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26/02/2010

Une chanson signée Germi

Sinno' me moro
(P. Germi - C. Rustichelli)
Amore, amore, amore, amore mio,
in braccio a te me scordo ogni dolore.
Voglio resta' co' te sinno' me moro,
voglio resta' co' te sinno' me moro.
Voglio resta' co' te sinno' me moro.

Nun piagne amore, nun piagne amore mio,
nun piagne e statte zitto su sto core.
Ma si te fa soffrì, dimmelo pure
quello che m'hai da di', dimmelo pure.
Quello che m'hai da di', dimmelo pure.

Te penso amore, te penso amore mio,
tu sei partito e m'hai lasciata sola.
Ma tu non sai che sento nel core mio,
ce penso er bene tuo che me consola.
Ce penso er bene tuo che me consola

25/02/2010

Quelqu'un peut m'enlever ça ?

Kubrick.jpg

Stanley Kubrick sur le tournage de Dr Strangelove (Dr Folamour -1964). Où il apparaît qu'un metteur en scène doit savoir braver le vertige et les lois de l'équilibre. (Source LATimes blog)

14:57 Publié dans Ça | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : stanley kubrick |  Facebook |  Imprimer | |

19/02/2010

Un super 8

18/02/2010

Bancs Publics

Bancs publics.jpg

En 1992, Versailles rive gauche révèle un metteur en scène et un comédien, deux frères, Bruno et Denis Podalydès. Primé à Clermont-Ferrand puis césarisé et exceptionnellement distribué en salle compte tenu de sa durée de 45 minutes, le film pose les bases d'un univers particulier qui cite Tati, Hergé et Truffaut, et présente une épatante galerie d'acteurs (Isabelle Candelier, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté). Comédie sentimentale et burlesque dont la mise en scène se déchaîne dans l'espace clos d'un minuscule studio envisagé comme la cabine des Marx Brothers, le film est un petit bijou.

En 1998, Dieu seul me voit, sous titré Versailles chantiers, affine, développe et affirme cet univers et le talent de son réalisateur. Il l'installe aussi dans la durée. À la troupe du film précédent se greffent la sublime Jeanne Balibar et une autre génération d'acteurs comiques avec Daniel Ceccaldi et Maurice Baquet. Prenant le contre-pied de Versailles Rive gauche, Podalydès déploie sa mise en scène dans de nombreux espaces et multiplie les situations. Le film est peut être la plus belle comédie de ces trente dernières années, cela dit en toute objectivité.

En 2009, trois long métrages plus loin dont deux adaptations plutôt prestigieuses de Gaston Leroux, Bruno Podalydès revient à ses amours et aborde, enfin, la troisième gare avec Bancs publics (Versailles rive Droite). Sa notoriété, son talent et un budget sans doute plus confortable lui permettent de réunir une distribution assez impressionnante, façon The longest day (Le jour le plus long – 1962), pour l'injecter dans son petit monde versaillais. Le résultat manifeste une ambition qui tranche agréablement sur le tout venant de la comédie française de ce début de millénaire mais n'est pas franchement convaincant. Et il m'en coûte de l'écrire.

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Le DVD

Photographie © UGC

17/02/2010

36 vues du pic Saint Loup

Saint Loup.jpg

Le dernier film en date de Jacques Rivette, sortit bien trop discrètement en 2009, a le parfum du Sud. La photographie d'un beau classicisme d'Irina Lubtchansky (collaboratrice, outre de Rivette, d'Otar Iosseliani et de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet) baigne de lumière solaire la vaste campagne et vibre de la chaleur des nuits d'été. La bande son très travaillée fourmille de bruissements de feuilles, de stridences d'insectes, de chants d'oiseaux. Comme pour mieux faire apprécier toute cette beauté, un bref passage à Paris se charge de vous rappeler le boucan urbain. A la suite du petit cirque de province dirigé par Kate (Jane Birkin) et auquel vient se joindre l'italien Vittorio (Sergio Castellitto), nous traversons des paysages qui semblent hors du temps, la France immémoriale comme on dit, des villages de pierre dorée, des places paisibles bordées de platanes, des petites routes tranquilles, des montagnes bleutées. Le pic Saint Loup en Languedoc-Roussillon.

Hors du temps. Presque hors du monde. Toute la beauté de ce film, la beauté qui est la matière du film, nous est livrée avec une étrange douleur. Les paysages sont presque vides, comme les villages traversés, comme les bancs des spectateurs sous le chapiteau. D'ailleurs, ces rares spectateurs sont muets, ils ne réagissent pas, ne rient pas. Et y a t'il rien de plus terrible, de plus terriblement triste qu'un clown faisant son numéro dans le silence indifférent ?

