22/01/2006
Rendez l'argent !
A lire et entendre les contre-attaques au projet de licence globale pour les échanges d'oeuvres sur Internet, j'ai les oreilles qui se sont un peu échauffées. Un certain nombre de points me semblent devoir être rappelés avec force. Particulièrement quand les propos sont ceux d'artistes qui débarquent à Cannes en jet privé, personnalités rompues aux médias dont les portes, les colonnes et les écrans leur sont grands ouverts. Leurs cris de colère couvrent les arguments des millions d'utilisateurs, des consommateurs, des petits et des sans grades du monde du libre, des 150 000 signataires de la pétition lancée par EUCD.info : « la licence globale est inique ». Et pourtant :
Vous avez la télévision, vous payez donc la redevance, que vous regardiez ou non les chaînes publiques, et cette redevance est une sorte de licence globale.
Vous avec le câble, un bouquet satellite, un abonnement à une chaîne cryptée, vous payez donc une licence globale pour les programmes qui y sont diffusés.
Vous écoutez la radio, ou la musique chez votre boucher, et la station comme votre boucher payent donc à la SACEM une redevance, une sorte de licence globale pour ce qu'ils diffusent.
Vous avez la chance d'avoir des revenus et payez donc l'impôt du même nom. Sur cet impôt, une part que je suis d'accord pour trouver insuffisante, est destinée à financer des aides pour le cinéma, la musique, la culture en général. C'est une sorte de licence globale pour la culture française.
Vous avez un disque dur, vous achetez des cassettes audio ou vidéo, des CD-Rom ou des DVD vierges, vous payez donc des droits qui remontent aux artistes et ayants droits. Et ceci, notez le bien, même si vous n'utilisez ces supports que pour des données personnelles ou libres de droits.
Et une licence globale pour les échanges sur Internet serait "inique" ?
Ne voit-on pas que cette opposition à un système de licence globale participe d'un mouvement de fond dénoncé voici quelques jours par Didier Peyrat dans un rebond très intéressant sur Libération ? Un mouvement mené au nom de la protection et de la sécurité. Que l'alternative proposée à la licence globale n'est rien d'autre que le flicage généralisé de l'échange des données culturelles sur Internet. Des policiers dans les trains, des vigiles au supermarché et des caméras dans les rues. Et des espions informatiques dans nos musiques, nos films, nos photographies. De nombreux supports et des publicités dans les salles de cinéma incitent déjà à la délation (voir le site : http://www.piracyisacrime.com/ par exemple). Bravo quel avenir brillant on nous prépare !
J'aurais préféré que ces voix qui s'expriment au MIDEM en ce moment se fassent mieux entendre lors des attaques répétées contre le statut des intermittents du spectacle. Qu'elles nous parlent des prix du disque, des DVD, des concerts ou du téléchargement légal. Ou encore qu'elles nous parlent de la revalorisation du domaine public. Les sujets ne manquent pas.
Mais je voudrais lancer ici deux appels. Le premier aux cinéastes, artistes et musiciens que l'on entend trop peu, ceux dont on a apprécié en leur temps l'engagement pour des causes plus justes, ceux que l'on a suivis, soutenus, écoutés, accompagnés : Est-ce vraiment l'avenir que vous souhaitez ?
Le second aux hommes politiques qui aujourd'hui hésitent, ne savent plus trop, sont sans doute plus sensibles aux discours de ceux qui ont le temps et les moyens de faire leur siège. A François Hollande en particulier qui vient de se prononcer contre la licence globale après que Ségolène Royal ait signé en avril l'appel du Nouvel Observateur qui allait en sens contraire : savez vous bien qui vous défendez ?
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21/03/2005
Licence textes
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