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28/06/2008
Cannes 2008 : Deux amis
Laszlo Kovacs, c'est l'Amérique nostalgique de The last movie, Paper Moon (La barbe à papa), What's up doc (On s'fait la valise docteur ?) et Nickelodéon de Peter Bogdanovich. Ce sont les cabarets et le studio de New-York, New-York de Martin Scorcese. Ce sont les champs de pétrole de Five easy pieces de Bob Rafelson. C'est le visage de Jessica Lange dans Frances de Graeme Clifford.
Vilmos Zsigmond, c'est la rivière de Deliverance de John Boorman. Ce sont les paysages de Scarecrow (L'épouvantail) de Jerry Schatzberg. C'est Elliot Gould dans The long Goodbye (Le privé) de Robert Altman. Ce sont les pastels d'Obsession de Brian de Palma. Ce sont les extraordinaires photographies de deux films majeurs, The deer hunter (Voyage au bout de l'enfer) et Heaven's gate (La porte du paradis) de Michael Cimino. On a tendance à beaucoup parler du travail de Terrence Malik avec ses chefs opérateurs, particulièrement Nestor Almendros sur Days of Heaven (Les moissons du ciel – 1978), mais celui de Zsigmond sur le film de Cimino me semble un aboutissement, la somme de toute l'ambition et de toute la beauté du cinéma américain de cette décennie. Et puis Zsigmond, c'est pour moi le premier chef opérateur de Steven Spielberg, son collaborateur sur Sugarland express en 1974 puis surtout et de façon marquante, l'homme de Close encounters of the third kind (Rencontres du troisième type) en 1978. A ce que j'ai compris, ça ne s'est pas très bien passé sur le tournage même si au bout du compte Zsigmond aura l'oscar pour la photographie du film. Mais outre les qualités plastiques et novatrices de son travail, il me semble que le style de Zsigmond a profondément influencé l'imaginaire de Spielberg, portant sa marque jusqu'au milieu des années 90 et la collaboration avec Janusz Kaminski. Étonnante l'influence à nouveau déterminante de l'apport extérieur sur le cinéma américain.
Le film de Chressanthis parcours ces deux carrières magnifiques et parallèles. Bien construit, précis, et malgré quelques effets inutiles et agaçants, il se concentre sur les oeuvres. Les nombreux extraits donnent l'envie de la découverte et de la redécouverte. Je me suis rendu compte par exemple que je ne connaissais de l'oeuvre de Peter Bogdanovich, fordien émérite, que le très moyen Mask. Le noir et blanc et les plans en profondeur de Paper moon m'ont ravi et j'ai immédiatement comblé ce trou dans ma filmothèque. Le fil rouge du documentaire reste malgré tout cette belle histoire d'amitié. Les deux hommes n'ont cessé de s'estimer et de travailler ensemble, notamment sur la formation de jeunes chefs opérateurs en Hongrie après la chute du mur. Kovacs est mort en 2007. Zsigmond a continué de fêter son anniversaire.
Un entretien avec Vilmos Zsigmond
Photographies : Moviemaker et Einsiders
09:11 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laszlo kovacs, vilmos zsigmond, documentaire, cannes 2008, james chressanthis | Facebook | Imprimer | |
22/06/2008
Cannes 2008 : Love you more
Love you more se situe très précisément en juillet 1978, date de sortie du single Love you more des Buzzcocks groupe punk formé à Manchester dans le même mouvement que les Sex Pistols. Nous sommes dans un lycée londonien où l'on porte encore l'uniforme, blazer à écusson, jupe et cravate. Peter, d'apparence bien sage avec sa jolie frange façon Beatles lorgne sur la belle Georgia aux mèches plus rebelles. Bien sûr, elle semble l'ignorer. Mais Peter n'est pas le dernier des imbéciles et pour la séduire, la grille chez le disquaire du coin en embarquant l'unique exemplaire du tout nouveau 45 tours des Buzzcocks à la belle pochette rose. Georgia se mord les lèvres. « Tu aimes les Buzzcocks ? » s'étonne-elle. Il joue les affranchis de façon touchante et elle lui propose de venir l'écouter chez elle. Et devinez ce qui arriva.
