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23/09/2012
Communication
« En fait, mon hostilité envers Antonioni m’a aidé à faire L’enfant sauvage. L’un des grands thèmes aujourd’hui est la difficulté de communication entre les humains. C’est très gentil tout ça, et ça donne de bonnes discussions parmi les intellectuels. Mais si vous entrez en contact avec une famille qui a un enfant sourd et muet, vous comprenez alors ce que signifie l’incommunicabilité. Je voulais montrer un vrai manque de communication, pas celui très "mode" dont parle Antonioni. »
François Truffaut - Entretien avec Charles Thomas Samuels, 1970.
Photographie source Passion Cinéma
22:18 Publié dans Cinéma, Réalisateur | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : françois truffaut | Facebook | Imprimer | |
16/09/2012
Les immortels du comté de Franklin
Dans la famille Bondurant, je demande les trois frères. Forrest (Tom Hardy) est l'aîné et prend son rôle très au sérieux. Assez ours, il s'exprime le plus souvent par grognements. Howard (Jason Clarke) est le cadet, rapide à sortir ses poings ou une arme. Jack (Shia LaBeouf) est le benjamin et aimerait bien se montrer à la hauteur de ses prestigieux frangins. Nous sommes en 1930 dans le comté de Franklin en Virginie, une cambrousse où l'on produit à tour de bras de l'alcool de contrebande. Nous sommes dans les années de prohibition en Amérique et les Bondurant sont bootleggers, distillateurs clandestins et trafiquants d'alcool. Accessoirement ce sont des légendes locales. Craints et respectés, ils prospèrent gentiment sous le regard bienveillant des autorités locales, se mêlant de leurs affaires et se tenant à bonne distance de la grande ville mère de tous les vices. Ouaip ! Lawless (Des hommes sans loi), le nouveau film de l'australien John Hillcoat écrit par Nick Cave est l'histoire des Bondurant. Drôle de titre d'ailleurs puisque les trois frères, loin d'être des hommes sans loi sont plutôt des hommes avec leur propre loi, nouvel avatar du pionnier américain qui n'a besoin de rien ni de personne pour savoir ce qui est bien ou mal, et surtout pas d'un gouvernement fédéral. Et les Bondurant de voir débarquer un agent spécial (Guy Pearce, grandiose caricature), corrompu et sadique, qui entend les mettre au pas. D’où guerre en règle, coups bas, traquenards, etc. Faut qu'ça saigne chantait Vian, et ça va saigner du côté du comté de Franklin.
A ce récit ténu et balisé se greffent les aventures sentimentales de l'aîné avec une superbe créature venue de Chicago, Maggie (Jessica Chastaing, au-delà des mots) et du benjamin avec la jolie fille d'un prêcheur façon Amish, moyennement ravi de voir sa progéniture frayer avec un voyou, même s'il s'applique à porter le costume. S'ajoutent les tentatives de Jack pour exister. Il porte une sorte de désir de modernité qui s'oppose au conservatisme prudent de ses frères. Ces sous-intrigues sont aussi ténues et balisées que la principale et le mélange ne fait guère illusion. Aussi vaut-il mieux, si l'on veut apprécier le film et y prendre du plaisir, en accepter les conventions et jouer le jeu.
J'ignorais que Nick Cave, l'homme des Bad Seeds, avait des talents de scénariste. Lawless n'est d'ailleurs pas son coup d'essai mais la quatrième collaboration avec son compatriote Hillcoat. Facile du coup d'écrire que Lawless sonne comme un morceau de blues ou une ballade country mâtinée de rock. D'autant que Cave compose l'excellente musique du film, superposant ses rythmes à celui linéaire du récit. C'est pourtant assez juste. Tout le film joue la concision et l'énergie, l'image forte, alliant la fascination pour les histoires de gangsters avec tout leur décorum à une prise de distance par l'humour. A rapprocher donc d'albums comme Murder Ballads (Pour la violence et le mythe) ou Boatman call (Pour le romantisme). La mise en scène de John Hillcoat enveloppe le tout avec un rien de grandiloquence. Tout dans Lawless est plus grand que nature. Forrest est plus laconique que Clint Eastwood chez Sergio Leone, y compris quand il voit débarquer Maggie dans son bar rural. Pourtant... Celle-ci apparaît nimbée de lumière, robe bleue, maquillée et coiffée comme une star hollywoodienne pour postuler comme serveuse. Les femmes sont sublimement belles, l'amour est fort, les coups de feu tonnent comme le canon et les impacts ont le diamètre d'une assiette à soupe, le sang gicle au litre, les os craquent en 5. quelque chose, les hommes prennent la pose, le chapeau incliné comme il faut, la photographie du français Benoît Delhomme est précieuse, les nuits sont noires, le brouillard épais, la chaleur palpable, le froid glaçant, les véhicules d'époque artistiquement déglingués, le moindre accessoire en place. On s'y croirait. Sauf que c'est un peu trop, tout le temps. Tout est énorme et à ce jeu Hillcoat dérape un poil question violence, elle aussi un peu trop, trop pour un film que l'on ne peut pas prendre trop au sérieux. Il y a comme un petit défaut d'équilibre à ce niveau, quelques chose que les frères Coen savent mieux doser dans, au hasard, Miller's crossing (1990). Pourtant, la distance ironique est bien présente dans le film. Fasciné par une imagerie d’Épinal du gangster, Lawless est une intéressante réflexion sur cette imagerie.
