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01/10/2005
Robert Wise
J'avais envie d'écrire un petit quelque chose autour de Robert Wise, le réalisateur américain récemment disparu. Je me souviens du seul livre en français écrit à son sujet, et le regret qu'exprimait son auteur que Wise ne soit pas mieux considéré en tant que cinéaste. On retrouve le même genre de regrets dans les rares ouvrages consacrés à John Sturges, Richard Fleischer, Robert Aldrich et même Edward Dmytryck ou Anthony Mann.
Ils font tous partie de la génération arrivée dans les années 40, première génération de cinéastes à la suite des « grands » formés à l'école du muet. Tous ont démarré par des films noirs, souvent des séries B dans lesquelles il ont rapidement fait preuve d'une grande efficacité technique, d'une sensibilité prometteuse et souvent de préoccupations sociales marquées par l'esprit d'après guerre.
Nous avons gagné ce soir (1949) de Wise est typique des réussites de l'époque qui contribuèrent à donner un coup de jeune à Hollywood. Ce classique du film de boxe avec l'extraordinaire Robert Ryan possède unité de temps et de lieu, sécheresse du récit et du montage, réalisme presque documentaire (néo-réaliste presque) des combats et du contexte. Une perle de film noir.
Mais tous ces réalisateurs et Wise de façon exemplaire, vont vite devenir des « valeurs sures » à l'exception de Dmytryck, brisé dans son talent par la chasse aux sorcières. Ils vont enchaîner succès et gros budgets, gérant avec difficulté leurs ambitions artistiques, jusqu'à une forme de renoncement en fin de carrière. Il y aura encore de belles choses mais, mis à part Anthony Mann dont l'attachement au western lui achètera un brevet d'auteur à part entière, les autres resteront de brillants faiseurs.

Et si, en fin de compte, le compliment que l'on adresse le plus volontiers à Robert Wise ("un bon technicien") était en fait la pire chose que l'on puisse dire à son sujet ? Fait justement remarquer Christian Viviani.
La difficulté vient de la variété de ses films. Quoi de commun, avec la meilleure volonté du monde, entre West Side Story, La Maison du Diable, Nous avons gagné ce soir et Star Trek ? Pas grand chose. Il y a le talent de conteur de Wise et son goût des défis techniques. C'est déjà ça. Il a certainement le cinéma chevillé au corps. Il débute comme monteur en 1936, suffisamment brillant pour être remarqué par Orson Welles qui l'engage sur Citizen Kane puis sur La Splendeur des Amberson. C'est lui qui acceptera de faire le « sale boulot » pour le studio qui vire Welles imprudemment partit faire un film au Mexique. Welles en voudra à Wise qui dira avoir « limité les dégats ». Une chose est sûre, Wise n'aura jamais vraiment un profil de réalisateur rebelle.
Finalement, le côté le plus original, personnel, de sa carrière, c'est peut être son attachement au fantastique et à la science fiction. Il débute par deux films noirs fantastiques La Malédiction des Hommes Chats (1944) et Le Récupérateur de Cadavres (1945) aux belles ambiances typiques des productions Val Newton. En 1951, c'est Le Jour ou la Terre s'arrêta, film atypique en pleine paranoïa anti-rouges. Film de science fiction pacifiste, fable sur le danger nucléaire, originale dans son approche et audacieuse pour ces années 50 durant lesquelles la science fiction reste un sous genre de pur divertissement. Wise reste fidèle à ce goût, y trouvant matière à de belles réussites. La Maison du Diable en 1963 est le classique des films de maison hantée. Le film explore la peur brute avec les seuls moyens propre du cinéma, sans effets spéciaux, terrorisant avec le montage, le son et une superbe direction artistique. Le film aujourd'hui n'a rien perdu de son éclat.
Le Mystère Andromède, en 1971 est un modèle de science fiction sérieuse, loin des effets adolescents du genre, un suspense biologique remarquablement construit au mécanisme millimétré. Si Audrey Rose est un pâle démarquage de l'Exorciste, Star Trek, son avant dernier film, en 1979, me semble sous évalué. Wise a quand même eu le culot de vouloir atteindre l'ampleur et la profondeur de 2001 avec les éléments d'une série télévisée. Malgré le jeu limité des acteurs, l'intrigue qui imite en mineur L'Odyssée du Sous Marin Nerka et les costumes qui passent mal sur grand écran, le film oppose au mouvent de Star Wars un rythme contemplatif, la beauté d'images quasi abstraites dues à Douglas Trumbull, déjà responsable des effets de 2001. Wise joue sur le rapport de taille de l'homme dans l'univers, sur la fascination de l'infini et séduit parfois. La lente approche vers le vaisseau « Enterprise » sur une musique céleste de Jerry Goldsmith est un joli moment de pur cinéma.
