Saine lecture (22/07/2012)

Les images secondent, à 24 par seconde, pour nous aider à mieux percevoir le monde. Derrière le délicat jeu de mots Ludovic Maubreuil, l'une des plus belles plumes (devrais-je écrire l'un des plus beaux claviers ?) cinéphiles d'Internet, a réunit une collection de textes que l'on a pu lire, pour certains, sur Kinok, Causeur ou son blog Cinématique. D'autres encore sont inédits mais tous participent à l'expression d'une pensée libre et originale. Et malgré la dent parfois dure, avec humour quand il le faut, ce qui est toujours appréciable. Ludovic Maubreuil a la plus haute idée du cinéma qui est la seule qui vaille. Les images secondent fait suite au Bréviaire de cinéphilie dissidente (paru en 2009 aux éditions Alexipharmaque) et travaille cette idée, combattant avec ténacité ces films qui, pour reprendre une expression de François Truffaut "ne vibrent pas".

Face au cinéma masqué derrière la pure distraction, la posture arrogante, la provocation de principe, manipulant mollement et sans finesse, se tenant à distance par ses schémas rabâchés et se technologie lassante, Maubreuil met en avant un cinéma qui "nous correspond puisque nous l'habitons". Un cinéma qui prône le dialogue, la participation active avec le spectateur, la réflexion au risque de la contradiction, la poésie au risque du vertige, l'éclat de beauté dans l'œil. Un cinéma qui vomit les tièdes mais qui accompagne à la vie à la mort - Intranquille.

ludovic maubreuil,critique

Au fil de ces pages ordonnées en abécédaire, de A comme Antimoderne à Z comme Zone, se succèdent Robert Guédiguian, Jean Rollin et sa passion de la femme, Dario Argento et ses folies, Terrence Malik, Federico Fellini, Leos Carax (dommage que le livre soit sortit avant Holy motors), Michaël Powell et Eric Pressburger. Panthéon personnel agrémenté de quelques coups de sang. Multiplicité des époques et des styles, diversité des univers qui prennent, portés par une langue impeccable, la cohérence de celui de l'auteur.

Le bréviaire, c'est le livre utilisé par les religieux catholiques pour les offices. Il contient les textes régissant la liturgie ainsi que l'ensemble des règles régissant les différents rites selon les occasions. Les images secondent est la suite directe du Bréviaire de cinéphilie dissidente, et comme lui, c'est un acte de foi et un sermon (au sens religieux), une manière de rendre à cet art si jeune, si bousculé, quelque chose de son caractère sacré pour les zélateurs que nous sommes. Et malgré les quelques piques délivrées à Steven Spielberg, je dirais que si nous ne partageons pas absolument toutes les chapelles, ce qui serait bien monotone, nous nous reconnaissons dans la même religion. Parole d'athée !

Le livre

Photographie Mauvais sang (1986) de Leos Carax source Notes on movies.

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