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14/05/2006

Ryan Larkin

Gentleman mendiant. Pionnier de l'animation canadienne. Finaliste dans la course aux Oscars. Pauvre clochard. Artiste incapable de créer. Dieu observant le monde, ange déchu. Arrogant. Timide. Brisé, mais non anéanti.

 

Flickhead (note du 21 avril) m'a permis de découvrir fin avril le travail et l'étonnante destinée de Ryan Larkin. Il intégre à 19 ans le National Film Board of Canada et, dans les années 60, Larkin est pris sous l'aile du grand Norman McLaren. Il réalise plusieurs bijoux dont Syrinx d'après un morceau de Claude Debussy en 1965 et Walking en 1968 qui sera nominé à l'Oscar. Trente ans plus tard, Larkin est un SDF survivant avec le RMI local. En 2004 le réalisateur Chris Landreth réalise Ryan qui s'inspire de la vie de Ryan Larkin, un court métrage mêlant animation et documentaire, présenté à Cannes et Annecy. Dans la foulée, la réalisatrice Laurence Green met les deux hommes et leurs parcours en perspective dans Alter Ego et un mouvement de solidarité s'organise pour remettre l'animateur en selle. Aujourd'hui, Ryan Larkin s'est remis au travail et prépare un film intitulé Spare Change. Une belle histoire qui n'est pas terminée.

Le mieux est de vous laisser regarder Syrinx. Fusain, sables et poudres se mêlent et se dissolvent pour conter, sur les notes délicates de Debussy l'histoire de Syrinx, une hamadryade (nymphe des bois vivant à l'intérieur d'un arbre) dont Pan tomba amoureux et qui échappa à ses ardeurs en se métamorphosant en roseau.

 

Pistes :

L'article de Chris Robinson Last exit on St Laurent street (en anglais)

Un article du Montreal Mirror (en anglais)

La fiche du film Ryan sur le site des Films du paradoxe avec deux extraits

La légende de Syrinx selon Ovide

La fiche de Syrinx au NBF

Le site de Spare Change

Ryan Larkin au NFB


12/05/2006

Portfolio : Giuliano Gemma

Voici une série de photographies d'exploitation sélectionnée à partir d'un site très curieux de japonais fans de western italien. Il y en a. Le site semble avoir cessé ses activités en 2001 mais il est toujours en ligne et ces braves gens ont une très belle documentation. Voici donc ces quelques images pour mon groupe de lecteurs admirateurs (et admiratrices surtout) du beau Giuliano. N'hésitez pas à aller faire un tour chez les Tre ragazzi d'oro, il y a beaucoup d'autres choses. Toute l'atmosphère d'une époque.
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10/05/2006

Italie

Un homme capable d'interrompre son film pour faire reprendre en choeur à ses acteurs et figurants le refrain d'un morceau de Springsteen a droit à ma plus profonde et éternelle admiration. Nanni Moretti sera à Cannes avec Le caïman que vous pouvez découvrir sur son site officiel et à travers sa bande annonce (je ne me lasse plus de mettre de la vidéo). Femmes, élu, intellectuel, animateur, avocate, cuisinier, Silvio Orlando, Berlusconi : une série d'instantanés qui défilent pour dresser un portrait de l'Italie d'aujourd'hui ? Vivement.


09/05/2006

Bonus

Un entretien avec Michel Hazanavicius et son scénariste Jean-François Halin sur DVDrama où le réalisateur évoque entre autres Le Grand détournement.

08/05/2006

Le plus secret des agents secrets

Jusqu'ici, le nom de Michel Hazanavicius m'évoquait celui de son frère Serge et de sa prestation sensible aux côtés de Daniel Prévost dans Le soleil au-dessus des nuages de Éric le Roch. Je me souviens surtout des difficultés que j'avais à prononcer ce nom à la radio. Depuis, j'ai de l'entraînement. Quand j'ai découvert l'affiche du film, j'ai cru à une blague. Qui pouvait bien avoir l'idée d'exhumer l'espion de Josette et Jean Bruce qui avait inspiré une demi-douzaine de séries B, sous-James Bond sympathiques mais datés, dans les années 60 ? Qui ? Jean Dujardin, je ne voyais pas qui c'était. Pas la télé. Et puis si j'avais fait le lien avec Brice de Nice, il n'est pas évident que je me serais risqué à ce film. Les comédies des échappés de la télévision moderne me laissent froid. Pour OSS 117, Le Caire nid d'espions, j'aurais eu tort. Sans partager le délirant enthousiasme des Cahiers du Cinéma dont je n'ai compris que la moitié de la critique, je reconnais que c'est une belle surprise. D'autant plus belle qu'elle est inattendue. Comment imaginer que le cinéma français de ce début de siècle serait capable d'un hommage à la fois sincère et hilarant à l'âge d'or du cinéma d'espionnage ? J'aime poser ce genre de question.

