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24/09/2025

Souvenirs du grand blond

Affectueusement dédié à mon amie Marie-Thé

robert redford

The Natural, all american (DR)

Robert Redford, c'était d'abord un sujet de discussions sans fin avec mes amies qui le trouvaient tellement beau. Chacune aurait aimé se faire laver les cheveux comme Meryl Streep dans Out Of Africa (1985). De ce film, je me souviens surtout de m'être beaucoup ennuyé, soupirant après le Hatari ! (1962) de Howard Hawks ou le Mogambo (1953) de John Ford. Et Redford, je l'avais trouvé un peu fade. Pourtant, j'aimais et j'ai toujours aimé le comédien. De cette époque, je me souviens avec plaisir de The Natural (Le Meilleur, 1984) de Barry Levinson, ou de Legal Eagle (L'affaire Chelsea Deardon, 1986) de Ivan Reitman. J'ai toujours vu Redford, tel son partenaire et ami Paul Newman, et aussi un peu Warren Beatty, comme ceux qui ont renouvelé tout en la prolongeant, la figure de la star masculine américaine. Je le vois comme la continuation d'un Gary Cooper. Il y a le style, la carrure, l'élégance, l'assurance, les failles et les peurs qui peuvent se dissimuler sous les apparences, mais aussi la façon de jouer.

robert redford

Tournage de Three Days of the Condor avec Sidney Pollack et son beau caban (photographie source cinephilia and beyond)

Redford, c'était la blondeur, les yeux clairs, une présence très forte plutôt intériorisée, très cinématographique. C'est ce que les anglo-saxons appellent l'underplaying. Il s'oppose en cela aux monstres de la méthode Actor's Studio, Al Pacino, Dustin Hoffman ou Robert de Niro. Opposé mais complémentaire, il n'y a qu'à voir comment il fonctionne avec Hoffman dans All the President's Men (Les Hommes du président, 1976) d'Alan J. Pakula. Le jeu de Redford est plus discret, plus subtil, plus naturel, mais la présence plus évidente. C'était la méthode de jeu des grands comédiens de l'époque classique à Hollywood. Comme Cooper, Redford avait la capacité à être crédible dans de grandes histoires d'amour, de grandes histoires d'action, dans la comédie et l'Aventure. Comme Cooper, il a souvent joué des personnages qui exploraient les visages de l'Amérique et les regardaient en face, des plus généreux aux plus monstrueux. Redford a souvent incarné les idéaux américains, l'esprit de la frontière dans Jeremiah Johnson (1972) de Sidney Pollack ou l'importance de la presse indépendante dans le film de Pakula. Ses personnages ne le faisaient pas forcément par conviction ou volonté, comme l'espion de Three Days of the Condor (Les Trois jours du Condor, 1975) de Pollack, mais par nécessité vitale, parce que c'est ce qu'il fallait faire, comme John Doe ou le shérif Kane.

robert redford

Go west, young man ! Jeremiah Johnson (© Warner Bros.)

Au-delà, Redford, et c'est à son honneur, a mis sa vie professionnelle et personnelle en accord avec ce qu'il portait à l'écran, que ce soient ses engagement pour l'environnement ou son travail de producteur et de promoteur du cinéma indépendant américain avec la création du festival de Sundance.

Pourtant, quand on regarde sa filmographie, ce qui frappe c'est qu'il y a beaucoup de bons, voire de très bons films, mais pas vraiment de grand film, quoi que cela puisse vouloir dire. Je mettrais juste Jeremiah Johnson à part, un des plus beaux westerns modernes. Pour résumer ma pensée sur le sujet, disons qu'en 1969, Redford joue dans Butch Cassidy and the Kid, certes un film enlevé, drôle et solide, mais qui n'est pas, en 1969, The Wild Bunch (La Horde sauvage), pas plus que George Roy Hill ne saurait se comparer à Sam Peckinpah. L'autre soir, j'ai découvert The Candidate (Votez McKay, 1972) de Michael Ritchie, qui suit la campagne d'un jeune candidat démocrate au poste de sénateur. Bon, le film qui se veut dans un style documentaire télévisé, est passionnant et encore très actuel. Peter Boyle, qui joue une éminence grise est magistral. Redford est impeccable en émule de Kennedy. Mais la forme enthousiasme moins. Cette idée de style documentaire donne une image sans relief, une surabondance de gros plans qui peinent à établir les rapports entre les personnages, voire à faire ressentir leurs émotions. Dans les scènes de meeting ou de campagne, on a l'impression que la caméra cherche où se placer et Ritchie se retrouve prisonnier de son dispositif, livrant un film tout à fait estimable mais pas bouleversant. Là encore on pourrait, sur le même thème, citer Citizen Kane (1941) d'Orson Welles, même si ça impressionne, ou The Last Hurrah (La Dernière fanfare, 1957) de John Ford, autrement cinématographiques.

robert redford

Main sur le cœur, The Way We WereColumbia Pictures Industries)

Redford a tourné avec d’excellents cinéastes, parmi lesquels Pollack est sans doute le plus brillant, mais il ne s'est jamais risqué avec les grands talents visuels de son temps, les Coppola, Spielberg, Cimino, Scorsese, Lumet, Friedkin..., ni plus tard avec les frères Coen ou James Gray. C'étaient ses choix, une ligne à laquelle il s'est tenue. La même ligne qui a présidé à ses réalisations, estimables mais sans génie. Au jeu des comparaison, il serait intéressant de développer le parallèle entre Redford et un autre comédien, star masculine séduisante, passé à la réalisation, moins immédiatement aimable, peintre de l'Amérique, héritier du cinéma classique, mais qui a construit une œuvre autrement plus complexe, Clint Eastwood. Ce sera pour une autre fois.

C'est et cela restera toujours un plaisir de retrouver Robert Redford sur l'écran. J'ai revu Three Days of the Condor dans la foulée, et c'était toujours aussi prenant, aussi bien ficelé, aussi haletant. Le beau Robert était parfait et les scènes avec Faye Dunaway sensibles. C'est déjà beaucoup. J'ai plein de souvenirs si agréables et il me reste quelques films à découvrir.

Commentaires

Tout de même, ce grand blond, ce n'était pas un piège à cons.
Merci pour cet hommage, même s'il est quelque peu en demi-teinte.

Écrit par : Martin | 24/09/2025

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