Un an (13/11/2005)

C'est le 13 novembre 2004 que j'ai ouvert ce blog. J'ai relu ma première note, note d'intention assez proche de celle de Pierrot me semble-t'il. Écrire sur ce que j'aime le plus, prolonger le plaisir donné par les films, partager une idée toute personnelle du cinéma, quelque chose que je fais depuis quelques années sur une petite radio locale dans le même esprit. Je m'interrogeais aussi sur ma capacité à tenir la distance. Un an après, je constate que ce blog (et ses petits frères) m'occupent beaucoup et que le plaisir qu'ils me donnent est toujours croissant. J'ai trouvé une forme d'expression qui me convient. Et j'ai le sentiment qu'elle est en plein développement. Ainsi une de mes premières notes ou j'essayais d'exprimer tout le bien que je pensais de L'Equipier de Philippe Lioret. Coïncidence, le film passe à la Cinémathèque de Nice la semaine prochaine. Je suis curieux de voir s'il tiendra la distance lui aussi et si je suis capable d'en parler autrement, mieux si possible.

 

Pour commencer, je voudrais remercier mes lectrices et lecteurs, mes commentateurs, mes commentatrices et une en particulier qui se reconnaîtra. Je salue aussi ceux avec lesquels Insifree est lié, ceux que je visite régulièrement et avec lesquels ces notions de lien, de réseau et d'échange prennent tout leur sens.

 

Je voudrais aussi vous faire part de quelques réflexions qui me sont venues ces derniers temps, réflexions nourries par ma pratique et deux notes sur la notion de critique chez Sandrine et Hyppogriffe. J'aime beaucoup cette idée de parler avec les images du film. Je crois qu'il y a quelque chose d'une forme cinématographique dans le blog : on joue sur la durée, sur le temps, sur les images et leurs correspondances. On peut se permettre le suspense. On peut désormais facilement ajouter du son, de l'image. On peut parler des films d'une autre façon, avec des pièces à conviction : tel plan, tel cadre, telle séquence, tel regard, telle réplique. On peut s'affranchir de ce que n'aime pas Hyppogriffe, de ce que l'on a trop lu dans la presse professionnelle. On peut se tromper, on s'en fout, il y aura bien quelqu'un pour nous remonter les bretelles. On s'embrasse quand même et puis on a raison.

 

Parfois, je ne sais pas quoi écrire sur un film qui me plait. Certains se livrent facilement à l'analyse, d'autres ne laissent pas enfermer leur beauté dans des théories plus ou moins fumeuses. C'est le sens de la série de photogrammes tirés de La Prisonnière Du Désert de John Ford publiée l'autre jour. Je revoyais le film pour préparer un atelier et j'ai eu l'envie de montrer cette scène. Je pourrais écrire sur les cadres, le jeu des acteurs, la puissance du mouvement, Ford et la famille. Je serais toujours impuissant à traduire la beauté de ce passage et dire l'émotion qui me prend (domme elle prenait Godard, si, si) à chaque fois que je la vois.

 

On retombre trop souvent dans le besoin de vouloir démontrer. Comme si un film était un théorème. Comme s'il fallait convaincre à tout prix. Celui-ci est bon, celui-ci mauvais. On arrive à des articles interminables qui confondent l'oeuvre et l'artiste, comme si l'on avait pas lu Le Combat Ordinaire de Manu Larcenet. Comme si les mots pouvaient toujours circonscrire l'expression d'un visage, un échange de regards. Il y a en ce moment une discussion très intéressante autour de Guédiguian chez Hyppogriffe. J'ai pris sa défense en parlant de sa mise en scène mais j'ai vite senti que si son détracteur n'aimait pas le cinéma de Guédiguian, n'aimait pas les mines de Daroussin, les colères de Ascarides, la démarche de Meylan, les murs de l'Estaque, je pourrais toujours parler du sens de l'espace jusqu'à la saint glinglin, nous n'avancerions pas d'un pouce. Donc écrire avec le film, donner des correspondances, rapprocher des oeuvres comme le font Sandrine ou Ludovic. Rester partial comme Pierrot. Rester amoureux(se) comme Sugar. Vaste programme pour l'année à venir.

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