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19/10/2005

La Fille à la Valise

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Copyright : Gemini Films 

11/10/2005

Cinéastes à tout prix

Un projectionniste, (Max Naveaux), un professeur de Lycée (Jacques Hardy) et un ouvrier maçon (Jean-Jacques Rousseau, c'est son vrai nom) tournent en Belgique des longs métrages, sans moyens. Leurs équipes et leurs acteurs sont non professionnels. Ils rendent le réel délirant. Leurs films sont stupéfiants.

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Celui-ci, je suis vraiment content de l'avoir pour les Rencontres. J'ai découvert ce film lors d'une soirée mémorable à Cannes en 2004. Benoît Poelvoorde, alors membre du jury et qui avait soutenu le film, était venu en traînant Tsui Hark avec lui. Les trois cinéastes du dimanche étaient là avec leur « biographe ». Ce fut un joli moment, drôle et émouvant.

Je ne pouvais pas manquer un film avec un titre pareil, me reconnaissant largement dans cette formulation. Réunir un groupe de copains, emprunter du matériel à droite et à gauche. Tourner en pleine liberté, sans règle ni contrainte. Essayer de retrouver le cinéma que l’on aime avec ses maigres moyens. Nous avons tous connu ces situations, partagé la même passion, celle qui n’a pas la patience d’attendre les aides hypothétiques de la Région ou du CNC. Frédéric Sojcher a fait son film sur trois de ces cinglés de cinéma, trois portraits de réalisateurs belges qui ont valeur universelle. Jacques Hardy, Max Naveau et Jean-Jacques Rousseau ont voué leur vie, leur temps et leur argent à construire des œuvres improbables, ignorées du public, mais qui leur sont aussi indispensables que de respirer.

Sojcher approche ses réalisateurs comme de véritables professionnels, évitant le principal écueil : la moquerie. Si les premiers extraits et certaines déclarations font sourire (Ah !, le travelling « à la Kubrick »), leur foi et leur ténacité forcent le respect et mettent le spectateur dans la poche des lascars.

Jean-Jacques Rousseau : " Si j'avais eu les moyens de Spielberg, j'aurais fait mieux. S'il avait eu mes moyens, jamais il n'aurait fait du cinéma. "

Le film arrive à cerner le soupçon de grandeur qui habite l’artiste le plus modeste, quelque chose de profondément humain. La réalisation d’un rêve qui a à voir avec l’enfance. Lorsque l’on suit le casting sauvage de Rousseau sur un marché, on rit beaucoup, mais la sincérité, l’énergie et les réactions des acteurs potentiels emballent. On pense au quart d’heure de célébrité qu’Andy Warhol promet à chacun. On se souvient aussi de la façon dont choisissaient leurs acteurs Fellini, Welles, Léone ou encore Bresson. La même envie de filmer un être humain, le même désir d’un visage, d’un corps, la même idée d’un cinéaste. Le reste est une question de talent et de moyens. De même quand Max Naveaux explique : " Je filme à balles de guerre et explosifs réels ", qu’il nous montre le matériel qui lui permettait de développer et monter ses films chez lui, on se rappelle l’essence artisanale de cet art. Un brin inconscient Max, mais tellement exigeant.

Jacques Hardy : " Un péplum, un western, un polar, une comédie musicale¿ A chaque film, j'explore un nouveau genre. "

L’amateur est étymologiquement « celui qui aime ». Il faut découvrir les trois amateurs de Frédéric Sojcher et vous ne regretterez pas d’avoir fait leur connaissance. Si vous êtes sur Nice, ce sera la mercredi 26 octobre à 21h30, Théâtre Trimages.

03/10/2005

Montage, mon beau souci

Trouvé grâce à Chateau de Sable : comment l'art du montage, l'essence même de l'art cinématographique peu reverser cul par dessus tête le sens de l'un des films les plus terrifiants. Il faut voir cela et, au-delà du rire, apprécier le travail et méditer.

01/10/2005

Robert Wise

J'avais envie d'écrire un petit quelque chose autour de Robert Wise, le réalisateur américain récemment disparu. Je me souviens du seul livre en français écrit à son sujet, et le regret qu'exprimait son auteur que Wise ne soit pas mieux considéré en tant que cinéaste. On retrouve le même genre de regrets dans les rares ouvrages consacrés à John Sturges, Richard Fleischer, Robert Aldrich et même Edward Dmytryck ou Anthony Mann.

