Assaut, Rio, Bravo ! (21/03/2005)
Si vous suivez attentivement le générique d’Assaut, le film de John Carpenter, vous verrez que le monteur se nomme John T Chance. Ce pseudonyme cache John Carpenter lui-même, sans doute un peu gêné de voir son nom si présent puisqu’il signe déjà la réalisation, le scénario, la production et la musique.
Chance, c’est surtout le nom du personnage joué par John Wayne dans le Rio Bravo de Howard Hawks. Ce pseudonyme, c’est un acte de filiation. On connaît l’admiration de Carpenter pour Hawks, et, au sein de son œuvre, pour ses thématiques, son sens de l’espace et le dispositif minimaliste qui élève Rio Bravo au rang des grandes tragédies classiques.
Ce qui est moins connu, c’est que la véritable inspiration d’Assaut, c’est un autre western, moins aboutit, plus ancien, réalisé en 1953 par John Sturges : Fort Bravo, dans lequel des nordistes avec leurs prisonniers sudistes sont coincés dans un trou en plein désert, assiégés par une horde d’indiens invisibles qui les bombardent dans un silence coupé de sifflements par une multitude de flèches. Si on prend la peine d’analyser les situations des trois films, on voit bien qu’Assaut a bien plus à voir avec le Fort qu’avec le Rio.
Alors, ça me fait un peu marrer, à l’occasion de la sortie du remake d’Assaut, d’entendre parler tout le monde de la filiation avec Rio Bravo. Du remake, rien à dire, je ne l’ai pas vu et puis j’irais pas. Comme pour L’Aube des Morts et Massacre à la Tronçonneuse, il s’agit de versions édulcorées, aseptisées, formatées, de grandes œuvres subversives des années 70. Roméro, Hooper et Carpenter faisaient de la vraie série B, des films engagés qui passaient par le fantastique et l’horreur pour s’attaquer violemment à la société de l’époque. Aujourd’hui, ils sont presque tous réduits au silence. Mais leur oeuvre est toujours très présente et le meilleur hommage que l’on puisse leur rendre, c’est de s’abstenir d’aller voir leur tristes clones qui seront oubliés dans deux ans.
Chance, c’est surtout le nom du personnage joué par John Wayne dans le Rio Bravo de Howard Hawks. Ce pseudonyme, c’est un acte de filiation. On connaît l’admiration de Carpenter pour Hawks, et, au sein de son œuvre, pour ses thématiques, son sens de l’espace et le dispositif minimaliste qui élève Rio Bravo au rang des grandes tragédies classiques.
Ce qui est moins connu, c’est que la véritable inspiration d’Assaut, c’est un autre western, moins aboutit, plus ancien, réalisé en 1953 par John Sturges : Fort Bravo, dans lequel des nordistes avec leurs prisonniers sudistes sont coincés dans un trou en plein désert, assiégés par une horde d’indiens invisibles qui les bombardent dans un silence coupé de sifflements par une multitude de flèches. Si on prend la peine d’analyser les situations des trois films, on voit bien qu’Assaut a bien plus à voir avec le Fort qu’avec le Rio.
Alors, ça me fait un peu marrer, à l’occasion de la sortie du remake d’Assaut, d’entendre parler tout le monde de la filiation avec Rio Bravo. Du remake, rien à dire, je ne l’ai pas vu et puis j’irais pas. Comme pour L’Aube des Morts et Massacre à la Tronçonneuse, il s’agit de versions édulcorées, aseptisées, formatées, de grandes œuvres subversives des années 70. Roméro, Hooper et Carpenter faisaient de la vraie série B, des films engagés qui passaient par le fantastique et l’horreur pour s’attaquer violemment à la société de l’époque. Aujourd’hui, ils sont presque tous réduits au silence. Mais leur oeuvre est toujours très présente et le meilleur hommage que l’on puisse leur rendre, c’est de s’abstenir d’aller voir leur tristes clones qui seront oubliés dans deux ans.
13:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : John Carpenter, Howard Hawks, remake | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Concernant le remake d'Assaut, l'ambiance oppressante et presque surréaliste du film de Carpenter disparait pour laisser la place à un actionner certes pas trop mal ficelé, mais un banal actionner tout de même ... Ce n'est pas dit qu'il tienne deux ans de mémoire !
Écrit par : Corwin | 28/03/2005
Un an à tout casser, le temps qu'il sorte en DVD !
Le problème, c'est bien la tentative de faire disparaître le film précédent et sa charge subversive au profit d'un "produit" moralement inoffensif. Heureusement qu'ils ne sont pas doués, sinon, ça serait redoutable.
Écrit par : Vincent | 30/03/2005
J'ai découvert le remake de la nuit des morts-vivants par Tom Savini, sur un scenario de Romero malgré tout, et la différence est flagrante : il n'y a plus rien de subversif ou de simplement effrayant...
Merci pour la mise en liens et bonne continuation : on vous sent passionné !
Écrit par : Ludovic | 04/04/2005
Je suis assez d'accord sur ton commentaire sur le film d'horreur, c'est clair que les remakes de films cultes comme massacre à la tronçonneuse, la colline a des yeux (encore qu'on peut discuter sur le statut du remake tant il est bon), etc ... J'ai l'impression que l'on revient à une époque où comme dans les années 80, on préférait donner un profusion de suites (Halloween, Vendredi XIII, Freddy) ce qui créait un non-sens en particulier dans le cas d'Halloween (pourquoi essayer de rationaliser les actes de Myers en les portant uniquement sur Jamie Lee Curtis, justement l'irrationalité donnait toute sa dimension au personnage !!). Ainsi, les projets échouent lamentablement comme Massacre à la tronconneuse si bien la version de Liebesman que de Niespel. Quelques réalisateurs surestimés comme Rob Zombie essayent de dépasser l'original par la surenchère d'effets gore (Halloween) ... Cette version est loin de m'avoir satisfait !
Content d'apprendre cette remarque sur Assaut, je devrais rectifier mon article sur the thing !
Écrit par : alucas | 01/12/2008
Ce n'est pas un article tout jeune ! Pour être franc, je faisais un peu de provocation. La passion de Carpenter pour Hawks est bien réelle et je pense que son influence sur la description des personnages est fondamentale. Reste au, ayant revu le film de Sturges il y a peu, c'est bel et bien un archétype du film de siège, comme d'ailleurs "Apache drums" (Quand les tambours s'arrêteront) de Hugo Fregonese. Impossible de Big John soit passé à côté.
Écrit par : Vincent | 01/12/2008