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03/02/2022

Monica Vitti

29/01/2022

Bilan 2021

Allez ! Un effort... je sacrifie à la tradition du top annuel, même si, une fois encore, je ne suis pas tant allé en salles. Mais quand même j'ai pu vivre un festival de Cannes presque normal et j'ai aimé plusieurs films avec passion. Si, si. Bien sûr, il y a des regrets, mais cela fait partie du jeu. Voici donc, photographies à l'appui, ce qui m'a touché, embarqué, ému, fait rire en 2021 et, sans surprise, mon metteur en scène fétiche en tête de peloton. 

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West Side Story de Steven Spielberg (Copyright Walt Disney)

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Benedetta de Paul Verhoeven (DR)

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La Civil de Teodora Mihai (Copyright Menuetto)

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Tolo Tolo de Checco Zalone (Copyright Taodue SRL 2019)

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Story of My Wife (L'Histoire de ma femme) de  Ildiko Enyedi (Copyright Pyramide Films)

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Tromperie d'Arnaud Depleschin (Copyright Shanna Besson - Why Not Productions)

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Marx puo aspettare (Marx peut attendre) de Marco Bellocchio (DR)

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Blue Bayou de Justin Chon (Copyright 2021 Focus Features, LLC.)

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Sous le ciel d'Alice de Chloé Mazlo (Copyright Ad Vitam)

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Serre-moi fort de Mathieu Amalric (Copyright Les Films du Poisson)

11/01/2022

2022 !

Voeux 2022.jpeg

10/01/2022

Hommage à Sidney Poitier

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Le comédien Sidney Poitier en compagnie de John Wayne, sans son toupet, sur cette photographie de plateau de The Gretatest Stroy Ever Told (La Plus grande histoire jamais contée, 1965) de George Stevens. DR.

11/09/2021

Quelle joie de vivre !

Belmondo Dorleac.jpg

Belmondo et Dorleac. Photographie DR

02/08/2021

Cannes 2021, partie 2

Il y avait pas mal de motos dans les films de Cannes cette année. La scène qui ouvre Ha'berech (Le Genou d'Ahed) de l’israélien Nadav Lapid est très impressionnante. Une grosse cylindrée fonce sur la route sous une pluie battante. Son énorme, gros plans quasi abstraits, puissance de l'engin, vertige de la vitesse. Cette entrée en matière happe dans l'univers de Y., un réalisateur de cinéma qui prépare un film sur la militante palestinienne Ahed Tamimi qui, ayant giflé un policier lors d'une manifestation, en 2017, était devenu un symbole à la suite d'un retentissant procès. Elle s'était attiré une réflexion assez abjecte d'un député de la Knesset : « [il] aurait fallu lui tirer dessus, ne fut-ce que dans le genou. Au moins, elle aurait été assignée à résidence pour le reste de sa vie ». Cette histoire de genou donne son titre au film, mais ne constitue que l'introduction du film, Y. faisant un casting que Lapid filme en très gros plans étouffants, comme ceux de la moto sous la pluie. 

teodora mihai

Mais très vite, le film part dans une autre direction et Y., ailleurs. Le réalisateur est invité dans une petite colonie dans le désert, la vallée de l'Arava. il doit y présenter l'un de ses films dans un centre culturel à l'invitation de Yahalom, déléguée du ministre de la culture, qui admire son travail. Si Yahalom est sous le charme, elle doit néanmoins faire signer à Y. un document qui l'engage sur ses propos tout en les limitant, une sorte de censure à peine déguisée qui ne fait qu'aiguiser la colère du réalisateur. Lapid procède par longs monologues de son alter-ego (joué par le chorégraphe Avshalom Pollak), seul, face à Yahalom (jouée par la sensible Nur Fibak qui débute à l'écran), et au téléphone avec sa mère (ha ! La mère juive !), qui est atteinte d'un cancer mais est aussi sa proche collaboratrice. Il raconte enfin, en une succession de flash-backs, son expérience limite lors de son service militaire, démonstration par l'absurde de la situation. Ces passages nous font toucher du doigt, parfois jusqu'au vertige, la colère qui le ronge, qui bouillonne et déborde pour livrer un discours très politique et très virulent sur Israël et sa politique et ses valeurs. Virulent et désespéré, ce fond trouve sa forme dans un montage qui fait alterner de longs plans d'ensemble où le vide et la désolation des paysages vaut pour le pays tout entier, et des gros plans sur les visages des deux principaux protagonistes où l'on traque l'évolution de leurs émotions, sans savoir comment les confrontations vont se résoudre. Car ce qui me reste avec le recul, c'est cette tension sensuelle entre Y. et Yahalom, ces visages à quelques centimètres où l'on sent les souffles si proches, et le malaise pourtant, si prenant. Même si Ha'berech n'est pas un film aimable, car c'est un film de souffrance, c'est un film prenant que l'on a envie de consoler.

