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14/09/2022

Zoom Arrière sur Microciné

Le titre de cette note pourra paraître un peu abscons. Il fallait faire concis. L'équipe de Zoom Arrière a été invitée à participer à une émission en ligne, Microciné, animée par Samir que je remercie ici, pour parler de la sortie de notre ouvrage collectif consacrée au cinéaste Paul Vecchiali. Nous nous sommes donc retrouvés, avec Vincent (le blog du Dr. Orlof) et Christophe (Avis sur des films) pour aborder l’œuvre de ce cinéaste qui nous est cher et les publications de Zoom Arrière qui nous le sont tout autant. Près d'une heure de discussion serrée qui, je l'espère, ne semblera pas trop longue. 

Pour commander le livre, c'est toujours par ICI.


27/08/2022

Mastroianni et Super 8

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Marcello Mastroianni observe un film en Super 8. Belle photographie à l'ambiance hollandaise. Je serais bien curieux de voir cette pellicule. Photographie DR, source Tumblr.

24/08/2022

Zoom Arrière numéro 6 : Paul Vecchiali

La campagne de pré-commandes n'ayant pas été une réussite, vous pouvez désormais vous procurer par les voies habituelles le sixième numéro de notre revue Zoom Arrière consacré au cinéma du cinéaste français Paul Vecchiali. 

En cinquante-sept textes, signés de treize contributrices et contributeurs, une filmographie, une bibliographie et un entretien exclusif de trente-deux pages, le fil de son œuvre foisonnante est déroulé.

De son premier film perdu, Les Petits Drames en 1961, à son tout nouveau, Pas... de quartier sorti en avril 2022, son cinéma se décline sur tous les tons et tous les formats, du court au long, pour le grand écran et pour la télévision, ne reculant devant aucun défi, aucun chemin de traverse, tant qu'il peut préserver son indispensable indépendance.
 
210 pages
Format : 14,8 x 21 cm
Prix : 10 € + Frais d'emballage et de port : 6 €
Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à la boutique

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12/08/2022

Aux portes de Skull Island

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« Je vous dis qu'il y a quelque chose derrière ce mur que l'homme blanc n'a jamais vu… ». L'imposant décor du King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, le seul ! L'unique ! Conservé un temps dans les studios, il finira brûlé lors du tournage de l'incendie d'Atlanta pour Gone With The Wind (Autant en emporte le vent, 1939).

05/08/2022

Estivale

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Catherine Deneuve décontractée sur le tournage de La cagna (Liza, 1972) de Marco Ferreri. Photograhie DR.

01/08/2022

Le rouge et le noir

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Gene Tierney et Richard Widmark posetn pour Night And The City (Les Forbans de la nuit, 1950) de Jules Dassin, grand classique du film noir. Photographie © Wildside.

29/07/2022

A l'oeil !

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Françoise Dorleac sur le plateau de La Peau douce de François Truffaut en 1963, le mystère de la caméra révélé... Photographie DR.

25/07/2022

Stanley Kubrick, l'art du récit

Une passionnante conférence autour du cinéma de Stanley Kubrick donnée par Laurent Vachaud pour la Cinémathèque Française (cliquez sur la photo pour accéder à la vidéo).

Screenshot 2022-07-25 at 09-02-38 Stanley Kubrick l'art du récit. Conférence de Laurent Vachaud - La Cinémathèque française.png

06/07/2022

Hue !

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Jean-Louis Trintignant et Catherine Spaak s'amusent bien dans La matriarca (L'Amour à cheval, 1968) de Pasquale Festa Campanile. Photographie Clesi. Cin.ca.