Ils font tous partie de la génération arrivée dans les années 40, première génération de cinéastes à la suite des « grands » formés à l'école du muet. Tous ont démarré par des films noirs, souvent des séries B dans lesquelles il ont rapidement fait preuve d'une grande efficacité technique, d'une sensibilité prometteuse et souvent de préoccupations sociales marquées par l'esprit d'après guerre.

 

Nous avons gagné ce soir (1949) de Wise est typique des réussites de l'époque qui contribuèrent à donner un coup de jeune à Hollywood. Ce classique du film de boxe avec l'extraordinaire Robert Ryan possède unité de temps et de lieu, sécheresse du récit et du montage, réalisme presque documentaire (néo-réaliste presque) des combats et du contexte. Une perle de film noir.

Mais tous ces réalisateurs et Wise de façon exemplaire, vont vite devenir des « valeurs sures » à l'exception de Dmytryck, brisé dans son talent par la chasse aux sorcières. Ils vont enchaîner succès et gros budgets, gérant avec difficulté leurs ambitions artistiques, jusqu'à une forme de renoncement en fin de carrière. Il y aura encore de belles choses mais, mis à part Anthony Mann dont l'attachement au western lui achètera un brevet d'auteur à part entière, les autres resteront de brillants faiseurs.

 

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Et si, en fin de compte, le compliment que l'on adresse le plus volontiers à Robert Wise ("un bon technicien") était en fait la pire chose que l'on puisse dire à son sujet ? Fait justement remarquer Christian Viviani.

La difficulté vient de la variété de ses films. Quoi de commun, avec la meilleure volonté du monde, entre West Side Story, La Maison du Diable, Nous avons gagné ce soir et Star Trek ? Pas grand chose. Il y a le talent de conteur de Wise et son goût des défis techniques. C'est déjà ça. Il a certainement le cinéma chevillé au corps. Il débute comme monteur en 1936, suffisamment brillant pour être remarqué par Orson Welles qui l'engage sur Citizen Kane puis sur La Splendeur des Amberson. C'est lui qui acceptera de faire le « sale boulot » pour le studio qui vire Welles imprudemment partit faire un film au Mexique. Welles en voudra à Wise qui dira avoir « limité les dégats ». Une chose est sûre, Wise n'aura jamais vraiment un profil de réalisateur rebelle.

 

Finalement, le côté le plus original, personnel, de sa carrière, c'est peut être son attachement au fantastique et à la science fiction. Il débute par deux films noirs fantastiques La Malédiction des Hommes Chats (1944) et Le Récupérateur de Cadavres (1945) aux belles ambiances typiques des productions Val Newton. En 1951, c'est Le Jour ou la Terre s'arrêta, film atypique en pleine paranoïa anti-rouges. Film de science fiction pacifiste, fable sur le danger nucléaire, originale dans son approche et audacieuse pour ces années 50 durant lesquelles la science fiction reste un sous genre de pur divertissement. Wise reste fidèle à ce goût, y trouvant matière à de belles réussites. La Maison du Diable en 1963 est le classique des films de maison hantée. Le film explore la peur brute avec les seuls moyens propre du cinéma, sans effets spéciaux, terrorisant avec le montage, le son et une superbe direction artistique. Le film aujourd'hui n'a rien perdu de son éclat.

 

Le Mystère Andromède, en 1971 est un modèle de science fiction sérieuse, loin des effets adolescents du genre, un suspense biologique remarquablement construit au mécanisme millimétré. Si Audrey Rose est un pâle démarquage de l'Exorciste, Star Trek, son avant dernier film, en 1979, me semble sous évalué. Wise a quand même eu le culot de vouloir atteindre l'ampleur et la profondeur de 2001 avec les éléments d'une série télévisée. Malgré le jeu limité des acteurs, l'intrigue qui imite en mineur L'Odyssée du Sous Marin Nerka et les costumes qui passent mal sur grand écran, le film oppose au mouvent de Star Wars un rythme contemplatif, la beauté d'images quasi abstraites dues à Douglas Trumbull, déjà responsable des effets de 2001. Wise joue sur le rapport de taille de l'homme dans l'univers, sur la fascination de l'infini et séduit parfois. La lente approche vers le vaisseau « Enterprise » sur une musique céleste de Jerry Goldsmith est un joli moment de pur cinéma.

Quelques liens pour partir en exploration, l'hommage rendu par le Festival de la Rochelle, une émission avec Patrick Brion, un entretien en anglais, un article sur La Maison du Diable, un autre sur Wise et le fantastique, le site de la Cannonière du Yang Tsé et la critique de La Mélodie du Bonheur par Chris Lynch.