Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Les joies du bain : Façon Botticelli | Page d'accueil | Les joies du bain : kitsch »

30/03/2010

Je veux voir

Emmanuelle Riva, nous dit-on, n'avait rien vu à Hiroshima. Catherine Deneuve, qui est une femme bien organisée, entend bien voir quelque chose au Sud Liban de la violente et rapide guerre de 2006. Elle saisi donc l'occasion offerte par le couple de cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige de faire sur place un film qui repose sur ce désir de voir. Désir de Deneuve mais aussi désir des auteurs qui se sont retrouvés bloqués en France pendant le conflit et l'ont suivi comme la grande Catherine, vous ou moi, sur leur écran de télévision. Désir qui se complique de celui d'(a)voir Deneuve, désir de cinéaste pour susciter celui du spectateur et rassurer accessoirement celui des producteurs. Désir de revoir aussi, de la part des réalisateurs libanais, revoir cette part de leur pays meurtri. Désir qui s'incarne dans l'acteur Rabih Mroué, qui fera office de guide pour Deneuve puisqu'il est originaire de la région dévastée. La constitution de ce couple d'acteurs injectée dans le dispositif documentaire lui donne une part de fiction. On l'aura compris, Je veux voir est un film à tiroirs.

Je_veux_voir.jpg

A cette injonction « Je veux voir », Mroué répond « Allons-y », tel le personnage de William Holden dans The wild bunch (La horde sauvage – 1969) de Sam Peckinpah, ce qui est sûrement la comparaison la plus incongrue que je puisse trouver à propos du film. Pour préciser les choses et se donner un repère, un objectif est nommé : voir/revoir la maison de la grand mère de l'acteur. Et Deneuve de mettre des chaussures à talon plats adaptés à la situation, une tenue élégante( toujours) mais sobre, et en voiture, Simone ! Non, pardon Catherine, ce n'est pas un bon mot facile. A plusieurs reprises votre visage de rayonnante sexagénaire m'a fait penser à celui de la Signoret période Le chat (1971) ou L'aveu (1970). Une grande actrice, une femme engagée et courageuse, capable de porter un regard sur le monde.

Chronique à suivre sur Kinok

le DVD

Photographie © Patrick Swirc

Sur la Kinopithèque

Sur le Ciné-Club de Caen

Sur Excessif

Sur Politis

Commentaires

Bonjour Vincent,
Ce commentaire est sans rapport avec le post, c'est juste pour recopier ici ce que me rapporte Valérie en lisant certaines revues provenant du CDI de son collège :
« Après Bollywood, voici Nollywood, qui place le Nigéria au second rang des producteurs de films après l'Inde. En dépit de ses profondes crises et tensions internes, le Nigéria, à travers son cinéma, a pris le relais du rêve panafricain qui souligne l'unité de l'humanité africaine. »
In "Documentation Photographique - nov./déc. 2009"
« Nollywood, en contribuant à forger l'image identitaire noire, est devenu le vecteur culturel le plus puissant depuis l'arrivée du christianisme. L'homme noir incarne l'action, le héros à la vie pleine, se retrouve au centre d'un monde entièrement noir. A l'évidence, des millions de personnes qui regardent les films nollywoodiens, ressentent quelque chose que ne leur offre pas Hollywood. L'effet à terme de ce phénomène va au-delà de ce que les panafricanistes d'il y a trente ans auraient jamais osé rêver. En un rien de temps, ces films on délimité le monde africain. »
In "Courrier International" - 10 juillet 2008
Je n'aurais jamais soupçonné cela. Qu'en penses-tu ?

Écrit par : L U C | 31/03/2010

Bonjour Luc, je suis comme toi, je n'aurais jamais soupçonné cela. Le cinéma africain, de ce que j'en connais, est assez rare. La majorité des pays a bien d'autres problèmes que celui là. C'est d'autant plus étonnant concernant le Nigeria que c'est un des pays les plus pauvres et les plus bouleversés. Je vais me renseigner de ce pas.

Écrit par : Vincent | 03/04/2010

Je m'étonne que le fascicule édité à l'occasion du 20e Fespaco (en fév 2007 à Ouagadougou) par les Cahiers du cinéma ainsi que l'Atlas de la santé cinématographique paru dans la même revue (mai juin 2009) aient fait l'impasse sur le Nigéria.

Ceci dit, de la même manière que l'Afrique rattrapait son retard quant au développement de son réseau téléphonique grâce au portable dans les années 2000 (L'Afrique dans la mondialisation, S. Brunel, Doc photo 8048, 2005), la DV sous différentes formes entraîne un grand boum en matière de production ciné.

Reste la question de la distribution : le petit nombre d'écrans ne reste-t-il pas le gros problème rencontré là-bas ? Quid de l'expor ?

Enfin, dans nos échanges sur le sujet doit-on pas éclater ce "là-bas", ce "cinéma africain" et reconnaître la diversité des situations sur le continent ?

Écrit par : Benjamin | 03/04/2010

Benjamin, je partage cette dernière réflexion. Le cinéma égyptien a été très important et reste très dynamique. Il est également très différent de ce que je connais des cinémas maliens ou sénégalais ou encore du cinéma d'Afrique du Sud.
De ce que j'ai pu voir (il y a un documentaire sur le sujet diffusé par France Ô) : http://videos.orange.es/video/iLyROoafYnKy.html) il s'agit aussi de tournages en vidéo légère donc un cinéma très différent en termes économiques de celui que nous connaissons, et qui se diffuse seulement en cassettes.
Il m'est arrivé de voir quelques films de ce style à Clermont-Ferrand, venus du Sénégal je crois. Ce n'était pas très bon. Il y aura peut être des programmateurs occidentaux pour défricher ces nouvelles cinématographies

Écrit par : Vincent | 03/04/2010

Écrire un commentaire