01/07/2022

Trintignant

En ce qui me concerne, Jean-Louis Trintignant fait partie de ces acteurs qui m'ont accompagné tout au long de ma vie de cinéphile. Il a toujours été là, un visage, une voix, un regard familiers que j'ai vite identifiés comme uniques. Un comédien que j'ai toujours eu plaisir à retrouver de rôle en rôle, quelque soit la qualité du film. Jean-Louis Trintignant n'a jamais été mauvais (sauf peut être dans L'Agression (1975) de Gérard Pirès) même dans des films qui ne le méritaient pas, et si je continue à me tenir à l’écart du cinéma de Michael Haneke, je suis certain qu'il y est excellent. J'ai vite aimé chez lui son côté à la fois mystérieux et proche, sa réserve, ses personnages timides dont le visage s'éclairait de ce sourire incroyable et souvent ambigu qui n'appartient qu'à lui. Il pouvait ainsi être le jeune homme sous l'emprise de Brigitte Bardot chez Vadim, comme le séducteur-pilote pour Claude Lelouch. Il pouvait incarner l'ingénieur philosophe et si maladroit face à Maud-Françoise Fabian chez Eric Rohmer, comme l'architecte séducteur et séduisant dans Les Biches (1967) de Claude Chabrol. Trintignant est le roi des contraires. J'adore ses personnages de salauds auxquels il donnait une inquiétante humanité, du trafiquant d'armes de Under Fire (1983) de Roger Spottiswoode au terne fasciste Marcello Clerici de Il conformista (Le Conformiste, 1970) de Bernardo Bertolucci, du gangster psychopathe Émile Buisson pour Jacques Deray au collabo qui piège les étudiants dans Paris brûle-t-il ? (1966) de René Clément. Et à côté de ça, il était le juge d'instruction intègre de Z (1969) de Costa-Gavras, l'intellectuel manipulé de L’Attentat (1973) d'Yves Boisset, ou le dynamique radioamateur de Si tous les gars du monde (1956), son premier rôle pour Christian-Jaque.

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Ma nuit chez Maud, avec Françoise Fabian

L'une des facettes de sa carrière qui m'a séduite toujours plus, c'est la partie italienne de sa filmographie. Jean-Louis Trintignant a été de ces jeunes comédiens français qui, dans les années soixante, ont pu affirmer leur talent et trouver des rôles à leur mesure dans un cinéma transalpin alors en pointe de la modernité et du dynamisme. Comme Belmondo, Delon ou Perrin, Trintignant a goûté à la dolce vita et lui doit quelques-uns des personnages qui ont fait sa gloire et qui ont contribué à l'inscrire dans la mémoire collective, même s'il semblait en faire peu de cas lors d'une intervention tardive à la Cinémathèque Française. Sa facette timide et juvénile s'est ainsi exprimée chez Valerio Zurlini pour le très beau Estate violenta (Été violent, 1959) et surtout chez Dino Risi dans Il sorpasso (Le Fanfaron, 1962). Dans les deux cas, Trintignant est un étudiant pris dans une histoire qui le dépasse et qui se révèle dangereuse. Il est confronté à des personnages plus mûrs que lui, incarnés par Eleonora Rossi-Drago en veuve de guerre chez Zurlini, Vittorio Gassman, grande gueule et la sublime Catherine Spaak chez Risi. Son charme maladroit s'oppose à celui plus entreprenant de Spaak qu'il retrouve dans La matriarca (L'Amour à cheval, 1968) de Pasquale Festa Campanile. Tout médecin qu'il est, il se retrouve à quatre pattes devant la belle dans une scène aussi hilarante que troublante. Son inquiétante étrangeté fait merveille chez Bertolucci et chez Corbucci (je vais y revenir) mais aussi dans deux films peu connus, l'un des premiers opus de Tinto Brass, Col cuore in gola (Le Cœur aux lèvres, 1967) et l'étonnant La morte a fatto l'uovo (La Mort à pondu un œuf, 1968) de l’inclassable Giulio Questi, deux thrillers pré-giallo où se mêlent érotisme, meurtres et surréalisme. Trintignant se révèle très à l'aise dans ces univers décalés où l'on pourra trouver des traces de ses futures réalisations dans années soixante dix, Une journée bien remplie (1973) en particulier.

