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17/07/2009
L'homme aux mille visages
Les quatre premiers plans du film disent assez ce qu'est Man of a thousand faces (L'homme aux mille visages) réalisé en 1957 par Joseph Pevney. Le premier est un logo façon médaille commémorative qui inclus le film dans la célébration des 50 ans de Hollywood. C'est du noir et blanc. Hollywood va se pencher sur son prestigieux passé, salutaire exercice pour un système qui sent alors le sol se dérober sous ses pieds. Le second, c'est le fameux logo de la Universal avec son globe terrestre. Nous verrons donc un film Universal qui se penche sur l'histoire de Universal et des films Universal. Le troisième est le logo du procédé Cinémascope. L'écran large est à cette période l'arme de choc de Hollywood contre la télévision. Cinémascope est devenu synonyme de vastes westerns, d'aventures épiques, de films plus grands que nature. C'est une façon de dire que l'on fait passer l'histoire du studio dans la dimension de la légende. Le quatrième nous montre l'entrée d'un studio (devinez) et un drapeau américain qui descend pour se mettre en berne. Un texte nous apprend que l'on va rendre hommage à un acteur. Avec le drapeau, Universal et le cinéma se fondent avec la patrie. Deux plans plus loin, une plaque, commémorative elle aussi, nous donnera son nom : Lon Chaney. Man of a Thousand Faces est donc la légende à grand spectacle de Lon Chaney aux studios Universal.
Lon Chaney (1883 – 1930) est un acteur essentiel de la période muette de l'histoire de Hollywood. Comme Charlie Chaplin, il vient de la scène, de la pantomime, du clown. Il fait partie de ceux qui apportent quelque chose au jeu de purement cinématographique, une présence magnétique, électrisant les foules et traversant le temps. Il a un sens du visuel qui lui permettra de donner corps aux visions de metteurs en scène inspirés, au premier rang desquels il faut citer Tod Browning, Victor Sjöstrom, Rupert Julian ou Franck Lloyd. Le créneau de Chaney, c'est le fantastique, l'étrange, le différent, le bizarre. Son visage est dur et anguleux, il n'a pas un physique de séducteur. Alors il va faire peur, inquiéter, déranger. Son corps a la souplesse des grands burlesques et Chaney a développé un art très sûr du maquillage. Il laissera une empreinte indélébile sur des personnages comme Quasimodo, Le fantôme de l'opéra, le clown « he who get slapped », l'artiste qui s'ampute des deux bras par amour, l'assassin de Londres après minuit, le génie criminel du club des trois. Une galerie délirante et poétique, terrifiante et émouvante de gueules cassées, d'estropiés, de criminels hallucinés, d'amoureux diaboliques marqués par le destin. Lon Chaney est la première grande star de la peur à l'écran.
Photographie : Lon Chaney (l'original) dans son rôle fétiche du fantôme de l'opéra. Source : Wikimedia
08:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lon chaney, joseph pevney | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Bonjour,
J'ai découvert récemment votre blog, que je trouve très complet, très intéressant :)
J'aurai quelque chose à vous proposer, si vous voulez me contacter, que je puisse vous expliquer de quoi il s'agit ?
Bonne fin de journée,
Marion
Écrit par : Marion | 17/07/2009
Je suis fan jusqu'à l'os de Cagney et de Chaney !
Chaney a joué aussi dans des silent westerns. T'en as vu ? Où il est vraiment bluffant, c'est dans "Penalty".
Allez, à plus, Gil Jourdan !
Écrit par : Flingobis | 21/07/2009
Je ne savais pas que Chaney avait joué dans des westerns. Mais il a beaucoup joué de choses dans les années 20. Je vais partir à la recherche de ces raretés. Par contre son fils a pas mal joué les seconds couteaux chez De Toth, King, de Mille... Si tu aimes Cagney, tu apprécieras le film mais pour un admirateur de Chaney, ça reste un peu frustrant.
A bientôt, inspecteur Crouton :)
Écrit par : Vincent | 21/07/2009
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