Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Les joies du bain : lecture | Page d'accueil | Hécatombe »

27/09/2010

Argento années 2000 - Il cartaio

Je pourrais éventuellement regretter d’avoir découvert Il cartaio tourné en 2004 par Dario Argento après Giallo sorti 5 ans plus tard dans la mesure où les deux films se ressemblent. Deux histoires de tueurs fous assassinant de belles et jolies jeunes femmes tout en défiant la police. Cette fois, c’est directement via un jeu de poker en ligne. Si la police perd, la fille est égorgée, si la police gagne, la fille est libérée. Deux thrillers plus que de véritables gialli, se suivant sans déplaisir mais sans passion. La ressemblance est surtout flagrante sur la forme. Les deux films ont la même esthétique un peu terne (froideur des décors ordinaires, rareté des couleurs vives), le même défaut d’ambition formelle (pas de cadrages tordus, pas de mouvements virtuoses de la caméra, montage assez sage), l’absence de coups de folie. Un film derrière l’autre, c’est un de trop.

Il cartaio ressemble à un catalogue de belles idées inexploitées. Pourquoi ? Je me perds en conjectures. L’idée du jeu en ligne aurait pu être excitante, comme la description d’un monde dominé par les relations virtuelles. Hélas, l’interface du jeu est très pauvre, le déroulé des parties toujours identique et les spécialistes informatiques de la police traités par-dessus la jambe, sans une once de vraisemblance. Non seulement Argento n’apprécie pas ce monde (ce que l’on savait déjà), mais il est incapable de porter sur lui un regard, même ironique, même critique. C’est assez gênant pour un élément central de son film. Quand on pense à ce que les  réalisateurs de western pouvaient faire avec une partie de poker réelle !

Dans un autre registre, Stefania Rocca est plutôt bien dans un rôle de policière au centre de l’enquête assez proche de celui tenu par Asia Argento dans La sindrome di Stendhal (Le syndrome de Stendhal – 1996). Malheureusement, le personnage est mal écrit et elle a peu à défendre. Sa relation avec le policier irlandais joué par Liam Cunningham est basique, comme les soucis du policer avec l’alcool sont traités avec lourdeur. La relation entre la policière et Remo, le jeune prodige des cartes (dont on se demande bien en quoi son talent réside), n’est pas plus développée. Il y avait pourtant de quoi faire, mais Argento, tout du long, ne semble pas intéressé. On se prend à rêver à ce qu’aurait pu donner la scène ou Remo est séduit par une mystérieuse inconnue et entraîné dans le dédale des rues romaines jusqu’au rives du Tibre. Et quand je pense que la belle est tuée d’un simple coup de feu. Bon. Côté meurtres, ils sont souvent, trop souvent hors champ et le finale manque de conviction. Restent quelques lueurs éparses qui, paradoxalement, rendent Il cartaio moins homogène que Giallo : l’employé de la morgue qui fait des claquettes en chantant du bel canto, la découverte du repaire du tueur par le policier irlandais dans un jardin à la lumière dorée et, surtout, l’agression nocturne d’Anna chez elle, jolie scène jouant sur la profondeur de champ et les ombres chinoises. Maigre bilan pour un film qui fait revoir à la hausse les audaces de La terza madre (2007).

A noter l'étrange relation qu'Argento entretien avec les "filles de". Les siennes bien sûr puisque Fiore Argento joue ici l'une des victimes (elle s'en sort), mais aussi celle de Giuliano Gemma, Vera, qui meurt, elle.

A lire aussi sur Objectif Cinéma

Sur Le Giallo

Sur Ecran large

08:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dario argento |  Facebook |  Imprimer | |

Commentaires

Sur Card Player:
C’est sur une BO technoïde du plus navrant effet (on est là plus proche de Robert Miles que de Squarepusher !) – que l’héroïne interrompt radicalement in fine – et installé dans une esthétique hésitant entre Julie Lescaut et NCIS (la photo de Ben Debie a su se montrer plus inspirée (Innocence, Calvaire, Irréversible)), que Dario Argento offre une nouvelle et tiède mouture pas même sorti en salles françaises !) de l’éternel giallo transalpin, qu’il travaille et retravaille sans cesse.
Or, au lendemain de son Sang des Innocents (aux allures florilèges du Femme Fatale pour B.dePalma) de très honnête facture, quoi faire de plus, qu’entreprendre de neuf ?
Très sobre dans son contenu et dans sa forme (un épisode des Experts vous remuerait davantage !), peu finaud dans ses ressorts psychologiques ou ses articulations scénaristiques, fadement campé (Stefania Rocca fait ce qu’elle peut, mais il y a peu à faire, et Sylvio Muccino (petit génie du poker échappé de Pulsions ou de WarGames) semble avoir été choisi pour sa seule ressemblance avec David Hemmings (Profondo Rosso)), et régulièrement ridicule (le monde du gambling et la sphère internetisante sont assez piètrement représentés (et le final est rigoureusement grotesque !)), le film n’offre de qualités que comptables et historiques : de combien de manières l’autrefois baroque romain rongera-t-il son os (demoellifié), en attendant le Grand Œuvre promis (le troisième volet « Mater » devant succéder à Suspiria et Inferno) ?. Les petites marques argentesques sont certes bien présentes (fétichisme intrinsèque du giallo, motifs voyeuristes (reflets, écrans, caméras), trahison environnementale du coupable (dont l’identité est finalement et toujours peu importante) après contrarié modus operandi de l’enquête (et implication personnelle de l’enquêteur)…), mais au service de quoi ? Je vous le demande.