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Sans mobile apparent, sur le port de Nice

Au-delà de tout ça, Jean-Louis Trintignant est surtout lié pour moi à d'anciens souvenirs de cinéma. De ces images, de ces scènes qui s'impriment en profondeur et fondent notre rapport intime avec les films. Je me souviens de sa course incroyable tout autour du port de Nice dans Sans mobile apparent (1971) de Philippe Labro. Sa maîtresse est abattue par un tueur et Trintignant, qui joue un policier, tire dans la fenêtre d'un immeuble de l'autre côté du bassin. Puis il s'élance comme un dératé pour en faire le tour sur une musique d'Ennio Morricone. La longueur inhabituelle de la scène, qui rend tangible la performance physique de l’acteur, son visage déformé par l'effort, sa main serrée sur son revolver, m'avaient impressionné au point que, moi qui n'aime pas courir, j'ai souvent cette scène en tête quand je dois le faire. Et j'ai toujours dans l'idée de reproduire son exploit, projet sans cesse repoussé par ma réticence aux activités sportives. Plus tard j'ai revu le film et j'ai adoré ce qu'il avait fait du personnage de Carella, un flic psycho-rigide qui méprise ses subordonnés, passe son temps à se laver les mains, pelote sa maîtresse pour la faire parler et reste insensible au décolleté inoubliable de Stéphane Audran.

D'une autre manière il m'avait marqué dans Le Secret (1974), un thriller de Robert Enrico où Trintignant joue un homme qui prétend s'être évadé d'un centre de détention secret et trouve refuge auprès d'un couple de citadins installés en pleine campagne (Philippe Noiret et Marlène Jobert). Pendant tout le film, on se demande si Trintignant est sincère ou fou, et l'acteur excelle à ce jeu « entre-deux ». Je n'avais rien compris au film et j'en avais détesté la fin qui n’éclairait rien des enjeux. Longtemps, c'est resté pour moi le modèle de ces films français des années soixante dix paranos à la noirceur gratuite. Lui aussi je l'ai revu il y a peu et je dois admettre qu'il y a une belle tension dans la chose, et je suis plus ouvert à ce type de récits. L'art de l’ambiguïté propre à Trintignant y trouve un excellent emploi. Je l'ai aussi aimé en agent immobilier dans le dernier film de François Truffaut, Vivement dimanche ! (1983). A l'époque de la sortie du film, c'était le premier Truffaut que je voyais en salle, dans l'ordre de sa sortie, et j'ignorais bien entendu que ce serait le dernier. J'avais adoré ce rapport avec Fanny Ardant, une nouvelle fois ce côté séducteur maladroit et fébrile, dominé par cette femme si classe, si élégante, si drôle. C'est peut être bien le premier personnage d'adulte auquel j'ai pu m’identifier à ce point, non pas dans une idée d’idéalisation, mais de proximité. 

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Tournage de Vivement dimanche ! avec Truffaut et Ardant

Et puis bien sûr, il y a son pistolero muet dans Il grande silenzio (Le Grand silence, 1968) de Sergio Corbucci. C'est sans doute un de mes plus grand traumatismes de cinéphile, au point que c'est le déclencheur du livre que j'ai commis sur le réalisateur italien. Quand j'ai découvert ce western atypique, ô combien, je ne savais pas qui était Corbucci, mais le nom de Trintignant m'avait attiré. Ça reste pour moi l'un de ses plus grand rôle, par ce qu'il exprime sans aucun dialogue, mélange de pathétique, de douleur, de sensualité et de froideur, avec même quelques pointes d'humour, par sa crédibilité aussi en tireur d'élite, face à un Klaus Kinski qui joue tout en retenue, dans cette histoire macabre et désespérée. La présence de Trintignant est capitale dans la fascination que je n'ai cessé de ressentir face à ce film unique. Et dans la fameuse fin alternative, son visage, en contradiction totale avec tout ce qui a précédé, s’éclaire de son immense sourire, pour toujours.

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Il grande silenzio, un homme, un pistolet...

Photographies DR

14/06/2022

Paul Vecchiali à l'honneur de Zoom Arrière numéro 6

La sixième livraison de la revue cinéphile Zoom Arrière est sur le point de sortir ! Notre équipe de fines plumes l'a consacrée au cinéaste Paul Vecchiali, plus de 200 pages de textes critiques avec un long entretien (une première pour nous !) qu'il a bien voulu nous accorder.