Le film est construit à partir d'une histoire vraie, mais rapportée déjà de façon romancée par l'un des petit-fils Bondurant, Matt, dans The Wettest County in the World (2008). Dans cette histoire, les Bondurant ont déjà en 1930 une solide légende familiale, et le roman entretient cette légende. Le film la prolonge en adoptant une voix off de conteur et ce style à grands traits qui renforce le côté mythique et sollicite un riche imaginaire de cinéma. Mais dans le même temps, les outrances et le regard ironique porté sur ce récit tendent à la désamorcer. Revenus plus ou moins en héros de la grande guerre, les deux frères aînés se sont forgés une réputation d'immortalité, rien que cela. Sur cette idée, elle aussi énorme, il faut voir comment Hillcoat l'exploite en deux temps dans le final, entre le regard hébété de Forrest qui avoue qu'il avait finit par y croire et la dernière scène que je trouve hilarante à sa manière mais dont je vous laisse découvrir la teneur. Reste qu'entre le deuxième et le troisième degré, le réalisateur se mélange un peu les pédales. Constamment en surrégime, Lawless manque parfois de perdre son souffle. Il aurait gagné à quelques moments supplémentaires dans le genre de ce plan nocturne des feux des distilleries clandestines éparpillés dans la vallée. D'un peu de douceur dans ce monde brutes.
Photographies : © The Weinstein Company
19:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : john hillcoat | Facebook | Imprimer | |
15/09/2012
Comme vous nagiez bien, chef...
Pierre Mondy (1925-2012) et Christian Marin (1929-2012) au centre entre Michael Lonsdale et Guy Bedos dans Les copains (1964) de Yves Robert.
15:13 Publié dans Acteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre mondy, christian marin | Facebook | Imprimer | |
10/09/2012
Zoom arrière
Zoom arrière est un nouveau blog, une aventure collective à l'initiative de l'ami Édouard de Nightswimming. Zoom arrière vous propose une sorte de machine à remonter le temps pour cinéphiles, une exploration du cinéma via les sorties en France par année. Remontons donc, sinon les Champs Élysées, le XXeme siècle et projetons nous en 1945. La guerre est finie, les films américains reviennent sur écrans de Paris, Carné sort Les enfants du paradis...
Tous les mois, par la grâce de quelques unes des plus fines plumes d'Internet, Zoom arrière vous proposera une liste très complètes de sorties année par année, des petites étoiles façon Panoptique pour vous signifier nos goûts, des liens vers nos textes et des documents d'époque. De quoi raviver les curiosités endormies et stimuler nos manies de classements et de listes ! N'hésitez pas à enrichir de vos contributions cette nouvelle aventure. Cliquez sur la machine :
23:24 Publié dans Blog, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer | |
08/09/2012
Les naufragés de la D17 (photos de vacances)
Du côté des hauts lieux moulettiens...
16:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer | |
06/09/2012
Le messie du mal
La fille entre dans une salle de cinéma. Une jolie salle à l'ancienne. Une jolie fille avec cette fraîcheur particulière des actrices des années 70. la ville est déserte, c'est le soir. La salle aussi, ou presque. Deux ou trois spectateurs immobiles. La fille s'enfonce dans son fauteuil, un pot de pop corn dans les bras. Sur l'écran, bientôt, le film commence. Un film étrange, curieux western décalé, violent comme un western italien. La fille croque son pop corn mécaniquement. Derrière elle s'ouvrent les portes latérales, l'une puis l'autre, et entrent tour à tour des silhouettes silencieuses qui vont s'installer dans la salle. Bientôt presque tous les sièges derrière la fille sont peuplés d'ombres et l'angoisse étreint nos cœurs tandis que craque le pop corn. Que va t'il se passer, cher lecteur ? Vous le saurez en découvrant Messiah of evil, perle noire réalisée en 1973 par Willard Huyck et Gloria Katz dont c'était le premier film.
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La chronique du bon Dr Orlof
Et celle de Jocelyn Manchec pour Kinok
Affiche DR
11:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : willard huyck, gloria katz | Facebook | Imprimer | |