 

La réussite du film se situe à la fois sur le fond et sur la forme. Sur le fond, la grande idée est de ne pas avoir cherché à faire une parodie à gros effets mais une véritable comédie dans le ton des grands moments des années 60. La première référence pour ce film très référencé, c'est Blake Edwards, Sellers et son inspecteur Clouzeau, Tony Curtis dans La grande course autour du monde et de très belles femmes dans tous les coins de l'écran. La façon de Michel Hazanavicius d'envisager le rapport de son film à ses sources d'inspirations est similaire à celui de Mel Brooks qui recrée les décors originaux des films de la Universal des années 30 pour son Frankentein Junior, au travail de Carl Reiner qui fait enquêter Steve Martin au milieu d'extraits de films noirs originaux pour Les cadavres ne portent pas de costards (ce n'est pas innocent, j'y reviens) ou encore la volonté de dépassement des originaux de la fine équipe de Casino Royale qui nous présente le véritable Sir James Bond (et pas ce remplaçant venu de la télévision !). J'aime chercher les références.

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© Mandarin Films, Tous droits réservés

Michel Hazanavicius joue donc la sincérité cinéphilique, parie sur l'intelligence du spectateur capable de partager ses références et dépasse les habituels bout à bout de sketches pour donner un véritable film. Car véritable film il y a. L'intrigue finalement assez classique pour un film d'espionnage tient à la fois la distance et son rôle de trame pour les nombreux gags. Ceux-ci sont construits et variés ce qui n'a l'air de rien écrit comme cela mais est devenu assez rare. Il y a de très beaux « slow burn » (quand un personnage a une réaction différée), des « double talks »(quand deux personnages parlent sans se comprendre en croyant qu'ils se comprennent, je ne sais pas si vous me comprenez), des répliques destinées à devenir cultes, des situations loufoques, du pastiche, des gags récurrents (les poules, les photographies de René Coty), de l'humour graphique, du nonsense, du travestissement (encore l'influence de Peter Sellers), bref toute la panoplie et au final assez peu de déchet. Sur la forme, la réussite est tout aussi impressionnante. La nostalgie d'une autre époque passe par un ensemble de signes, des marques d'apéritifs aux nombreux objets soigneusement choisis en passant par les seconds rôles bien typés. Mais plus encore, le film retrouve jusqu'à la texture visuelle et sonore des films dont il s'inspire. Nostalgie à deux niveaux. La photographie de Guillaume Schiffman retrouve le grain et les couleurs du glorieux technicolor sixties, mouvements de caméra calmes et transparences à l'unisson. La musique de Ludovic Bourse et Kamel Ech-Cheickh retrouve le swing des plus belles partitions de John Barry pour 007, de Burt Bacharah ou de Henry Mancini. Les scènes d'action elle-mêmes n'ont qu'un faible décalage humoristique avec leurs modèles : la danse entre OSS et Larmina, son contact cairote, rappelle un des beaux moments de Jamais plus jamais comme la bagarre dans l'hôtel a le rythme et la violence des empoignades avec Sean Connery. J'aime me battre.

 

Reste une pointe satirique, plus actuelle avec références à la situation au Moyen Orient, à l'islam, à l'esprit colonialiste franchouillard. Ce n'est pas ce qui est le plus réussi mais cela n'alourdit jamais l'ensemble. Plus qu'une caricature de la suffisance occidentale, Hubert Bonisseur de la Bath me semble un frère de Clouzeau, terriblement idiot, sûr de lui jusqu'à l'exubérance, mais en même temps physique, acharné, doté d'une chance à toute épreuve et capable, sans y rien comprendre, de résoudre les situations les plus impossibles. J'ai toujours aimé l'inspecteur Clouzeau.

 

J'ai écrit que j'y reviendrais, j'y reviens. Tout ceci m'a permis de découvrir une autre face du talent de Michel Hazanavicius : celle du grand détourneur. Connaissiez vous George Abitbol, l'homme le plus classe du monde ? Savez-vous pourquoi ses dernières paroles furent : « Monde de merde » ? Et qui l'a tué ? Je n'en dirais pas plus. Je vous laisse un extrait pour que compreniez le principe. En 1993, Hazanavicius travaillait pour Canal+ quand la chaîne était encore drôle. Il a eu la possibilité de puiser dans le catalogue Warner (sauf Eastwood) pour faire ce film monstrueux et unique : Le grand détournement ou La classe américaine. Warner a empêché toute diffusion ultérieure au vu du résultat mais le film est devenu véritablement culte et s'est diffusé sous le manteau. Avec Internet, c'est plus simple et on le trouve facilement en téléchargement. Ca vaut le coup d'oeil et d'oreille puisque Hazanavicius a pu travailler avec les doubleurs français originaux des nombreuses vedettes « invitées ». L'incroyable travail de montage sur ce film donne la clef de la réussite de son OSS117. Outre son sens de l'humour que l'on est libre de ne pas partager, il y a la connaissance approfondie de son sujet et le respect qu'il lui porte.

Pistes :

Le site officiel

Tout savoir sur OSS117

Les répliques cultes de OSS 117 chez Imposture

Musiques sur La Boutique

Le site de La classe américaine avec plein d'extraits

Le script de La classe américaine


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