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19/02/2007

Clermont 2007 seconde partie

La jeune actrice Sophie Quinton était dans le jury national de cette édition et je suppose que c'est l'une des raisons qui ont fait que son dernier film, Dire à Lou que je l'aime réalisé par Hedi Sassi, a été présenté dans un programme régional. J'ai bien espéré la croiser tout au long de ces quatre jours, mais en vain. Le soir de la clôture, comme nous étions au balcon, je ne l'ai vue que de très loin, comme vous pouvez le constater sur la photographie de la note précédente. La petite forme blanche au milieu, c'est elle. Bon, ceci dit, je suis très content d'avoir pu compléter ma filmographie de l'actrice, et je suis ravi qu'elle continue de s'investir dans le court métrage. Avec Hedi Sassi, elle avait déjà fait Mitterrand est mort en 2003 et les deux films sont assez proches, des films de taiseux, avec un rythme lent, les mêmes défauts et les mêmes qualités au premier rang desquelles il faut mettre la capacité de Sophie Quinton à faire immédiatement vivre un personnage. Il y a quelque chose chez elle qui me fait penser à Sandrine Bonnaire, quelque chose qui la rend proche, naturelle et passionnante dans les plus simples des gestes. Ici, elle est une jeune femme qui passe Noël avec son père et se rend compte, petite à petit, que celui-ci est atteint de la maladie du « sieur Alzeimer ». Comme le précédent film de Hedi Sassi, c'est la description d'un rapport difficile entre un homme agé et une jeune femme, entre deux générations. C'est aussi un cinéma un peu trop sage, très classique dans sa forme, qui repose surtout sur les regards et les attitudes des personnages. Un cinéma qui manque un peu d'ambition purement cinématographique.

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Tout le contraire du film suédois qui a été primé cette année, Le dernier chien du Rwanda (Den sista hunden i Rwanda) de Jens Assur. J'aime beaucoup cette phrase de je-ne-sais-plus-qui (Godard peut être) qui dit que le court métrage sera véritablement considéré le jour ou on ira voir un film de dix minutes comme on va voir un film de deux heures. Même si je remarque que dès l'origine les courts métrages ont été regroupés en programmes pour le public, il y a encore trop de personnes (voir les commentaires de la note précédente) qui considèrent le court comme un genre en soi, qui disent « je vais voir des courts » comme je dis « je vais voir des westerns ». Le film de Jens Assur est un parfait contre exemple dans la mesure ou il réussi sur trente minutes là ou Hôtel Rwanda de Terry Georges ou Shooting dogs de Michael Caton-Jones échouent en deux heures sur l'écueil de la bonne conscience et de l'indignation convenue. Le dernier chien du Rwanda met en scène un photographe de guerre, David, qui a choisi ce métier par fascination pour la guerre et la violence. Une fascination qui remonte à l'enfance. Comme il le dit en introduction, sa guerre préférée, c'est celle du Rwanda, préférée comme on le dit d'un restaurant. A travers ce personnage hautement antipathique, c'est toute une attitude de l'occident qui est explorée. Il n'y a ni grand discours indigné, ni tentative de vulgarisation, le film se suffit de suivre David qui se ballade avec un gilet pare-balle par plus de trente degrés et, dans un petit passage emblématique, évite discrètement de boire dans une bouteille utilisée par un rwandais. La violence sèche du film est autant dans la lourdeur de l'atmosphère (tournage en Afrique du Sud) que dans les comportements. C'est un premier film et la maîtrise de Jens Assur est impressionnante : construction en flash-back, ellipses hardies, humour sarcastique et une façon de se situer par rapport aux scènes violentes qui glace. La portée du film dépasse son strict cadre historique pour faire le portrait de l'arrogance ordinaire.

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Une chose qui me frappe toujours dans la sélection internationale, c'est la qualité de certaines interprétations. Il y a peut être un effet du au langage, le fait que l'on a le meilleur des films de chaque pays, mais le fait est là. Il y a en international des performances extraordinaires. Jonas Karlsson dans Le dernier chien du Rwanda est un bel exemple, mais je citerais volontiers les actrices de Pluie saisonnière (Temporal) réalisé par Paz Fabrega : Sara Fischel et Annette Aguilar. Elles jouent deux jeunes filles du Costa Rica qui voient partir leurs amis pour l'université et la grande ville. Partir, rester, c'est un peu Américan graffiti ! Le film est très sensuel et les deux actrices jouent de physiques singuliers pour camper les deux adolescentes. Sara Fischel en particulier, avec une petite voix rauque et un corps menu, semble à peine sortie de l'enfance. Dans un tout autre registre, il y a le Vanya de Hannes Kaljujärv dans Vanya sait (Vanya Vet) du suédois Fredrik Edfeldt, un personnage haut en couleurs, mythomane de grande classe, immigré ukrainien en charge d'une sorte de halte garderie et dont l'histoire, l'histoire officielle, douloureuse et secrète, comme les nombreuses histoires à base de vantardise, de poésie et de sexe qu'il passe son temps à raconter, forment le récit d'un jeune garçon devenu écrivain. Il y a encore le duo Peto Menahem et Juan Carrasco, le vétérinaire et son client singulier dans Le perroquet (El Loro) de Pablo Solarz, comédie argentine casse-gueule puisque l'un des personnages est atteint de troubles neurologiques. Mais ça fonctionne. Même dans des films plus moyens, péchant soit par la mise en scène, soit par les moyens engagés (le problème de la vidéo dont je parlais plus haut), les interprétations sont souvent de très bon niveau.