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Le DVD

Photographie © Les Films du Losange

15/02/2010

Godard juin 1968




14/02/2010

2000/2009 : une certaine tendance mortifère du cinéma (partie 2)

Venons en maintenant aux titres emblématiques de ces fichues listes.

Mulholand Dr. (2001). Qu'est-ce que ce film qui domine si nettement les choix ? C'est un film étrange qui a faillit ne pas exister. Un film de télévision accouché en film de cinéma. Un film américain sauvé par la France. Dans la douleur. C'est surtout un grand film mortifère, un film replié sur lui-même de plusieurs façons. Il est replié sur une certaine idée du cinéma hollywoodien, de Hollywood comme cité de tous les vices, une idée déjà développée chez Wilder, Ray, Aldrich, Byrum, Mankiewicz, Altman, Schlesinger et j'en passe. De Hollywood comme usine à rêve, replié sur quelques icônes (Gilda, Vertigo, film funèbre s'il en fut). Raconté du point de vue d'un cadavre comme Sunset Boulevard (1950, encore une adresse), Mulholand Dr. est la mise en scène d'une idée de la mort du cinéma. Je connais plus enthousiasmant. Pour le film phare d'une décennie, Mulholand Dr. est replié sur le travail de David Lynch, réalisateur flamboyant mais inégal, plus à l'aise finalement quand il est bridé par une forme classique (Elephant man (1980), The Straight Story (1999)), qui répète ici son précédent Lost Highway (1997), plus carré et fascinant, revenant aussi sur des formes et des motifs (éléments ludiques, construction de l'intrigue, rideau rouge, musiques) qui firent son succès dans les années 90. Lynch emprunte aussi à Tarantino Jarmush et aux frères Cohen en matière d'humour noir et de violence (Le tueur, le cow-boy). La forme étant le fond, Mulholand Dr. est une boucle, replié donc sur lui-même, ne débouchant que sur la mort : un meurtre et un suicide. En fait de film phare, il clôture surtout un cycle riche ouvert après l'échec de Dune en 1986 et regarde en arrière. Cette idée se conforte du fait que le film est suivi d'un silence de six ans puis d'un Inland Empire qui laisse perplexe une part de ses admirateurs. Cela reste difficile pour moi de comprendre comment ce film à demi étouffé par son style, traversé d'éclairs de rancœurs (Les scènes avec le réalisateur Kesher), de terribles clichés (la découverte par Kesher de sa femme au lit), de moments virtuoses (L'audition) et ayant donné lieu à un mode d'emploi (publié dans Libération si mes souvenirs sont bons), puisse se retrouver en alpha et oméga du cinéma des années 2000.

On peut reprendre certaines de ces remarques à propos de Wong Kar-wai. In the mood for love (2000) me semble plus le point d'orgue des riches années 90 qu'une œuvre phare des de la décennie qui nous occupe. Sa perfection même semble bloquer son réalisateur. 2046 (2004), tourné d'ailleurs en partie simultanément, peut se lire comme un ensemble de variations sur l'impossibilité de retrouver la magie d'In the mood for love. C'est par là qu'il est le plus intéressant. En reprenant les mêmes schémas transposés dans un cadre occidental, My blueberry nights (2007) démontre par l'absurde que ça ne fonctionne pas et qu'il faudrait passer à autre chose.

Le cas de Gus Van Sant est tout différent. Gerry en 2002 puis Elephant en 2003 ont ouvert un cycle et définit un style. Van Sant, avec six longs métrages et quatre courts est pleinement présent dans la décennie. Il a une approche originale des corps mais n'arrive pas à pénétrer les âmes. Van Sant se pose sur les épaules de ses héros, leur tourne autour, se perd dans leur contemplation, mais ces héros restent impénétrables. Le musicien de Lasts days (2005), les étudiants d'Elephant et leurs victimes, errent comme les zombies de Romero, visages lisses et gestes posés. Le cinéma de Van Sant est un vaste constat d'échec qui ne débouche, là encore, que sur la mort. La belle affaire. Qu'on ne se méprenne pas. Ce qui me gène n'est pas la dimension tragique de la chose, mais le regard comme anesthésié du cinéma de Van Sant qui se pose dessus. « Et alors ? » m'étais-je demandé à la fin d'Elephant. « Alors voilà... » semble me répondre le réalisateur. On pourra préférer sur le fond l'approche de Larry Clark nettement plus sensible et qui filme plus frontalement, voire celle d'un Michael Moore, brouillon mais qui tente des mises en perspectives et ne nous laisse pas avec cette sensation de vide. Van Sant filme l'incompréhensible comme Antonioni filmait l'incommunicabilité. Juste une question de maux. Et question style, il me suffit d'évoquer celui de Mickael Hers qui a le chic lui aussi pour piloter les travellings arrière et saisir certains types de lumière. Du moins les gens qu'il filme sont des personnages incarnés, qui souffrent, s'aiment, vivent.

