Regarde les réalisateurs tomber (18/12/2010)
Il y a un mois, je revisitais Operation Petticoats (Opérations jupons – 1959) avec son sous-marin rose, son Cary Grant et son Tony Curtis. Il y a une semaine pile, je faisais découvrir The party (1968) à ma fille. Mis à part le principe du film dans le film au début qui l'a un peu décontenancé, elle a bien réagit aux innombrables gags, et particulièrement à l'arrivée de l'éléphant. Ouf ! J'ai eu plus de chance avec elle qu'en d'autres occasions où je me suis mouillé pour le cinéma de Blake Edwards que je prise particulièrement (à trois ou quatre œuvres près). Je me souviens avoir emmené un amour de jeunesse voir ce même film en lui assurant que c'était le film le plus drôle du monde. Faut jamais dire ça. Hrundi V. Bakshi ne l'a pas fait rire et elle m'a regardé bizarrement en sortant. Une autre fois, j'étais avec les amis d'un ami, nous devions aller au cinéma et on m'a demandé mon avis. Je l'ai donné. Je venais de voir Skin deep (L'amour est une grande aventure – 1989) que j'avais adoré et je leur ai conseillé, acceptant avec joie d'y retourner. J'y ai beaucoup ri de nouveau, mais tout seul. Là encore, je me suis attiré de drôles de regards. Morale : le cinéma d'Edwards, sous son apparence populaire, est un cinéma destiné à l'élite des esthètes raffinés. Je lui dois en tout cas quelques fous rires qui ont failli avoir ma peau. Does your dog bites ? Plus maintenant.
Il y a presque un an, nous recevions, avec Regard Indépendant, Jean Rollin pour présenter La nuit des horloges (2008) à Nice. Je connaissais mal ses films mais bien son cinéma qui fait partie de mon imaginaire depuis les merveilleuses affiches dessinées par Druillet dans les années 70. L'homme était fatigué, cela se voyait. Mais dans la salle, quand il a commencé à nous parler, à raconter ses tournages et les innombrables combats qu'il dû mener pour faire ses films, pour donner corps à ses visions mêlant érotisme et fantastique, poésie et monde des rêves, il retrouva en un éclair une énergie et une conviction que bien des cinéastes en meilleure forme auraient pu lui envier. Il nous parla aussi de son film à venir, Le masque de la méduse, toujours les mêmes difficultés, toujours les mêmes aventures, à la marge, en contrebande, comme faire entrer un serpent python dans un musée parisien, pour une image. Comme quand il avait fait allumer une lampe à pétrole dans la salle des figures de cire d'un musée florentin, pour la beauté de l'objet et de sa lumière. Sa morale : tournez n'importe quoi, mais tournez ! Rollin a rejoint les fantômes qui peuplaient ses films et que croisait Ovidie dans son oeuvre-somme.
Photographies : Director Guild of America (crédit AMPAS) et Fascination - The jean Rollin experience, à visiter absolument.
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Commentaires
Bonjour Vincent,
J'ai eu une expérience assez semblable avec "The party" avec une petite amie, j'étais plier de rire... Mademoiselle, elle ne comprenait pas et elle ma traiter "infantile"!
Je revendiques ce mot, "The party" fait partie de nos vie, c'est une sorte de mise en abime, nous sommes des "Hrundi V Bakshi", inadaptés à la vie d'adulte, amoureux transis de jeunne femme (pour l'instant je suis tombé en amour de Michelle Rodriguez).
Bon week-end à toi
Écrit par : claude kilbert | 18/12/2010
Hello ! Je vois que nous avons succombé tous deux à la beauté de la Jean Rollin experience.
Ceci étant posé, nos chers réalisateurs vont-il décider de faire une trêve pour les fêtes ou bien ?!
Écrit par : FredMJG/Frederique | 18/12/2010
La liste des décès 2010 s'allonge, s'allonge mais, bon, c'est bientôt fini.
Ceci dit, je ne connais pas du tout Jean Rollin.
Concernant Edwards, je dois avouer que j'avais été un peu décontenancé la première fois que j'avais vu La Party. A la seconde, j'étais mort de rire. Peut-être est-ce effectivement un cinéma plus difficile d'accès qu'il n'y paraît...
Écrit par : Ran | 18/12/2010
Claude, oui, c'est fou ce que ce faux indien nous ressemble.
Frédérique, il est extraordinaire ce blog. je connaissais celui autour de Jésus Franco (en lien chez moi) mais celui-ci, c'est la caverne d'Ali Baba pour les rollinophiles. Pour ce qui est de la trêve des confiseurs, je ne dis plus rien. Le 13 ou le 14, je m'étais fait la réflexion, tiens, ça s'est calmé.
