Pas de miracle à Santa Anna (16/07/2012)
Spike Lee est un virulent défenseur de la cause noire américaine dont il a fait l'enjeu central de son œuvre de cinéaste. Comme il n'a pas sa langue dans sa poche, cela l'a amené à polémiquer publiquement lors des sorties de Saving private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan – 1998) de Steven Spielberg et surtout du diptyque de Clint Eastwood sur la bataille d'Iwo Jima, à propos de la place du soldat noir dans la représentation hollywoodienne de la seconde guerre mondiale. C'est à dire de son absence. Eastwood, fidèle à sa réputation, l'a envoyé balader sèchement et c'est... Spielberg qui a joué les casques bleus, avec succès semble-t 'il. Historiquement, Lee a tort. L'armée américaine des années 40 pratiquait la ségrégation et les unités de soldats noirs n'étaient pas considérées, souvent reléguées à l'intendance. Aussi elles n'étaient engagées ni sur les plages normandes du 6 juin, ni sur Iwo Jima. Mais Lee a raison sur l'absence globale de GI's noirs, les buffalo soldiers, sur les écrans. De mémoire, le premier personnage conséquent est mis en scène par l'italien Roberto Rossellini dans son Païsa de 1946.
Il y a peut être une forme d'hommage de la part de Spike Lee quand il décide répliquer à travers le cinéma et réalise en 2007 Miracle at St. Anna situé en Toscane. C'est aussi parce qu'il existait un régiment noir sur le front italien, ce qui en fait le cadre idéal pour la vision que veut faire passer le réalisateur. D'entrée il pose l'objectif de son film. En 1983, un vieil homme, Hector Negron, regard à la télévision John Wayne dans un passage de The longest day (Le jour le plus long – 1962), la superproduction hommage de Darryl F. Zanuck. « Nous aussi nous avons combattu dans cette guerre » murmure amèrement Negron. Problème, Spike Lee développe ce programme clair à partir d'un scénario de James Mc Bride (adapté de son roman) inutilement complexe, qui s'étire sur 160 minutes et multiplie les sous-intrigues. Par la confusion qu'il engendre, il finit par perdre son objectif de vue et pire, se coule dans une forme classique imitant maladroitement les films sont il se veut l'alternative. Dit autrement, Lee substitue ce qu'il estime être des clichés par d'autres clichés tout en étant incapable d'une approche esthétique originale.
Lire la suite sur Les Fiches du Cinéma
We fought thas war too sur le site de Roger Ebert
Photographie : RottenTomatoes
23:43 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : spike lee | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Bonjour Vincent,
Ce filme n'est pas sortie en Belgique, le sujet n'avait pas intéressé les distributeurs les c...!
Le sujet est intéressant pourtant, le rôle et la place des soldats noirs durant la ww2. cette partie de l'histoire me passionne, le filme de Lee est intéressant mais manque peut-être de lyrisme et d'emphase, c'est soldats sont des héros du quotidiens, n'est pas John Ford qui veut!
Le père Lucas vient de produire un filme "Red Tails" l'épopée d'une escadrille de chasse composées de pilotes noirs protégeants les escadrilles de forteresse volantes au dessus de l'Allemagne nazi, ces équipages ne savent qu'ils sont protégés par des pilotes noirs!
le mythe est née, j'ai vu de nombreux trailers et ça semble génial!
Mais les distributeurs belges ne vont pas faire leurs travail!
Écrit par : claude kilbert | 17/07/2012
Tiens, on diversifie ses supports ? :)
Excellent article en tout cas sur un mauvais film (apparemment) d'un cinéaste perdu.
Écrit par : Edouard | 17/07/2012
Bonjour Claude, Oui, Lee a eu pas mal de soucis avec son distributeur monde qui n'est autre que TF1. Du coup le film n'est sortit en salle nulle part sauf aux USA. J'imagine qu'il avait peut être en tête le superbe "Sergent noir" de Ford, mais ce n'est pas aussi bon même si la vision de Ford est assez romantique.
Bonjour Édouard, me voilà recruté par les Fiches du Cinéma ! Je vais renouer avec la découverte d’œuvres obscures... Lee je ne l'enterrerais pas si vite. Je l'ai trouvé souvent irrégulier donc il y a peut être de l'espoir pour la suite :) Je n'ai pas vu "Inside man" mais il semble apprécié et j'ai lu du bien sur son documentaire post-Katrina. Pour le coup, celui-ci est assez faible.
Écrit par : Vincent | 17/07/2012
Tu as réussi ton reclassement après la fermeture de l'usine Kinok ;) Sinon, pour Spike Lee, ça fait assez longtemps que je ne le suis plus mais "Inside man" est plutôt réussi...
Écrit par : dr orlof | 17/07/2012
C'est vrai, j'ai exagéré pour Spike Lee et j'ai été d'autant plus injuste que je n'ai pas vu ses derniers films !
Écrit par : Edouard | 17/07/2012
Doc, merci pour la confirmation à propos de "Inside man", je suis de plus en plus curieux de ce film. Pour la reconversion, j'ai reçu un paquet de films d'Artus Films, un tas de choses que tu connais bien :)
Édouard, je m'étais réconcilié avec Spike Lee quand j'ai vu "25th Hour". Je suis quand même content d'avoir vu celui-là, il n'est pas non plus aussi catastrophique que ce que j'avais pu lire par ailleurs. A suivre donc.
Écrit par : Vincent | 18/07/2012