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18/09/2018
Souvenir de vacances
Visite des lieux où Jean Renoir tourna en 1939 les extérieurs de La Règle du jeu. Château de La Ferté Saint-Aubin et environs d'Aubigny en Sologne. Un petit côté Moulinsart (inspiré en fait par Cheverny), mais le souvenir de la folle sarabande, des bois et des étangs est très présent. Photographie CC.
11:15 Publié dans Curiosité, Panthéon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean renoir | Facebook | Imprimer | |
07/09/2018
Hommage au poil
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la carrière de Burt Reynolds, disparu le 6 septembre, était en dents de scie. Mais j'ai toujours trouvé l'acteur sympathique dans sa décontraction et il était capable, dans des registres plus sérieux, plus tragiques mêmes, de performances remarquables chez Sergio Corbucci en Navajo Joe (un film qu'il n'aimait pas, ce qui est dommage), Robert Aldrich qui lui donna un superbe rôle aux côtés de Catherine Deneuve, Richard Sarafian, Tom Gries, Paul Thomas Anderson, Mel Brooks pour une inoubliable scène de douche à trois, et bien entendu John Boorman qui le filma en héros viril et brisé, moulé dans sa combinaison noire de Deliverance (1972), obligé de laisser, pour cause de mauvaise blessure, le soin de la survie du petit groupe à un homme qui incarne son antithèse. Un personnage plutôt antipathique que Reynolds joue avec force en prenant à rebours son image dans le grand public. Avec ou sans moustache, parfois barbu, toujours très poilu, Burt Reynolds a incarné au temps de sa gloire une image de la virilité velue. Et facebouque m'ayant censuré, mais oui, la plus drôle de ses photographies où il pose telle une playmate sur un tapis, velu lui aussi, c'est sur Inisfree que je la partage.
De haut en bas, Navajo Joe (1966) © Dino De Laurentiis, sur la carpette pour Cosmopolitan en 1972 (il paraît qu'il a regretté par la suite) © KK/Cosmopolitan, Deliverance (1972) © Warner Bros., Hustle (La Cité des dangers, 1975) © Paramount Pictures, Silent Movie (La dernière folie de Mel Brooks, 1976) © Twentieth Century Fox et The Man Who Loved Cat Dancing (Le fantôme de Cat Dancing, 1973), © MGM.
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05/09/2018
Noirs regrets
Miracle at Santa Anna, un film de Spike Lee (2007)
La sortie de BlacKkKlansman (2018) de Spike lee, primé à Cannes, a entraîné la sortie sur les écrans d'un film du réalisateur datant d’une dizaine d'année, Miracle at Santa Anna, qui n'était disponible jusqu'ici qu'en DVD. C'est l'occasion de ressortir un texte écrit à l'occasion et perdu dans les limbes d'Internet lors de la refonte du site des Fiches du Cinéma.
Spike Lee est un virulent défenseur de la cause noire américaine dont il a fait l'enjeu central de son œuvre de cinéaste. Comme il n'a pas sa langue dans sa poche, cela l'a amené à polémiquer publiquement lors des sorties de Saving Private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan – 1998) de Steven Spielberg et surtout du diptyque de Clint Eastwood sur la bataille d'Iwo Jima, à propos de la place du soldat noir dans la représentation hollywoodienne de la seconde guerre mondiale. C'est à dire de son absence. Eastwood, fidèle à sa réputation, l'a envoyé balader sèchement et c'est... Spielberg qui a joué les casques bleus, avec succès semble-t'il. Historiquement, Lee a tort. L'armée américaine des années 40 pratiquait la ségrégation et les unités de soldats noirs n'étaient pas considérées, souvent reléguées à l'intendance. Aussi elles n'étaient engagées ni sur les plages normandes du 6 juin, ni sur Iwo Jima. Mais Lee a raison sur l'absence globale de GI's noirs, les buffalo soldiers, sur les écrans. De mémoire, le premier personnage conséquent est mis en scène par l'italien Roberto Rossellini dans son {Païsa} de 1946.
Il y a peut être une forme d'hommage au maître néoréaliste de la part de Spike Lee quand il décide répliquer à travers le cinéma et réalise en 2007 Miracle at Santa Anna situé en Toscane. C'est aussi parce qu'il existait un régiment noir sur le front italien, ce qui en fait le cadre idéal pour la vision que veut faire passer le réalisateur. D'entrée il pose l'objectif de son film. En 1983, un vieil homme, Hector Negron, regard à la télévision John Wayne dans un passage de The Longest Day (Le Jour le plus long – 1962), la superproduction hommage de Darryl F. Zanuck. « Nous aussi nous avons combattu dans cette guerre » murmure amèrement Negron. Problème, Spike Lee développe ce programme clair à partir d'un scénario de James Mc Bride (adapté de son roman) inutilement complexe, qui s'étire sur 160 minutes et multiplie les sous-intrigues. Par la confusion qu'il engendre, il finit par perdre son objectif de vue et pire, se coule dans une forme classique imitant maladroitement les films sont il se veut l'alternative. Dit autrement, Lee substitue ce qu'il estime être des clichés par d'autres clichés tout en étant incapable d'une approche esthétique originale.
