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30/04/2007

Parlons un peu de cul

Dieu me tripote, quel langage sur Inisfree ! D'expérience, je sais pourtant qu'il est très facile de créer un micro-évènement dans une manifestation, un festival de cinéma par exemple, en annonçant une séance pleine de sexe et de stupre. J'ai ainsi découvert lors du 7e festival du court métrage de Nice de mes amis d'Héliotrope le fameux (c'est comme cela que l'on dit) Destricted. Alors que les spectateurs s'étaient fait discrets pour les deux très beaux documentaires de Lucia Sanchez et Carolin Schmitz sur Benidorm (station balnéaire espagnole, j'y reviendrais), la séance suivante présentant le film à sketches pornographiques était blindée. L'appel de la chair est décidément irrésistible. Pourtant je pense que nombre de spectateurs ont du repartir quelque peu frustrés. Non pas que la publicité ait été mensongère, non, mais la chair de Destricted est bien triste.
De mon point de vue, ça manque d'humour à une exception près et de femmes. Hoist de Matthew Barney tient de la performance filmée. Un homme y copule laborieusement avec un engin élévateur, bonjour le symbole, de 50 tonnes. Il se frotte le pénis contre une sorte d'arbre à came, c'est insupportable, physiquement je veux dire, j'avais mal pour lui. Dans Death Valley de Sam Taylor-Wood (c'est une femme, photographe), un homme se masturbe dans le désert, mais ça ne marche pas bien. Il souffre. Moi aussi, j'avais mal pour lui. Sync de Marco Brambilla et House Call de Richard Prince sont deux expériences de ré-appropriation d'autres images, du found-footage. Le premier est rapide, virtuose et un peu vain. Le second est juste vain. Balkan érotic épic est l'exception côté humour et femmes. Marina Abramovic, la seconde réalisatrice de la collection soit dit en passant, y explore avec bonne santé quelques traditions sexuelles et paysannes des Balkans. On y découvre de belles images poétiques, un peu surréalistes, mêlant personnages réels et animation. Ca permet de souffler un peu. Le pire de tous, haut la main, c'est le We fuck alone de Gaspard Noé qui clôture l'ensemble. Là aussi, c'est un rejet physique. Le film fait littéralement mal aux yeux. Après quelques instants entre une femme et un ours en peluche, il faut subir une bonne vingtaine de minutes d'un homme (encore) faisant subir les derniers outrages à une poupée gonflable avec l'inévitable moment où il lui met un revolver dans la bouche. Le film est tourné comme la séquence de la boite de bruit dans Irréversible : effet stroboscopique en continu, bande son obsédante, répétitive, à vous briser les nerfs, couleurs rouge orangé et tristesse absolue. Glissons.
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Le morceau de roi, c'est bien sûr le segment de Larry Clark, centre du film et peut être sa justification. Impaled propose un nouveau regard sur les adolescents américains à travers leur rapport au sexe et comment il est conditionné par le porno. Clark a effectué un casting auprès de jeunes hommes désireux de tourner dans un film pro. Sa caméra les scrute au plus près tandis qu'ils parlent de leurs fantasmes, de leurs expériences, des femmes, de l'amour un peu aussi, mais surtout de leur fascination pour le monde de la pornographie. Comment ils ont calqué leur comportement sur celui des porn-stars, se rasant, se faisant tatouer, modifiant leurs pratiques. C'est tout à la fois fascinant et glaçant. Dans une seconde partie, celui qui a été retenu rencontre plusieurs femmes qui sont des professionnelles. On les découvre plus à l'aise, détachées, même si transparaissent souvent les nécessités économiques qui les ont menées à ce métier. Le jeune impétrant va choisir finalement d'assouvir son fantasme de femme mûre et de sodomie dans une scène qui, sans les embellissements de ce genre de cinéma (pas de musique, peu de montage, cadrage impitoyable de la caméra) se révèle d'une crudité absolue. Un peu l'antithèse de la scène finale de Ken Park. Un humour grinçant fuse par moment comme lors des brusques accès « pratiques » de la femme. On sent dans le regard éperdu du jeune homme qu'il réalise alors combien il est loin de ses rêves humides. Si Impaled laisse lui aussi un sentiment de tristesse, d'amertume, il est à des kilomètres loin du vide des autres films. Je ne peux pourtant pas m'empêcher de trouver désolant la tonalité générale de l'ensemble, comme si le sexe, merde, ça ne pouvait pas être quelque chose d'un peu plus excitant, plus amusant, plus beau.
 
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