Sur Argento en général:
http://eightdayzaweek.blogspot.com/search/label/Argento

Écrit par : mariaque | 27/09/2010

Je constate que nous eu la même vision de la chose. J'ai beaucoup aimé, j'avais oublié de le mentionner, le moment où l'inspectrice tire sur l'autoradio, interrompant la "musique" pour tant signée de l'un des Goblin (et mon calvaire). Un aveu de la part du maestro ?

Écrit par : Vincent | 28/09/2010

Toutes ces "lueurs éparses", Vincent, auxquelles je raccrocherais la poursuite dans les ruelles, font justement le prix de cet Argento : filmage morne et soudain un plan détonne, une séquence s'éternise, se ramifie, s'envole, puis tout redevient plat, et à nouveau une scène drôlement découpée surprend etc... Je connais peu de cinéastes capables de créer cette hétérogénéité-là, que je crois volontaire.

Écrit par : Ludovic | 28/09/2010

Je partage votre vision du cinéma d'Argento, Ludovic, mais j'ai trouvé ici ces lueurs bien faibles. Disons que je trouve que c'est plus flagrant, et plus excitant dans "La terza madre". "Volontaire", souvent oui, mais parfois, je me pose la question. Je pense, d'après ce que j'ai pu lire, que des problèmes très concrets de production ont pu l'amener à laisser courir en pensant déjà au film à venir.

Écrit par : Vincent | 30/09/2010

"il est incapable de porter sur lui un regard, même ironique"

je mentionnerais quand même le "jingle" idiot qui se superpose sur les scènes de tortures des victimes,en complet décalage avec l'horreur des actes commis!...sans oublier le duel final surdimensionné avec cette utilisation malicieuse de la musique.
Pour ma part un film que j'apprécie,pour les raisons évoquées dans l'avis paru sur Ecran Large: photographie soignée (les scènes nocturnes notamment),rythme plutôt tenu et casting plus convaincant que certains des derniers Argento (je trouve le personnage principal très beau et incarné avec conviction et sensibilité par Stefania Rocca)...

Écrit par : Guillaume | 28/10/2010

Guillaume, il est vrai que la façon dont la policière interrompt la musique pénible est pleine d'ironie. mais comme c'est la musique du film, composée par un vieux complice des Goblins, on peut se demander ce que cela signifie.
Je vous accorde aussi Stefania Rocca, mais je pense que ce qui passe est plus son charme et son talent naturel qu'un personnage assez peu fouillé, vous en conviendrez, par rapport à celui d'Asia Argento dans "Stendhal ". pour le reste, j'ai quand même trouvé l'ensemble plutôt faible, la photographie, nous sommes quand même loin des ambiances magiques de la plupart des films du maestro.

Écrit par : Vincent | 28/10/2010

Oui pour dire que l'actrice élève son personnage mais j'aime bien le côté mélancolique du film...le dernier plan est je trouve magnifique vis-à-vis du personnage justement,on a l'impression que toute l'histoire tourne autour d'elle!
Pour la photo c'est le travail le plus attrayant depuis "Trauma" (ou "Stendhal") à mon sens (même si j'ai trouvé la photo de "Mother of Tears" plutôt soignée)...c'est vrai qu'on est loin du Technicolor de "Suspiria" par exemple dans un registre plus démonstratif mais j'aime bien l'utilisation des sources de lumières naturelles (éclairage au néon),notamment dans les scènes nocturnes (la scène d'agression de nuit dans la maison,uniquement éclairée de l'extérieur,superbe!)
Pour la musique elle est un peu inégale oui (elle fonctionne peut-être mieux sur cd..) mais le morceau qui accompagne la découverte du "jardin" du tueur est superbe...le générique du début,son montage fonctionne bien aussi sur la musique de Simonetti.

Écrit par : Guillaume | 28/10/2010

Question photo, j'avais nettement préféré celle de "Non ho sonno" (voir chronique par ailleurs). Les plans du train, la gare baignée de pluie en pleine nuit, c'était quelque chose. Je ne voudrais pas avoir l'air trop nostalgique, j'ai beaucoup aimé aussi certaines choses de "La terza madre" question photo. Ici, oui, j'avais noté la jolie scène du jardin avec sa lumière dorée.

Écrit par : Vincent | 28/10/2010

Je n'aime pas trop la photographie de "Non ho sonno",que je rapprocherais de celle de "Giallo" qui m'a un peu déçu (à quelques essais chromatiques près,comme les flashes back sur l'enfance de Brody)...par contre d'accord avec vous sur la scène du train qui est très impressionnante sur bien des points,dont la photo en effet!
Pour "La Terza Madre" oui j'aime assez la photo du film,sombre et froide...le retour aux éclairages saturés lors de la dernière partie est bienvenue (ce très beau plan séquence où Asia découvre la demeure est assez proche au niveau éclairages de la scène d'agression de Stefania Rocca dans "Il Cartaio",avec la lumière extérieure filtrée par les vitres..)
Dans les dernières oeuvres d'Argento,avez-vous eu l'occasion de voir ses productions pour la télé ("Jenifer","Pelts","Do you like Hitchcock?")?
Pour "Giallo" je serais curieux de le revoir,le dvd/blu ray italien sera disponible la semaine prochaine.

Écrit par : Guillaume | 28/10/2010

Écrire un commentaire