Cette fois, nous lançons une campagne de pré-commandes sur le site Ulule : Cliquez ICI

Faites l’acquisition de ce super numéro et complétez votre collection.A vot'bon cœur pour reprendre le titre de l'un de ses films.

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De son premier film perdu, Les petits drames en 1961, à son tout nouveau Pas... de Quartier en attente de sortie, le cinéma de Paul Vecchiali se décline sur tout les tons et tous les formats, du court au long, pour le grand écran et pour la télévision, ne reculant devant aucun défi, aucun chemin de traverse, tant qu'il peut préserver son indispensable indépendance. Il aura fait tourner les plus grands, de son idole Danièle Darrieux à Jacques Perrin, de Nicole Courcel à Catherine Deneuve, de Michel Piccoli à Marianne Basler, de Madeleine Robinson à Édith Scob, sans oublier ses fidèles entre les fidèles, Hélène Surgère, Sonia Saviange, Nicolas Silberg et toute une galerie de visages familiers et de corps émouvants qui habitent son univers. Le cinéma est pour Paul Vecchiali une affaire d'admirations, de rencontres et d'amitiés, une exploration de l'intime, lui qui a souvent filmé dans son appartement du Kremlin-Bicêtre à Paris puis dans sa propre maison du Var, la « Villa Mayerling ». C'est aussi une affaire de fidélité et d'exigence à travers ses collaborations avec Noël Simsolo pour l'écriture ou Roland Vincent pour la musique. Ce sont aussi ses aventures de production, indépendante toujours, avec Les films de Gion et Unité 3 pour les premiers films de Jean Eustache ou Chantal Akerman, puis avec Diagonale, créée en 1976, qui produisit Gérard Frot-Coutaz , Marie-Claude Threillou, Jean-Claude Biette ou Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, enfin avec Dialectik qui lui aura permis de monter, en marge du système, ses films récents. Au moment où Paul Vecchiali s'apprête à faire paraître ses mémoires (2 tomes chez Libre et Solidaire), l'équipe de Zoom Arrière vous invite à revisiter son œuvre foisonnante.

21/02/2022

Que ça claque !

La frusta e il corpo (Le Corps et le fouet, 1963) un film de Mario Bava

Un cavalier chevauche au bord de la mer vers un château perché sur une falaise battue par le vent. L'image, superbe, évoque celles des ouvertures de The Pit and the Pendulum (La Chambre des tortures, 1961) ou de The Terror (L'Halluciné, 1963), deux des films fantastiques inspirés des œuvres d'Allan Edgar Poe qui firent le succès de l'américain Roger Corman. Rien d'étonnant quand le scénariste Ernesto Gastaldi explique que les producteurs Luciano Martino et Elio Scardamaglia lui firent voir La Chambre des tortures en lui demandant d'écrire quelque chose dans le même genre. Le fameux scénariste s'exécuta avec l'aide de Ugo Guerra pour remettre un récit qui allie la tradition gothique dans l’esprit de Poe et ces audace qui font tout le sel des productions transalpines du genre. Ce cavalier sombre, c'est Kurt Menliff, de retour dans la demeure familiale pour la mariage de son jeune frère. Mais Kurt n'a rien d'un fils prodigue. Il a été chassé par son père pour avoir séduite et causé la mort de Tania, la fille de la servante Giorgia, qui lui voue depuis une haine tenace, et entretenu une relation sadomasochiste avec Nevenka, sa future belle-sœur et ex-fiancée. Plein de morgue, Kurt revient pour réclamer son héritage, Nevenka incluse. Dans un climat de lourde hostilité, Kurt fini avec le poignard, utilisé par Tania pour se suicider, entre les omoplates. Mais Nevenka, qui a succombé au magnétisme de Kurt et à une séance de flagellation sur la plage, voit désormais apparaître son spectre. Il y a quelque chose de pourri au château des Menliff...