teodora mihai

Le journal Libération ne recule jamais devant un bon mot. Pour BAC Nord de Cédric Jimenez, ils ont donné comme titre à leur article : « Police partout, cinéma nulle part ». Je n'ai pas vu le film mais ça m'a fait rire. Je suis bon public. C'est aussi un peu ce que j'ai ressenti devant Bonne mère de Hafsia Herzi. La jeune actrice révélée chez Abdellatif Kechiche, passée à la réalisation avec Tu mérites un amour (2019), fait ici le portrait de Nora, une mère-courage qui, dans un quartier nord de Marseille, représente le point d'ancrage d'une famille nombreuse et qui accumule bine des soucis. La faute aux hommes bien sûr, morts, absents, en prison, feignants, au choix. Il n'y a que le plus jeune qui porte encore un peu d'espoir. Loin de moi l'idée de réfuter cette situation, mais l'effet d'accumulation manque un rien de nuance. Le projet de faire, à travers Nora, le portrait de sa propre mère en vaut bien un autre mais le film en reste à cette idée de portrait. Bonne mère ne possède aucune ligne dramatique, aucune tension réelle, rien de ce qui fait le prix du cinéma, pour donner un repère, de Robert Guédiguian. Et je ne parle pas d'une dimension politique ou d'une réflexion sociale qui pourraient être intéressantes. Quand au cinéma, Herzi filme caméra au poing, dans des lieux authentiques mais neutres, sans véritable effort de mise en scène. Elle alterne gros plans, émouvants parfois, de son héroïne, et scènes de groupe dans lesquelles on sent trop l'improvisation. L'abattage des comédiens, surtout des comédiennes, toutes débutantes, insuffle un peu de vie aux micro-situations (un repas, un passage assez drôle où deux des filles tentent une expérience de prestation sadomasochiste). Un film désarmant par sa candeur comme par sa légèreté. 

teodora mihai

Passons au Mexique pour une autre mère-courage, mais d'un tout autre calibre avec le film de Teodora Mihai, La Civil. Cielo, jouée par la vétérante Arcelia Ramirez, voit sa fille adolescente enlevée par un gang. Elle bascule ainsi dans cette violence glaçante qui ensanglante le Mexique depuis des années. Séparée, elle obtient l'aide de son ex-mari, mais ni le paiement de la rançon, ni les demandes d'aides à la police ne vont l'aider à retrouver sa fille. Contactée par un groupe de militaires, elle accepte de les aider et traverse la frontière d'un univers de cruauté sans nom. Teodora Mihai décrit une lente descente aux enfers menée avec obstination par cette femme ordinaire qui découvre la complexité de la situation, les ramifications d'une société minée par le crime et la corruption. Cynisme des jeunes truands, apathie de la police, violence des militaires qui agissent hors du cadre légal, peur de la population terrorisée par les méthodes des trafiquants, le récit de Mihai donne corps avec rigueur au travail d'enquête de son scénariste, le mexicain Habacuc Antonio De Rosario. Le film, surtout, modifie sans cesse la perspective de la situation au fil des découvertes de Cielo. Elle est ainsi amenée par exemple à assister à l'interrogatoire de deux jeunes femmes, membres d'un gang, questionnées à grand coups de matraques dans le visage. La scène suivante nous fait comprendre qu'elles ont été exécutées sans autre firme de procès. De même, si l'ami de la famille se révèle être lui aussi de mèche avec les kidnappeurs de la jeune fille, la façon dont il est enlevé et torturé nous écœure. Un peu comme dans le fameux final de Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette, 1948) de Vittorio De Sica, Cielo découvre que le jeune truand qu'elle poursuit, prête à le tuer, a aussi une mère tout aussi attachée à son enfant qu'elle, et une famille. Il est lui aussi pris dans une situation qui ne semble pas avoir d'issue. De la même façon, si le père est absent, partit avec une femme plus jeune et guère vaillant, il va tenter de renouer avec Cielo et ses tentatives, un peu trop timides, en font un passionnant personnage pathétique, mais plus profond que prévu. Et son allure de vieux cow-boy fatigué vaut le coup d’œil.