Love you more est une histoire de premières fois. Première écoute, premier amour, première étreinte, première dépose du saphir sur le sillon, premières notes, première sortie. C'est une histoire de découvertes. Découverte de la musique, d'un groupe, de l'autre, du sexe, du plaisir. J'ai trouvé les autres courts métrages pénibles parce qu'ils reposent sur des choses assez ténues, anecdotes qui ne se subliment pas en quelque chose que, faute d'autre mot, je qualifierais de poésie. Sam Taylor-Wood opère la sublimation. Son film donne à voir, à entendre et à ressentir les sentiments qui animent ses deux jeunes héros. Il y a une symbiose étonnante entre la musique, cette énergie juvénile du punk originel, la beauté des images, l'énergie des acteurs et leur sensualité qui se libère. Le coeur du film c'est cette première étreinte du couple, sa formation. Elle est à la fois directe, magnifiée et, chose rare, pleine d'humour. Elle est proche de celle de Primrose Hill de Mickaël Hers, sans ce côté frontal qui m'avait (un peu) gêné. La façon de tourner de Taylor-Wood donne un équivalent à la musique des Buzzcocks : linéaire, évidente, ébouriffée. Mais nous ne sommes jamais dans une idée de clip, plutôt dans une idée de comédie musicale. C'est très beau et l'humour désamorce, comme dans la vie, la gravité de la situation.
Peut être que Sam Taylor-Wood fait si bien passer l'essence d'un sentiment, d'un moment, parce qu'elle ne vient pas d'un univers purement cinématographique. Cette jeune femme est une plasticienne et photographe, artiste vidéo renommée dont le travail est axé justement sur le sentiment et sa difficulté à l'exprimer. Love you more n'est pas son coup d'essai de cinéma pour autant, elle a participé au projet Destricted, avec l'histoire Death Valley, assez pénible, à peu prés tout ce que Love you more n'est pas, mis à par cette façon directe de filmer le sexe. A noter que le film a été produit par Anthony Minghella, récemment décédé et auquel il est dédié.
10:37 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cannes 2008, sam taylor-wood, court métrage | Facebook | Imprimer | |
20/06/2008
Cannes 2008 : Défense du conte
Comme Ed de Nightswimming, je sentais qui me serait difficile d'écrire sur Un conte de Noël, son dernier opus. Complexe, brillant, riche de forme comme de fond, peut être un peu trop comme le souligne le bon Dr Orlof. Ce n'est pas un film facile à aborder, surtout pour le défendre avec la sale image que se trimballe son réalisateur. Parce que l'on peut parler de la mise en scène, virtuose, usant d'un langage cinématographique varié, souvent ludique avec ses ouvertures et fermetures à l'iris, les split screen, les adresses à la caméra, le théâtre d'ombre, les voix off, les ellipses, les mouvements sophistiqués, l'unité de temps disloquée à plaisir. On peut parler de la photographie chaude d'Éric Gautier, de l'ambiance familiale dorée et bourgeoise, de cette atmosphère de Noël sur Roubaix, la ville dont Desplechin est originaire. On peut citer si, comme moi, on pense que le cinéma a été inventé pour filmer les femmes, les portraits de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Emmanuelle Devos et Anne Consigny. On peut parler aussi de la musique de Grégoire Hetzel, dans la lignée des partitions de Georges Delerue, et de l'utilisation de musiques diégétiques mêlant une grande culture, du jazz au style électro. La culture, parlons-en. Elle s'étale ici ostensiblement : théâtre, marionnettes, littérature, philosophie, cinéma, religion, peinture, métaphore mythologique, tout l'ensemble d'un cinéaste à l'intellectualisme revendiqué. On pourra terminer par les acteurs, tous excellents dans des registres attendus (Amalric, Devos) ou moins (Deneuve au superlatif, Consigny, Mastroianni). Et puis cette façon de faire jouer les enfants, et puis ces dialogues si travaillés, et puis ce ton qui mêle le drame au badinage. « Je ne t'ai jamais aimé / Mais moi non plus ». Ah, ça en a énervé plus d'un. Et enfin cet art difficile de nous immerger dans un groupe vivant, oui, vivant, et de nous donner le plaisir de les suivre comme si l'on faisait partie de la famille, du groupe comme dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle).
