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17/12/2004

Femmes, femmes

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De Walk on the Wild Side d'Edward Dmytryk, je ne connaissais que l'image du chat noir de son célèbre générique. Générique créé par Saul Bass, spécialiste en la matière à qui l'on doit ceux de Vertigo et de Psychose, entre autres.

J'ai donc découvert le film ce week end à la Cinémathèque de Nice et je dois dire que je suis très enthousiaste Le film est un croisement entre mélodrame et film noir, porté par une distribution féminine quatre étoiles. Par ordre d'entrée en scène, Jane Fonda, ici à ses débuts, toute en rondeurs, en sensualité à fleur de peau, pleine de vie ; Anne Baxter, l'Eve de Joseph L. Mankiewicz, sensible et réservée en tenancière de bar sur le retour ; Capucine, actrice d'origine française féline, toute en longueurs délicieuses, longues mains, longues jambes, grande classe ; Barbara Stanwyck, masculine et si troublante par sa passion pour le personnage de Capucine.

A leurs côtés, Laurence Harvey, tout aussi buté que dans Alamo, a du mal à faire le poid. Il y joue un texan profond venu à la Nouvelle Orléans retrouver son grand amour, artiste manquée devenue pensionnaire d'une maison close dans les années de la grande dépression.

On peut donner au crédit du film sa superbe photographie en noir et blanc, sa musique jazzy d'Elmer Bernstein, la construction de l'histoire, virtuose et élégante de John Fante, la réalisation précise d'un Dmytryk au mieu de sa forme. Mais ce que j'en retiens par dessus tout, c'est la sensualité du film. Il ne parle que de ça, de sexe, de passion amoureuse, de désir, de frustration et d'épanouissement féminin. Et de belle façon. Dans le contexte et compte tenu de l'époque, le film aborde assez frontalement, mais avec classe, l'homosexualité féminine, la prostitution ou encore le retour d'age. Rien que ça.

Walk on the Wild Side ne fait pas partie de ces films qui passent à la télévision et il n'est pas disponible, encore, en DVD. Mais si vous tombez dessus, ne vous faites pas mal et emboîtez le pas au matou du générique.

08/12/2004

8 1/2 (2046)

fayewong.jpgLe débat de vendredi soir a nettement révélé combien les spectateurs manquaient de clefs pour comprendre et apprécier pleinement le 2046 de Won Kar-Wai. Si l’unanimité était (presque) de mise sur la beauté plastique du film et de ses interprètes, le fond laissait perplexe.

A Cannes, j’avais ressenti cela. Tous les éléments semblaient en place, mais il manquait un déclic, un petit quelque chose d’ineffable qui donnerait cohérence et valeur à l’œuvre. Quelque chose de l’ordre de la magie qui se dégage d’In the Mood For Love.

Vendredi soir, il m’est soudain venu à l’esprit que la clef de 2046 pouvait justement être cela : une interrogation sur la magie du film précédent. Comment dépasser In the Mood For Love ? Et un peu plus car 2046 convoque les souvenirs, les acteurs, les ambiances musicales et les situations de quasiment tous les films précédents.

Explorer cette piste est assez excitant. Wong Kar-Wai aurait-il réalisé son 8 ½ ? Un film sur la difficulté de faire un nouveau film, comme Fellini après La Dolce Vita.

Tony Leung joue bien l’alter ego du réalisateur qui, après sa passion absolue avec Maggie Cheung, multiplie les aventures en cherchant à combler cette perte tout en sachant que ce ne sera pas possible. D’ou son cynisme tendre, son refus de s’engager de nouveau et cette impression de forte mélancolie, celle du passé que l’on ne retrouve jamais. Mastroianni, lui aussi convoquait toutes ses femmes pour résoudre sa crise d’inspiration. D’ou cette métaphore de science fiction, comme la fusée de 8 ½, ce train qui file tout droit sans possibilité de retour. Métaphore d’une vie, métaphore d’une liaison et métaphore d’une carrière de réalisateur, un film après l’autre.

« Les films sont comme des trains qui filent dans la nuit » disait Truffaut, discrètement convoqué à travers un extrait musical de Vivement Dimanche. Truffaut qui s’est sans doute posé le même genre de question quand, dans L’Homme qui Aimait les Femmes, le personnage de Charles Denner entreprenait une thérapie par l’écriture d’un livre après un échec amoureux qui le bouleversait et évoquait, lui aussi, le souvenir de tant de femmes aimées.

On ne revient pas plus d’un grand amour qu’on ne revient sur un chef d’œuvre. On cherche autre chose ou l’on se perd dans le regret.

Oui, c’est bien de cela qu’est fait 2046 et Wong Kar Wai a fait de ses doutes un film question, un film somme, un film pour construire de nouveau.
Le DVD