une résonance avec l'univers de ses chansons, et par la beauté de Claude Jade qui dégage une saine sensualité trop rarement exploitée. Ce film, Molinaro l'avait porté et voulu, au point d'accepter de faire Hibernatus malgré ses démêlés avec De Funès sur Oscar. Pas forcément bien accueilli, le film dégage un humanisme qui me sied. L'emmerdeur (1973) reste une belle mécanique comique, Le souper en 1992 un joli duel entre Claude Brasseur et Claude Rich. L'homme pressé (1977) un film attachant qui cherche à jouer sur le mythe Delon et La chasse à l'homme (1964) une comédie pétillante à la distribution alors pleine de promesses, un film à découvrir. Comme Lautner, Molinaro se laisse aller à certaines facilités à la fin des années 70, peut être déçu d'un manque de reconnaissance. Il se ressaisit pour ses derniers films, honorables, puis à la télévision. Difficile de dire aujourd'hui quel regard ces deux réalisateurs pouvaient porter sur leur œuvre, si le côté populaire de leurs films, et leur succès, ont suffit à les consoler d'ambitions bridées, restées si peu exprimées. Le temps, pour leurs meilleurs films, travaille pour eux.

06/12/2013

1960 à l'affiche

Alors que le compte à rebours de Zoom arrière est commencé pour l'année 1961 ( à suivre sur la page Facebouque), voici une jolie collection des affiches de l'année 1960 qui ornaient les frontons des cinémas d'alors pour des œuvres signées Ingmar Bergman, Terence Fisher, John Ford, Blake Edwards, François Truffaut (version polonaise), Joseph Losey et quelques autres. Un art de l'affiche qui s'est, il faut le dire et le regretter, un peu perdu depuis que l'on nous formate visuels et caractères. 1960, encore un temps pour la fantaisie, le rêve, la puissance d'évocation. DR, piquées un peu partout. 

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26/11/2013

Les 15e rencontres Cinéma et Vidéo à Nice

Les 15èmes Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice

Du 28 au 30 novembre 2013

La 15ème édition des Rencontres Cinéma et Vidéo se déroulera du jeudi 28 au samedi 30 novembre au sein de deux lieux culturels niçois : la salle le Volume et le cinéma Mercury. L’association Regard Indépendant a choisi le thème aux multiples interprétations « De 5 à 7 » pour son rendez vous annuel. Les 28 films réalisés en super 8 sur le principe du « tourné-monté » seront projetés au cinéma Mercury le samedi 30 Novembre à partir de 20h30. Les trois journées des Rencontres seront, comme à l’accoutumée, dédiées à la création cinématographique régionale et indépendante.

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Programme :

Jeudi 28 novembre – Salle le Volume

Soirée d’inauguration à partir de 20h

Au programme : Cocktail, sélection du 9e marathon du court métrage de Caen et de clips de musique guinéenne suivi d'un concert d’Anny Kassy.

Vendredi 29 novembre - Cinéma Mercury

Cette deuxième journée sera consacrée à la réalisation régionale avec les nouvelles œuvres de Guillaume Levil, Cédric Romain, Stéphane Coda, Antoine Banni, Marie Botti, Benoît Seyrat et un western moustachu signé David Mizera. Une place sera réservée aux travaux d’ateliers en milieu scolaire animés par nos amis de l’association Héliotrope ainsi qu’aux courts métrages de l’ESRA Côte d’Azur. En soirée, les compagnies En Décalage et Les Toubidons présenteront un spectacle d’improvisation théâtrale à partir de films super 8.

Samedi 30 novembre – Cinema Mercury

Après-midi consacrée à la production (vraiment) indépendante qui nous transportera en Tunisie et en Guinée, du super 8, encore, avec une sélection des Straight 8 anglais et une carte blanche à The Smalls.

Point d'orgue, le grand soir du super 8 pour une édition 2013 très internationale, avec des réalisateurs libanais, allemands, américains, anglais, et normands (en partenariat avec La Petite Marchande de Films) qui ont été invités à se joindre aux réalisateurs de la région. Au total, 28 films seront présentés en présence des réalisateurs qui découvriront leur travail en direct avec le public. Le jury remettra les prix à la fin de la projection.

La soirée de clôture sera rythmée par Memphis Mao aux platines et par la projection de deux œuvres : le culte Nekromantik de Jörg Buttgereit, et la Princess Mononikée du Radis calciné. Elle entretiendra la réputation conviviale de cette manifestation en animant le cinéma Mercury et ses alentours comme lieu de rencontres entre créateurs et public.

Le site de Regard Indépendant

La page Facebook

Visuel Illys PoulpFiction

22/11/2013

Anniversaire

Toujours en retard pour fêter les anniversaires, y compris celui d'Inisfree. Il y a eu neuf ans, le 13 novembre, que je me suis décidé à ouvrir ce blog avec quelques notes bien, bien modestes. Cela mérite bien un coup de clairon.