Ce cinéma que je qualifie à défaut d'autre chose de mortifère se retrouve ainsi mis en avant. Il n'est pas bien loin dans les listes, mais le champion toutes catégories c'est bien sûr Michael Haneke, Dieu me tripote, qui allie à la grande machinerie cinématographique (plans séquence, noir et blanc soit-disant léché, caméra mouvante), une insupportable dimension moralisatrice. Autre titre emblématique, le Requiem for a dream (2000) de Darren Aronofsky, chanson de geste de diverses formes de la déchéance humaine sur fond de musique branchée et d'images chic et choc à vous flanquer la migraine.

Tout aussi révélateur, le choix de Match point (2005) pour la filmographie de Woody Allen. Comme l'a souligné Ed, c'est le film le moins allenien de son auteur. Impossible de ne pas y voir le syndrome de Tchao pantin (1983), le film de Claude Berri, paix à son âme, avec Coluche si merveilleux quand il ne fait pas rire. Enfin le comique fait un film sérieux ! Peut être Allen avait-il besoin de recharger ses batteries de légèreté, peut être était-ce une manœuvre de séduction envers Scarlett Johansson, peut être était-il un peu déprimé. Toujours est-il que malgré ses qualités, le film n'est imprévisible que parce qu'il est signé Allen et qu'il est loin des peintures plus fines et plus drôles que sont Vicky Christina Barcelona (2008), Whatever works (2009) et Hollywwod ending (2002), qui dans le genre « tous pourris à Hollywood » vaut bien le film de Lynch. J'interprète de la même façon la présence de Million dollar baby (2004) et de Mystic river (2003, son film le plus sombre, bien placé dans la seconde dizaine) pour représenter Eastwood plutôt que Gran Torino (2008) qui a le gros défaut d'être un film de rédemption et de transmission réussie avec un finale ouvert sur le futur. Je ne sais pas qui a dit qu'on ne pouvait pas faire de bon cinéma avec de bons sentiments, mais on peut mesurer aujourd'hui l'étendue des dégâts.

A ces considérations, j'ajouterais pour faire bonne mesure le sentiment que me donne David Cronenberg d'un repli de son ambition de cinéma. A history of violence (2005) est quand même une habile compilation de situations du western classique (Preminger, Dwan, Rouse, Leone) adaptée d'un roman graphique, du nom de ces bandes dessinées honteuses de pouvoir être prises pour des petits mickeys, ce qui nous place en deçà de ce qu'ont pu représenter Dead ringers ou le sublime Crash dans les années 90. Terrence Malik, enfin mais ce n'est pas nouveau, continue de se désoler sur la perte d'un paradis perdu qui n'a sans doute jamais existé.

La question qui reste après tout ceci est la suivante : si l'on considère que le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs (Michel Mourlet repris par Jean-Luc Godard) ou qu'il est un instrument que nous savons encore apte à nous peindre tel que nous nous voyons (Eric Rohmer dans Le goût de la beauté), quelle est donc ce désir, quelle est cette image qui est ainsi renvoyée par ce cinéma ?

Est-ce l'expression d'un sentiment propre à cette décennie de violence, de mondialisation catastrophique, de multiplexes, de zones commerciales, de vidéo-surveillance, d'idéologie de la bêtise ? Est-ce le reflet d'un monde organisé pour ne pas nous rendre heureux ? Dans ce cas, se borner à constater, déplorer, accompagner n'est pas satisfaisant. Si le cinéma doit rester l'art de son temps, il devrait bien plutôt inciter à rester debout, à se battre et à partir à l'aventure.

09:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : critique |  Facebook |  Imprimer | |

13/02/2010

2000/2009 : une certaine tendance mortifère du cinéma (partie 1)

Ou comment se faire des amis en commentant de manière complètement subjective les bilans de la décennie.