Par dessus ces éléments, domine l'amour de la mère pour sa fille, campée une une jolie scène d'ouverture. Cet amour donne à Cielo une énergie, une volonté rageuse qui emporte le film en un tourbillon digne d'une tragédie antique et font de La Civil un des plus beaux, des plus puissants films que j'ai pu voir cette année à Cannes.

(à suivre...)

Photographies  Pyramide Films, © SBS Distribution et © Menuetto - Agustin Paredes

24/07/2021

Cannes 2021, interlude

"Vieillir d’un coup. Ça arrive. Surtout quand ton film participe à un festival. Et qu’il ne gagne pas. Alors que gagne un autre film, dans lequel l’héroïne tombe enceinte d’une Cadillac. Tu vieillis d’un coup. Pour sûr"

Nanni Moretti sur les réseaux sociaux (je ne savais pas qu'il y était)

23/07/2021

Cannes 2021, partie 1

Bon, allez, un effort, colle-toi devant ton clavier et essaye de revenir sur ces journées du 74eme Festival de Cannes. Oublie le stress du passe sanitaire, des tests, des impression de tests, des lecteur de codes de test qui n'aiment pas le soleil, des aménagements obscurs avec l’obligation de tests, des réservations toutes en ligne et de cette fracture créée et entretenue entre ceux qui ont un téléphone intelligent et les autres, tout ce fatras de restrictions, d'injonctions technologiques et d'interdictions qui vont à l'encontre d'un festival qui se veut ouvert, et dont la programmation chante la différence, la liberté, la rébellion et le grand air. Paradoxe cannois qui ne date pas d'hier et qui n'est pas près de se résoudre.

paul verhoeven,leos carax,constance meyer

So may we start ? Commençons donc par Annette nouvel opus de Leos Carax, comédie musicale qui démarre par une splendide scène, un plan séquence virtuose plein de souffle et de musique, rappelant l'interlude excitant de Holy Motors dans l'église. Cette énergie purement cinématographique, pourtant, Carax ne la tient pas sur la durée du film. Son récit, celui d'une histoire d'amour, belle, absolue, entre une cantatrice et un comédien de « stand-up », est ténue comme souvent chez le réalisateur et offre de très beaux moments, comme souvent chez le réalisateur, le passage en mer, la scène de sexe chanté, l'ultime rencontre entre père et fille, et d'autres plus longs, parfois un peu trop longs, comme souvent chez Carax qui semble chercher encore et toujours le bon rythme. Peut être que si mon film préféré dans son œuvre est Holy Motors, c'est peut être parce qu'il est composés de fragments, un dispositif qui lui avait permis d'éviter cet écueil. Dans Annette, il y a des moments qui tirent un peu à la ligne, où l'on se perd quelque peu. Il y a aussi certaines idées qui me laissent dubitatif, comme la façon de représenter la petite fille, malgré tout ce qui a été dit à ce sujet, ou les concerts comme en transe qui m'ont laissé de marbre. Reste cet amour fou du cinéma qui éclate dans chaque instant de la mise en scène et balaie les réticences.

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J'ai retrouvé cette foi, sans mauvais jeu de mots, dans le Benedetta de Paul Verhoeven. Avec une assurance et un réjouissant mauvais esprit, notre homme déploie sa fresque iconoclaste sans temps mort. Benedetta, c'est Showgirls dans un couvent toscan du XVIIeme, le prolongement de son excellent Flesh + Blood (La Chair et le sang, 1984), ma première rencontre avec le cinéaste, et la même impression que dans Starship Troopers (1995), d'une gigantesque farce utilisant les codes de ce qu'il entend démonter : les rapports mêlés du sexe, du pouvoir et de la foi (quoique l'on veuille mettre dans ce mot). Le beau travail de reconstitution, utilisant de superbes abbayes bien réelles, n'étouffe jamais, ni le récit ni le propos, et je m'élève avec vigueur contre les accusations d'académisme, argument souvent bien mal employé pour des cinéastes qui en sont si éloigné. Verhoeven utilise des dialogues qui, outre leur humour savoureux, sonnent tout à fait moderne, ce qui crée un décalage avec l'époque décrite et donne force aux nombreux échanges entre les personnages. Une méthode hardie utilisée en son temps par Gianfranco Mignozzi dans Flavia, la monaca musulmana (Flavia la défroquée, 1974), un film assez proche. 

