Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« lun. 22 déc. - dim. 28 déc. | Page d'accueil | lun. 05 janv. - dim. 11 janv. »

04/01/2009

Corbucci majeur "autour du feu"

Le western autour du feu du mois est un film de circonstance. En ces périodes de froid intense quoique de saison, il est du meilleur goût de se lancer dans l'analyse du film de Sergio Corbucci (Encore !, Oui, encore !) Il grande silenzio (Le grand silence – 1968). Western hivernal avec Jean-Louis Trintignant en énigmatique tueur à gages muet, Klaus Kinski en chasseur de prime impitoyable et raffiné, Franck Wolf en shérif sympathique mais quelque peu borné, Vonetta McGee en beauté douloureuse et puis Mario Brega, Luigi Pistilli, Ralf Baldassarre, Spartaco Conversi et la musique d'Ennio Morricone. Un des films les plus étranges qui soit, les plus dérangeants, les plus étonnants. J'ai déjà évoqué cette œuvre à plusieurs reprises sur Inisfree, tant l'impression qu'il m'a faite a été profonde et durable. L'ayant revu il y a peu, j'avais envisagé de faire enfin une note plus fournie mais d'ici, là, je vous invite à rejoindre le forum western movie et à partager vos points de vue. A noter, dans la série des coïncidences actuelles, la note qui tombe à pic de l'ami Julien.

Grand silence.jpg

Photographie : capture DVD Canal par Tepepa dont je vous recommande le texte tout autour.

12:17 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sergio corbucci |  Facebook |  Imprimer | |

03/01/2009

Early Howard Hawks Blogathon

En revoyant il y a peu le magnifique Red River (La rivière rouge - 1946) de Howard Hawks, je me faisais la réflexion que je n'avais pas encore écrit de véritable chronique sur un film de cet auteur en plus de quatre années de blog. "Cela doit cesser" me dis-je. "Cela tombe bien" me fis-je remarquer, puisque le blog Seul le cinéma (dont l'intitulé en français ne doit pas masquer son américanitude) propose un Early Howard Hawks Blogathon à partir du 12 janvier et jusqu'au 23 du même mois. Il s'agit d'explorer la première période de l'oeuvre du maître, de ses premiers films muets jusqu'au milieu des années 30 soit de Road to glory (1926) à Come and get it (Le vandale - 1936). Je peux déjà vous dire que je me suis commandé Barbary coast, film de 1935 que je ne connais pas avec la belle Miriam Hopkins et que je compte plancher dessus. Si vous voulez en savoir plus et éventuellement participer, il vous suffit de cliquer sur le joli logo ci-dessous.

earlyhawksbanner.jpg

01/01/2009

Life (bonne année)

Le magasine Life, vous en avez peut-être déjà entendu parler, vient de mettre en ligne quelque chose comme 100 000 photographies de son fond d'images. La démarche mérite d'être saluée même s'il y a quelques couinements d'ayant-droits. C'est un peu comme découvrir une grande malle pleine de souvenirs venus d'un peu partout. C'est un peu la jungle mais c'est plein de belles surprises. Pour nous, cinéphiles émérites et fétichistes, voici un échantillon d'une plongée dans la malle : Howard Hawks fasciné par les jambes d'Angie Dickinson sur le tournage de Rio Bravo (photographie d'Allan Grant), Charlton Heston et Senta Berger sur le tournage de Major Dundee de Sam Peckinpah (Photographie de Bill Ray), Joanne Dru dans Red River de Hawks (Photographie de Martha Holmes), Marilyn toujours délicieuse quand elle lit (Photographie Edward Clark) et François Truffaut dirigeant Julie Christie sur Fahrenheit 451 (Photographie Paul Schutzer). Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une belle et bonne année 2009.

Rio Bravo Life.jpg
Dundee life.jpg
Red River Life.jpg
Marilyn life.jpg
Farenheit life.jpg

 

08:21 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : life |  Facebook |  Imprimer | |

30/12/2008

Hommage à la Belgique

Il y a des films que l'on rêve pendant des années avant de les voir enfin. Un film, c'est d'abord un objet de séduction. On lit quelques lignes dans une revue, on accroche à un synopsis, on croise une affiche. Souvent, c'est une photographie qui met en branle l'imagination et suscite l'envie. Cela tient à peu de choses : une attitude, l'expression d'un visage, la courbe d'un décolleté, un monstre, une composition d'image. Ça y est, c'est imprimé. Un film qui n'existe pas vraiment mais qui restera bien au chaud un an, cinq ans, vingt ans, jusqu'au jour où...