Je terminerais avec quelque chose que j'aime beaucoup dans ce festival, c'est la part du hasard. Pour moi, il fait bien les choses. Ainsi, quelques heures avant la clôture, nous nous sommes retrouvés dans l'un des programmes hommages aux réalisateurs polonais Piotr Kamler et Zbigniew Rybczinski. Nous étions partis sur l'idée de voir le fameux Chronopolis réalisé par le premier en 1982 et de nous éclipser discrètement pour rejoindre le grand auditorium avant L'orchestre du second. Je dois avouer que Chronopolis a beau être visuellement superbe, je m'y suis ennuyé ferme. Je ne sais pourquoi, au moment de se lever, j'ai eu la flemme, et nous sommes restés. Coup de bol, ce fut une splendeur ! L'orchestre est un très grand film, une oeuvre musicale et expérimentale comme un grand tourbillon, un immense mouvement qui emporte, le mouvement de la vie et de l'Histoire, plein de grâce et de musique, de danse et de belles femmes, de politique et de philosophie, d'humour et de magie. Magie, oui, c'est le mot, la magie du cinéma.


Quelques films de Cette édition 2007 :


Volatiles (Birds) de Pleix de Prix du public, catégorie labo

Tygre (Tiger) de Guilherma Marcondes, prix de la presse


Photographie Temporal : Silvia Villalta/Max Myers

Photographie Le dernier chien du Rwanda : Kamerabild 

14/02/2007

Clermont 2007 images

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12/02/2007

Clermont 2007 première partie

Cela a commencé un peu laborieusement. La traversée du massif central s'est faite dans le brouillard puis nous nous sommes perdu pour trouver l'hôtel. Ensuite nous avons raté l'heure de l'apéro, moment sacré de la journée où se nouent tant de contacts. Parce que Clermont, j'y vais aussi pour mon association et une partie de mon temps est consacré à rencontrer des gens, revoir des amis et discuter de projets que l'on pourrait monter ensemble. Clermont me donne une grande part de l'énergie qui m'anime tout au long de l'année. Bref, le badge autour du cou, les choses sont vite rentrées dans l'ordre. Nous avons retrouvé nos amis sommes rentrés dans le vif du sujet avec la programmation de l'Etrange Festival, proposée par Frédéric Temps. Un joli programme pour se mettre dans le bain, moins trash et sexe que d'ordinaire, plus orienté vers le fantastique, le burlesque et l'expérimental. C'était partit.

Il serait un peu présomptueux de vouloir donner une vue d'ensemble de cette édition 2007 du festival de Clermont-Ferrand. Il y a là-bas tant de films à voir et tant de choses à faire. Pour utiliser un mot prisé par les lecteurs de Télérama, je trouve jubilatoire de passer ainsi par autant d'univers différents, autant de styles, autant de propositions (ou d'absence de) de cinéma. Au bout d'un moment me restent quelques sentiments tenaces, le goût de l'année.

De 2007 je conserverais une petite irritation face à la tendance pseudo sociale de certains courts métrages français. Mes lecteurs savent combien j'apprécie Loach ou Tavernier, mais cette façon de plaquer une scène d'usine pour montrer que l'on a bien caractérisé son personnage, qu'il est bien ancré dans une réalité sociale et économique finit par me gonfler un petit peu. On sent l'acteur appliqué, mais ça sonne faux. Dans un registre proche, un film comme Trente ans de Nicolas Lasnibat, de la FEMIS, tombe complètement à plat. Pourtant, avec un sujet pareil, l'histoire d'un homme qui revient au Chili trente ans après la dictature pour récupérer les ossements de sa femme exécutée, il y aurait eu matière à. Hélas, pendant la scène censément poignante ou il dispose les os sur le lit, je pensais qu'il aurait fallu un Lynch, une vision, une plongée dans l'esprit de cet homme, quelque chose de dérangeant et pas une performance bien propre. Heureusement, plusieurs films ont su dépasser les clichés en vigueur et, bien que les deux pieds dans la réalité, ont su la transcender pour faire vivre autre chose que des illustrations de thèses. L'humanisme de La leçon de guitare de Martin Ritt ou du grand prix, Le Mozart des pickpockets de Philippe Pollet-Villard, est heureusement renforcé d'humour, de poésie, d'habiles réminiscences du Kid de Chaplin ou de grands moments de la comédie italienne. De la même façon, Nyaman' Gouacou viande de ta mère de Laurent Senechal contourne les clichés attendus sur une histoire qui pouvait faire frémir : femmes immigrées, banlieue, adolescente en crise. Heureusement non, les deux actrices, justement récompensées, Fanta Touré et Manga Ndjomo sont toujours justes et nous avons d'abord à faire avec une mère et sa fille avant deux femmes d'origine africaine. Le petit drame raconté sur une journée atteint vite une portée universelle et les rapports souvent difficiles entre les êtres sont toujours allégés de touches d'humour. Les visages sont filmés avec tendresse et le montage rigoureux. Mieux, il y a une véritable attention portée aux seconds rôles comme le délégué de la classe immédiatement crédible avec une réplique inattendue. Vous aurez compris que c'est le film français qui m'a le plus touché cette année.