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13:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : inisfree |  Facebook |  Imprimer | |

19/11/2013

Soutien à Mohammad Rasoulof

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof rencontre de nouveaux problèmes avec les autorités de son pays. Il semblait évident, après la projection de son dernier film dans la sélection Un Certain regard à Cannes en mai 2013, qu'il serait délicat de retourner en Iran. Rasoulof a pris le risque il y a un peu plus d'un mois et s'est vu confisquer son passeport dès son arrivée, comme l'explique un article de Rue 89. Il se retrouve "interdit de quitter le territoire alors qu’il vit avec sa famille en Allemagne". L'information est restée discrète, peut-être en rapport avec les tentatives de dialogue actuel entre Iran et Occident. Néanmoins, les organisateurs du Festival du film de Stockholm ont manifesté le 12 novembre devant l'ambassade d'Iran en Suède, les yeux bandés de tissus noirs en observant plusieurs minutes de silence.

"Si on m'ôtait le droit de tourner et de montrer mes films, j'aimerais que mes confrères se mobilisent", a déclaré le réalisateur suédois d'origine égyptienne Tarik Saleh.

Dans ce contexte, je relaie l'appel de soutien lancé par Marlène, artiste établie à Mouans-Sartoux :

(…) L'objectif est de récolter un maximum de signatures et d’emails de soutien pour aider pacifiquement Mohammad Rasoulof à retrouver très vite son passeport, sa liberté de circulation et de création. Son dernier film Les Manuscrits ne brûlent pas a reçu le Prix Fipresci par le Jury Œcuménique dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes. A cette occasion, Mohammad Rasoulof avait pu se rendre au Festival  pour y recevoir sa récompense en main propre. Mais depuis, il  a été interdit de sortie du territoire iranien et n’a pu assister ni au Festival de Hambourg,  ni à celui de  Stockholm. Merci d'envoyer votre soutien à Mohammad Rasoulof  à l’adresse suivante : marleneartstyle@gmail.com

 

17/11/2013

Politique et cinéma (partie 2)

Suite (et fin) sans langue de bois du questionnaire de Cinématique.

11) L'anarchisme au cinéma, c'est qui ou quoi ? 

Quoi : les petites communautés autonomes des films de Howard Hawks, Hatari ! (1962) de façon exemplaire.

Qui : Luis Bunuel.

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12) Quelle est la meilleure biographie filmée d'une femme ou d'un homme de pouvoir ? 

Lincoln (2012) de Steven Spielberg, qui est aussi une réponse possible à la question 10.

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13) De quelle femme ou quel homme de pouvoir, aimeriez-vous voir filmer la biographie ?   

Michel Rocard sous forme de comédie musicale. Pierre Larrouturou incarné par Denis Podalydès.

14) Au cinéma, quel personnage de fiction évoque le style des politiciens français suivants : Nicolas Sarkozy, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ? (vous pouvez en choisir d'autres) 

ken loach,luis bunuel,george miller,fritz lang,sacha guitry

De gauche (!) à droite : Jean-Luc Mélenchon, François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Marine Le Pen : le personnage joué par Al Mulock (Quand on tire, on raconte pas sa vie)

François Bayrou  : Le frère de Tuco

Jean-François Copé : le mexicain au brin d'herbe (T'as pas la tête de celui qui va les toucher)

Jean-Louis Borloo : le capitaine nordiste (facile)

15) Quel film de propagande n'en est-il pas moins un grand film  ?

Beaucoup de grands films sont des films de propagande, tout dépend de ce que l'on met dans ce mot. Le dernier vu en date, et bien que Lang s'en soit défendu, : Man hunt (Chasse à l'homme – 1941) qui milite ouvertement pour l'intervention de l'Amérique. Dans un registre plus léger :

16) Quel a été pour vous, en France, le meilleur Ministre de la Culture ? Expliquez pourquoi en deux mots.  

Jack Lang. Je ne sais pas vraiment dans quelle mesure il y était pour quelque chose, mais de 1981 à 1986, j'aimais le cinéma à la télévision (et d'autres choses aussi). Après...

17) Quel est le meilleur « film de procès » 

La poison(1951) de Sacha Guitry.

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18) Quel film vous paraît le plus lucide sur le quatrième pouvoir (les medias) ? 

Deadline U.S.A. (Bas les masques - 1952)de Richard Brooks.

19) Citez un film que vous aimez et qui vous semble assurément « de droite ». 

Mad Max (1979 de George Miller.

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20) Citez un film que vous aimez et qui vous semble certainement « de gauche ».

Land and freedom(1995) de Ken Loach.  

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