Une fois écrit tout cela, on peut pourtant avoir au bout du clavier un « mais ». Un « mais » insistant que l'on cherche à creuser et qui occulte petit à petit tout le reste. Mais quoi ? Suis-je donc tellement baigné dans l'air du temps qui se plaît à flageller notre cinéma national ? N'y a-t'il pas moyen de s'enthousiasmer sans arrière pensée pour un film français, sans être sur la défensive ? Sans chercher à l'excuser ? D'accord, Desplechin n'est pas le plus mal loti et ses films sont plutôt bien accueillis. Mais ils déclenchent des attaques violentes en forme de coups de pied de l'âne, d'autant plus redoutables et marquantes qu'elles se drapent dans la vertu outragée : réactionnaire, machiste, conservateur, bourgeois (argh : horreur absolue), autiste au monde d'aujourd'hui, raciste ou peu s'en faut. On retrouve tout ceci concentré dans une tribune du Monde signée Emmanuelle Retaillaud-Bajac, historienne. Alors moi, ni une, ni deux, je monte au créneau sur mes grands chevaux, ce qui est un peu casse-gueule, mais qu'importe, taïau !
Madame, Arnaud Desplechin est un cinéaste et à ce titre un artiste libre de parler de ce qui l'intéresse et d'ignorer avec superbe ce qui se passe dans les jardins d'à côté. Chaque cinéaste cultive son jardin et libre à vous de n'en pas manger les légumes.
Madame, vous nous parlez de la diversité de notre société pour vous plaindre qu'elle n'apparaît pas dans Un conte de Noël. Vous oubliez un peu vite que si cette diversité est une réalité, elle est loin d'être homogène. Si vous alliez faire un tour chez mes beaux-parents, vous seriez surprise de son absence, sans doute du même ordre que celle dans la bourgeoisie de Roubaix ou dans le Paris rêvé de Jean-Pierre Jeunet.
Madame, les films américains avec leurs quotas de noirs, d'hispaniques et d'hawaïens du sud-est sont ridicules et hypocrites. Ils ont conduit au personnage de Morgan Freeman dans l'histoire de Robin des bois. Le scandale, ce n'est pas l'absence de noirs dans les films, mais le fait que les nègres ne puissent réaliser, produire et distribuer leurs films. La diversité, c'est quand un cinéaste comme Quentin Tarantino, blanc, film une icône de la blaxploitation, Pam Grier, noire, comme Joseph Von Sternberg filmait Marlène Diétrich, avec amour. Sinon, c'est de la bonne conscience écoeurante associée à du ratissage commercial.
Madame, je crains que vous ne vous soyez endormie pendant le film, parce que les personnages de Catherine Deneuve, Emmanuelle Devos et Chiara Mastroianni manient le verbe hautement et la dernière a l'initiative sexuelle. La scène est par ailleurs très érotique pour un mâle pâle, hétérosexuel comme je le suis, et bien que cela m'ennuie de vous donner des arguments.
Madame, la famille décrite par Desplechin est socialement typée, certes, mais c'est le propre des bons scénarios d'être justes sur ce dont ils parlent. Est-elle minoritaire ? Je pourrais répondre : Et alors ? Mais je préfère vous retourner cette question : Par qui croyez vous que Nicolas Sarkozy a été élu ? Une minorité ?