Année après année, le cinéma d'animation confirme son importance tant au niveau de la qualité que de l'ambition. A Clermont, j'aime assez cette abolition des frontières qui préside aux programmations. Bien qu'il y ait une section Labo spécifique au cinéma expérimental, on retrouve la fiction classique, le documentaire, l'animation, la vidéo et la pellicule brassés sans plus chercher à regrouper des familles. Exemplairement, Mon amour (Moya lyubov) de Alexander Petrov est une fresque animée romanesque sur les amours d'une jeune homme pour deux femmes, l'une, sa jeune bonne et l'autre son énigmatique voisine. Nous sommes en plein XIXe siècle et dans la grande littérature russe. Nous sommes aussi, par la grâce d'une technique virtuose, plongés dans les délire de son imagination adolescente, autant de visions éclatantes et colorées, séduisantes comme celles du Dr Jivago de Lean. Je reste plus partagé sur l'utilisation de la vidéo. Autant nombre d'oeuvres numériques sont de toute beauté et/ou savent utiliser avec inventivité les ressources de la technique, autant plusieurs films sont d'une laideur à faire peur et trahissent, sinon leur manque de moyen, du moins des histoires intéressantes. Quel gâchis parfois. Au passage je note avec tristesse la pauvreté des films africains francophones, pauvreté au sens littéral du mot. Une exception éclatante, le documentaire musical et engagé Foniké ("jeune" en langue soussou) de Jérémie Lenoir, un film qui met en scène les rappeurs de Conakry en Guinée, un télescopage avec l'actualité de ce pays qui n'en peut plus de la misère, de la corruption et du manque de tout. Un pays qui crie sa rage dans la rue. Le film, écrit par une caméra très mobile, est composé comme un tourbillon qui happe et fascine, ramenant la musique à ses origines tant géographiques que sociales. Moi qui n'ai guère d'affinité avec le hip-hop, j'en suis resté cloué.

(à suivre)

Le site du film Foniké

Palmarès 2007

30/01/2007

Courts métrages en Auvergne

Clermont Ferrand, son riant climat, son nouveau tramway, sa place de Jaude, la chaleur de ses habitants et son festival incomparable du court métrage. Demain matin, je prends la route pour aller y passer quelques jours. Promis, je vous raconte à mon retour.

 

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12/10/2006

Rencontres à Nice

Comme chaque année à la même époque, je me plonge dans la préparation des Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice, la manifestation organisée par l'association Regard Indépendant, que j'ai l'honneur et la lourde charge de présider. Du 6 au 11 novembre 2006, la 8ème édition prend à nouveau ses quartiers au théâtre Trimages à Nice. Notre mission, puisque nous l'avons acceptée, est de permettre au public de découvrir la production cinématographique régionale.

Cette année, un accent particulier a été mis sur les films travaillant autour de l'image, c'est à dire en revendiquant l'utilisation de certains formats comme le super8, ou bien en utilisant les images des autres comme les adeptes du détournement. Les spectateurs curieux pourront ainsi découvrir la série des Documents Interdits de Jean-Teddy Filippe, les films en super8 « tourné-monté » de l'association anglaise Straight8, le travail du cinéaste Louis Dupont et un ensemble intitulé : « Les iconoclastes du web » avec les oeuvres de plusieurs créateurs complets s'appuyant sur les réseaux Internet et travaillant en parfaite indépendance, Charlie Mars, Joe la Mouk, Kansas, Mozinor, Tilo Lagalla, qui développent une façon très libre de faire des films. L'association l'Atelier du Film Court de Caen sera invitée à présenter les courts métrages de réalisateurs régionaux qu'elle soutient et échangera sur les moyens d'action en région. Une large place sera faite aux productions régionales et je vous laisse découvrir les détails de cette magnifique manifestation sur le blog des Rencontres.

Si vous passez par Nice...

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31/05/2006

Cannes (6)

Beauté

Dans la foulée, Warner nous a proposé la version restaurée de La prisonnière du désert. Je ne vais pas vous agonir sous les superlatifs à propos de ce film. Je l'ai longtemps tenu pour mon film préféré. Aujourd'hui encore, je comprends toujours Godard quand il parlait de la dernière séquence parce que je ne peux la regarder les yeux secs. Au départ, je n'avais pas prévu de rester mais je n'ai pas pu résister. La qualité de la restauration est exceptionnelle. Dès les premières images, la porte d'un noir profond s'ouvre sur un désert limpide, on sent le vent, le sable ocre et la profondeur infinie de Monument Valley, l'espace. Je n'avais jamais vu le film aussi beau aussi parfait. J'ai retrouvé une fois encore, intacte, absolue, la raison pour laquelle rien ne remplacera l'expérience de la vison en salle. Warner annonce la restauration de Rio Bravo pour l'an prochain. Les braves gens.

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Cannes (5)

Ford, Ford, Ford.

