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09/06/2023

Deux ou trois choses...

Quoique l'on puisse penser de la réalisatrice Justine Triet, de son cinéma, de sa Palme d'Or cannoise et de son intervention, on ne peut pas laisser passer nombre d'interventions au mieux ignorantes, au pire malhonnêtes. Une petite mise au point s'impose et les personnes intéressées pourront se reporter aux structures officielles pour creuser la question, la question du pognon.

Non, un long métrage comme Anatomie d'une chute n'est pas financé par l'impôt. Les aides du CNC, dont la fameuse avance sur recette (fer de lance d'un système qui permet, pour le cinéma, l'exception culturelle que bien d'autres cinématographies nous envient de par le monde) proviennent d'un dispositif original mis au point à la Libération (1945, tout ça...) qui prélève une part des recettes sur les billets vendu par les salles. Tous les films participent (c'était un moyen qui s'est révélé efficace pour contrer l'hégémonie financière du cinéma américain) et tous les films français peuvent y prétendre. L'aide est une avance, ce qui veut dire qu'elle est remboursée en fonction des entrées.

Je n'ai pas le détail des résultats des films de Triet mais Victoria a très bien marché avec un taux de rentabilité de 107 % (voir ici) , donc ils abondent, à leur niveau au système qui soutient leur financement. Pour les Régions, c'est bien de l'argent public mais pour les longs métrages c'est clairement une aide à l’industrie, comme les régions peuvent aider n'importe quel autre secteur, et qui est conditionné à un retour, soit par les sommes que la production dépense sur. le territoire, soit par l'emploi de techniciens, comédiens, sous traitants, équipements. Et je ne parle même pas du retour en termes d'image et d'influence sur le tourisme. On est donc dans système donnant donnant et les ceusses qui critiquent l'intervention de Triet n'ont sans doute jamais rempli un dossier de demande d'aide financière. Enfin, pour les télévisions, c'est un peu pareil,. Les aides au bouclage du budget sont soit des préachats en vue de futures diffusions, soit des entrées en coproduction. Et même quand on parle de chaînes publiques, ça n'a rien d'un mécénat mais la joyeuse ronde des affaires.

En tant que professionnelle, Triet a toute légitimité pour parler de son métier et de sa filière. Il est assez gonflé de lui reprocher de défendre le système qui le structure et en permet le dynamisme. Il est bien plaisant qu'on lui reproche de prendre la parole pour appeler à la vigilance Comme si le gouvernement qui pousse aujourd'hui des cris d'orfraie, la main sur le cœur, ne touchait jamais aux acquits sociaux et ne prenait que de bonnes décisions. Comme si la culture n'était pas un secteur majeur de l'économie (ce chiffre parmi d'autre, elle représente sept fois plus que l’industrie automobile). Comme c'était le seul secteur à être aidé ! J'y vois ce vieux fantasme rance que les artistes seraient des gens différents du commun des mortels, vivant d'eau fraîche et d'inspiration. Et que ça serait bien qu'ils se taisent et nous fassent de jolis films inoffensifs. Ha, les braves gens !

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