Madame, votre diatribe est finalement assez méprisante pour le cinéma en général et Desplechin en particulier. J'ai surtout l'impression que vous lui reprochez ce qu'il est et de ne pas faire les films d'autres. Le genre d'argument qui me faisait déjà bondir appliqué à Robert Guédiguian. A vous lire, je me dit que nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
Madame, j'aime, moi, Un conte de Noël. Je ne sais pas si c'est un chef d'oeuvre, je manie ce mot avec parcimonie pour ne pas le dévaloriser. Mais je pense que c'est le film le plus réussi d'Arnaud Desplechin, le plus rond, le plus léger, le plus clair. Une belle synthèse de ce dont son auteur est capable et un bel objet plein, généreusement, de cinéma.
Photographie : © JC Lother / Why Not Productions
Un autre avis sur Balloonatic
Une autre charge de Pascale Bodet sur Chronic'art
Une autre contre-attaque de Laurent Delmas
07:40 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cannes 2008, arnaud desplechin, polémique | Facebook | Imprimer | |
19/06/2008
Cannes 2008 : si loin, si proche
Il y a un plan du même ordre que celui de Gomorra à la fin de Snow, premier film de la bosniaque Aida Begic. Un plan qui exprime un sentiment opposé. On y découvre enfin, magnifiques et boisées, les terres tant convoitées du village de ces femmes que l'on a vu lutter pour les conserver. Un morceau de pure beauté. Le début du film m'a un peu inquiété. Une jeune femme voilée, des bondieuseries, une caméra portée, des effets de mise au point : confusion. Heureusement, ça s'arrange assez vite et les choses, les gens, le propos et la mise en scène se mettent en place. Soit donc une communauté rurale en Bosnie, Slavno, réduite à six femmes de tous âges. L'année : 1997. Fils, pères et maris ont été emmenés par les milices serbes puis sans doute exécutés. Ne sont restés qu'un vieillard résigné et un garçon taciturne. Le village a été partiellement détruit mais ces femmes s'y accrochent. Chacune survit à sa façon, par le travail, la religion, l'espérance d'un exil, le souvenir. Mais elles n'ont pu faire leur deuil et se raccrochent à l'espoir d'un survivant, d'un retour. Si la paix est revenue, les serbes aussi, sous une autre forme. Mandatés par des groupes internationaux, vaguement maffieux, ils veulent racheter l'endroit pour en faire un complexe de vacances. La fable est limpide, jolie et morale. C'est la nature elle-même, à la faveur d'une tempête, qui se rebiffe et expulse les intrus. Le voisin serbe, dévoré de remords, révèle l'endroit de l'exécution et permet le deuil. Avec l'aide d'un survivant venu d'un autre village, la reconstruction pourra avoir lieu, et la vie continuer. Attachant au sens le plus fort que l'on puisse donner à ce mot, Snow a cette qualité que j'apprécie entre toutes, la faculté de faire partager de l'intérieur la vie et les sentiments d'une communauté qui semble si loin de moi. Une porte ouverte sur un ailleurs rendu tout proche. J'aimerais assez m'installer au soleil dans l'arrrière cour de Slavno pour déguster les confitures.