En premier lieu, il convient de saluer le travail d'Ed de Nightswiming qui a courageusement compilé les tops de 66 listes individuelles de la blogosphère cinéphile et qui obtient le résultat suivant pour les dix premiers titres :

1. Mulholland Dr. de David Lynch

2. Elephant de Gus Van Sant

3. Match point de Woody Allen

4. Lost in translation de Sofia Coppola

5. A history of violence de David Cronenberg / Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry / In the mood for love de Wong Kar-wai / Requiem for a dream de Darren Aronofsky / There will be blood de Paul Thomas Anderson / Two lovers de James Gray.

On se reportera au blog pour les résultats complets, l'analyse d'Ed ainsi que les nombreux commentaires qui ont suivi. Il est intéressant de faire suivre cette liste de celles établies par les deux revues de cinéma « historiques » :

 

Les Cahiers du Cinéma :

1. Mulholland Dr. de David Lynch

2. Elephant de Gus Van Sant

3. Tropical Malady de Apichatpong Weerasethakul.

4. The Host de Bong Joon-ho

5. A History of Violence de David Cronenberg

6. La Graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche

7. A l’ouest des rails de Wang Bing

8. War of the worlds de Steven Spielberg

9. Le Nouveau monde de Terrence Malick

10. Ten d' Abbas Kiarostami

 

Positif :

1. Le Nouveau monde de Terrence Malick

2. Million dollar Baby de Clint Eastwood

3. There will be blood de Paul Thomas Anderson

4. Mulholland Dr. de David Lynch

5. We own the night de James Gray / Still life de Jia Zangke

7. De battre mon coeur s'est arrêté de Jacques Audiard / In the mood for love de Wong Kar-wai / Saraband d'Ingmar Bergman / Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki.

 

Première évidence, il y a une certaine homogénéité entre les trois listes, à quelques notables exceptions près (pas de Spielberg chez Positif, les choix asiatiques), plus marquée encore si l'on descend de dix titres dans les classements. Donc de manière globale c'est le quasi consensus entre les deux revues rivales et la jeune garde de la blogosphère, celle qui est considérée par Olivier Assayas, et il n'est pas le seul, avec le même intérêt qu'une fiente de pigeon sur un banc public. L'homogénéité se retrouve aussi dans le détail. Impossible d'invoquer un effet moyenne comme pour Citizen Kane (1941), plusieurs des titres sont très souvent cités en tête, ceux de Lynch, Van Sant, Cronenberg, Malik, P.T. Anderson... Cette vision de dix ans de cinéma pose pas mal de questions, autant par ce qu'elle révèle que par ce qu'elle occulte. Avec une question plus personnelle : pourquoi je m'en sens aussi éloigné.

Première constatation, tout le monde l'a vu, le cinéma américain domine. Mais quel cinéma américain ? Essentiellement des auteurs en marge du système ou plus exactement, avec un pied dehors. Des indépendants aisés quoi. Aucune place pour le cinéma de genre (Dante, Carpenter, Romero se sont fait rares, c'est vrai), pas vraiment de révélation indépendante et puis une cassure toujours plus large avec le cinéma grand public, ce qui n'était pas le cas dans les années 70 par exemple. Est-ce que cela vient d'une véritable défiance ou d'une difficulté à penser l'évolution actuelle ? N'y a t'il vraiment plus personne pour faire le lien ? L'impression qui ressort est que l'on continue de promouvoir une certaine image du réalisateur américain un peu rebelle que l'on aime bien en France, une série de valeurs sûres, faut-il écrire valeurs refuge, peu clivantes à l'exception du chien fou Tarantino et de Clint Eastwood qui s'est imposé sur la durée.

L'impression est proche pour le cinéma asiatique, même s'il me semble plus équilibré globalement et que l'on pouvait imaginer une influence encore plus grande au-delà des discussion sur tel ou tel nom (Et Tsui Hark, il jouait aux cartes ?). Là encore, le cinéma populaire qui s'est révélé dans les années 80/90 (Hark, Woo, Wong...) ne semble plus avoir d'équivalent dans le coeur de la critique.

La présence d'Hayao Miyazaki, pour agréable qu'elle me soit, est peu l'arbre qui cache la forêt. Isolé, il ne rend pas compte de la vitalité du cinéma d'animation non seulement chez lui (Takahata, Oshii, Kon, Yamamoto...), mais de l'explosion numérique avec d'incontestables réussites chez Pixar et Dreamworks, et plus encore du phénomène Européen avec les oeuvres d'Ocelot, Gired, Chomet, Laguionie, Satrapi et Paronnaud, Park, Freiteg ou Nielsen. Dommage, dommage...