C'était le cri du coeur en forme de boutade d'Orson Welles qui nous a été rappelé par Peter Bogdanovitch sur la scène de la salle Bunuel. A la question : « Quels sont les cinéastes que vous admirez », il avait répondu : « Les grands maîtres du passé, c'est à dire John Ford, John Ford et John Ford ». Impossible pour moi de manquer le documentaire de Sam Pollard, John Ford / John Wayne : The filmmaker and the legend. Ford est toujours très présent pour moi, et j'ai l'impression qu'il continue d'alimenter les imaginaires et les réflexions de nos contemporains. Ainsi, après Spielberg dans Munich, c'est Alain Etchegoyen qui cite L'homme qui tua Liberty Valance dans une chronique consacrée au courage politique publiée dans le Figaro. Bref, si je n'ai rien appris de fondamentalement nouveau dans le film de Pollard, il a l'intérêt d'envisager la carrière de Ford à travers se relation avec son acteur de prédilection, John Wayne. 13 films ensembles, une collaboration aussi riche et dense que celles de Léaud avec Truffaut, Mastroianni avec Fellini ou Huppert avec Chabrol. Le film montre bien comment Ford a fait, progressivement, avec nombre d'hésitations, de Wayne son alter-ego bien plus que Fonda. On voit la complexité des rapports entre les deux hommes et leurs contradictions devenir le moteur d'oeuvres uniques. Ford, démocrate, ardent défenseur du New Deal, courageux, engagé dans les services secrets, alcoolique, autoritaire, cassant, pénible sans doute, poète à coup sûr ; et Wayne, très à droite, marqué par son image patriotique, qui ne porta jamais l'uniforme, mais encaissant sans broncher, gentil sur les plateaux comme le rappelle avec humour Mark Rydell, très pro, finalement simple et naturellement un très grand comédien (Moullet a bien raison). Et Ford qui sait faire porter à Wayne le poids trop lourd pour lui de ses interrogations, qui en fait son double dans des oeuvres aussi complexes que La chevauchée fantastique, Le massacre de Fort Apache, La Prisonnière du désert et ... Valance. Ford qui finira par retrouver les positions de Wayne sur la fin de sa vie alors que le « Duke » va à la rencontre des étudiants contestataires de Harvard avec beaucoup d'humour.

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Un seul reproche, l'oubli sans doute volontaire des films les moins connus qui me semblent pourtant enrichir la thèse de Pollard. Dans The long voyage, Wayne y est clairement un jeune homme (à près de quarante ans) constamment sous la protection de ses aînés. Sa création de Robert M. Hightower dans Le fils du désert préfigure celle d'Ethan Edwards. L'aigle vole au soleil, outre que Ford y fait jouer son propre personnage par Ward Bond, est une réflexion subtile sur le couple (une fois encore Wayne et Maureen O'Hara) et la dévotion à la patrie. Les Cavaliers et Rio Grande sont deux films d'aventures qui posent aussi la question de l'unité du pays et dans lesquels Wayne est toujours le nordiste, le progressiste dont le sens du sacrifice passe avant tout, y compris la famille. La plupart des acteurs de cette épopée artistique sont aujourd'hui disparus et le film, narré par Sidney Pollack, donne la part belle aux critiques et aux cinéastes admirateurs (Bogdanovitch, Scorcese, Milius, Rydell) avec un joli sens de l'équilibre quand l'un d'eux (un critique) avoue sa détestation de l'Homme tranquille. Tant pis pour lui, je reste un indéfectible d'Innisfree.

30/05/2006

Cannes (4)

Du bon usages des archives

C'est la première fois que je vois un travail issu de la fondation montée par Steven Spielberg pour recueillir les témoignages des survivants de la Shoah. Une organisation qu'il a mise sur pied suite à La liste de Schindler. En l'occurrence, Volevo solo vivere est réalisé par Mimmo Calopresti qui avait mis Nanni Moretti en scène dans La seconda volta. Le film documentaire laisse la parole à neuf survivants, surtout des survivantes, du camp d'Auschwitz. L'une d'elle fut déportée dans le même convoi que celui de Primo Levi. Les neuf parcours déclinent le sinistre engrenage de l'extermination, depuis les premières lois raciales mises en place par Mussolini jusqu'à l'accélération due à l'invasion allemande après 1943 et la chute du Duce. Les récits sont émouvants avec, pour certains, cet humour tout autant italien que juif. Il faut entendre cette vieille femme digne raconter son premier contact avec un libérateur américain : « C'était Tom Cruise ! ». Tous ont des moments glaçants, en particulier l'homme qui opérait dans le « sonderkommando » chargé d'encadrer les opérations au plus près des chambres à gaz et qui doit assister la dernière heure d'un cousin. On a là la même force que chez Lanzmann. Par contre, je me suis interrogé sur l'emploi de quelques images d'archives qui ponctuent, sur une musique redondante (pour rester gentil), les différents témoignages. Si les photographies des proches des différents intervenants sont en situation, les autres images, souvent assez connues et de sources très diverses, ne semblent rien apporter, créant même une distance regrettable entre le temps du film et celui des récits. Comme si le spectateur avait besoin de cette sorte de rappel, d'illustration de ce qui est dit et qui possède en soi une telle force.

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Cannes (3)

Raté

Le film que j'aurais voulu voir et que j'ai manqué.

