Argento vivo ! (24/07/2019)
Alors que ses films n'ont plus de distribution significative depuis plus de trente ans en France et que ses admirateurs les plus farouches peinent à défendre ses films depuis le milieu des années quatre vingt, l'aura de Dario Argento reste vive. Il y a eu sa biographie Peur suivie des nouvelles réunies dans Horror, éditées par Rouge Profond. Il y a eu l'hommage rendu au Festival de La Rochelle cette année. Il y a eu la sortie toute récente du documentaire de Jean-Baptiste Thoret, Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain (2019). Étonnant, non ?
Du coup, avec l'équipage d'Abordages, nous gonflons nos voiles de ces vents favorables et participons avec notre modeste brise, notre troisième numéro consacré au Tenebre (Ténèbres, 1982) du maestro. Giallo ultime, dernière œuvre majeure pour beaucoup, ce film en rouge et blanc a inspiré à l'équipe menée par le Capt'ain Jocelyn Manchec (qui signe une étonnante confession sur ses rapports avec le cinéma d'Argento) des textes enflammés écrits par Édouard Sivière, Vincent Roussel, Aurélien Lemant, Eric Aussudre (audacieuse approche féministe) et Ismaël Deslices, les calligrammes de Nicolas Tellop, les collages de Jocelyn sur un poème de Lucas Loubaresse, et un très beau dessin pointilliste de Lucienne Estere-Denuit. Pour sa part, votre serviteur s'est attaché à la figure du grand Giuliano Gemma, policier très professionnel de cette histoire, un article amicalement dédié à mon amie Marie-Thé. Tenebre a ainsi été abordé de multiples façons, explorant des pistes, des sens, des émotions, des souvenirs, des rapports (avec le cinéma de Brian De Palma pour Vincent R.). Bref une œuvre chorale mise en forme à l'ancienne, papier et ciseaux, pour un fanzine qui pourrait avoir été imaginé en 1982 et qui peut se commander via la page Facebook de notre fier galion.
Dans le même esprit, mais sous une autre forme, La Septième obsession propose tout un numéro hors série à ce cher Dario. Même esprit car nous retrouvons Nicolas Tellop aux commandes de ce bel objet aux couleurs vives, rouge souvent, et les signatures d'Aurélien Lemant, Eric Aussudre, Ismaël Deslices, Lucas Loubaresse et du Capt'ain Manchec. Et nous nous sommes réjouis que plusieurs pages d'Abordages aient été reprises comme jadis Le Trombone Illustré dans Spirou. N'en concluez pas trop vite que ce serait la raison de ce petit texte. Non, tout amateur du maestro se doit de plonger dans ces 130 pages serrées, colorées, enthousiastes et critiques, séparés en trois chapitres sous le signe des mères ouvertes par un entretien romain avec le réalisateur en personne. Illustrant la position particulière d'Argento et de son œuvre, le numéro choisit de se limiter aux 25 premières années de sa carrière, soit du fondateur L'uccello dalle piume di cristallo (L'Oiseau au plumage de cristal, 1970) jusqu'à La sindrome di Stendhal (Le Syndrome de Stendhal, 1996). Même s'il y aurait à discuter de ce qui a suivi, c'est en effet là que réside l'apport essentiel d'Argento à l'histoire du cinéma, là qu'il réalise les œuvres uniques qui n'ont cessé d’inspirer d'autres cinéastes dont Yann Gonzales ou Bertrand Bonello ici questionnés sur le sujet. Cette revue explore elle aussi les voies tordues d'une cinématographie complexe, ses rapports (avec la peinture, avec le cinéma d'Antonioni, celui de De Palma à nouveau par Jérôme Dittmar) et ses apports à nos imaginaires. C'est indispensable et ça se trouve chez tous les bons marchands de journaux.
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Commentaires
Merci pour avoir parlé du magazine "La 7ème Obsession" que je ne connaissais pas et surtout de ce hors série Dario Argento !! Il est vrai qu'on ne trouve pas ce magazine chez tous les marchands de journaux.
Comment peut-on se procurer le fanzine Abordages qui traite de "Ténèbres" ?
Écrit par : Il Ritardario | 04/01/2020