Le cinéma iranien a bien des qualités mais pas forcément celle de faire rire. D'accord, il y a de l'humour chez Kiarostami et Makhmalbaf, mais ce ne sont pas Blake Edwards. Il faudra désormais compter avec Saman Salour et son film Taraneh Tanhayie Tehran(Le chant solitaire de Téhéran) présenté à la Quinzaine des réalisateurs. En Iran, il est interdit d'avoir une antenne parabolique, des fois que cela permettrait de capter des chaînes de télévision sataniques. Néanmoins, comme le raconte Marjane Satrapi dans Persépolis, les iraniens déploient des trésors d'ingéniosité pour accéder aux plaisirs interdits. Hamid et Behrouz sont deux cousins qui installent clandestinement ces antennes, prenant tous les risques. Le film est le récit picaresque de leurs aventures et de leur relation. Je suis bien conscient du paradoxe qu'il y a chez moi à m'enthousiasmer pour un film qui prône comme conquête de la liberté l'accès à la télévision. Mais c'est très drôle et assez inédit. Hamid est un sacré personnage, joué par Hamid Habibifar, une sorte de Woody Allen première manière, tout petit et quelque peu malingre, mythomane, hâbleur, beau parleur, baratineur, touchante boule de nerfs qui parle avec un débit de mitraillette. Behrouz est un colosse taiseux et emprunté, pas très loin de Bud Spencer, maladroit et pathétique. Il dit avoir fait la guerre dans les transmission et avoir été blessé. C'est lui qui le dit. Un couple pas très loin de celui de Steinbeck, Georges et Lennie dans Des souris et des hommes. Un couple qui fonctionne. Le film est parfois un peu maladroit, des cadrages tordus, une image vidéo pas toujours excitante (mais de jolies atmosphères nocturnes), un poil de mélodrame. Mais il fonctionne parfaitement sur les incessantes chamailleries des deux héros, très bien écrites et mises en valeur à travers une intrigue linéaire et classique, tout ce qu'il faut pour une bonne comédie. Saman Salour nous embarque dans un Iran inhabituel, un Téhéran banal, plutôt triste et assez angoissant peuplée d'hommes et de femmes finalement très proches, une ville très, trop moderne où la pénurie d'essence n'empêche pas les voitures de tourner sans cesse.
Photographie : Snow © Mamafilm et Taraneh Tanhayie Tehran : DreamLab films
06:42 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannes 2008, aida begic, saman salour | Facebook | Imprimer | |
18/06/2008
Dancing in the dark
08:41 Publié dans Actrices | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cyd charisse | Facebook | Imprimer | |
16/06/2008
Cannes 2008 : Voir Naple et mourir
Il y a aussi un plan saisissant à un tiers du film. De jeunes adolescents jouent dans une piscine. La cadre s'élargit en un plan d'ensemble qui englobe toute la cité où se déroule une majeure partie du film. On découvre comme un immense vaisseau de béton, futuriste et hideux, un cauchemard d'architecte dément. La piscine y est réduite à une toute petite incrustation comme dans les space-opera hollywoodiens. Image terrible de ce que notre civilisation a pu produire de plus monstrueux pour abîmer les hommes.
Et les Cahiers du Cinéma qui trouvent que le cinéma italien ne va pas fort. Misère.
22:57 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cannes 2008, matteo garrone | Facebook | Imprimer | |
12/06/2008
Petits déplaisirs cannois
Ayant trouvé le personnel d'accueil charmant cette année, je ne dirais rien du déploiement sécuritaire qui d'ordinaire m'insupporte au plus haut point. Il parait néanmoins que l'on a fait évacuer tout un secteur pour que Clint Eastwood puisse présenter Dirty Harry au cinéma de la plage. Heureusement que l'omniprésident n'est pas cinéphile.
Dans un autre registre, mais là je m'y suis habitué, il y a l'attitude d'une partie des journalistes. Lors des séances du matin, si vous entendez claquer les sièges dès la première demi-heure, c'est sans doute un critique consciencieux qui se dépêche de sortir pour pondre le papier dans lequel il dira tout le bien ou tout le mal du film entrevu, grandement aidé par le superbe dossier de presse. J'ai compris cela le jour où un ami journaliste à la radio m'avait demandé comment se terminait tel film (La tregua de Rosi je crois) car son émission, à 13 h 00, ne lui permettait pas de rester aux deux heures du film. D'où une certaine méfiance désormais sur les critiques à chaud et une meilleure compréhension de l'écart qu'il y a parfois entre les avis exprimés sur la croisette et ceux qui le sont lors de la sortie des films à l'automne et à Paris.