De la même façon, le documentaire est un grand absent des palmarès alors qu'il a conquis une place, sinon sa place, sur les écrans (Tavernier, Moore, Philibert, Imbert...) tandis que le court métrage n'est pas mieux loti. Pas une citation. Désintérêt, dédain, problème de diffusion ? Il y a quand même eu bien des choses depuis Un chien Andalou (1929) et A propos de Nice (1929 aussi). Je trouve cela d'autant plus dommage que la décennie a été très riche, que bien des courts se sont révélés plus passionnants que les longs qui ont suivi et que des oeuvres se sont bâties sur ce format, je pense à Jean-Gabriel Périot, Olivier Smolders, Martin Arnold, Sam Taylor-Wood, Valérie Mrejen parmi quelques dizaines d'autres. Après les valeurs sûres, le format canonique.

Le cas du cinéma français est à la fois plus complexe et plus inquiétant. Le voir réduit à quelques noms comme Honoré, Audiard, Despleschin ou Jeunet me pose quand même quelques états d'âmes. Resnais mis à part, et encore, il y a un désintérêt a peu près complet pour la génération des grands anciens, Chabrol (bon sang !), Rivette, Rohmer (et le prestige de la mort alors), Godard, voire Moullet toujours vaillant. Il me semble pourtant qu'ils ont continué à donner le meilleur d'eux mêmes, voire dans le cas de Chabrol atteint une certaine plénitude dans leur carrière. Pire encore, si l'on peut éventuellement penser que la jeune génération n'a pas encore fait ses preuves (allez voir leurs courts) la génération intermédiaire semble ne pas même exister, à part les quelques précités. Je ne vais pas me lancer dans une litanie de noms, il me suffit de citer Robert Guédiguian comme exemple du cinéaste complètement sous-estimé. Alors quel est le problème ? Le cinéma français est-il vraiment mauvais ? Ou bien est-ce que la critique ne sait plus en parler, ne fait plus l'effort de l'accompagner, de le théoriser, de l'explorer comme elle le fit si bien à l'époque de la Nouvelle Vague. Tout n'est pas si tranché, mais je sens un manque. Il y a le respect dû aux anciens, respect de plus en plus poli, mais pas assez de curiosité, pas assez de partit pris, pas assez d'emballement, même de mauvaise foi, sur notre cinéma, celui qui au premier chef, est censé nous parler.

Sur ce point et les précédents, on aurait pu penser, sinon à un clivage fort entre Positif et les Cahiers comme au bon vieux temps, du moins à un clivage entre la critique établie de professionnels avec du poil aux pattes et la critique d'amateurs éclairés pianotant sur leurs blogs. Le travail d'Ed, en révélant cette assez large homogénéité des listes montre que ce n'est pas gagné.

(à suivre)

00:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : critique |  Facebook |  Imprimer | |

10/02/2010

Clermont Ferrand 2010 partie 3

La sélection internationale est souvent d'un meilleur niveau global que la nationale. Cela tient sans doute au fait qu'il y a moins de films par pays donc une sélection plus serrée. Peut être aussi que la langue atténue certains défauts de jeu ou d'écriture. Joue aussi un effet de dépaysement excitant la curiosité, quand on peut ainsi pénétrer un intérieur russe, une famille israélienne, une placette cubaine, une ferme vietnamienne. Certains films ont une faculté à nous faire ressentir en quelques minutes une atmosphère très vivante, une façon de vivre étrangère et pourtant très familière. J'ai noté que ce sont souvent des films venus de pays qui n'ont pas encore été complètement ravagés par notre jolie civilisation occidentale et dont il subsiste encore quelque chose qui nous est de plus en plus lointain. Cela peut sembler dérisoire, mais dans Tulum, le film du croate Dalibor Matanic, on voit un groupe de jeunes gens partir pour un barbecue improvisé. Ils embarquent dans un vieux camion. Un couple et un adolescent montent comme ça à l'arrière. Dans une épicerie, ils achètent une caisse de bière, des cigarettes et de l'herbe. Plus tard, dans un parc au bord de l'eau, ils font leur feu. En voyant ce film, cela m'a frappé combien ces actes simples sont devenus si compliqués à faire en France à moins d'habiter dans un coin très reculé. Pensez-y quelques instants. Les barbecue sur la plage, dans ma région, c'est devenu mission : impossible.

