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08/12/2004

8 1/2 (2046)

fayewong.jpgLe débat de vendredi soir a nettement révélé combien les spectateurs manquaient de clefs pour comprendre et apprécier pleinement le 2046 de Won Kar-Wai. Si l’unanimité était (presque) de mise sur la beauté plastique du film et de ses interprètes, le fond laissait perplexe.

A Cannes, j’avais ressenti cela. Tous les éléments semblaient en place, mais il manquait un déclic, un petit quelque chose d’ineffable qui donnerait cohérence et valeur à l’œuvre. Quelque chose de l’ordre de la magie qui se dégage d’In the Mood For Love.

Vendredi soir, il m’est soudain venu à l’esprit que la clef de 2046 pouvait justement être cela : une interrogation sur la magie du film précédent. Comment dépasser In the Mood For Love ? Et un peu plus car 2046 convoque les souvenirs, les acteurs, les ambiances musicales et les situations de quasiment tous les films précédents.

Explorer cette piste est assez excitant. Wong Kar-Wai aurait-il réalisé son 8 ½ ? Un film sur la difficulté de faire un nouveau film, comme Fellini après La Dolce Vita.

Tony Leung joue bien l’alter ego du réalisateur qui, après sa passion absolue avec Maggie Cheung, multiplie les aventures en cherchant à combler cette perte tout en sachant que ce ne sera pas possible. D’ou son cynisme tendre, son refus de s’engager de nouveau et cette impression de forte mélancolie, celle du passé que l’on ne retrouve jamais. Mastroianni, lui aussi convoquait toutes ses femmes pour résoudre sa crise d’inspiration. D’ou cette métaphore de science fiction, comme la fusée de 8 ½, ce train qui file tout droit sans possibilité de retour. Métaphore d’une vie, métaphore d’une liaison et métaphore d’une carrière de réalisateur, un film après l’autre.

« Les films sont comme des trains qui filent dans la nuit » disait Truffaut, discrètement convoqué à travers un extrait musical de Vivement Dimanche. Truffaut qui s’est sans doute posé le même genre de question quand, dans L’Homme qui Aimait les Femmes, le personnage de Charles Denner entreprenait une thérapie par l’écriture d’un livre après un échec amoureux qui le bouleversait et évoquait, lui aussi, le souvenir de tant de femmes aimées.

On ne revient pas plus d’un grand amour qu’on ne revient sur un chef d’œuvre. On cherche autre chose ou l’on se perd dans le regret.

Oui, c’est bien de cela qu’est fait 2046 et Wong Kar Wai a fait de ses doutes un film question, un film somme, un film pour construire de nouveau.
Le DVD 

28/11/2004

2046

2046_2.jpgBon, j'en avais vraiment envie, je vais retourner voir le film, le pied de Zhang Ziyi, les trois plans avec Maggie Cheung (puisqu'elle avait disparu de la version cannoise) et tout le nouveau montage. Pour ceux qui sont dans la région, ce sera le vendredi 3 décembre à 20h45 au Cinéma Mercury, 16 place Garibaldi à Nice dans le cadre du ciné club de Cinémas Sans Frontière. Il y aura un débat et ça sera virulent, je vous le dit.
 
Et pour les mélomanes, j'ai acquis le CD de 2046. Lors de la vison du film, la bande musicale m'avait aussi laissé une impression de déception, une impression de redites. Et un coup de Nat King Cole, et un coup de violons déchirants... rien de neuf depuis les accords majeurs d'In The Mood For Love. Mais à l'écoute du CD, pas pareil. Au contraire, une impression de cohérence, un charme irrésistible et l'impression d'écouter quelque chose d'original. Pourtant Nat King Cole et les violons, mais ça fonctionne.. En plus, il y a un très beau livret.

Alors, à vendredi.

25/11/2004

2046 et la bouche de Zhang Ziyi

zhang_ziyi.jpg Cette bouche merveilleuse est sans doute la seule bonne raison qui peut vous inciter à aller voir le dernier film hautement esthétique de Zhang Yimou, Le secret des poignards volants, où il n'y a pas de secret mais bien moins de rytme, d'humour et de ce véritable souffle d'aventure que dans, disons au hasard, L'hirondelle d'or de King Hu. Mais cette bouche ! on comprend qu'elle ai fasciné le réalisateur. Elle illumine la première apparition de notre héroine comme un papillon écarlate, une fraise incandescente, un soleil d'aube. Elle circule à travers le film, maintenant notre intérêt quand nous nous sommes perdus dans les méandres de cette histoire insignifiante.

 

Dans 2046, c'est le pied. Le petit pied délicat de notre Zhang qui remonte avec une sensualité inédite le long de la poitrine de Tony Leung. Pour être franc, c'est de loin l'image la plus fascinante que j'ai retenue de la projection cannoise de 2046 du pourtant génial Wong Kar Wai. Ceci dit, comme la version que j'ai vue ne correspond visiblement pas avec celle qui est sur les écrans... je vais sans doute retourner regarder et la bouche, et le pied.