Il a fait moche quasiment tous les jours.
Dernier grand écart cannois, l'attitude envers les cinéphiles. De plus en plus axé sur l'aspect « professionnel de la profession » de la manifestation, le festival écarte de plus en plus les gens qui aiment les films et payent le reste de l'année pour les voir. Le public averti quoi, les cinéphiles si l'on peut encore écrire ce mot sans arrière-pensée. Cette année, par exemple, les séances de rattrapage du dernier dimanche qui permettait jusque là d'accéder aux films de la compétition, ont été interdites aux badges cinéphiles. Il faut expliquer à ceux qui ne sont pas familiers de la chose, qu'il y a différents badges à Cannes, chacun formant autant de castes avec des droits bien distincts. Les badges cinéphiles représentent le bas de l'échelle, les intouchables de la manifestation. Moi, je suis monté dans l'échelle sociale, mais je reste sensible au sort du lumpenprolétariat cannois. C'est d'autant plus dommage que ce sont ces spectateurs qui créent le bouche à oreille sur un film et peuvent l'aider efficacement. Les grands média sont toujours coincés entre la double exigence de l'actualité et du spectaculaire et ainsi, on plus parlé du Maradona de Kusturica et du Spielberg que de Gomorra de Garrone et pas du tout ou si peu de la restauration de Gamperaliya de Lester James Peries, ou du court métrage magnifique de Sam Taylor-Wood Love you more. Vous m'objecterez que c'est la pratique courante, mais justement, dans le cadre d'un festival qui affiche une ligne exigeante, c'est dommage qu'ils n'arrivent pas à mieux équilibrer la tendance. Les locomotives nécessaires (et pas forcément mauvaises) occultent une partie des films que la manifestation veut mettre en avant. Et le public de base ne peut jouer l'éventuel contre-pouvoir. Dommage par exemple pour un film comme Chealsea on the rocks d'Abel Ferrara diffusé en une unique séance spéciale et qui aurait sans doute bien besoin d'un coup de main.
La programmation de courts métrages en compétition était douloureuse, je me suis endormi quatre fois de suite aux quatre premiers films. Je ne comprends pas comment ils font leur sélection. En mémoire de sa prestation chez Philippe Lioret, je m'abstiendrai de vous dire à quel point le film de Mélanie Laurent est à pleurer d'insignifiance. A zut, je l'ai dit.
J'ai l'air de rouspéter comme ça, mais je serais là l'année prochaine. Je crois.
Photographie Republic Pictures of Belgium (800, rue Royale) pour The Quiet man de John Ford, autre acquisition cannoise de cette année. Pas pu résister.
14:51 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannes 2008 | Facebook | Imprimer | |
10/06/2008
Qu'est-ce que tu penses de ça ?
Sur le tournage de La sirène du Mississipi, Catherine Deneuve et François Truffaut en plein travail (Source Tout sur Deneuve)
15:55 Publié dans Ça | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : françois truffaut, catherine deneuve | Facebook | Imprimer | |
08/06/2008
Petits bonheurs cannois
Plaisir du soulagement avec le court métrage My rabitt Hoppy de Anthony Lucas après quatre ou cinq autres courts terriblement pénibles.
Plaisir des retrouvailles (bis). Réjouissant le segment du film Tokyo réalisé par Léos Carax, bien qu'il soit présenté comme « un film de merde ». Pour ceux qui aiment le cinéaste et se désolent, comme moi, qu'il ne tourne pas plus souvent, le retrouver avec une oeuvre aussi libre et drôle fait plaisir. Quand on voit Denis Lavant sortir d'un égoût, un oeil blanc, une barbiche rousse mal taillée, les ongles démesurés, dépenaillé, hirsute, semblable à l'Opale de Jean Renoir ; quand on le voit déambuler dans une grande artère de Tokyo sur la musique de Akira Ifukube pour Godzilla, le film fondateur d'Ishiro Honda et terroriser la population en balançant les béquilles d'un handicapé ou léchant l'aisselle d'une jeune fille, on ne peut qu'être aux anges.