Tulum.jpg

Au-delà de cet aspect bien trivial, Tulum est un film très sensuel et qui dégage pourtant une profonde mélancolie. La première partie ressemble un peu à du Kusturica. Les femmes sont belles, en robes légères, avec de longs cheveux en bataille. Elles embrassent à peine bouche des hommes virils qui ont des métiers style mécanicien ou chauffeur de poids lourds. Ou soldats. Matanic met en scène l'insouciance, la vitalité, la jeunesse, l'amour, l'été. Dès la première scène, pourtant, quelque chose cloche, quelque chose traité sur le mode de l'humour mais qui se transforme vite en malaise. Une vieille femme vêtue de noir entre dans la chambre où l'héroïne fait l'amour. Elle raconte une tentative de viol sur un mode cocasse. La bande d'amis traverse un paysage de ruines. Vukovar. Plus loin, le film bascule et l'atmosphère avec. Concis, inventif, maîtrisé avec une très belle photographie de Branko Linta, Tulum m'a permis de découvrir la très belle Leona Paraminski et me rend très curieux des prochains films de Dalibor Matanic. Je vous propose un entretien avec le réalisateur (en anglais), effectué à Cannes l'an passé :

Ce que j'ai écrit sur l'atmosphère est particulièrement sensible dans la première scène de Efecto domino du français Gabriel Gauchet. En quelques plans larges qui se resserrent, nous sommes au coeur de ce groupe d'hommes qui jouent aux dominos devant leurs maisons, par une soirée à la Havane. C'est vivant, on sent la fraîcheur qui repousse la chaleur de la journée. Les hommes crient, deux femmes papotent, une adolescente veut partir acheter des baskets rouges. Devant, un grand parc sombre, menaçant. Le film bascule dans l'angoisse quand disparaît l'adolescente. Gauchet a une façon originale de mélanger une intrigue à suspense à des notations documentaires (comme le fonctionnement de l'hôpital où les fonctions collectives de la femme), et quelques touches plus satiriques comme le personnage du policier et la voiture avec son alarme intempestive. Le suspense gagne rapidement en intensité et le film possède une violence sur la fin qui n'est pas sans rappeler celle d'un Scorcese, à peine atténuée par la pointe d'humour noir finale. A noter aussi la belle photographie nocturne et une rigoureuse unité de temps.

Les enfants dans les films, dans les courts métrages surtout, c'est assez difficile à manier. Ce que je supporte de moins en moins, ce sont les personnages d'enfants qui servent d'alibi à des obsessions d'adultes. Que ce soit sur un mode léger ou sur un mode tragique, je ne peux m'ôter de l'idée qu'il y a quelque chose de malsain à la façon dont on les manipule. Enfants rejetés, enfants cruels, enfants en proie à toute la misère du monde, enfants s'amusant du vocabulaire sexuel, mais fichez leur un peu la paix. Jolie exception avec le film néo-Zélandais de Mark Albiston et Louis Sutherland, The six dollar fifty man, qui attendrira ceux qui se souviennent de Steve Austin, l'homme bionique du feuilleton des années 70. Le petit héros du film, qui se déroule justement en 1970, fait une fixation sur ce personnage héroïque et cherche à agir comme lui. Son physique ingrat et son caractère buté n'empêchent pas qu'il provoque une certaine sympathie de la part d'une jolie camarade de classe, et du spectateur intrigué puis fasciné devant ce drôle de gosse. Albiston et Sutherland savent se tenir à une juste distance de l'enfant, des enfants du film, et les laissent plus s'exprimer par leurs gestes et leurs attitudes que par des dialogues signifiants. Nous sommes dans une évocation de l'enfance, un temps de l'enfance avec ses naïvetés, ses rêves et ses violences, plus que dans l'illustration d'une quelconque morale. Et puis le film sait être subtil que ce soit dans les effets comiques (l'attitude du proviseur) que dans l'expression de la nostalgie.

Je ne peux m'empêcher de rapprocher Dor de l'israélien Ofir Raul Graizer de ce long métrage Lebanon qui sort en ce moment (et que je n'ai pas encore vu). Dor est un soldat de Tsahal qui a exécuté un prisonnier palestinien de sang froid. Il est joué par Yoel Noy qui est très joli garçon, je le signale en passant pour mes lectrices favorites. Graizer met en scène son malaise à l'occasion d'une permission dans sa famille, sa difficulté à accepter son geste. Comme Samuel Maoz et Maoz Shmulik enferment leurs personnages dans un tank, Dor se retrouve enfermé dans sa solitude et sa culpabilité, au sein d'une famille d'apparence insouciante, d'un pays qui l'amène à tuer mais ne veut surtout pas qu'il en parle. Du coup, ça lui reste en travers de la gorge et sur le coeur. La mise en scène organise ce mur de silence, d'incompréhension, peut être à l'image des barrières que le pays bâtit autour de lui, finissant par perdre de vue ses propres perspectives, son propre avenir. Le film joue aussi habilement sur les distances. De la guerre à la ville moderne et paisible d'apparence, il n'y a qu'un train à prendre. On peut se rendre à la guerre comme on part au boulot le matin.

