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01/11/2009

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16:32 Publié dans Panthéon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jerry lewis |  Facebook |  Imprimer | |

31/10/2009

Still walking

Difficile de ne pas mentionner Yasujirō Ozu à propos de Still Walking - Aruitemo, aruitemo du cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda. Drame familial, rapport intergénérationnel, touches d'humour mélancolique, rigueur des plans et cadres à l'intérieur du cadre exploitant l'architecture japonaise et ses dispositifs de cloison. Il ne manque pas même un plan sur une ligne électrique.

Difficile mais pas impossible. Après tout, la rigueur dans le découpage et l'extrême économie des mouvements de caméra renvoient tout aussi bien au style développé par Takeshi Kitano à ses débuts. Impression renforcée par la photographie aux teintes modernes de Yutaka Yamasaki , un peu froide, exploitant les matières et architectures urbaines modernes (La texture d'un carrelage, une passerelle pour piétons, l'intérieur d'un train de banlieue...). On retrouve aussi une scène au bord de la mer, l'océan Pacifique envisagé comme barrière, comme aspiration profonde et comme horizon inaccessible.

La suite sur Kinok

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Mort d'un cinéaste

C'est sûr, ça n'a pas fait les gros titres. Pourtant, pour nous, la nouvelle de ce week end, ce fut la disparition d'un grand cinéaste, un marseillais, monsieur Paul Carpita. J'écris « nous » parce que je pense à l'équipe des Rencontres qui se sont achevées dimanche soir. Dans l'après-midi, Marc Mercier, le directeur des Instants Vidéo, présentait une programmation et il nous a annoncé la nouvelle avant de dédier son programme à Paul. J'écris « nous » parce que nous avions reçu Paul Carpita à Nice. Deux fois. Je n'ai jamais trop voulu inviter des « pointures » aux Rencontres. Ma timidité proverbiale, la difficulté à gérer des ego souvent excessifs et puis la modestie de la manifestation. Nous rêvions de Guéduiguian, de Moretti et puis nous avons décidé de passer Les sables mouvants en 2004. Et d'appeler Paul qui a aussitôt accepté. J'étais dans mes petits souliers, comme ont dit. Il est donc venu avec sa femme, un charmant vieux couple comme cela devrait toujours être. Ils nous ont mis à l'aise, ils ont été parfaits, nous étions ravis. Le public du cinéma Mercury aussi. Nous avons découvert un homme combatif, marqué à vie par la censure injuste de son premier long métrage, une censure politique qui a quasiment brisé son élan artistique. Un acte de violence qu'il a porté toute sa vie comme une blessure. Mais il s'est battu, il a fait des courts métrages puis a réussi, enfin, à monter à nouveau deux longs. Sur la scène du Mercury, il nous a donné une leçon de ténacité, de courage nourri de l'amour du cinéma.

carpita2.JPG

Du coup, nous avons monté une rétrospective avec son légendaire Le rendez-vous des quais (1955), Marche et rêve, son dernier de 2005 et ses courts métrages. Superbes ses courts métrages, surtout Marseille sans soleil (1960) et Des lapins dans la tête (1964) dans lequel l'instituteur qu'il resta toute sa vie filmait ses élèves en un beau noir et blanc et l'esprit de Prévert et Vigo.

Voilà, dimanche matin, je parlais de Paul avec un ami venu de Marseille. Il me disait que Paul n'arrivait pas à monter son nouveau projet Le dessin, en collaboration avec Claude Martino. Les assurances ne voulaient pas prendre le risque. Pauvres crétins.

Paul Carpita, avec Le rendez-vous des quais, ce film sur les dockers du port de Marseille en grève contre l'envoi d'armes en Indochine, sa production indépendante, son enthousiasme militant, son attention aux petites gens, son sens d'un cinéma en liberté, c'est bien le maillon entre le néo-réalisme à l'italienne et la Nouvelle Vague. C'est plus aussi. C'est en un seul film le continuateur du cinéma du Front Populaire, Renoir et Duvivier, et le précurseur de Robert Guédiguian. C'est aussi, même si ça ne lui plaisait pas plus qu'à Guédiguian qu'on en parle, le continuateur de Pagnol. Certes pas politiquement, mais dans l'ancrage du cinéma dans un terroir, dans un territoire et une langue (ou plutôt une façon de parler, un accent, des tournures). Et puis aussi dans une sensibilité dans la description des sentiments, une pudeur. Et cette attention au gens, aux acteurs, aux enfants.

Je suis très heureux, très fier, de l'avoir rencontré et ce soir, je salue sa famille avec le grand cinéaste que nous avons perdu.