mario bava

Mario Bava est engagé pour mettre en scène cette histoire bien tordue et il va y faire preuve de son talent, faisant de Le Corps et le fouet un sommet de son œuvre fantastique, proche par son atmosphère et ses expérimentations de Opération peur deux ans plus tard. Comme souvent il assure la photographie avec son chef opérateur Ubaldo Terzano et les effets spéciaux, souvent optiques (transparences, jeu sur les perspectives). On retrouve son goût pour les cadrages à travers la végétation, sa manière de dilater le temps, ses brusques embardées de violence, son utilisation du zoom avant très efficace et sa manière de créer une atmosphère de peur en brouillant les repères du temps et de l'espace. Contrairement à Roger Corman dans ses films, Bava évite ici de situer l'action dans un contexte historique précis. Nous sommes quelque part en Europe au XIXeme siècle et cela suffit. Le château des Menliff est une abstraction, une construction mentale comme le village de Opération peur. Il est le château gothique par excellence, avec ses couloirs interminables et sombres, son mobilier pesant, ses cryptes, ses grandes cheminées, ses passages secrets qui lui donnent comme une vie propre, et ce double escalier que l'on a vu et que l'on reverra dans d'autres œuvres du genre. Bava et Terzano, malgré les conditions toujours tendues de tournage (six semaines de tournage et un budget modeste), soignent leurs lumières, travaillant par grandes zones très sombres et taches de lumières marquées, rouges, bleues et vertes qui accentuent l'impression d'irréalité et donnent corps à une ambiance de cauchemar. L'apparition de Kurt après son meurtre est exemplaire. Le bleu incarne la clarté lunaire et dessine un instant comme un masque sur le visage de Nevenka, un éclair rouge sur son visage marque le mélange trouble de la peur et du désir, puis la main de Kurt qui avance vers elle en gros plan est baignée d'une lumière verte d'outre-tombe. Le son est particulièrement travaillé sur cet opus, lui aussi de manière onirique, décalée, avec ce vent qui souffle sur le rivage comme dans toutes les pièces du château, rappelant l'atmosphère de La Chute de la maison Usher (1926) de Jean Epstein, les bruits de pas qui résonnent sur les dalles, où ces grincements de pierre contre pierre, quasi insoutenables, quand le père voit s'ouvrir le passage dissimulé, comme dans Le Masque du démon, dans la cheminée. La partition de Carlo Rustichelli, avec la mélodie obsessionnelle au piano, parachève l’atmosphère fantastique et morbide, si réussie, du film.

mario bava

L'autre réussite du film, habileté du scénario et précision de la mise en scène, c'est d'entretenir le flou sur la dimension purement fantastique du récit. Le film maintient un entre-deux entre des figures classiques du fantastique et la possibilité d'un « vraisemblable » qui ne leur doit rien. D'un côté, il y a le fantôme, la possession et l'ombre du vampirisme entretenu par la présence intense de Christopher Lee dans le rôle de Kurt. De l'autre, il y a les principes de machination, comme dans les Hichcock de Riccardo Freda, et, encore plus fascinant, la matérialisation d'un dérèglement mental. Bava fait frémir le rideau des choses réelles cher à Abraham Merritt en jouant sur un trouble proprement cinématographique. Quand le visage de Kurt apparaît derrière la fenêtre de Nevenka, nous le voyons bel et bien. Mais n'est-il pas qu'une simple image mentale de la jeune femme ? Cette atmosphère corrompue et maladive, la haine obsessionnelle de Giorgia, la maladie de Menliff père, la sexualité déviante de Nevenka qui jouit sous la morsure du fouet, tout n'est-il pas lié aux délires d'un cerveau malade ? Bava se garde bien de trancher trop nettement. Son cauchemar emprunte les voies du surréalisme défiant la logique comme il défie les bonnes mœurs. De fait, le film fera frémir les censeurs. En Italie, ils vont demander des coupes et brandir l'interdiction aux mineurs. Le film sera taxé d'obscénité et mis sous séquestre tandis que son affiche sera interdite. Aux États-Unis, tout aussi effarouchés, le film sera distribué dans une version expurgée et réduite d'un quart d'heure. Bagatelles que tout ceci. Le charme vénéneux du château Menliff n'a rien perdu de son éclat. Aux côtés de Lee, celle qui domine le film, c'est la comédienne israélienne Dahlia Lavi dans l'un de ses premiers grands rôles après Il demonio (1963) de Brunello Rondi. Son visage à la beauté mate et l'intensité physique de son jeu la rapprochent de Barbara Steele. Comme la comédienne britannique, elle sait donner des zones d'ombres à son personnage et jouer sur plusieurs registres pour en faire ressortir les fêlures. La crédibilité de l'ensemble repose sur celle du personnage de Nevenka et Lavi donne ici l'une de ses plus belles performances. Christopher Lee est sollicité une nouvelle fois par les italiens pour son potentiel financier, mais Bava sait mettre en valeur sa stature imposante et son charisme diabolique. L'image du vampire séducteur qu'il a créé dans les films de Terence Fisher flotte sur le personnage de Kurt dont la magnétisme sexuel est ici explicite. Aux côtés de ce duo de haute volée, on retrouve la belle Ida Galli, qui possède une belle carrière dans le cinéma de genre sous le pseudonyme d'Evelyn Stewart, Lucinao Pigozzi, autre visage familier à la ressemblance étonnante avec Peter Lorre, en valet boiteux, et Gustavo De Nardo, un fidèle de Bava, dans le rôle de Menliff père. Tony Kendall alias Luciano Stella joue le plus fade frère de Kurt.