Quelques liens pour partir en exploration, l'hommage rendu par le Festival de la Rochelle, une émission avec Patrick Brion, un entretien en anglais, un article sur La Maison du Diable, un autre sur Wise et le fantastique, le site de la Cannonière du Yang Tsé et la critique de La Mélodie du Bonheur par Chris Lynch.
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29/09/2005
Un appel à mes lectrices et lecteurs
Chers lectrices et chers lecteurs, chers amis qui blogguez (quel mot !) en voisins, j'ai un appel à vous faire. Vous constaterez que, pour le mois à venir, je serais un peu moins actif. A ceux qui ne me connaissent pas « dans la vraie vie », je dirais que je préside une association, Regard Indépendant, que vous avez pu découvrir si vous avez suivi les liens des cinémas de quartier.
Cette association, qui fête se dix ans, travaille à soutenir les réalisateurs débutants, jeunes et moins jeunes, sur Nice et sa région. Nous organisons chaque année depuis 1998, les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice, qui proposent une photographie de la création régionale. Modeste manifestation, nous montrons du court métrage, du documentaire, des films d'animation, des vidéos expérimentales, du long parfois et, cette année, un peu de spectacle vivant intégrant les images à leur travail.
Nous aurons par exemple cette année, de façon un peu symbolique, le documentaire de Frédéric Sojcher, Cinéastes à tout Prix que certains d'entre vous connaissent sans doute. Je vous laisse découvrir l'affiche de la manifestation, due à Frédéric Nakache, ainsi qu'un communiqué de presse général et, surtout, l'adresse du blog qui permet de suivre la construction et le déroulement de la manifestation. Comme vous l'imaginez, ça me prend beaucoup de temps.

Si vous en avez, du temps, et l'envie, si vous pouvez répercuter à travers la toile cette information, je vous en serait sincèrement reconnaissant. Et si vous passez sur Nice entre le 24 et le 29 octobre, n'hésitez pas à venir nous dire bonjour, voir quelques films et prendre un verre.
23:15 Publié dans Festival | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Festival, Regard Indépendant | Facebook |
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28/09/2005
Projet de loi "Droit d’auteur" : le gouvernement ampute le débat dans l’urgence
Une information parue sur le site Framasoft (licence Verbatim) que je vous livre telle quelle. Ceux qui me lisent régulièrement connaissent mon intérêt pour ces histoires de droit d'auteur. A cette lecture, vous comprendrez pourquoi mon sang n'a fait qu'un tour !
La société de l’information ne permettra une meilleure diffusion du savoir et de la culture que si un équilibre est respecté entre les droits légitimes des auteurs et des producteurs et ceux, non moins légitimes, des citoyens et des usagers.
Communiqué de presse EUCD.INFO
Paris, le 27 septembre 2005. Le site de l’Assemblée Nationale confirme que le gouvernement a déclaré l’urgence sur le projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI). [1] L’initiative EUCD.INFO dénonce une tentative de passage en force d’un texte inacceptable et appelle le public à se mobiliser d’urgence.