Ran, Rollin, (c'est comme Corbucci) ça gagne à être connu. Le Doc Orlof en a pas mal parlé en ses colonnes. Au début, c'est peut être un peu délicat, c'est très différent de tout ce que l'on peut voir, surtout aujourd'hui. Mais bon sang, comme il filmait les femmes !!
Pour Edwards, je plaisantais, enfin à moitié. Je pense qu'il y a une part de son humour directement héritée de Lubitsch et Wilder habilement tramée dans de la grande comédie populaire. Il avait aussi un côté mélancolique que j'aimais beaucoup. Frédérique rappelait son peu connu "Deux hommes dans l'Ouest", superbe et plutôt triste.
Écrit par : Vincent | 18/12/2010
Le blog fascination est génial, il y a des films de rollin que je ne connais pas même un film où rollin était scénariste pour un film produit et réalisé par marc dorcel, on dirait par les photos que c'est un X classe haut de gamme comme il n'en existe pas beaucoup de nos jours.
La party est aussi le film qui m'a fait le plus rire de tous les films de blake edwards.
Écrit par : philippe frey | 18/12/2010
Je pense vraiment que La Party est une des meilleures comédies de l'histoire du cinéma mais c'est un film avec lequel on risque de rester comme en dehors. Sans doute à cause d'un rythme qui est très particulier.
Par ailleurs, je suis d'accord sur Edwards et si je ne connais pas Deux hommes dans l'ouest, un film comme Diamants sur canapé est, en dehors de sa scène de party (nous y revoilà) et malgré la lumineuse présence d'Audrey Hepburn (Edwards savait aussi filmer les femmes même si je ne sais pas si cela peut se comparer à Jean Rollin), une œuvre très mélancolique.
Écrit par : Ran | 19/12/2010
En réponse à Vincent et son admiration pour la manière qu'avait le sieur Rollin de filmer les dames...
Un monsieur qui écrit dans ses mémoires que "Le spectacle d'une femme nue sera toujours pour moi une émotion" ne peut pas être complètement mauvais. N'est-il pas ?
Écrit par : FredMJG/Frederique | 19/12/2010
Je me rajoute à la liste des passeurs contrariés de La Party...
Sinon, "faire entrer un serpent python dans un musée parisien, pour une image" résume bien la folie et l'audace de Jean Rollin.
Écrit par : Ludovic | 19/12/2010
Les hommes filmant les femmes, c'est une vaste histoire. Comme disait Truffaut, c'est pour cela qu'on a inventé le cinéma. Que ce soit Rollin avec Brigitte Lahaie ou Edwards avec Hepburn, l'important, c'est leur regard, et ça ne peut pas être un regard mauvais :)
La détermination de Rollin, ça me rappelle aussi la façon dont il filme Lahaie dans "Les raisins de la mort", comme Hecate avec ses chiens, en chemise puis nue, en pleine nuit glaciale d'hiver. Elle avait bleuit de froid mais elle avait tenu. Il fallait qu'il accouche de ces images à tout prix. Godard disait quelque chose comme ça : "quand je viens vous filmer, c'est que j'ai absolument besoin de cette image".
Écrit par : Vincent | 19/12/2010
Le hasard et quelques blogs associent là deux noms que je n'aurais pas moi-même mis ensemble. Maintenant, la mort de Rollin profitera-t-elle (mieux) à ses films ?
Écrit par : Ornelune | 21/12/2010
Bonjour Vincent. Je n'ai jamais rien vu de Jean Rollin donc je ne me prononcerai pas. A part ça, The Party ne m'a pas fait beaucoup rire car Peter Sellers n'est pas un acteur drôle. En revanche Operation Petticoat et Diamants sur canapé sont des classiques à voir et à revoir. Bon réveillon.
Écrit par : dasola | 24/12/2010
C'est "amusant" de dire que Peter Sellers n'est pas un acteur drôle. Mais pourquoi pas, il y a quelque chose chez lui d'un peu dérangeant et, dans le cas de "The party", quelque chose de mélancolique. Pour moi, il reste quand même une grande puissance comique. C'est aussi quelque chose qui s'est dit de Jacques Tati et ma grand-mère disait toujours que Chaplin ne la faisait pas rire. Chez les grands comiques, il y a souvent derrière quelque chose de pas drôle.
Pour les autres titres, nous sommes d'accord. Pour Rollin, attention par quoi vous commencez, certains titres risquent de vous dégoûter à jamais. mais ça vaut l'effort.
Bonnes fêtes à vous aussi.
Écrit par : Vincent | 26/12/2010