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11/09/2010

Mauvais souvenirs - bonus

Je ne pouvais achever le récit de mes mauvais souvenirs en salle sans évoquer ma rencontre avec le cinéma de Marguerite Duras, souvenir revenu à la surface à l'occasion d'un commentaire de Ran. Je pourrais dire que je me suis ennuyé ce qui ne serait ni original, ni juste. Généralement, j'essaye d'aller voir toutes sortes de films de toutes sortes de réalisateurs, au moins une fois, même s'il s'agit de cinémas dont je ne me sens pas proche. Curieux, oui. Duras donc, pourquoi pas ? Me voici donc parti pour une séance de Baxter, Véra Baxter, tourné en 1977. Loin de me plonger dans la torpeur, le problème que j'ai eu avec ce film est qu'il a tendu mes nerfs comme une corde à violon. Le pire est que je ne me souviens de rien. Il y a Gérard Depardieu et Delphine Seyrig et je n'en ai aucun souvenir. Rien de rien sauf de la musique. Celle-là je ne risque pas de l'oublier. Elle est signée Carlo d'Alessio et en fait elle est bonne même si je ne suis pas tres amateur de flutes des Andes. D'Alessio en outre a composé la bande originale de India song (1975) qui est superbe et dont la chanson titre interprétée par Jeanne Moreau me transporte. Alors quoi ? Alors l'héroïne débarque dans la sation balnéaire normande, la musique d'Alessio commence, flûtes aigrelettes et guitares sud américaines qui moulinent. On nous dit que des musiciens répètent pour une fête. D'accord. La musique ne va pas cesser jusqu'à la fin du film, 90 minutes plus tard. Au bout de dix minutes, je m'agite, au bout de vingt je comprends que je suis soumis à une variante du supplice de la goutte. Et ça boucle, et ça bloucle, ça m'obsède au point que, voilà, je n'ai plus rien suivi du film. Sauf à un moment, un petit miracle. Véra Baxter téléphone à son mari (voix de François Périer). Coupe, plan sur le téléphone chez le mari. Miracle, le mari habite loin, Alessio n'est pas audible. Moment de silence, de grâce. Je souffle, les sens suspendus. Le téléphone sonne. Le mari décroche et qu'est-ce que l'on entend dans le combiné ? Gagné.

Nous n'étions pas nombreux dans la salle, mais tout le monde, au même instant, à éclaté de rire. Un vrai bon rire libérateur. J'ai poursuivi le film plus décontracté pendant un quart d'heure puis les boucles d'Alessiennes ont recommencé à me grignoter le cerveau jusqu'à la fin. D'une certaine façon, Duras rejoint ici Michael Bay dont les bandes sonores agressives saturent l'espace sonore, étouffent le film et me plongent dans un état de crispation que je n'apprécie guère.