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29/05/2006

Cannes (2)

Dorotheea

« C'est l'histoire de ma génération, une chronique de l'air du temps. Comment alors il fallait rire et pleurer. » Comment j'ai fêté la fin du monde est le premier film de long métrage de Catalin Mitulescu qui avait reçu la Palme d'or du court métrage pour Trafic en 2004. Comme il l'a dit lors de la présentation, Cannes est important et lui porte chance. Son film est plein de vie et d'humour, chronique des derniers mois de la dictature de Ceaucescu à travers les déboires d'une jolie adolescente superbement campée par Dorotheea Petre qui découvre tout à la fois l'amour, l'indépendance et la révolte. Autour d'elle, une galerie de personnages attachants où domine son petit frère qui, pour lui rendre la joie de vivre, envisage un complot pour assassiner le dictateur. La mise en scène, qui recherche un certain réalisme à coup de caméra portée, de recadrages rapides et de mises au point dans le plan ne m'a pas franchement convaincue mais ne m'a pas trop gêné non plus. C'est que le film possède cette qualité propre à nombre de films de l'est (Iosseliani, Kusturica, Longuine...), celle de savoir donner vie à tout un petit monde truculent, coloré sans être caricatural, vivant. Du coup, le film devient vite emballant. J'aime assez quand faire de la révolte politique passe par prendre des bains glacés en compagnie d'une jolie fille. Dorotheea Prete a reçu le prix d'interprétation féminine d'Un Certain Regard. Mitulescu avait raison, Cannes lui porte chance.

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Cannes (1)

Petit passage à Cannes

Cannes, toujours ce mélange de fascination et de répulsion. Cannes, ses palmiers, ses queues interminables, ses vigiles plutôt sympas, ses hôtesses inspectrices de sacs toujours charmantes, ses CRS garés sur le côté, toujours trop nombreux (mais moins que la dernière fois), ses cocktails sur le port entre 17 et 19 heures, ses affiches de films improbables, son Lloyd Kaufman, ses myriades de jolies femmes que l'on ne voit dans de telles tenues qu'ici et une fois par an, ses rencontres, ses frustrations, ses découvertes, ses surprises, ses enchantements, ses désespérances. Cannes, son festival du film. Cannes 2006 s'achève, je peux raconter mon bref passage.

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02/04/2006

Festivals de printemps

A tout seigneur, tout honneur. Commençons par le désormais incontournable festival du Court Métrage de Nice, Un Festival C'est Trop Court, 6éme édition, organisé par nos amis de l'association Héliotrope et auquel nous avons l'honneur de participer. Les dates : du 11 au 16 avril. Les lieux : aux côtés des habituels cinéma Rialto et Théâtre de la Photographie et de l'image, le festival sera également présent à Acropolis et au théâtre Lino Ventura. Au programme, le plus important, l'Allemagne sera à l'honneur avec un large panorama comprenant un hommage à Mathias Müller, cinéaste expérimental extraordinaire, des cartes blanches au Goethe Institut, à Jan Peters, au festival de Hambourg et au magazine du court métrage d'ARTE, Court Circuits proposé par Luc Lagier. Point d'orgue, un ciné-concert hommage au cinéma d'avant garde allemand. Mais encore une compétition européenne de quatre programmes. Mais aussi deux mix-vidéo, le programme Expérience6.0 proposé par le magazine Repérages, un programme musical Scopitone consacré aux clips. Mais enfin, des séances pour les scolaires et deux programmes régionaux auxquels nous avons participé. Et puis, nous en reparlerons, une rencontre professionnelle autour de « Produire en région, co-produire en Europe » qui permettra de faire un État des lieux de la production régionale tout en proposant des pistes pour l'avenir. Ce panorama ne serait complet sans mentionner les afters et les nombreuses fêtes qui jalonneront cette semaine d'exception. Pour en savoir plus : le site du festival sans oublier le blog animé par Yohan.
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Il tombe malheureusement au même moment, mais on aurait tort de négliger le Festival International du Film d'Aubagne, organisé par l'association Alcimé. Du 10 au 15 avril, ceux qui sont plutôt du côté ouest de la >Région pourront suivre cette édition riche d'une compétition officielle de 66 courts métrages et 9 longs métrages. Des programmes d'écoles, des programmes expérimentaux, deux concours de scénario dont le fameux dispositif du SIRAR, un ciné concert sur Entr'acte de René Clair (puisque l'on célèbre Dada !) et Be My Wife de Max Linder et, pour mettre un peu de piment, une nuit du court métrage érotique. Beaucoup d'animation autour de cet événement, des rencontres, des tables rondes, bref l'ambiance parfaite d'un festival digne de ce nom. Pour en savoir plus : le site du festival.

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Beaucoup plus loin, mais partageant le même esprit, le festival de Caen, 5 Jours Tout Courts fêtera ses dix ans du 14 au 22 avril (Ca va être difficile de passer de l'un à l'autre). 26 courts métrages en compétition avec une sélection film et une sélection numérique. Tout le programme n'est pas encore tout à fait prêt au moment où j'écris ces lignes mais l'organisation, l'Atelier du Film Court, promet une belle fête d'anniversaire. Pour y avoir été invité l'an dernier, je vous assure que ces normands ont bon esprit et bon goût. Pour vous mettre l'eau à la bouche et vous inciter à prendre vos billets pour Caen, je vous propose de découvrir la programmation expérimentale proposée par Philippe Côte qui nous avait réjouis les yeux et les oreilles l'an dernier dans un lieu magique : l'église du Vieux Saint-Sauveur. Surprise, il a sélectionné le film de nos amies Aurélia Barbet et Agathe Dreyfus : Holiday. Quand j'écrivais que c'étaient des gens de goût. En parallèle, un hommage est rendu à Chris Marker avec 40 films présentés. Pour en savoir plus et découvrir le programme complet : le site.