mario bava

Les démêlés du film avec la censure ne vont pas faciliter sa carrière. Le Corps et le fouet est un échec public lors de sa sortie en Italie. Les pays anglo-saxons éliminent les scènes de flagellation dans la version tronquée, ce qui le rend incompréhensible. Mais il a acquit avec le temps une réputation qui en font l'un des sommets du gothique à l'italienne comme de l’œuvre de Mario Bava. 

Photographies DR

16:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mario bava |  Facebook |  Imprimer | |

05/02/2022

Springsteen par Morricone

"Rien que la lecture des paroles de Jungleland, Racing In The Street et de The River nous fait prendre conscience que c’est une réalité. L’écriture de Springsteen est "cinématographique": chaque vers est un plan de caméra, chaque couplet est une scène, et chaque chanson nous introduit la personnalité entière du personnage, prise à un moment décisif de sa vie." (Ennio Morricone)

bruce springsteen,ennio morricone

 

03/02/2022

Monica Vitti

18:50 Publié dans Actrices | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monica vitti |  Facebook |  Imprimer | |

29/01/2022

Bilan 2021

Allez ! Un effort... je sacrifie à la tradition du top annuel, même si, une fois encore, je ne suis pas tant allé en salles. Mais quand même j'ai pu vivre un festival de Cannes presque normal et j'ai aimé plusieurs films avec passion. Si, si. Bien sûr, il y a des regrets, mais cela fait partie du jeu. Voici donc, photographies à l'appui, ce qui m'a touché, embarqué, ému, fait rire en 2021 et, sans surprise, mon metteur en scène fétiche en tête de peloton. 

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West Side Story de Steven Spielberg (Copyright Walt Disney)

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Benedetta de Paul Verhoeven (DR)

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La Civil de Teodora Mihai (Copyright Menuetto)

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Tolo Tolo de Checco Zalone (Copyright Taodue SRL 2019)

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Story of My Wife (L'Histoire de ma femme) de  Ildiko Enyedi (Copyright Pyramide Films)

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Tromperie d'Arnaud Depleschin (Copyright Shanna Besson - Why Not Productions)

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Marx puo aspettare (Marx peut attendre) de Marco Bellocchio (DR)

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Blue Bayou de Justin Chon (Copyright 2021 Focus Features, LLC.)

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Sous le ciel d'Alice de Chloé Mazlo (Copyright Ad Vitam)

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Serre-moi fort de Mathieu Amalric (Copyright Les Films du Poisson)

11/01/2022

2022 !

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16:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook |  Imprimer | |

10/01/2022

Hommage à Sidney Poitier

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Le comédien Sidney Poitier en compagnie de John Wayne, sans son toupet, sur cette photographie de plateau de The Gretatest Stroy Ever Told (La Plus grande histoire jamais contée, 1965) de George Stevens. DR.