Ma passion pour le western italien, par exemple, tient pour beaucoup à un séjour à Bruxelles. J'y suis resté un mois en 1985 pour passer le concours d'entrée à l'INSAS, une école de cinéma. J'ai échoué comme une crêpe, mais le voyage a été profitable à bien des égards. Entre les épreuves, j'ai fréquenté assidument la Cinémathèque Royale et je me suis livré à l'une de mes occupations favorites : faire les librairies. C'est ainsi que je suis tombé sur Le western italien, un opéra de la violence de Laurence Staig et Tony Williams, un petit bouquin illustré en noir et blanc. « Une poignée de thèmes et quelques cinéastes » comme ils écrivaient. Des textes subjectifs, passionnés, souvent drôles, sans volonté encyclopédique, avec parfois de belles erreurs mais on s'en fiche. A l'heure ou ressort le pavé de Giré (Oh, le beau cadeau de Noël !), massive compilation systématique à vocation exhaustive (mais néanmoins estimable), il me faut dire toute l'importance des 144 pages de Staig et Williams sur mon parcours. Ils m'ont donné à rêver. Milian dans la rue poudreuse de Se sei vivo spara (Tire encore si tu peux !) de Giulio Questi, George Hilton dans l'arène de Quei disperati che puzzano di sudore e di morte (Les quatre déseperados) de Julio Busch, Giuliano Gemma en Ringo à la tête de sa troupe hétéroclite, Johnny Halliday sur le balcon de Gli specialisti (Le spécialiste) de Sergio Corbucci, le blindman dans le cimetière, John Philip Law sous le pressoir dans Da uomo a uomo ( La mort était eu rendez-vous) de Sergio Sollima, autant d'envies que j'ai pu assouvir au fil des années, plutôt récemment d'ailleurs car ces films étaient, et restent pour certains, difficiles à voir. Le DVD a beaucoup aidé.

Staig et Williams s'arrêtent assez longuement sur le cas de Sergio Corbucci. Mais ils le traitent curieusement pour ce que je connais de ses films aujourd'hui. Django, Companeros ! et Il mercenario sont vus comme de sympathiques bandes-dessinées, sans plus. Il grande silenzio (Le grand silence) est apprécié mais guère développé tandis que le film avec Halliday comme Navajo Joe sont négligés. Ce qui frappe, c'est la place accordée à I crudeli, un film inédit en France de 1967. Les films de Sergio Léone mis à part, les duettistes s'attardent longuement sur cette oeuvre dans laquelle ils voient la réussite majeure du cinéaste. Leurs envolées lyriques, l'exploration détaillée du scénario et les liens avec l'opéra et la tragédie antique m'ont donné à rêver pendant vingt-cinq ans. Jusqu'à ce que le film soit enfin édité cet été dans la collection Studio Canal. Merci Studio Canal. Même si j'ai émis de fortes réserves sur le traitement global des films, je dois saluer la décision de sortir cette pièce de choix avec un doublage réalisé pour l'occasion. Je complète ainsi ma filmographie corbuccienne et achève le voyage proposé par ce livre de Staig et Williams.

Crudeli1.jpg

I crudeli (les cruels), ce sont les membres d'une famille de sudistes menés par l'inflexible patriarche Jonas joué par le grand Joseph Cotten. Ils refusent la défaite du Sud et s'emparent d'un convoi d'or nordiste. Jonas a le projet chimérique de reconstituer avec une armée capable de reprendre la lutte. Le grisbi est placé dans un cercueil, nous ne sommes pas chez Corbucci pour rien, et la famille s'engage dans un voyage absurde pour échapper à l'armée qui les poursuit. Afin de passer inaperçus, ils font passer le cercueil pour celui d'un officier mort au combat et engagent une jeune femme pour jouer la veuve éplorée. D'où péripéties nombreuses, moments de suspense et déchirements du petit groupe qui révèlera le pire de lui-même jusqu'à sa fin aussi tragique qu'inéluctable. C'est très réussi.

