Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/06/2010

Studio Harcourt

Le prestigieux Studio Harcourt de Paris vient de prendre une initiative comme je les aime : mettre sur Wikipedia, en Creative Commons s'il vous plaît, environ 80 de ses fameux portraits. Il ne cesse de s'en ajouter de nouveau et nous en sommes déjà à la lettre G. l'occasion de découvrir et faire partager les clichés glamour de Sabine Azéma, Jean Hugues Anglade, Richard Anconina, Marianne Basler, Julie Depardieu, Emilie Dequenne ou Ariane Ascaride. Et puis, Ô joie sans pareille, deux de mes favorites :

Balibar Harcourt.jpg
Fougerolle Harcourt.jpg

Source : Wikipedia

Le site du Studio Harcourt

08/01/2010

Ne change rien

11/05/2007

Entretien

Jeanne Balibar parle de politique, de culture et de politique culturelle sur la Télélibre.fr. Elle y est atrocement filmée, mais elle y dit de jolies choses pertinentes. Accrochez vous avec les commentaires, ça ne fait pas dans la dentelle. Entretien réalisée par Karine Yaniv à Marseille le 5 mai 2007 (le jour d'avant quoi).

09/04/2007

Et le lendemain...

Jeanne Balibar dirigée à nouveau par Jacques Rivette, j'en rêve depuis que Hyppogriffe me l'avait annoncé il y a de nombreux mois. Dès que Ne touchez pas la hache est sortit, j'ai laissé mon esprit vagabonder sur ce que je pourrais bien en écrire sur Inisfree, imaginant un texte baigné de l'admiration que j'éprouve pour la plus féline de nos actrices.

Première surprise, il me faut répartir également mes louanges entre Jeanne Balibar et son partenaire Guillaume Depardieu. Dès les premiers plans dans l'église du monastère si présente que j'avais l'impression d'en sentir le parfum, dès ce premier mouvement qui s'approche du dos massif du général Armand de Montriveau, Depardieu impose une présence physique qui appelle le souvenir des créations de son père à son meilleur pour Truffaut, Blier, Pialat ou Ferreri. Il est « une force qui va », massif, déterminé, maladroit un peu aussi, tentant de contenir l'énergie de l'ex-général d'Empire et explorateur africain, imposant cette densité au sein de la délicatesse immémoriale du couvent comme dans les précieux et vains salons parisiens de la Restauration.

medium_hache2.jpg

Face à cette force, le duchesse de Langeais est toute finesse de traits et de corps, presque fragile et pourtant animée d'un grand feu intérieur né de sa passion. Tout en elle est fait de contrastes violents : frivole et profondément amoureuse, coquette et idéaliste, calculatrice et abandonnée. Dans leur affrontement qui constitue le coeur du film, Rivette joue admirablement de leur complémentarité. J'avais pensé intituler cette chronique « Acier contre acier » selon les mots mêmes de Blazac repris par Rivette, mais le critique de Politis y a pensé avant moi. Du coup, celui que j'ai choisi est plus en relation avec le style du film. Car, seconde surprise pour moi qui ne suis pas un grand familier de l'oeuvre du réalisateur, Ne touchez pas la hache est un film dans la tradition des grands films muets. Précision des cadrages, majesté des plans et du rythme, force des ellipses, expression physique des acteurs, tout ramène à cet art devenu si rare. Et avec beaucoup d'humour Rivette utilise des intertitres qui scandent ses scènes : «Et le lendemain... », « trois mois plus tard » etc. La très belle scène finale m'a irrésistiblement fait penser aux histoires de vampires de Murnau ou Dreyer avec sa mer si étale, son navire, ses couloirs du couvent et la découverte du corps de la duchesse. Je suis persuadé que l'on pourrait voir le film avec un simple accompagnement au piano et que l'on s'y attacherait tout autant. Paradoxe à nouveau puisque c'est un film très dialogué et que la « tendre guerre » entre le général et la duchesse est une guerre des mots autant que des corps. Le film est construit entre ces deux niveaux : le verbal avec des dialogues brillants puisés à la source même du texte de Balzac et le non-verbal avec les mouvements des corps et les regards. Jeanne Balibar y excelle entre gestes calculés, gestes retenus, regards qui se perdent, éclairs de malice, bourrasques de passion. Rivette joue d'elle et avec elle comme d'un merveilleux instrument.