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29/09/2005

Un appel à mes lectrices et lecteurs

Chers lectrices et chers lecteurs, chers amis qui blogguez (quel mot !) en voisins, j'ai un appel à vous faire. Vous constaterez que, pour le mois à venir, je serais un peu moins actif. A ceux qui ne me connaissent pas « dans la vraie vie », je dirais que je préside une association, Regard Indépendant, que vous avez pu découvrir si vous avez suivi les liens des cinémas de quartier.


Cette association, qui fête se dix ans, travaille à soutenir les réalisateurs débutants, jeunes et moins jeunes, sur Nice et sa région. Nous organisons chaque année depuis 1998, les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice, qui proposent une photographie de la création régionale. Modeste manifestation, nous montrons du court métrage, du documentaire, des films d'animation, des vidéos expérimentales, du long parfois et, cette année, un peu de spectacle vivant intégrant les images à leur travail.


Nous aurons par exemple cette année, de façon un peu symbolique, le documentaire de Frédéric Sojcher, Cinéastes à tout Prix que certains d'entre vous connaissent sans doute. Je vous laisse découvrir l'affiche de la manifestation, due à Frédéric Nakache, ainsi qu'un communiqué de presse général et, surtout, l'adresse du blog qui permet de suivre la construction et le déroulement de la manifestation. Comme vous l'imaginez, ça me prend beaucoup de temps.

 

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Si vous en avez, du temps, et l'envie, si vous pouvez répercuter à travers la toile cette information, je vous en serait sincèrement reconnaissant. Et si vous passez sur Nice entre le 24 et le 29 octobre, n'hésitez pas à venir nous dire bonjour, voir quelques films et prendre un verre.

30/08/2005

Etrange Festival

Avec l'association REGARDindépendant, nous avions eu, l'an dernier, le plaisir de recevoir une programmation de l'Etrange Festival à Nice. La treizième édition de ce festival effectivement étrange va se tenir à Paris à partir du 31 août et jusqu'au 13 septembre. Pour ceux qui sont dans le coin, ne le manquez pas. Plutôt que de reprendre quelques phrases maladroitement, je vous livre leur éditorial-programme et vous renvoie sur leur beau site.

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Féérique et alternatif. Engagé et musical. Expérimental et satirique. Voilà quelques-uns des adjectifs qui caractérisent le nouveau cru de L'Étrange Festival. Découvertes et redécouvertes d'œuvre de cinéastes ostracisés par l'Histoire officielle du cinéma vont émailler cette treizième édition qui, cette année offre deux cartes blanches : l'une au label Sordide Sentimental, plate-forme incontournable du rock underground au sens large, et l'autre à Hideo Nakata, réalisateur des terrifants Ring et Dark Water. Au menu également, quatre hommages à des personnalités hors normes (Udo Kier, acteur boulimique, inclassable et fascinant ; Christoph Schlingensief, provocateur corrosif et cinéaste hystérique ; Karel Zeman, le Méliès tchèque ; et Shuji Terayama, esthète nihiliste et avant-gardiste) ; deux thématiques : "Esclavage", plongée au cœur des multiples formes de l'exploitation de l'homme par l'homme, et "Histoires de fantômes japonais", tour d'horizon des classiques déjantés du genre dont Nobuo Nakagawa, l'un des mentors de Kiyoshi Kurosawa, fut le maître incontesté ; deux soirées-concerts avec comme invités les mythiques Alexander Hacke (Einstürzende Neubauten) et Mayo Thompson (Red Krayola) ; une dizaine d'avants-premières (dont Feed de Brett Leonard et Nothing de Vincenzo Natali) ; une compétition de courts métrage en forme de marathon. Et pour les noctambules, une nuit incontournable : la Nuit "Auto-Défense USA", programmée par Secondscouteaux.com, ballet de films sur la vengeance tous plus explosifs et cultissimes.

21/06/2005

La leçon de Stanley Donen

Samedi 18 juin, La Cinémathèque de Nice avait fait les choses en grand pour accueillir Stanley Donen. Un immense portrait du réalisateur de Cantons sous la pluie ornait la façade austère d’Acropolis et le tapis rouge avait été déroulé. Mince, plein d’humour et de simplicité, de cette décontraction si typiquement américaine, Donen a été reçu avec enthousiasme par une salle acquise et admirative. Il s’est alors prêté, pendant près de deux heures, à une leçon de cinéma, racontant sa carrière et commentant trois extraits : la danse de Gene Kelly avec la souris Jerry dans Escale à Hollywood, le fameux numéro de Mariage royal où Fred Astaire danse sur les murs et le plafond de sa chambre et, dans une copie aux couleurs éblouissantes, un ballet musclé des Sept femmes de Barberousse.
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Mais au final, la leçon la plus significative de cinéma qu’il nous a donné, c’est au bout de 40 minutes, quand il s’est tourné vers la salle pour dire (je cite de mémoire) : « Bon, j’ai peur de vous ennuyer, passons à autre chose ». Il s’est révélé là pleinement ce que les américains appellent un « entertainer » à mi chemin entre un artiste et un amuseur.