Je n'ai jamais été spatialement aussi près de Steven Spielberg. Environ 300 mètres.
Plaisir de cinéphile. Le film le plus rare du festival, et l'un des plus beaux, ce fut la restauration sous l'égide de Pierre Rissient de Gamperaliya (Changements au village), un film Sri-lankais de 1965 réalisé par Lester James Peries. Mon premier film du Sri-Lanka. Rissient pour le présenter a eu des accents lyriques : « C'est comme découvrir Griffith ». De fait, le film est une splendeur visuelle, fresque à la fois historique, sociale et humaine et une oeuvre d'une grande délicatesse. Gamperaliya nous entraîne dans un monde qui semble très lointain, un sentiment de dépaysement du même ordre que celui dégagé par les films de Kurosawa ou Mizoguchi. En même temps, il dégage un parfum d'humanité très proche. La scène finale est un grand moment de la représentation du couple au cinéma et j'essayerais de revenir là dessus. A la fin du film, les yeux encore humides, je me suis rendu comte que j'étais assis juste devant l'équipe de Positif avec Michel Ciment, N.T. Bihn et Claire Vassé, je crois. Je suis rentré chez moi tout guilleret.
Le geste de Harrison Ford pour mettre ses lunettes juste avant le début de la projection. Souvenir de celui de John Wayne dans She wore a yellow ribbon.
Plaisir de parler de cinéma toute la journée avec des amis, des inconnus dans les files d'attente et Joachim que je rencontrais pour la seconde fois après Clermont Ferrand. Le dernier samedi, dans le décor déserté déjà du village de tentes de l'esplanade Pantiéro, nous finissions la clairette de Die du Conseil Général tout en passant en revue les films du festival avec deux amis chers. Douce et profonde fatigue, décontraction, soulagement d'arriver à la fin, regret d'achever une période de joyeuse désorganisation de vies assez réglées. Promesse de remettre ça bientôt. Nous nous sommes empoignés sur certains films, nous sommes défoulés sur quelques valeurs sures (Dumont, Egoyan, Van Sant, Haneke encore). Mes amis ont fait leurs pronostics et je les ai écoutés sagement car je n'avais vu de la compétition que Gomorra de Mattéo Garrone. Puis sous un ciel sombre, je suis partit voir Indiana Jones dans une salle « normale ».
Plaisir de fouiller une heure dans les affiches et les photographies des vendeurs spécialisés.
Plaisir de rentrer chez soi quand c'est marre. Et puis plaisir du coup de fil d'un ami qui a des places pour la séance de 22h00. Vous en reprendrez bien encore un peu ? J'aurais donc terminé l'édition 2008 avec The good, the bad, the weird (Le bon, la brute et le cinglé) de Kim Jee-Woon, hommage coréen à qui vous imaginez, sorte de bouffonnerie virtuose, un poil trop longue mais assez défoulatoire.
Plaisir le dimanche de filer au festival du Cinéma Brut de Mouans-Sartoux.
Photographie : collection personnelle, l'un de mes achats de cette année. Tall in the saddle (L'amazone aux yeux verts– 1944) de Edwin L. Marin avec John Wayne et la belle Ella Raines (c'est pour elle que j'ai acheté cette photographie).
12:36 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cannes 2008 | Facebook | Imprimer | |
07/06/2008
Permette ?
Dino Risi 1916 - 2008
Una vita difficile, Il sorpasso, La marchia su Roma, I mostri, Vedo nudo, Mordi e fuggi, Profumo di donna...
Rien à dire, encore beaucoup à voir.
23:50 Publié dans Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dino risi | Facebook | Imprimer | |