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12/11/2009

Anniversaire

Il y a cinquante ans, le 18 mars 1959 aux USA et si j'en crois mes sources le 21 octobre en France, les écrans étaient illuminés par la sortie du plus beau film du monde bien qu'une telle chose n'existe pas : Rio Bravo. Réalisé par Howard Hawks l'année précédente, Rio Bravo est un western avec la démarche chaloupée de John Wayne, le tricot savamment sali de Dean Martin, les jambes sublimes d'Angie Dickinson, la guitare de Ricky Nelson, le dentier de Walter Brennan, la cravache de John Russel, l'accent idiot de Pedro Gonzales-Gonzales et la balafre de Claude Akins. Quand on me demande quel est mon film préféré, quand on me demande ce qu'est le cinéma pour moi, quand on me demande quel est le film à voir pour ne pas mourir bêtement, c'est le titre qui me vient sur les lèvres. C'est mon culte personnel,  mon mantra, mon DVD de chevet, mon plaisir toujours renouvelé, mon rayon de soleil, mon mât de cocagne.

Rio bravo 2.jpg

Rio Bravo est d'abord un terrain d'entente avec mon père. Il a toujours apprécié le film et donc nous autorisait à le voir, sans problème. C'était l'un de ces films autour desquels la famille pouvait se retrouver dans l'harmonie. Plus largement, dès l'enfance j'ai aimé les westerns comme beaucoup de petits garçons, mais dans les années 70, dès que je me suis intéressé au cinéma et que j'ai lu les critiques, je me suis aperçu que ce n'était pas un genre très apprécié. Rio Bravo si. Chaque diffusion était saluée par des salves d'éloges, de Télé 7 jours comme du Nouvel Observateur ou du Monde. Bien sûr, j'ai fini par comprendre ce qu'il y avait derrière ces éloges, l'art de Howard Hawks et l'une des formes les plus pures du grand cinéma hollywoodien. Et bien entendu, j'ai vu le film de façons très différentes au fil des années. Les premières visions ont été télévisuelles, celles d'un western un peu plus excitant que les autres avec mon acteur fétiche. En janvier 1983, je venais d'avoir 18 ans, bambino, bambino, et j'ai découvert le film en salle à l'occasion d'un cycle western à la Cinémathèque de Nice. La vision des cinq premières minutes à profondément changé ma vie et ce n'est pas une simple figure de rhétorique. J'avais déjà une certaine expérience cinéphile, mais c'est la première fois que j'ai compris profondément ce qu'était la mise en scène. La force de l'évidence. J'ai vu le film comme en transe, complètement exalté, et j'ai décidé en sortant que j'allais devenir metteur en scène. Vraiment. Si cela avait marché je raconterais cette histoire les fesses dans un transat sur la croisette pendant le festival de Cannes à des journalistes admiratifs et des actrices émues. Mais les films ne changent pas les vies si simplement et j'ai une autre histoire. Reste qu'elle est indéniablement influencée par la décision prise lors de cette séance de 1983.

J'ai revu le film bien des fois. Je me souviens d'une séance terrible, à la Cinémathèque de Nice encore, avec une copie qui avait vraiment souffert et à laquelle manquait la bobine que la télévision faisait souvent sauter, le passage où Feathers rase Dude. Le film à l'époque avait besoin d'une bonne restauration. La vision la plus émouvante a été italienne. J'avais été invité au Torino Film Festival de Turin, en novembre 1999. Rétrospective John Carpenter. Rio Bravo, qu'ils appellent là-bas Un dollaro d'onore, était diffusé. J'entre dans la salle et je vois débarquer John Carpenter soi-même, grand, maigre, une démarche à la Henry Fonda, fatigué, pâle, le cheveu hirsute et blanc. J'étais très ému et très inquiet, j'ai pensé qu'il allait bientôt mourir. Il a parlé du film et un peu d'énergie lui est revenue. Pour lui aussi, c'est un de ses fondamentaux. Aujourd'hui, Carpenter est toujours bien vivant et il tourne un nouveau film.

Aujourd'hui Rio Bravo a 50 ans et il est plus beau que jamais. Un peu plus vieux que moi mais je suis aussi plus beau que jamais. Alors sur Inisfree l'hommage sera de taille. J'ai ressorti pour l'occasion un article jamais terminé que je retravaille et puis plein de choses que j'ai dégotées de droite et de gauche.

Sun is sinking in the west
The cattle go down to the stream
The redwing settles in the nest
It's time for a cowboy to dream

Image source Carteles

Commentaires

"C'est mon culte personnel, mon mantra, mon DVD de chevet, mon plaisir toujours renouvelé, mon rayon de soleil, mon mât de cocagne."
Tout est dans le déhanchement négligé du Duke... Et les gambettes de Miss Dickinson n'y sont ABSOLUMENT pour rien... Mais bien sûr, je vous crois :D

Écrit par : FredMJG/Frederique | 13/11/2009

C'est un film qui a également marqué mon enfance : Dans les années 80 Télé 7 jours mettait trois 7 et mon père le regardait à chaque fois (il passait presque une fois par an en première partie de soirée)(j'étais jeune, j'exagère peut-être sur la fréquence).
Je ne l'ai pas vu depuis 15-16 ans, votre article sera sans doute une bonne occasion (et un bon support) pour le re-décourvrir.

Écrit par : nolan | 13/11/2009

Belle commémo, très vibrante. Toutes mes ficelles de caleçon, comme disait un clown de mon enfance. :)

Écrit par : Flingobis | 13/11/2009

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