11/09/2021

Quelle joie de vivre !

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Belmondo et Dorleac. Photographie DR

02/08/2021

Cannes 2021, partie 2

Il y avait pas mal de motos dans les films de Cannes cette année. La scène qui ouvre Ha'berech (Le Genou d'Ahed) de l’israélien Nadav Lapid est très impressionnante. Une grosse cylindrée fonce sur la route sous une pluie battante. Son énorme, gros plans quasi abstraits, puissance de l'engin, vertige de la vitesse. Cette entrée en matière happe dans l'univers de Y., un réalisateur de cinéma qui prépare un film sur la militante palestinienne Ahed Tamimi qui, ayant giflé un policier lors d'une manifestation, en 2017, était devenu un symbole à la suite d'un retentissant procès. Elle s'était attiré une réflexion assez abjecte d'un député de la Knesset : « [il] aurait fallu lui tirer dessus, ne fut-ce que dans le genou. Au moins, elle aurait été assignée à résidence pour le reste de sa vie ». Cette histoire de genou donne son titre au film, mais ne constitue que l'introduction du film, Y. faisant un casting que Lapid filme en très gros plans étouffants, comme ceux de la moto sous la pluie. 

teodora mihai

Mais très vite, le film part dans une autre direction et Y., ailleurs. Le réalisateur est invité dans une petite colonie dans le désert, la vallée de l'Arava. il doit y présenter l'un de ses films dans un centre culturel à l'invitation de Yahalom, déléguée du ministre de la culture, qui admire son travail. Si Yahalom est sous le charme, elle doit néanmoins faire signer à Y. un document qui l'engage sur ses propos tout en les limitant, une sorte de censure à peine déguisée qui ne fait qu'aiguiser la colère du réalisateur. Lapid procède par longs monologues de son alter-ego (joué par le chorégraphe Avshalom Pollak), seul, face à Yahalom (jouée par la sensible Nur Fibak qui débute à l'écran), et au téléphone avec sa mère (ha ! La mère juive !), qui est atteinte d'un cancer mais est aussi sa proche collaboratrice. Il raconte enfin, en une succession de flash-backs, son expérience limite lors de son service militaire, démonstration par l'absurde de la situation. Ces passages nous font toucher du doigt, parfois jusqu'au vertige, la colère qui le ronge, qui bouillonne et déborde pour livrer un discours très politique et très virulent sur Israël et sa politique et ses valeurs. Virulent et désespéré, ce fond trouve sa forme dans un montage qui fait alterner de longs plans d'ensemble où le vide et la désolation des paysages vaut pour le pays tout entier, et des gros plans sur les visages des deux principaux protagonistes où l'on traque l'évolution de leurs émotions, sans savoir comment les confrontations vont se résoudre. Car ce qui me reste avec le recul, c'est cette tension sensuelle entre Y. et Yahalom, ces visages à quelques centimètres où l'on sent les souffles si proches, et le malaise pourtant, si prenant. Même si Ha'berech n'est pas un film aimable, car c'est un film de souffrance, c'est un film prenant que l'on a envie de consoler.

