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16/05/2006

Richard Fleischer, cinéaste

Richard Fleischer est le réalisateur de quelques uns des pires films de l'histoire du cinéma. Il a signé Che !, portrait hollywoodien de Ernesto Guévara avec Omar Sharif dans le rôle titre et Jack Palance en Lider Maximo, pour un résultat souvent cité dans les listes des plus savoureux navets. Red Sonja (ou Kalidor) est un ratage intégral d'héroic fantasy façon Conan avec l'extraordinairement inexpressive Brigitte Nielssen et un Schwarzenegger auto-parodique. Ashanti, pour ceux qui s'en souviennent, est un film d'aventure hilarant ou désolant selon l'humeur. Quand à Amityville 3, bien que tourné en relief, c'est le plus mauvais épisode d'une série fort médiocre.


Richard Fleischer est le réalisateur de quelques uns des plus beaux films d'enfance d'avant Star Wars. On lui doit Kirk Douglas et James Mason combattant le calamar géant de 20 000 mille lieues sous les mers, l'une des plus belles adaptations de Jules Verne. Les Vikings est une date dans l'histoire du film d'aventure, une référence en matière de scénario, de reconstitution et de sens épique. Le Voyage fantastique est de la science fiction très années 60, amusante, sérieuse et enlevée avec, ce qui ne gâte rien, le souvenir de Raquel Welch attaquée par les anticorps dans sa combinaison moulante. Bandido Caballero était un joli western décontracté avec Robert Mitchum nonchalant au possible et Docteur Doolittle une fantaisie musicale dont je garde un bon souvenir.

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Richard Fleischer est le réalisateur de quelques films marquants, noirs assez souvent, engagés dans leur époque et qui ont parfois conservé une puissance de fascination. Je pense à Soleil vert et ses questions écologiques (et à la superbe scène de la mort de Sol joué par E.G Robinson), L'Etrangleur de Boston et plus encore 10 Rillington Place avec ses portraits froids de tueurs en série Tony Curtis et Richard Attenborough, Tora !, Tora !, Tora ! et sa vision conciliatrice du conflit américano-japonais, Le Génie du mal et son approche originale de la peine de mort, ou encore La Temps de la colère et sa façon nouvelle à l'époque de montrer la guerre et son effet sur les hommes, contemporain de Attaque ! de Robert Aldrich.


Richard Fleischer est aussi, c'est moins connu, le réalisateur d'une demi-douzaine de petits films noirs dont le plus connu, L'Enigme du Chicago Express est un modèle de suspense, toujours intense, avec Charles McGraw, épaules carrées, machoire carrée, esprit carré, et la trop rare Marie Windsor.

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Richard Fleischer est tout cela et c'est sans doute pourquoi le réalisateur qui s'est éteint le mois dernier, n'a pas une image très forte. Comme Robert Wise dont je vous avais parlé ici, il entre en cinéma pendant la guerre et fait ses débuts dans la série B noire. Anthony Mann, Richard Brooks, Robert Aldrich, Edward Dmytryck, John Sturges feront de même. Ce groupe de réalisateurs dominera Hollywood pendant une quinzaine d'années, incarnant un certain modenisme cinématographique, modernisme à vrai dire plus souvent formel que de fond. Dans les années 60, ils seront en compétition avec la troupe suivante, venue de la télévision et plus radicale dans ses sujets comme dans ses images avec des gens comme Arthur Penn ou Sidney Pollack.

 

Ils prendront un coup de vieux définitif avec l'arrivée de ce que l'on appelle les "Movie Brats", le gang des barbus : Scorcese, Spielberg, Lucas, Coppola, De Palma... Mais si Anthony Mann, en grande partie grâce à son travail sur le western, a acquis une véritable stature d'auteur, Fleischer comme Wise dont la carrière et les choix sont proches, restera comme un homme de studio, un faiseur diront ses détracteurs, dilettante sur les sujets, grand professionnel techniquement et piètre personnalité. C'est sans doute injuste au vu de ses plus beaux films, et relève sans doute d'une difficulté qu'il y a à appréhender son discours, faire la synthèse entre les différents Fleischer pour révéler l'homme et le cinéaste. Mais lui même a entretenu cette difficulté, semblant toujours privilégier le défi technique et les changements radicaux d'univers à une vision personnelle qui ne transparait qu'occasionnellement.

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© Swashbuckler Films

 

Pistes

Hommage sur Objectif Cinéma

Hommage sur DVD Classik

Texte sur le site du ciné-club de Caen

Quelques textes sur quelques uns de ses films (en anglais)

Sélection sur La boutique

Rétrospective Richard Fleischer à la Cinémathèque française, du 31 mai au 23 juillet 2006

Commentaires

Cinéaste inégal mais avec un réel talent. Par exemple, "Les vikings" ou "Le voyage fantastique", je me les refais régulièrement, rien que pour le plaisir ;-)

Écrit par : chris | 16/05/2006

Ses deux films de serial killer sont trés étonnants et si "Boston Strangler" est trés novateur dans sa forme, c'est "10 Rillington Place" qui le mieux vieilli, avec sa cruauté imparable et cette apreté dans l'approche du fait divers qui va encore plus loin que le "In Cold Blood" de Richard Brooks, je trouve. Je ne sais pas comment ces films ont été acueilli à leurs sorties (vous précisez que certains n'ont vu en lui qu'un faiseur) mais ils méritent d'être revus.

Écrit par : Ludo | 16/05/2006

"Le Voyage fantastique" (et son incroyable bande son et musique) et "20 000 mille lieues sous les mers" sont parmi mes films d'enfance parmi les plus regrettés...

"Soleil vert" pose également des questions pertinentes pour l'époque qui ont même été reprises dans une BD de Jean-Marc Rochette : "Le transperceneige"

Écrit par : kfigaro | 16/05/2006

Dans la catégorie des nanars, je pense que tu aurais pu citer aussi "Conan le destructeur"...
Je me garderai bien de porter un jugement sur Fleischer car je connais assez mal ses films. J'ai du voir, gamin, "les vickings" et "20 milles lieues sous les mers" mais je ne m'en souviens plus.
Par contre, je me joindrai volontiers à mes camarades pour dire les qualités de "Soleil vert" et du "Voyage fantastique"...

Écrit par : Dr Orlof | 16/05/2006

Conan le destructeur, j'y avais pensé mais j'en ai un bon souvenir (qui remonte à sa sortie en 84), celui d'un film plutôt décontracté, de la belle photographie de Jack Cardiff (qui avait fait celle des Vikings) et de la musique de Basil Poledouris. Faudrait revoir.

Sinon, on retrouve ses grands titres dans vos souvenirs respectifs. Ce qui est amusant, c'est que ses bides (artistiques et/ou économiques) sont aujourd'hui difficilement visibles. Pour répondre à Ludo, Fleischer, c'était une grosse pointure dans les années 60, un "nom" pour les studios, un peu comme Ron Howard aujourd'hui. Il a signé de gros succès commerciaux. Mais du coup, je pense qu'il était un peu méprisé par la critique et qu'aujourd'hui encore, il est difficile de parler de lui comme d'un cinéaste à part entière.

Écrit par : Vincent | 16/05/2006

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