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01/07/2011
L'expo Kubrick
Le dos douloureux, je me suis rendu lors de mon périple parisien dans l'enceinte de la Cinémathèque Française. C'est une première pour moi en ce qui concerne le site de Bercy. J'ai donc parcouru les salles de l'exposition consacrée à Stanley Kubrick (jusqu'au 31 juillet). C'est également la première fois que je vois une exposition de ce genre et, ma foi, je l'ai trouvée très équilibrée, ni trop légère, ni trop dense. Carrée et méticuleuse à l'image de son sujet, kubrickienne, quoi. Pour qui s'intéresse à l'œuvre du grand homme, c'est une plongée assez troublante côté atelier, un atelier bien fournit pour un homme très féru de technique. Tout y est me semble-t'il (sauf peut être l'expérience avortée de western avec Marlon Brando) : les débuts dans le photojournalisme, les courts métrages, le film renié (Fear and desire – 1953) avec extrait, les scénarios annotés, des plannings journaliers, les documents promotionnels, les affiches, la tunique de Crassus, les essais avec Sue Lyon en couleurs, le scaphandre de Bowman, la canne-épée d'Alex, le couteau de Wendy, le casque de Joker, les masques d'Eyes wide shut (1999). Collections d'accessoires divers et variés pour les fétichistes dont je fais partie, notamment les objectifs utilisés par le réalisateur, les croquis de préparation de Ken Adams sur Dr Strangelove (Dr Folamour – 1964) et les projets avortés d'Aryan papers et du Napoléon avec la documentation impressionnante réunie sur le sujet. Et puis plein d'extraits et les interventions, entre autres, de Steven Spielberg (A ma grande joie, il y a une partie consacrée à A.I.(2001)), Martin Scorcese et Woody Allen.
Méticuleux donc, le nombre réduits de films réalisés par Kubrik permettant une approche étendue individualisée. Mais troublante aussi parce que j'ai toujours cette impression d'être comme un pilleur de tombe, de me glisser sous la table de l'illusionniste pour surprendre les trucs. Heureusement les films résistent et dans le cas de Kubrick, ils résistent même bien. Disons que j'ai un rapport ambigu à cette part de la création qui devrait peut être rester enfermée dans l'atelier, le studio ou le bureau de l'artiste. Car tout est exposé, les raccords, les bricolages, les trompe l'œil, les ratés et les ratures. Et cela se traduit chez moi par un phénomène que j'ai déjà observé dans d'autres musées, du cinéma ou d'autre chose. Tout y est plus petit que dans les films, tout y est comme terni par le temps, même les masques récents du dernier opus. Ce qu'il manque, c'est à la cuirasse de Crassus la prestance et la carrure de Laurence Olivier. Il manque au scaphandre de Bowman, outre quelques voyants sur le bras, la lumière de Geoffrey Unsworth et le 70 mm. Et je pense à une phrase entendue dans un documentaire présenté dans une autre exposition consacrée à l'art Dogon (jusqu'au 24 juillet au musée du Quai Branly) : « Car un masque qui ne danse pas [...] n'est plus qu'un morceau de bois mort ».
Le site de l'exposition
Photographie : DR source Rama screen
11:28 Publié dans Cinéma, Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : stanley kubrick | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
« Mène-t-on la foule dans les ateliers de l’habilleuse et du décorateur, dans la loge de la comédienne ? Montre-t-on au public, affolé aujourd’hui, indifférent demain, le mécanisme des trucs ? Lui explique-t-on les retouches et les variantes improvisées aux répétitions, et jusqu’à quelle dose l’instinct et la sincérité sont mêlés aux rubriques et au charlatanisme indispensable dans l’amalgame de l’œuvre ? Lui révèle-t-on toutes les loques, les fards, les poulies, les repentirs, les épreuves barbouillées, bref toutes les horreurs qui composent le sanctuaire de l’art ? (…) »
Charles Baudelaire (Projet de préface pour Les Fleurs du Mal)
J'avais cité cela dans un de mes textes consacrés à Kubrick... Donc je pense qu'on est assez d'accord. Ceci dit, j'ai bien aimé cette exposition. Mais plus pour ce qu'elle m'offrait que je connaissais déjà - le côté fétichiste - que ce que j'y ai appris. Manquait pour moi une partie un peu plus analytique et j'aurais aimé qu'il y ait des critiques d'époque sur tous les films.
Écrit par : Antoine | 01/07/2011
Belle citation. Moi aussi j'ai aimé l'exposition, mon côté fétichiste certainement :) La partie analytique, je ne sais pas si ce genre d'exercice s'y prête vraiment. Il me semble qu'il y avait quelques coupures de presse de ci, de là.
Écrit par : Vincent | 01/07/2011
Oh, moi, quand je peux lier Baudelaire et Kubrick...
Il y avait des critiques sur Les Sentiers de la gloire, Lolita et Orange mécanique mais, sauf erreur, pas sur les autres films.
En fait, j'aurais bien aimé qu'il y ait une partie qui relie les oeuvres entre elles.
Écrit par : Antoine | 01/07/2011
Ca vraiment envie de la voir ! A ma grande honte je n'y suis toujours pas allé , mais je compte bien corriger cette erreur la semaine prochaine .
Sinon tout comme toi j'aurais aimé qu'il y ait des choses qui les oeuvres de Kubrick entre elles car c'est l'un des rares réalisateur à avoir donné dans la plupart des genres .
PS: J'ignorais totalement pour le projet western avec Brando ding!
Écrit par : Romain | 03/07/2011
Bonjour Vincent, je vais à Paris en ce fin de mois de juillet, voilà une expo à visiter d'urgence! votre article m'a vraiment de la voir, j'avais eu quelques réticences au début, les expos de la cinémathèque m'avait déçu par la passée, par la pauvreté collections exposer, là il semble que l'expo a été réalisé en partenariat avec la famille de kubrick et le Michel Ciment!
Je suis comme vous, Vincent, j'ai toujours plus apprécié "Positif" que "les cahiers". "Positif" a toujours défendu le cinéma de genre comme le Western et des cinéastes comme Peckinpah entre autre.
Écrit par : claude kilbert | 03/07/2011
Bonsoir Vincent, voici mon avis sur l'expo. Je suis un peu déçu, les premiers filme de Kubrick sont à peine aborder et ses dommage, la naissance d'une oeuvre me semble fondamental. Le reste c'est du Barnum! L'expo a été monté comme on pourrait les voir aux USA,avec des objets un peu dérisoire, des photos de plateau retravailler et en fait il y a peu d'image animé. Avez-vous remarquez ce détail, Vincent, il y a peu d'image de filme tout a été retiré de son contexte.
Écrit par : claude kilbert | 30/07/2011
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