teodora mihai

Le journal Libération ne recule jamais devant un bon mot. Pour BAC Nord de Cédric Jimenez, ils ont donné comme titre à leur article : « Police partout, cinéma nulle part ». Je n'ai pas vu le film mais ça m'a fait rire. Je suis bon public. C'est aussi un peu ce que j'ai ressenti devant Bonne mère de Hafsia Herzi. La jeune actrice révélée chez Abdellatif Kechiche, passée à la réalisation avec Tu mérites un amour (2019), fait ici le portrait de Nora, une mère-courage qui, dans un quartier nord de Marseille, représente le point d'ancrage d'une famille nombreuse et qui accumule bine des soucis. La faute aux hommes bien sûr, morts, absents, en prison, feignants, au choix. Il n'y a que le plus jeune qui porte encore un peu d'espoir. Loin de moi l'idée de réfuter cette situation, mais l'effet d'accumulation manque un rien de nuance. Le projet de faire, à travers Nora, le portrait de sa propre mère en vaut bien un autre mais le film en reste à cette idée de portrait. Bonne mère ne possède aucune ligne dramatique, aucune tension réelle, rien de ce qui fait le prix du cinéma, pour donner un repère, de Robert Guédiguian. Et je ne parle pas d'une dimension politique ou d'une réflexion sociale qui pourraient être intéressantes. Quand au cinéma, Herzi filme caméra au poing, dans des lieux authentiques mais neutres, sans véritable effort de mise en scène. Elle alterne gros plans, émouvants parfois, de son héroïne, et scènes de groupe dans lesquelles on sent trop l'improvisation. L'abattage des comédiens, surtout des comédiennes, toutes débutantes, insuffle un peu de vie aux micro-situations (un repas, un passage assez drôle où deux des filles tentent une expérience de prestation sadomasochiste). Un film désarmant par sa candeur comme par sa légèreté. 

teodora mihai

Passons au Mexique pour une autre mère-courage, mais d'un tout autre calibre avec le film de Teodora Mihai, La Civil. Cielo, jouée par la vétérante Arcelia Ramirez, voit sa fille adolescente enlevée par un gang. Elle bascule ainsi dans cette violence glaçante qui ensanglante le Mexique depuis des années. Séparée, elle obtient l'aide de son ex-mari, mais ni le paiement de la rançon, ni les demandes d'aides à la police ne vont l'aider à retrouver sa fille. Contactée par un groupe de militaires, elle accepte de les aider et traverse la frontière d'un univers de cruauté sans nom. Teodora Mihai décrit une lente descente aux enfers menée avec obstination par cette femme ordinaire qui découvre la complexité de la situation, les ramifications d'une société minée par le crime et la corruption. Cynisme des jeunes truands, apathie de la police, violence des militaires qui agissent hors du cadre légal, peur de la population terrorisée par les méthodes des trafiquants, le récit de Mihai donne corps avec rigueur au travail d'enquête de son scénariste, le mexicain Habacuc Antonio De Rosario. Le film, surtout, modifie sans cesse la perspective de la situation au fil des découvertes de Cielo. Elle est ainsi amenée par exemple à assister à l'interrogatoire de deux jeunes femmes, membres d'un gang, questionnées à grand coups de matraques dans le visage. La scène suivante nous fait comprendre qu'elles ont été exécutées sans autre firme de procès. De même, si l'ami de la famille se révèle être lui aussi de mèche avec les kidnappeurs de la jeune fille, la façon dont il est enlevé et torturé nous écœure. Un peu comme dans le fameux final de Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette, 1948) de Vittorio De Sica, Cielo découvre que le jeune truand qu'elle poursuit, prête à le tuer, a aussi une mère tout aussi attachée à son enfant qu'elle, et une famille. Il est lui aussi pris dans une situation qui ne semble pas avoir d'issue. De la même façon, si le père est absent, partit avec une femme plus jeune et guère vaillant, il va tenter de renouer avec Cielo et ses tentatives, un peu trop timides, en font un passionnant personnage pathétique, mais plus profond que prévu. Et son allure de vieux cow-boy fatigué vaut le coup d’œil.

Par dessus ces éléments, domine l'amour de la mère pour sa fille, campée une une jolie scène d'ouverture. Cet amour donne à Cielo une énergie, une volonté rageuse qui emporte le film en un tourbillon digne d'une tragédie antique et font de La Civil un des plus beaux, des plus puissants films que j'ai pu voir cette année à Cannes.

(à suivre...)

Photographies  Pyramide Films, © SBS Distribution et © Menuetto - Agustin Paredes

24/07/2021

Cannes 2021, interlude

"Vieillir d’un coup. Ça arrive. Surtout quand ton film participe à un festival. Et qu’il ne gagne pas. Alors que gagne un autre film, dans lequel l’héroïne tombe enceinte d’une Cadillac. Tu vieillis d’un coup. Pour sûr"

Nanni Moretti sur les réseaux sociaux (je ne savais pas qu'il y était)