Car, oui, Benedetta possède l'aspect des films de couvent ou « nonnesploitation », du meilleur de ces œuvres barrées signées Ken Russel, Jess Franco ou Norifumi Suzuki. Il y a aussi du peplum avec ces salles de tortures et globalement un parfum bien agréable de la grande époque du cinéma d'exploitation italien. Verhoeven va plus loin, comme il l'a fait pour le polar ou la science-fiction, en revenant une nouvelle fois à ces personnages de femmes qui se battent comme des diablesses dans des mondes très masculins, dissimulant leurs fêlures sous une volonté de fer. Somptueuse, drôle, inquiétante, hallucinée, sensuelle, effrayante, intelligente, Benedetta est jouée par Virginie Efira qui prend avec les honneurs la suite de Jennifer Jason Leigh, Sharon Stone, Elizabeth Berkley ou Carice van Houten. Verhoeven a l'habileté de laisser planer le doute sur la véritable nature de son héroïne, sainte, mystique, folle, manipulatrice, toujours au bord de la rupture quand elle se met à parler comme la petite fille de The Exorcist (L'Exorciste, 1973) de William Friedkin, autre réalisateur qui n'a pas l'habitude de mâcher ses images. Et puis pour l'athée que je suis, si triste de l'atmosphère de culs-bénis qui a repris le dessus ces dernières décennies, les visions du Christ tour à tour femme ou guerrier façon Game Of Thrones m'ont rempli d'une extase toute laïque. Pourtant, la charge la plus puissante, moins frontale donc plus efficcace, passe les deux personnages les plus lucides du film, le cynique nonce joué par un Lambert Wilson hilarant, et l’abbesse incarnée en majesté par Charlotte Rampling. Ils ne sont dupes de rien, savent qu'ils représentent un pouvoir bien politico-économique et finissent très mal. Comme quoi, même si ce n'est pas évident, le cinéma de Paul Verhoeven est un cinéma moral.

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Après ça, une œuvre comme Robuste de Constance Meyer apparaît bien sage. Le film a son charme, axé sur la rencontre d'une jeune femme assurant la sécurité d'un acteur d'un certain âge mais quelque peu fantasque. C'est filmé de manière classique mais sans chichi ce qui est parfois une qualité. Ce qui fonctionne, c'est la rencontre de deux corps, de deux générations, de deux manières de jouer aussi, celui de Déborah Lukumuena et celui de Gérard Depardieu. La première est une découverte, retenue, sensible, physique, elle évite, grâce au scenario intelligent de Meyer, la somme de clichés redoutés sur une jeune femme noire et, disons, enveloppée. Meyer la filme comme un personnage, pas comme un sujet d'étude. Et elle est confrontée à celui qui, mieux que tout autre, a fait du mépris des clichés une façon de vivre, une façon d'être. Depardieu est encore plus massif, il souffle, s'épuise, mange et boit en une composition en forme d'autoportrait, fascinant sa partenaire comme se réalisatrice. Il y trouve une forme d'équilibre et un rôle dans la lignée du superbe Bellamy joué pour Chabrol. Quelques belles scènes viennent bousculer la trop grande sagesse de Robuste, celle du restaurant en particulier.

(à suivre)

Deux avis opposés sur Benedetta ici et

Lire également chez Newstrum.

Photographies © UGC Distribution, Guy Ferrandis et Diaphana Distribution

02/07/2021

Version jazz

14/06/2021

Ned Beatty

Beatty 1941.jpg

Sur le plateau de 1941 (1979) en compagnie du réalisateur Steven Spielberg. Photographie D.R.

17/05/2021

Jim Jarmush, Zoom Arrière cinquième volume

Le collectif Zoom Arrière, dont j'ai le plaisir et l'honneur de faire partie, publie son cinquième ouvrage, entièrement consacré au réalisateur américain Jim Jarmusch. En cinquante-et-un textes, signés de quatorze contributrices et contributeurs, le fil de son œuvre est déroulé le long des quinze longs métrages qui la composent à ce jour (de Permanent Vacation à The Dead Don't Die, en passant par Down by Law, Dead Man, Ghost Dog, Broken Flowers, Paterson...) avant que soient éclairées ses principales obsessions (le rock, la poésie).