En effet, si il est adopté en l’état, le projet de loi DADVSI :
- transformera des millions de consommateurs honnêtes en délinquants (trois ans de prison et 300 000 euros d’amende prévus en cas de copie privée vers un support non autorisé par les titulaires de droits, par exemple un baladeur MP3) ;
- divisera la société de l’information entre les ayant-accès à la culture numérisée et les autres puisque introduisant un nouveau droit dans le Code de la Propriété Intellectuelle : celui d’autoriser ou d’interdire l’accès à une oeuvre via la technique ;
- menace la mission des bibliothèques et l’avenir du domaine public en ne prévoyant aucune disposition visant à libérer l’oeuvre du contrôle technique une fois les droits patrimoniaux épuisés ;
- favorise les ententes illicites, les abus de position dominante et la vente liée en permettant aux producteurs de disques et de films d’imposer au public les outils permettant d’accéder aux oeuvres qu’ils produisent ( comme si un éditeur de livres pouvait imposer une marque de lunettes pour lire les livres qu’il fait imprimer) ;
- va à l’encontre de certaines dispositions de la loi Informatique et Libertés car interdisant de facto aux citoyens d’exercer leur droit au contrôle des données personnelles ;
- propose de censurer, au nom du droit d’auteur, les auteurs de logiciels libres et ce bien que leur travail soit reconnu par l’UNESCO comme Trésor du monde, et par la Commission de l’Économie Générale, des Finance et du Plan, comme la seule alternative susceptible de permettre à la France et à l’Europe de retrouver son indépendance technologique. [2]
Les associations de consommateurs, de familles, d’internautes, d’auteurs et d’utilisateurs de logiciels libres, des société de gestion collective représentant plus de vingt cinq mille artistes, des syndicats de musiciens, des représentants d’enseignants et de bibliothécaires dénoncent d’ailleurs régulièrement un texte extrémiste, discriminatoire et répressif qui ne sert que les interêts d’une poignée de multinationales aux dépends de l’interêt général. [3]
L’initiative EUCD.INFO rappelle de plus que le projet de loi DADVSI transpose une directive européenne (l’EUCD) dont les effets sont tels que la Commission Européenne en arrive à ne pas respecter ses obligations pour mieux les masquer. Conformément à l’article 12 de la directive EUCD, la Commission aurait en effet dû publier "au plus tard le 22 décembre 2004" un rapport sur les effets de la directive dans les pays l’ayant déjà transposé. Mais elle ne l’a pas fait tant il est désormais évident, y compris pour certains responsables européens, que la directive entraîne une hausse artificielle du prix des oeuvres, et menace la libre concurrence sur le marché du logiciel. [4]
L’argument utilisé par le gouvernement pour justifier l’urgence (retard dans la transposition de la directive) est donc fallacieux. On voit mal comment la Commission pourrait poursuivre la France pour non-respect de ses obligations dans la mesure où elle même faite fi des siennes pour mieux masquer les effets d’un texte arraché aux parlementaire européens en 2001, [5] et qui, par ailleurs, pourrait être retoqué par la Cour de Justice des Communautés Européennes tant il va à l’encontre de ses objectifs d’harmonisation. [6]
Le passage en urgence n’a dès lors qu’une seule justification possible : à l’approche des élections et au milieu du tumulte social annoncé, faire passer un texte inacceptable le plus vite possible en espérant que les électeurs auront la mémoire courte. Inutile de dire que les membres d’EUCD.INFO sauront eux rappeller le moment venu les faits et gestes de chacun, et notamment des élus de la majorité qui resteraient silencieux.
Tout élu normalement constitué devrait s’élever contre cette tentative de passage en urgence. Le projet de loi DADVSI a en fait pour objectif de permettre à la France de ratifier deux traités internationaux négociés il y a dix ans à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, organisation dont le fonctionnement peu démocratique et les productions sont de plus en plus contestées. Prétexter comme va sans doute le faire le gouvernement que le projet de loi DADVSI est un projet de loi technique et mineur n’a donc aucun sens.
Dans un premier temps, l’intiative EUCD.INFO demande donc aux citoyens de téléphoner ou d’écrire immédiatement au ministre de la Culture pour lui demander de retirer promptement sa demande d’urgence (cabinet du ministre : 01 40 15 80 00). Elle invite également les citoyens à téléphoner ou écrire à leurs députés pour leur demander de dénoncer publiquement la grossière manoeuvre du gouvernement. [7]
[1] Dossier législatif sur le DADVSI (http://www.assemblee-nationale.fr/1...)
[2] Lettre ouverte au député Christian Vanneste (http://eucd.info/lettre-vanneste.pdf)
[3] Organisations contestant le contenu du projet de loi : ABF, ADAMI, AFUL, APRIL, CLCV, FNS, FSF-France, Ligue de l’Enseignement, ODEBI, SAIF, SAMUP, SNAP CGT, SNM FO, SPEDIDAM, UFC, UNAF
[4] Analyse des propos du chef d’unité "Droit d’auteur et économie de la Connaissance" de la Commission Européenne (http://eucd.info/com-2005-07-19.fr....)
[5] Rappel sur l’origine de la directive EUCD (http://eucd.info/com-2005-07-19.fr....)
[6] Why the copyright directive is unimportant and possibly invalid (http://www.ivir.nl/publications/hug...)
[7] Téléphones et adresses des députés (http://www.assemblee-nationale.fr/1...)
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