Negron, employé des postes, est un ancien GI's engagé sur le front Toscan en 1944. Il raconte son histoire en flashback à un journaliste venu l'interroger en prison. Negron a tué, d'un coup de revolver allemand, un type venu lui acheter des timbres. Toute cette partie contemporaine, cousue de fil blanc, se révèle inutile car elle n'apporte aucun éclairage moral ou tragique comme chez Spielberg ou Eastwood. Elle contient également le défaut majeur du film, de reposer sur des séries de coïncidences invraisemblables qui demandent une bonne dose d'indulgence au spectateur, qui en a pourtant vu d'autres. Mais quelle est la probabilité que les deux hommes se rencontrent dans un bureau de poste new-yorkais sachant que le second est un ancien partisan italien ? Quelle est la vraisemblance d'un employé des postes trimballant un lüger trente ans avec lui à son boulot ? Sans parler de la série de hasards qui constituent l'épisode italien contemporain, destiné à préparer un final aussi improbable (le destin de l'enfant) que larmoyant. Et le geste final de l'officier allemand ? Enfin ! Lee s'enfonce par une mise en scène qui renchérit sur les situations par des effets tonitruants, comme cette tasse de café tombant au ralentit ou le travelling circulaire façon DePalma autour du journaliste et du flic joué par John Turturro. Bref, tout cela ne fonctionne pas.
Il y a une belle scène de 15 minutes. La compagnie de buffalo soldiers monte au combat dans les hautes herbes. Belle lumière. Au loin, les allemands diffusent par la voix d'une actrice une propagande qui appuie là où cela fait mal : les noirs sont des citoyens de seconde zone en Amérique, la démocratie n'est pas pour eux. Puis c'est le combat, la traversée de la rivière sous le feu ennemi, l'opération qui échoue par la bêtise d'un officier (blanc bien sûr).
Quatre hommes sont passés. Negron et trois camarades : Train, un colosse un peu mystique, Stamps, un progressiste idéaliste, et Cummings, un sceptique coureur de jupons qui lui porte la contradiction. Martin Luther King et Malcolm X., la dialectique de Lee n'est pas des plus subtile, mais bon, les acteurs y mettent de la conviction. Mais tout se gâte quand le réalisateur greffe les éléments purement italiens. Train sauve un enfant dont on devine qu'il a vécu un traumatisme. Les quatre hommes se réfugient dans un village qui se retrouve au centre d'une intrigue à base de partisans et de trahison. Cette histoire permet à Lee d'évoquer le fameux massacre de Sant'Anna di Stazzema, le 12 août 1944, qui vit les troupes allemandes tuer 560 civils, femmes, enfants et vieillards. Ce massacre, raconté en flashback dans le flashback, est extérieur au récit des soldats noirs et par ailleurs, le miracle du titre n'est pas lié à Santa Anna. Je note enfin que pour un film censé mettre en avant les qualités des soldats noirs au combat, le film trouve sa résolution par une intervention de nature fantastique dont les héros sont exclus, tout en multipliant les signes d'une bondieuserie pénible (les échanges de croix, Train tué aux portes de l'église, les figures de martyre des tués). Dieu que c'est lourd.
Reste le métier de Spike Lee, sa façon de filmer le village tout en petites rues étroites et escarpées, l'intéressante relation qui se noue entre Train et l'enfant via un langage des signes, la photographie riche de Matthew Libatique, chef opérateur favori de Darren Aronofsky, et les prestations honorables des acteurs, les italiens surtout parmi lesquels on retrouve avec plaisir Omero Antonutti figure essentielle du cinéma des frères Taviani, Pierfrancesco Favino l'un des héros de Romanzo criminale (2005) et la belle Valentina Cervi. Une fois encore, Spike Lee reste en deçà de ses contre-modèles quand il est trop préoccupé de sa cause. Mo'better Blues (1990) était déjà loin de Bird (1987). Paradoxe, le réalisateur a été critiqué à la sortie du film par les italiens lui reprochant sa vision de leur histoire. Autre paradoxe, Lee n'a jamais été aussi fort, aussi clair, aussi remarquable, qu'en mettant en scène des héros blanc, mais new-yorkais d'abord, les personnages traumatisés par les attentats du 11 septembre 2001 dans 25th hour (La 25e heure -2002).
Le film a connu un destin compliqué. Bloqué pour de sombres histoires de droits par TF1, il n'est sortit en salles qu'aux États Unis. Il n'est arrivé en France qu'en 2011 dans une édition DVD. Quelques soient mes réserves, c'est dommage. C'est désormais l'occasion de juger le film en salle.
Photographies © TFM Distribution
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