Ponctuellement, d'un titre de la filmographie à un autre, ou en continu, pour saisir une évolution, plongez avec nous dans ce cinéma référentiel et indépendant, distancié et attachant, moderne et essentiel.

L'ouvrage se commande via le site Zoom Arrière en cliquant simplement sur l'image ci-dessous.

130 pages pour 5 € et vous pourrez constater qu'il se passe plein de choses dans les films de Jarmush.

jim jarmush

 

10:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jim jarmush |  Facebook |  Imprimer |

30/04/2021

Mais comment ça marche ?

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Brigitte Bardot en marge du  tournage de Viva Maria (1965) de Louis Malle. Photographie Gamma-Rapho via Getty Images).

27/04/2021

Dont give up

Emouvante réouverture du cinéma Nuovo Sacher à Rome, supervisée par Nanni Moretti en personne qui ouvre les grilles au public. Une image d'espoir pour toutes les salles.




31/03/2021

Hôtel Mimosa

En juin dernier, j'ai été sollicité par Jérôme Momcilovic pour participer à un sujet autour de La Baie des anges (1962) de Jacques Demy. le résultat, Les Anges niçois de Jacques Demy, diffusé sur EARTE, est disponible jusqu'en février 2023. Intervient aussi le spécialiste du cinéma sur la Côte d'Azur, René Prédal. Lors du tournage, nous avons eu le coup de chance de tomber sur l'endroit qui a servi à créer l'hôtel Mimosa du film. Jusqu'ici, nous étions nombreux à penser qu'il s'agissait du palais Lascaris (où certaines scènes ont bien été tournées, en particulier celles de la chambre et du balcon).


25/03/2021

Tavernier, une chanson

J'espère que personne ne s'offusquera de ce titre pour le texte qui suit et qui entend rendre un hommage sincère à Bertrand Tavernier disparu ce 25 mars. C'est le souvenir de celui d'une critique, celle de Un dimanche à la campagne si ma mémoire est bonne, et qui me semble bien correspondre à une certaine image que Tavernier réalisateur pouvait avoir. Celle d'un cinéaste populaire que l'on ne ménageait pas toujours, à qui l'on a reproché une forme classique un peu vite taxée académisme. Ce titre m'avait déplu à l'époque, moi qui aimait ses films depuis que je les connaissais, moi qui ne les trouvait pas académiques et qui apprécie le classicisme au cinéma, autre manière de parler d'élégance et de sincérité. Mais ça m'est resté, c'est étrange mais c'est comme ça. Les films de Tavernier me semblent pourtant très divers, prenant des risques, cherchant des formes qui s'adaptent à leur fond, populaires souvent mais audacieux quand il le faut. Récemment encore je m'étais demandé comment il pourrait rendre le style et le mouvement du dessinateur Christophe Blain pour l’adaptation de la bande dessinée Quai d'Orsay. Et bien, il a trouvé, par le montage, par la manière de diriger Thierry Lhermitte, des solutions étonnantes pour un film qui ne l'est pas moins. Ce n'est pas quelque chose qu'il mettait en avant. Le récit et les personnages passaient avant, comme son humanisme viscéral qui éclatait dans les dynamiques de L627 (1992) ou Ça commence aujourd'hui (1999), sa sensibilité dans Une semaine de vacances (1980) avec une Nathalie Baye exceptionnelle ou Autour de minuit (1986), beau et nocturne comme un solo de Dexter Gordon, son humour mordant dans Le Juge et l'assassin (1976), ou Coup de torchon (1981), sa manière de se confronter à la violence dans L'Appât (1995). Classique, oui, dans son refus du second degré, du moralisme ou d'une distance avec des personnages qu'il voulait de chair et de sentiments. « Il n'y a pas d'arabes, il n'y a que des dealers » dit le policier de L627, une phrase qui m'est restée et qui semble bien résumer le cinéma de Tavernier. Une franchise du regard. Une morale de l'action.

bertrand tavernier

Tournage de Coup de Torchon, avec Philippe Noiret. Films de la tour / Little Bear