Cette obsession du rythme, cette densité de la création, ce cinéma qui est mouvement et vitesse, ce cinéma qui est l’humour et la grâce, léger comme les pas de Fred Astaire, c’est bien le sien. C’est tout ce grand cinéma hollywoodien à son meilleur, celui qui nous manque cruellement aujourd’hui. Le reste n’est qu’anecdote. Si Donen nous a parlé de ses trucs, de son métier de chorégraphe, de ses idées techniques de mise en scène, il n’a rien dit, vraiment, sur son art de cinéaste. Sauf quand il eu cette peur d’ennuyer son audience et puis, un peu pus loin quand il a dit que, si une idée pouvait passer par le cinéma, par son langage propre, c’était mieux.

Donen fait partie, et il est l’un des derniers à Hollywood, de ces cinéastes qui pensaient cinéma et qui se sont, très généralement, refusé à théoriser leur travail. Je pense à Ford, Hawks, Walsh, Minelli, Lubitch, Capra... Ils avaient des tempéraments visuels avant tout. L’image, le rythme, le mouvement, formaient l’essence de leur cinéma.

En revoyant ses comédies musicales, des plus célèbres aux plus modestes, on ressent encore cette incroyable optimisme. La mélancolie viendra après, à l’époque des comédies sophistiquées qu’il réalisera quand les studios ne feront plus de comédies musicales. Pour l’heure, comment ne pas être positif quand, à 26 ans, on réalise son premier film avec son idole (Astaire). François Truffaut disait que la scène phare de Chantons sous la pluie était la séquence la plus euphorique de l’histoire du cinéma. Comment ne pas se sentir porté sur les ailes de la danse quand on a pu faire défiler devant sa caméra Astaire, Kelly, Cyd Charisse, Audrey Hepburn, Debbie Reynolds ou Cary Grant ?

Comment dès lors, mettre en mot ce qui sont pures sensations ? Sa façon de filmer les numéros musicaux, avec le minimum de coupes, parfois en plan séquence, tout au service du ou des danseurs, révèle à la fois son admiration pour leur art et sa fascination. Comment couper les évolutions de Kelly sous l’orage ? Ce n’est pas possible. Par contre la caméra est incroyablement mobile et souligne le mouvement de la danse. Jamais elle ne le crée artificiellement. C’est de cet effacement que naît la magie, de la capacité de Donen à nous faire partager son bonheur voir danser ses acteurs. Quelle belle leçon.

26/05/2005

5 jours tout courts, petit compte rendu

Je vous l'avais écrit, je ne suis pas allé à Cannes mais à Caen. Le temps de finir un petit texte, je vous le livre avec quelques photographies (en attendant un album plus étoffé).

C'est beau, la Normandie en mai. Et quel beau festival que celui de Caen !

Vraiment. L'équipe est très accueillante, menée par Romuald Poretti qui allie un sens de l'organisation (et de la ponctualité, rare chez nous !), une disponibilité, une gentillesse et un véritable regard sur le court métrage d'aujourd'hui.

Festival étudiant à l'origine, il en a gardé la jeunesse de l'organisation et l'esprit festif tout en développant une solide ligne éditoriale. La programmation en est l'illustration : des choix forts, des films choisis pour leur proposition de cinéma, très variés dans les genre : expérimental, fiction, documentaire, animation... mais formant un ensemble intelligent qui dégage au final et comme disait l'autre, une certaine idée du cinéma.

De fait, ce festival est assez proche de celui de Nice, tant au niveau pratique que dans la démarche de fond, exigeante, faisant passer au public une haute idée du court métrage, envisagé comme une oeuvre à part entière. J'ai d'ailleurs retrouvé plusieurs films découverts à Nice comme à Clermont.

Le gros avantage de nos amis normands est d'avoir à leur disposition un très bel outil avec le cinéma Lux : deux salles parfaitement équipées de 200 places chacune, un véritable espace scénique, de la restauration, de l'espace, une vidéothèque. Le bonheur. Le Lux, c'est un cinéma à la longue histoire, ayant fêté ses 40 ans en 2000. La liste des cinéastes qui y est intervenue est impressionnante .

Autre atout de la manifestation, une vraie dynamique avec l'université, de nombreuses projections étant organisées à la Maison de l'étudiant, ainsi qu'avec la ville. Cette année, le festival avait investit l'église St Sauveur (désacralisée, ouf !) pour deux mémorables ciné-mix : Vampyr de Dreyer, mis en musique par Frédéric Deslias, Jean-Noel Françoise et José Gherrak, et le très déjanté Tetsuo de Shinya Tsukamoto mis en musique par Yannick Lecoeur (Princesse Rotative). Au même endroit, une programmation expérimentale sur le thème de la lumière, proposée par Philippe Côte. Une ambiance magique avec le ronronnement des projecteurs super8 et 16 mm.