Si j'avais dû deviner, je n'aurais jamais pensé que I crudeli fut postérieur à Django. Moins extrême, moins original formellement, le film semble se situer à la jonction des westerns qui imitent le modèle américain des années 50 et des envolées baroques initiées par Léone. Cela vient peut être du fait que I crudeli est une commande du producteur américain Albert Band qui venait de réaliser lui-même Gli uomini dal passo pesante (Les forcenés – 1965) sur une histoire très proche, toujours avec Joseph Cotten aux côtés de Gordon Scott, Franco Nero et James Mitchum. Le film ayant eu du succès, Band écrit une nouvelle histoire et en confie la réalisation à Corbucci dont il avait produit le premier western Massacro al grande canyon (Massacre au grand canyon – 1965). Corbucci bénéficie de moyens confortables, d'une partition d'Ennio Morricone, des images d'Enzo Barboni (futur créateur de Trinita) et de Nino Baragli au montage (collaborateur tant de Léone et de Baldi que de Fellini et surtout Pasolini). Côté distribution, outre l'imposante présence de Cotten dont le visage s'affaisse mais l'œil reste d'acier, on retrouve quelques figures du genre comme Ennio Girolami, Aldo Sambrell et le visage inoubliable d'Al « Quand on tire, on raconte pas sa vie » Mulock, ainsi que le jeune Julián Mateos fraichement sortit de la première suite des Magnificent seven (Les sept mercenaires – 1960) de John Sturges. Côté féminin, c'est la belle Norma Bengell, vedette brésilienne, qui joue Claire, la prostituée engagée par la famille après l'élimination de la première « veuve » trop portée sur l'alcool. Bengell venait de faire en Italie le fameux Terrore nello spazio de Mario Bava. Bref, tout ça, c'est du réjouissant.

Crudeli2.jpg

Le film commence presque comme une série B, modeste scène de l'attaque du convoi étrangement proche de celle qui ouvre Se sei vivo spara de Questi la même année. Tepepa en a souligné les naïvetés, j'en relève le montage très vif caractéristique des scènes d'action chez Corbucci. L'essentiel n'est pas là. Le réalisateur installe son huis-clos et le fait monter en intensité au fur et à mesure que son style se déploie, s'éloignant du modèle américain pour culminer dans une scène de cimetière gothique (orage, tombe profanée, éclairs bleutés) puis dans un final tragique et sarcastique, aussi beau que dans ses films les plus sombres. On pourrait dire que le voyage des crudeli, c'est celui du western de l'époque, de la série B américaine, disons Hangman's knot (Le relais de l'or maudit – 1952) de Roy Huggins, à Django.

Et Corbucci de passer le genre à la moulinette de son humour noir. En s'emparant du thème de la défaite sudiste, il en démonte le mythe. Staig et Williams montrent avec brio comment sont brocardées les valeurs dont se réclament la famille de Jonas. En fait de chevalerie, hospitalité, et douceur de vivre, les crudeli sont des assassins, des voleurs, des violeurs. Ils ne respectent ni les vivants, ni les morts, leur convoi funéraire n'étant qu'une mascarade. Ils tirent sur un porteur de drapeau blanc, scellant sans le savoir leur destin. L'irruption du personnage joué par Al Mulock, déserteur sudiste clochardisé, comme le fantôme de la mauvaise conscience de Jonas, précipite le drame. Il leur renvoie l'image du Sud défait. En le tuant, la famille essaye de tuer cette image mais tue du même coup le mensonge que Jonas a créé autour d'elle. La famille ne pePhotographiesut qu'imploser en une ultime convulsion. Jonas arrive au bout de son voyage, rampant comme la salamandre, emblème de son régiment, blessé à mort sur le sable craquelé d'un décor à la Django. Une image superbe et tragique pour un naufrage complet. Corbucci se révèle ici presque aussi radical (et passionnant) qu'il le sera l'année suivante dans Il grande Silenzio.

La chronique de Tepepa

Sur le forum Western movies

Photographies : tre ragazzi d'oro