Les souvenirs se bousculent. Je suis reconnaissant à Tavernier de tout ce qu'il m'a apporté à travers ses films. Le portrait de l'enseignante dans Une semaine de vacances, découvert à une époque où j'étais encore au lycée. Le moyen-âge lyrique et réaliste de La Passion Béatrice (1989) avec la révélation de Julie Delpy. Le Jazz avec Autour de minuit dont j'ai usé le disque de la bande originale et qui, avec le Bird (1988) d'Eastwood, est à l'origine de mon goût pour cette musique. Les visions originales et décalées de la Régence, de la colonisation, du cinéma sous l'occupation dans le formidable Laisser Passer (2002), ses portraits de Lyon, moi qui suis si parisien...

Tavernier était un conteur qui se délectait de ses récits, et c'était un passeur. C'est aussi le critique et le cinéphile que je regrette aujourd’hui. Comme Claude-Jean Philippe et Patrick Brion, il a contribué à construire ma cinéphilie par de nombreuses découvertes. Si je n'étais pas toujours d'accord avec ce qu'il écrivait ou disait (ce qui est bien normal), j'adorais sa manière éclectique d'aborder l'histoire du cinéma, de s'enthousiasmer pour un western ou un peplum italien. C'était un insatiable curieux qui avait connu John Huston, Stanley Kubrick, Riccardo Freda et Raoul Walsh. Et John Ford. Bon sang, cet homme avait connu John Ford et avait écrit de bien belles chose sur lui : « Peut-être s'est-il rendu compte que son oeuvre demeurait inébranlable, comme ces rochers de Monument Valley, qu'elle n'avait jamais changé et ne changerait sans doute jamais, mais que tout, autour d'elle, disparaissait, s'effondrait ou se transformait, et qu'il ne restait plus que quelques rochers immenses, perdus au milieu d'un immense désert. »*. Sa dernière œuvre, son ultime voyage, s'est effectué à travers le cinéma français et cela avait été un enchantement (qui m'a incité, entre autres, à revenir à Jacques Becker). Tavernier embrassait avec simplicité, avec une passion tranquille mais vibrante, une histoire dont il fait lui aussi partie.

*« La Chevauchée de Sganarelle », Amis américains (Institut Lumière/Actes Sud, 2008)

15/02/2021

La belle et la bête

Jean Harlow

Jean Harlow posant sur une peau ours, photographiée par George Hurrell en 1934. DR.

11/02/2021

Hommage

Saluons Jean-Claude carrière, fameux scénariste mais aussi metteur en scène, ici d'un court métrage intitulé La Pince à ongles (1969) avec Michael Lonsdale. 


10/02/2021

Un homme d'action

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Sam Peckinpah sur le tournage de The Wild Bunch (La Horde sauvage, 1969), photographie Bernie Abramson (Source Variety)

03/02/2021

"L'expérience commune des arts"

Ce n'est pas que l'on désespère mais on commence à trouver le temps long loin des salles de cinéma. Chacun l'exprime à sa manière mais voici quelqu'un qui le fait de manière émouvante et forte, Steven Spielberg pour la revue Esquire. Texte en anglais avec ma traduction maison :

« In the current health crisis, where movie theatres are shuttered or attendance is drastically limited because of the global pandemic, I still have hope bordering on certainty that when it’s safe, audiences will go back to the movies. I’ve always devoted myself to our movie-going community — movie-going, as in leaving our homes to go to a theatre, and community, meaning a feeling of fellowship with others who have left their homes and are seated with us. In a movie theatre, you watch movies with the significant others in your life, but also in the company of strangers. That’s the magic we experience when we go out to see a movie or a play or a concert or a comedy act. We don’t know who all these people are sitting around us, but when the experience makes us laugh or cry or cheer or contemplate, and then when the lights come up and we leave our seats, the people with whom we head out into the real world don’t feel like complete strangers anymore. We’ve become a community, alike in heart and spirit, or at any rate alike in having shared for a couple of hours a powerful experience. That brief interval in a theatre doesn’t erase the many things that divide us: race or class or belief or gender or politics. But our country and our world feel less divided, less fractured, after a congregation of strangers have laughed, cried, jumped out their seats together, all at the same time. Art asks us to be aware of the particular and the universal, both at once. And that’s why, of all the things that have the potential to unite us, none is more powerful than the communal experience of the arts. »