Dans cette même idée d'une jeune personne qui se sent étrangère dans son propre milieu, Ecologia de Julia Kozyreva, est plus en douceur mais résonne du même sentiment de déracinement. Natasha Zhukova joue avec sensibilité Masha, une jeune femme qui rentre en Russie après un long séjour aux USA. La scène de son arrivée est d'un humour un peu étrange, Mascha à la descente du train est prise pour une touriste et assaillie par toute sorte de vendeurs locaux. L'un des intérêts du film est de montrer la vie quotidienne dans une banlieue russe, ce qui est encore très russe quand les jeunes sont de plus en plus occidentalisés au sens formatés.  Mais le propos est subtilement nuancé parce que Mascha est toujours attachée à ce quotidien. C'est ce quotidien qui se détache d'elle. C'est sans doute ainsi qu'il faut prendre le titre, écologie au sens de milieu naturel et comment ce milieu naturel disparaît.

Ecologia.jpg

On the run with Abdul de David Laté, James Newton et Kristian Hove est un documentaire tourné à calais sur un migrant afghan, un jeune garçon appelé Abdul. On pense bien sûr au Welcome de Philippe Lioret. L'intérêt de ce film, c'est surtout la perspective qui interroge l'action des réalisateurs. En filmant Abdul, ils perturbent sa tentative de passage en Angleterre et lui causent de sérieux problèmes. Ils décident alors de s'impliquer tout en continuant de filmer. Jitensha de Dean Yamada est un conte urbain très japonais (cadrages posés, attitudes des personnages, esthétique). Un homme se fait voler son vélo morceau par morceau puis reçoit la liste des endroits où il pourra récupérer les pièces. Son périple l'amènera évidemment à faire des rencontres qui le sortiront de sa solitude. Plaisant. Les bons garçons du belge Antoine Russabach pourrait faire écho à L'initiation de Boris Carré et François-Xavier Drouet. On y retrouve le portait impitoyable de jeunes étudiants d'une école de commerce, ici mis en scène dans une fiction assez sombre avec cet humour grinçant souvent associé au cinéma belge. Tiefensuch de Florian Fessl est un film autrichien à la très belle photographie de David Wagner. La plongée dans l'esprit d'un jeune homme marqué par le deuil sous forme d'un conte fantastique, la réalité d'une partie de pêche qui dérape dans l'onirique à partir d'une légende sur un couple de poissons amoureux. Un poil maniéré mais envoûtant. Notes on the other est un intriguant documentaire de Sergio Oksman autour d'un épisode réel de la vie d'Ernest Hemingway, mis en perspective avec un concours qui a lieu tous les ans à Key West, un concours de sosies du grand écrivain américain. Le film mêle habilement le désir d'être un autre, la soif de célébrité, la fascination pour l'Espagne et le goût de la photographie. Et puis, pour mémoire, Geboren en Getogen de Eelko Ferwerda est un film-gag de trois minutes hilarant sur l'obsession technologique et la croyance que l'on peut maîtriser sa vie comme une fiction bien ordonnée.

Avec cela, il ne vous reste plus qu'à guetter les programmes de courts à la télévision ou dans les festivals près de chez vous. Je vous signale aussi la sortie avec le dernier numéro de Repérages d'un superbe DVD avec une dizaine d'excellents courts dont Love you more de Sam Taylor-Wood dont je n'ai pas fini de vous rabattre les oreilles, Einspruch III de Rolando Colla et Naglinn de Benedikt Erlingsson.

Le site de Gabriel Gauchet

Photographies : Pametovanje et  Film Festival Rotterdam

07/02/2010

Clermont Ferrand 2010 partie 2

Dernière minute, le palmarès est publié. Le grand prix de la compétition nationale va à Donde esta Kim Basinger ? qui rafle deux autres prix au passage et une mention pour les comédiens. Pour cette année, non seulement j'aurais vu le vainqueur, mais encore je m'en souviendrais. Je suis même particulièrement content parce que j'ai vu pas mal des films primés malgré la briéveté de mon séjour. Le détail du palmarès ici.