La sélection proposait 4 programmes cinéma et 2 programmes vidéo. Le jury, mené par Jean-Noël Brouté, vieux complice des frères Podalydès (c'était lui dans l'horloge du Mystère de la Chambre Jaune !) n' a d'ailleurs pas entièrement rendu, à travers son palmarès, justice aux choix de programmation. Ex-aequo, French Kiss de Antonin Peretjatko et Le Droit Chemin de Mathias Gokalp, sont certes de bons films, maîtrisés, bien joués, drôle pour le premier, bien écrit pour le second, mais ils n'ont pas la force du beau documentaire de Valérie Mrejen Pork and Milk, qui nous fait découvrir les trajets de juifs ultra orthodoxes qui ont décidé de devenir laïques dans l'Israël d'aujourd'hui ; de Ensuite, ils ont Vieilli, de S.Louis, émouvant portrait de pensionnaires d'une maison de retraite, réflexion sur l'âge, l'amour et la mort ; ou encore de l'étonnant Demeure, premier film de Sibylle Pieyre de Mandiargue, qui explore la maison de ses parents et son enfance. Il faudrait encore citer La Femme seule de Brahim Fritah, Panorama de Marinca Villanova et son humour entre Vian et Blier, Raging Blues de Mathieu Lynnel et Vincent Paronneau, film d'animation à l'humour noir.

Côté vidéo, outre l'amusant remontage du Zombie de Roméro par Frédéric Desreumeaux, j'ai aimé Nuits Closes de Soufiane Adel, étonnant travail sur le réel tourné en une nuit avec son père et son frère ; J'ai Vomi dans mes Cornflakes, autre exemple de cinéma économique et intelligent, porté par un joli texte, de Pierrick Servais et, toujours très impressionnant, Le Secret des Dieux, du belge Olivier Magis, non seulement efficace mais troublante réflexion sur la puissance de l'image et les multiples possibilités de manipulation. Ouf.
Un festival vaut aussi par ses programmes parallèles. Ce sont ceux, libres de la pression de la compétition, ou l'on peut se lâcher et élargir une vision tributaire de l'actualité. Dans ce registre, outre les programmes expérimentaux et les ciné-mix, deux rétrospectives: l'une dédiée à l'immortel Tex Avery, l'autre à Chris Marker. Deux grands réalisateurs dans deux domaines bien distincts. Que dire sinon l'importance qu'il y a à découvrir ces films de cinéma en salle. Qu'ils remettent le court métrage dans une perspective historique. Que le court métrage a toujours été présent et qu'il fait l'histoire au même titre que bien des longs.

Je vous laisse avec quelques photographies, des souvenirs de moments chaleureux, de calva bien raide et une après midi au milieu des pommiers en fleurs. C'est cela aussi, un festival.

27/04/2005

Caen : 5 jours tout courts

Ce n'est pas que je sois très régulier, mais ce mois de mai, je me déguise en courant d'air !

Pour commencer, je serais du 3 au 8 mai au festival du court métrage de Caen : 5 jours tout courts. Il y aura un hommage à Chris Marker, du Tex Avery, 5 programmes de compétition et une thématique autour du court métrage belge. Je vous laisse le plaisir de découvrir le programme sur leur site.
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J'ai décidé cette année de faire l'impasse sur Cannes, le grand festival que la terre entière nous envie. Pourtant, le programme est alléchant, le jury avec Kusturica, Varda et Woo est séduisant, les premières déclarations d'intentions prolongent l'excellent état d'esprit de l'année dernière. Mais, mais, mais, les conditions d'accès aux films, les files de CRS en guise de commité d'accueil et l'obsession de la sécurité m'ont franchement pompé l'air en 2004. Ce n'est pas ma conception d'un festival de cinéma. Pas de Cannes donc.

Caen, je ne connais pas. Le festival, 8e du nom, est organisé par l'Atelier du film court, l'association Lezardus et le cinéma Lux. Depuis le temps que je rencontre leurs responsables à Vendôme ou Clermont, j'avais vraiment envie de leur rendre visite. Ca devrait être plus conforme à l'idée d'une manifestation décontractée, festive et pleine de découvertes, un peu comme à Nice il y a trois semaine.

Je vous raconterais ça à mon retour.

27/01/2005

Courts métrages


Je vais partir quelques jours pour le grand évènement annuel en matière de courts métrages : le festival de Clermont Ferrand. Cette manifestation, j'adore y aller ! C'est tellement plus agréable que Cannes, ses vigiles et ses castes. Là, pas de problème pour aborder un réalisateur dans la rue, il est presque aussi peu connu que vous.

Et puis, le court, c'est riche. Voir dix films en deux heures, c'est chouette. Mis à part les deux sélections, française et internationale, il y a du numérique, de l'animation, des rétropectives (Truffaut l'an dernier, très belle), des programmes spéciaux, parfois incroyables, bref, de quoi s'occuper toute la journée et la soirée. Ensuite, place aux afters...

Clermont existe depuis plus de vingt ans et ils ont fait énormément pour la reconnaissance du court. Malgré les critiques, comme la polémique de l'an dernier, cela reste le meilleur endroit pour découvrir les auteurs à venir du monde entier. Les programmations ont lieu dans toute la ville, toutes les salles, les amphis des facultés, les cinémas du centre et de la périphérie. C'est la fête.

Et puis, les gens sont agréables et compensent en chaleur humaine le froid qui peut être, en janvier, redoutable.

Les dates de cette année : 28 janvier - 5 février

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