medium_hache9.jpg

Il est bon de se rappeler que les « cinéastes sources » de Rivette sont Alfred Hitchcock et Howard Hawks, tout deux maîtres de ce style formé à l'école du muet et sachant intégrer les ressources du son. Ce type de couple dans ce type de dispositif, pour peu que l'on y réfléchisse un instant, a donné chez eux de véritables sommets. Ce sont Cary Grant et Ingrid Bergman dans Notorious (Les enchaînés) et John Wayne aux côtés d'Angie Dickinson dans Rio Bravo. Plus j'y pense et plus je trouve que la scène ou Montriveau menace la duchesse qu'il a fait enlever de la marquer au fer rouge est l'équivalent de la scène ou Feather menace le shérif Chance de sortir avec sa guêpière. On retrouve la même insolence érotique chez Jeanne Balibar et le même mélange de séduction raide chez Guillaume Depardieu. Que l'un ait fait un drame et l'autre une comédie me semble accessoire. Je suppose aussi que l'on pourrait trouver des connivences secrètes avec le travail de Robert Bresson, surtout en ce qui concerne le lien à la religion, à la passion, à la croyance. Mais je ne n'aventurerais pas sur ce terrain qui m'est bien peu familier. Voici donc quelques réflexions qui voudraient faire sentir la richesse de cette oeuvre. Il faudrait aussi citer malgré ce que j'ai écris sur les références au muet, le travail sur le son, le craquement des parquets, la résonance des pavés, le frottement des étoffes. Il faudrait évoquer la photographie de William Lubtchansky avec ses ambiances à la bougie. Il faudrait étudier la façon que Rivette a, une fois encore, d'introduire l'esprit du théâtre dans son cinéma avec les jeux sur les rideaux, il faudrait parler des apparitions de Bulle Ogier et de Michel Piccoli. Il faut surtout voir ce film absolument et s'immerger dedans complètement.


Photographies : © Moune Jamet (source les films du Losange)

Site officiel du film

07/01/2007

Chère Jeanne

Chère Jeanne Balibar,

Vous venez donc de sortir avec Slalom dame un second album et je me demandais si vous aviez l'intention de poursuivre cette carrière de véritable rock-star. Non que je critique, non, j'ai bien sûr commandé cet album mais le père Noël a eu du retard. Alors je patiente. Non que j'ai des regrets, non, je me suis passé un grand nombre de fois votre premier essai, Paramour, dont je ne me suis jamais lassé. Comment vous en vouloir alors que vous reprenez la chanson de Johnny Guitar, la berceuse inquiétante de La nuit du Chasseur. Comment vous reprocher de sampler Godard et de nous offrir un duo suave et sensuel avec Maggie Cheung. Ah, Maggie ! J'ai adoré mettre ce disque en soirée et passer les dernières heures de la journée sur les accents de votre voix délicatement grave, légèrement rauque, chaude, proche. Envoutante.

medium_Jeanne.jpg

Pourtant, si, chère Jeanne Balibar, je vous en veut quand même un peu. Je vous en veux de ne pas être assez présente sur les écrans. J'avais eu l'idée de cette missive quand je vous ai vue dans la distribution de ce gros feuilleton diffusé sur France2 (aie !). Quelque réjouissante ait pu être votre courte prestation, de vous voir réduite à un tel second rôle m'a désolé. Notre cinéma se porte-t'il si mal qu'il ne soit pas fichu de créer un minimum de personnages à la dimension de votre talent ? Que vous deviez ainsi délaisser les écrans pour les scènes de théâtre et de concert ? Chère Jeanne, vous devriez faire trois films majeurs par an. Vous devriez avoir les mêmes flamboyances que Catherine Deneuve ou Jeanne Moreau dans les années 60 et passer ainsi d'un grand film d'auteur à un grand film populaire, donnant au cinéma quelques unes de ses figures de légende. Ne pourriez vous éventuellement demander les coordonnées de Wong Kar-wai à Maggie ? Je rêve de vous voir dans un tel univers. Au lieu de cela, vous êtes si rare. Trop rare. Quelques brillantes apparitions dans des films auxquels vous donnez le meilleur chez Nicloux, Assayas ou Honoré. Je vous avoue que j'ai plus retenu vos quelques minutes dans le rôle de l'ex-femme de Thierry Lhermitte que l'ensemble d'Une affaire privée.

Pourtant, depuis que vous êtes apparue chez Despleschin au sein de l'admirable bande de Comment je me suis disputé...(ma vie sexuelle) vous avez imposé quelques grandes figures. Anna d'abord, femme fatale, absolu féminin pour le personnage d'Albert dans la plus belle comédie des années 90, Dieu seul me voit de Bruno Podalydes. Vous y étiez une légende redoutable (« Tu vois ses seins, tu es mort » disait Otto à Albert) qui prenait corps et se révélait si compréhensive à l'issue d'un repas d'anthologie dans un décor sortit de chez Hergé. Vous étiez si belle dans l'encadrement du col du pull-over. Camille ensuite, pour Rivette dans Va savoir, magnifique actrice de théâtre, amoureuse de grande classe, portrait sublimé de ce vous semblez être dans la vraie vie, va savoir... Votre élégance, votre distinction, vos gestes félins, votre voix posée, vos accès de fantaisie, vos éclairs mélancoliques au fond du regard : Camille vous met au premier plan et synthétise toutes les facettes de votre talent. D'autres figures encore. Moretti féminin, médecin vague à l'âme au guidon de sa vespa, regard buté sous le grand casque dans J'ai horreur de l'amour. Maniaque hilarante et angoissante chez Jeanne Labrune. Amoureuse encore pour Assayas en compagnie de votre (réel) compagnon, Mathieu Amalric qui vous filmera sans retenue dans un film purement contemplatif au titre pour amateurs de tennis. C'est beaucoup et c'est bien peu. Aujourd'hui, chère Jeanne, je ne saurais vous dire assez combien j'attends avec impatience cette hache à laquelle il ne faut pas toucher qui vous fait retrouver Rivette à nouveau pour une adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac. Le film est prévu pour mars 2007. Vivement.