« Dans la crise sanitaire actuelle, où les salles de cinéma sont fermées ou la fréquentation est considérablement limitée en raison de la pandémie mondiale, j’ai encore un espoir proche de la certitude que, lorsque ce sera sûr, le public reviendra au cinéma. Je me suis toujours consacré à notre communauté de gens qui vont au cinéma - aller au cinéma, dans le sens de quitter nos maisons pour aller en salle ; et communauté, dans le sens d'un sentiment de camaraderie avec d’autres qui ont quitté leurs maisons et sont assis avec nous. Dans une salle de cinéma, vous regardez des films avec les personnes importantes de votre vie, mais aussi en compagnie d'étrangers. C’est la magie que nous vivons lorsque nous sortons pour voir un film, une pièce de théâtre, un concert ou un spectacle. Nous ne savons pas qui sont tous ces gens assis autour de nous, mais lorsque l'expérience nous fait rire, pleurer, applaudir ou contempler, et puis quand les lumières s'allument et que nous quittons nos sièges, les personnes avec lesquelles nous nous dirigeons vers le le monde réel ne sont plus désormais de parfaits étrangers. Nous sommes devenus une communauté de cœur et d’esprit, ou du moins semblables d'avoir partagé pendant quelques heures une expérience puissante. Ce bref intervalle dans une salle n’efface pas les nombreuses choses qui nous divisent: la race ou la classe ou la croyance ou le sexe ou la politique. Mais notre pays et notre monde se sentent moins divisés, moins fracturés, après qu'une assemblée d'étrangers a ri, pleuré, sauté de leurs sièges ensemble, tous au même moment. L'art nous demande d'être conscients du particulier et de l'universel, à la fois. Et c’est pourquoi, de toutes les choses qui ont le potentiel de nous unir, aucune n’est plus puissante que l’expérience commune des arts. »

 

30/01/2021

Cruelle beauté

Bertrand Blier, cruelle beauté (2020), un livre de Vincent Roussel (Marest éditions)

Pour les gens de ma génération, Bertrand Blier, c'est un cinéaste qui compte. Ou plutôt qui a compté et dont on s'est rendu compte, un jour, qu'il avait presque disparu, comme quelqu'un que l'on aurait perdu de vue dans la foule sans vraiment s'en rendre compte et qui, d'un coup, manque. J'imagine que c'est une réflexion de ce genre qui a motivé Vincent Roussel, alias le Bon Dr Orlof* sur la toile, pour son livre Bertrand Blier, cruelle beauté (Marest éditions, 2020), consacré au cinéaste de... des... Là, à chacun de compléter avec le titre du film qui l'a fait entrer dans l'univers de Blier, pour en jouir sans entraves ou pour en ressortir avec indignation. Car ce qui a longtemps fait la force de son cinéma, c'est de ne pas laisser indifférent. « Clivant » écrirait-on aujourd'hui et, c'est quand il cesse de l'être, par l'un de ces mouvements complexes qui mêlent qualité d'inspiration, relation au public, évolution des goûts et des mœurs, terrible travail du temps, que l'on perd Bertrand Blier. Le premier mérite de l'ouvrage est de nous le faire retrouver, raviver nos souvenirs et, par une approche chronologique, restituer les grands mouvements de la carrière du cinéaste. Il y a le fils de l'acteur célèbre qui démarre en douceur et se fait un prénom. Il y a le Blier des années soixante-dix et de Les Valseuses (1974) avec ses deux héros, voyous libertaires, qui saisi quelque chose de l'époque, lance Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, la mode des titres en « euse » et un ton, un style provoquant et joyeux, comme un violent courant d'air frais dans la France coincée entre Pompidou et Giscard. Il y a le Blier des années quatre-vingt qui attire les foules, fait tourner les plus grandes vedettes (Delon, Baye, Coluche, Huppert, Serrault, Balasko, Blanc, Miou-Miou, Depardieu toujours), est primé à Cannes ou aux Césars, sans renoncer à ses recherches formelles, à ses récits gigognes où flotte l'influence de Luis Buñuel, ni à au mordant de son inspiration. Il y a le Blier des années quatre-vingt dix qui perd le contact petit à petit, malgré ses tentatives de rester en phase avec son temps, par ses thèmes (le sida, les banlieues) et le travail avec une nouvelle génération de comédiens, dont sa muse Anouk Grimberg. Enfin, il y a le Blier du XXIe siècle qui se fait rare, que le public boude et que la critique pilonne. Je schématise, mais Vincent Roussel aborde dans le détail ces différentes phases, s'appuyant entre autres sur la réception critique, qui prend avec le recul une certaine saveur (Jean Domarchi qui traite Les Valseuses de « film authentiquement nazi »!). Il porte lui-même une vision lucide sur l’œuvre et s'il défend Les Côtelettes, si mal accueillit, il pointe les défaut d'autres films, comme le typage sociologique un peu lourd de Un, deux, trois, soleil (1993). Pour être complet, Vincent Roussel aborde les écrits de Blier ainsi que ses expériences théâtrales.