La sélection Labo, depuis quelques années, entreprend d'explorer des formes plus expérimentales dans le court métrage. Les choix opérés restent parfois ambigus. Un film comme Je criais contre la vie. Ou pour elle, animation basée sur d'anciennes gravures par Vergine Keaton sur une création musicale de Vale Poher aurait pu faire partie du Labo alors qu'il ouvre un programme national. Une meute de chiens de chasse traque des cerfs, les paysages se disloquent et se reforment, la nature se convulse, des oiseaux noirs traversent l'espace, les cerfs font volte face. Le film est un poème visuel d'images chorégraphié sur fond de guitares.

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Dans le même genre d'idée, Kolo de Natacha Paganelli est un film de danse qui joue sur la multiplication de la danseuse dans un cadre sylvestre fixe et dont la présence surprend entre deux courts métrages narratifs. A l'inverse Olivier Smolders passe en Labo avec un retour sur le musée de la Specola dans Petite anatomie de l'image. Et remporte le grand prix de la sélection. Du programme labo, je retiendrais deux films que je connaissais déjà : Combo de Blu et David Ellis découvert grâce à Joachim de 365 jours ouvrables, et Photographs of Jesus de Laurie Hill découvert au festival Unlimited de Cologne en novembre et que nous avions primé (J'étais dans le jury et je me rends compte que je ne vous ai pas raconté cette expérience. Tant pis). Le second film fait partie d'un concours organisé par le fond Getty Images et imagine une folle sarabande autour des personnages des photographies. James Dean drague une beauté 1900, Hitler se fait piétiner et il y a 12 Neil Armstrong sur la Lune. Le mieux, c'est encore de le voir :

Superbarocco de Renata Pinheiro est un film brésilien de très belle facture visuelle, l'univers d'un vieil homme entouré des fantômes de sa famille qui habitent sa maison à travers un dispositif de projections. Les interactions sont troublantes et parfois émouvantes comme dans la scène de l'anniversaire. The polish language, enfin, est une animation d'Alice Lyons et Oral McHardy, film irlandais autour de la langue polonaise, un film qui me pose un grave problème parce que je l'ai aimé, j'en garde une impression de virtuosité et de finesse, mais je suis incapable de me souvenir de quoi il était fait. Des mots, des chats, des abeilles, des livres. C'est comme se souvenir avoir fait un excellent repas dans un restaurant mais ne pas se souvenir des plats consommés. Une honte.

Dans le registre de l'animation, Madagascar, carnet de voyage de Bastien Dubois laisse un souvenir du même genre mais nettement plus précis. Le film est également virtuose, utilisant de nombreuses techniques d'animation, notamment une broderie animée superbe, mais son propos est littéral, son programme est tout entier dans son titre. C'est sa limite. Le film est une succession d'impressions organisées autour d'une excursion pour assister à un famadihana ou retournement des morts, cérémonie religieuse où l'on déterre les cadavres pour les porter autour du village. On le feuillette donc comme on le ferait de l'album d'un ami doué et sensible. Mais pour un film, on attend en vain une dimension supplémentaire. Adieu général de Luis Briceno est une oeuvre ludique à l'humour acide réalisée avec un téléphone mobile. Trente ans de l'histoire du Chili du coup d'état de 1973 à la mort de Pinochet. Collages, animation minimale, dessins d'enfants et autodérision, c'est une petite perle. Produit par ARTE, vous pourrez le voir le 20 février à 15h55 précises.

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D'une toute autre ambition et d'une toute autre inspiration, Lost and found de Philip Hunt est un conte de fée en numérique autour de l'amitié entre un pingouin et un jeune garçon. Le pingouin est paumé et sonne à la porte du garçon qui fera tout pour le ramener au pôle sud. C'est une jolie histoire (ceci dit sans ironie) portée par une très belle qualité d'animation, surtout pour moi qui ne suis pas très sensible au numérique. Le rendu de l'eau est de toute beauté, ce qui me semble important pour un film maritime. La séquence de la tempête est remarquable au niveau de la puissance qui se dégage des vagues gigantesques qui manquent de couler la frêle embarcation des deux amis. La scène est suive d'un joli moment poétique avec l'intervention d'une énorme pieuvre qui se révélera bienveillante. La fluidité des mouvements et leur chorégraphie créent un moment magique. J'ai regretté le commentaire en voix off dit par Jim Broadbent qui insiste un peu trop sur le côté moral du conte. De retour, je l'ai montré à ma fille qui l'a apprécié sans comprendre un mot du commentaire que je n'avais qu'en version originale. Ceci m'a conforté dans mon idée que le film aurait pu s'en passer.

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(à suivre)

La page MySpace de Vergine Keaton

Le site de Alice Lyons

le site de Bastien Dubois

La bande annonce de Lost and found

Photographies : Fou de festival d'anim' / www.studioaka.com