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Autre point fort, le livre dégage d’entrée les thématiques du cinéaste (le rapport de l’individu au collectif, la figure du père) ainsi que ses figures de style, présentes dès ses premiers essais, le documentaire Hitler, connaît pas (1963) ou Si j'étais un espion (1967). La plus riche de ces constantes, c'est ce que l'auteur appelle « le cauchemar français ». C'est un fil rouge qui parcourt toute l’œuvre de Blier qui n'a cessé de réserver ses piques les plus acérées à la bourgeoisie (au sens marxiste de la chose) et aux beaufs (au sens de Cabu). Ses films dessinent le portrait d'une France anxiogène que ses héros, souvent pitoyables, ne cessent de tenter de fuir. Les banlieues de Les Valseuses ou Un, deux, trois, soleil, les grand ensembles modernes de Buffet froid (1979), les pavillons de Notre histoire (1984) et Tenue de soirée (1986), sont autant de décors hostiles, peuplés de personnages inquiétants, que la mise en scène de Blier fait tirer vers le fantastique. L'étude chronologique fait émerger ces thèmes et en montre la constante, tandis que les derniers chapitres, par une lecture transversale, en font la brillante synthèse.

Enfin, Vincent Roussel ne manque pas de proposer une lecture contemporaine du cinéma de Blier. « J'ai le sentiment que le cinéma de Blier a quelque chose à dire sur notre époque », est-il écrit en exergue. Certes, mais quoi ? Combien de fois avons nous lu aujourd'hui que l'on ne pourrait plus faire Les Valseuses ou Beau-père (1981) ? La question est un peu vaine, car il y a toujours des cinéastes qui osent. Ce qui a changé c'est la nature des attaques car il faut rappeler que, sur les rapports hommes-femmes par exemple, Calmos en 1976 avait été critiqué avec violence et valu une durable réputation de misogynie à Blier. Vincent Roussel démonte avec fougue cette accusation, insistant en particulier sur l'infantilisme des personnages masculins et leur rapport à la mère. Il fait au passage une belle critique des « études de genre », rappelant qu'un artiste développe d'abord une vision personnelle qui ne saurait se réduire à des schémas généraux, quand bien même ils défendraient une juste cause. Ces lectures réductrices sont d'autant plus vaines que leur objet cultive la provocation et un humour qui ne supporte pas les lieux communs. La démonstration en est convaincante, comme celle de la persistance du « cauchemar français », qui a pris d'autres formes mais dont Blier, dès les années soixante-dix avait hélas bien pris la mesure. Enfin, dans un registre plus léger, le chapitre consacré à l'utilisation de la musique, montre l'originalité de l’approche de Blier et la maîtrise dont il fait preuve pour tous les éléments de ses films.

A ce stade, vous aurez compris tout le plaisir que j'ai eu à lire cette « cruelle beauté ». Pour ceux qui, comme moi, sont familier de la plume de Vincent Roussel, vous allez retrouver son style limpide et précis, enthousiaste et modeste. Pour tous les autres, c'est l'occasion de découvrir le fin connaisseur d'un cinéaste qui a compté et qui devrait compter encore. Riche en informations et en réflexions, le livre de Vincent est aussi comme une longue conversation cinéphile qu'il mène avec passion. La réussite d'un livre de cinéma, c'est d'enrichir la connaissance d'une œuvre ou de donner envie de la découvrir. J'ai déjà commencé à rattraper mon retard.

* : au passage j'ai appris que c'est de l'un des personnages de Les Valseuses que vient le nom de son premier blog, Pierrot.